Le lotissement de Madame M.

Régis Dupaux, Français installé à H.C.M.V. comme architecte a dessiné une maison pour ce lotissement et rapporte le contexte :

Madame M., réputée pour avoir des appuis⁵⁹⁸ hauts placés, a acheté un très grand terrain à An Phu. Elle décide de le lotir, fait un plan de lotissement, le fait approuver par l’Architecte en chef et vend les parcelles. Le plan inclut une bande verte de 50 m. en bordure de la rivière de Saigon. Aucun règlement de lotissement n’accompagne le plan. Des particuliers achètent et déposent un permis de construire. Refus de l’arrondissement 2 qui impose des reculs spécifiques à cette zone : 4 m. sur voie, et 2 m. en limite de propriété, la hauteur hors tout (y compris le paratonnerre !) ne doit pas dépasser 11 m. Finalement, des arrangements seront trouvés : l’escalier desservant l’étage n’est pas dessiné sur les plans, il sera construit dans l’espace des 2 m. Pour le recul de 4 m., le terrain est en biais, la distance sera cotée au plus large.

Toutes les parcelles ouvrant sur la bande verte ont été vendues. Madame M. décide de faire un nouveau plan de lotissement⁵⁹⁹ sur lequel cette bande est également lotie. Elle le fait approuver par le Cabinet de l’Architecte en chef, qui le valide, et met les nouvelles parcelles à la vente.

Les premiers acheteurs se plaignent, mais aucun recours n’est vraiment envisageable, chacun a acheté sa parcelle avec le plan correspondant et sans règlement de lotissement. Le seul moyen serait de prouver une arnaque, donc de mettre en cause l’Architecte en chef ... personne ne s’y risquera.

Enfin, il faut préciser, ce qui n’est pas dit sur le nouveau plan du lotissement, que de par la réglementation nationale, sur 20 mètres de large le long de la rivière, le terrain est non aedificandi et ne peut appartenir à un particulier. Il y a donc des chances que le futur révèle de nouveaux mécontents. Dans les faits, le deuxième plan de lotissement a été signé, mais il ne remplace ni n’annule le premier : les deux ont été validés, c’est tout.