Les terrains, bornés, ont été attribués à partir de 1986 à des cadres (du Nord) de l’armée souhaitant immigrer à Hô Chi Minh Ville. Madame B. a fait partie des premiers arrivants et a d’abord construit de manière illégale, puis pour régulariser, elle a posé une demande et obtenu le permis de construire de sa maison, en 1989. Le plan du lotissement a été validé par le Département de la construction le 22-12-1989 (donc après l’obtention du permis de construire). Madame B. dit qu’avant 1994 (ce qui correspond à l’établissement des lois foncières de 1993) un permis de construire n’était pas obligatoire si le constructeur respectait les règlements officiels et que s’il ne les respectait pas, il payait une amende. Elle affirme que depuis 1994 c’est devenu très difficile d’obtenir un permis de construire, sans accepter de donner plus d’information sur les raisons de ces difficultés (il ne faut pas oublier qu’elle se présente comme intermédiaire).Pour poser une demande de permis de construire, quatre documents sont nécessaires :
Le papier de cession du terrain par l’armée ;
Le papier du lotissement - donné par l’armée ;
Le numéro de la maison - donné par le Département du logement après la régularisation : il faut payer des taxes pour régulariser le droit d’usage du sol ;
Le plan de la maison.
Le plan de lotissement présente un ’commentaire’603 qui explique les côtes et mesures du plan, c’est à dire les alignements et les niveaux du sol pour l’écoulement de l’eau. Le lotissement avait été viabilisé avant d’être attribué : les égouts et l’électricité étaient donc construits au préalable. Chaque maison pompe directement dans la nappe phréatique, doit posséder un bac de rétention pour les eaux vannes et se branche à ses frais (mais sans taxe supplémentaire) sur le réseau des égouts.
En 1997, presque toutes les parcelles étaient construites et les propriétaires s’étaient généralement accordés environ un mètre de plus pour la cour avant. Mais lorsque l’Etat a décidé de goudronner la rue, il a demandé à chacun de démolir tout ce qui dépassait. Chacun a reculé sa grille sans rien dire. En deux mois les deux routes de desserte sont goudronnées. Les habitants se cotiseront pour faire goudronner dans le même temps les rues transversales.
Il est à noter que les rues principales font 15 mètres de larges. Elles sont donc reconnues par toutes les administrations de la gestion urbaine. Mais les rues transversales qui ont une largeur de 12 mètres et desservent tout autant les habitations n’ont pas été reconnues. La principale différence est qu’elles ne distribuent aucune autre voie. Dans les faits, une distinction d’utilisation est donc effectuée.
Afin qu’aucun camion ne les emprunte et ne vienne défoncer les sols qui n’ont pas été aussi bien stabilisés, des barres horizontales ont été installées à chaque extrémité.
Les photos604 mettent en évidence la différence de paysage entre la rue en terre battue et la rue viabilisée. Lorsque les trottoirs ont été réalisés, des occupants ont demandé aux ouvriers de planter tel arbre ou arbuste, ce qui n’a posé aucun problème. Certains candélabres se sont retrouvés au milieu du caniveau, ce qui n’aide pas à l’écoulement, d’autant que certaines rampes en béton, construites par les occupants, ont laissé un petit, tout petit, tuyau pour l’écoulement de l’eau. Les trottoirs des rues transversales sont chacun fonction de l’occupant de la maison mitoyenne. Pour l’instant, les maisons situées contre un grand tènement non encore construit en ont profité pour ouvrir des fenêtres. En fait, assez fréquemment, la façade arrière est construite en léger recul (environ 50 centimètres) de façon à laisser place à des fenêtres (toutes ces maisons sont climatisées) et ménager de petites cours très étroites. De même, à l’avant, le compartiment est généralement en recul, de façon à laisser la place à des motos pour stationner dehors (mais à l’intérieur de la grille cadenassée) dans la journée, la nuit toutes seront rentrées dans le salon. Si l’occupant possède une voiture, celle-ci sera rentrée dans l’espace avant du rez-de-chaussée, espace qui sert de salon la journée.
Ce quartier est intéressant et témoigne de ce qui peut être réalisé lorsqu’un cadre est donné à chacun, mais c’est le seul exemple de ce type que j’ai rencontré. Les mêmes arrangements qu’ailleurs ont certainement eu lieu en ce qui concerne l’élévation d’étages partiels supplémentaires. De petites rampes en béton ont envahi le trottoir, mais personne n’a construit hors de son terrain et l’ensemble est cohérent. Il est vrai que dans ce cas, tous avaient suffisamment d’argent.
cf. p. 382 [Quartier K 300].