La ruelle An Binh – L’hôtel du 1127 Tran Hung Dao

Un hôtel-restaurant a été construit au 1127 de la rue Trân Hung Dao en 1991 (2 étages sur mezzanine et rez-de-chaussée) puis surélevé en 1995 (étages 3 et 4). En 1994, le propriétaire, ayant acquis la parcelle (112/10b) à l’arrière du restaurant en bout de la ruelle du 112 An Binh, fait construire un compartiment⁵⁸⁷ de 4 étages (sur mezzanine et rez-de-chaussée) et y installe sa cuisine (au rez-de-chaussée) et ses locaux de service. Il utilise donc la ruelle comme voie d’accès à sa cuisine. Afin d’arranger tout le monde, il propose de prendre en partie en charge la réfection du sol de la ruelle. Le Comité populaire du ph ng ayant accepté de prendre en charge l’autre partie de la note, un revêtement en béton est réalisé en 1996.

Ces arrangements entre les habitants et le comité populaire du quartier en ce qui concerne l’amélioration des équipements ont déjà été relevés. Généralement, la proportion indiquée par les habitants est de 50-50, les textes parlent de 30 % pour les habitants et de 70 % pour les institutions gouvernementales. Dans l’exemple de monsieur V. il s’agissait alors d’un quartier résidentiel et d’une ruelle large, bordée de maisons de bonne qualité. Dans le cas présent Il s’agit aussi d’un geste tout à fait officiel vis-à-vis d’un environnement qui avait effectivement besoin de cette intervention, mais son état et sa qualité mériterait une réflexion en amont. L’action est présente, elle répond à un problème d’aujourd’hui, aucune réflexion un peu plus large ne l’accompagne : à un problème présent, une solution présente est apportée. En ce sens, toutes les actions entreprises correspondent bien à une vue de gestionnaire de l’espace urbain, mais en aucun cas à une projection dans le futur.

Quel est l’avenir de cette ruelle ? Qu’est-ce qui est souhaité et souhaitable ? En fonction de ces choix, quelle action sera mise en oe uvre ? Accorder plusieurs permis de construire, c’est accepter cette ruelle. La ruelle 112 An Binh est effectivement une ruelle structurante de l’îlot. Répondre à ces questions impose des choix, choix qui génèrent inévitablement des conflits. Tant que ces questions ne s’imposent pas nécessaires parce que induites par un problème présent, elles ne seront donc pas posées.

Dans le cas présent de l’hôtel, la photo⁵⁸⁸ montre que le nouveau compartiment comporte deux étages (supérieurs) en retrait des quatre indiqués sur le permis de construire et que la hauteur du compartiment (6 étages donc) correspond à celle de l’hôtel, qui officiellement n’a également que quatre étages. Comment séparer ces dérogations de l’aide apportée à la collectivité ?

La densification est effective en occupation du sol comme en élévation. Pour une ville viable, il aurait fallu choisir l’une ou l’autre. Les espaces intérieurs créés sont entièrement artificiels, les pièces arrières (des chambres qui abritent parfois une famille entière) sont sans fenêtre, sans que jamais ces caractéristiques n’apparaissent sur un document officiel.

Dans ces îlots les immeubles collectifs apportent un peu d’air, par le biais de leur espace extérieur qui ne peut être approprié, si ce n’est par une ou deux familles illégales qui s’installent dans un coin de la cour tant que cela ne gêne personne. Même mineur, ce processus aussi participe de la densification, mieux, du grignotage du sol collectif.