Au Viêt Nam, où les chiffres officiels de 1996 sont approximativement de 4 m² de surface habitable par habitant à Ha Nôi608 et de 5 m² à Hô Chi Minh Ville609, le manque de surfaces habitables est une évidence qui ne se discute pas. Mais ici comme ailleurs, les questions s’accumulent (entre autres) en terme de :
Capacité du pays à construire (rapidement) des logements ;
Choix du type de logement(s) promu(s) et aidés par le gouvernement ;
Accessibilité de ces logements aux plus mal logés ;
Résonance des espaces construits avec les pratiques actuelles.
Il ne s’agit ici que des ensembles de logements de Hô Chi Minh Ville, où trois périodes de construction d’immeubles collectifs sont à distinguer :
La fin de la colonie a vu la production d’immeubles collectifs isolés et urbains 611 ;
Durant la guerre du Viêt Nam et la politique d’urbanisation forcée appliquée, sont apparus les premiers ensembles d’immeubles collectifs ;
L’objet de ce chapitre est de mettre en évidence les incidences de ces opérations sur la ville, la réalité de ces nouveaux quartiers urbains et la réponse des habitants face à cette nouvelle forme d’habitat dans sa relation à la ville.
Les transformations induites par le logement collectif sur la ville physique et les pratiques urbaines sont abordées en premier lieu, avant l’évolution de la typologie de ces immeubles qui, contrairement aux compartiments, s’est beaucoup transformée. Cette question amènera à distinguer deux catégories à l’intérieur du parc actuel de logements collectifs : d’une part les bâtiments isolés et d’autre part les ensembles, les cités ; car la prise en compte de l’existant est très différente dans ces deux types d’opérations. Enfin, pour pouvoir continuer l’analyse, la production d’avant 1975 devra être séparée de celle d’après 1988 pour deux raisons principales. Avant 1975, c’est la période de construction de ce que j’ai appelé ’l’entre-deux ville’612, les opérations réalisées trouvent sans réelles difficultés un terrain libre à l’intérieur de ce secteur et correspondent à deux types d’actions distinctes : le logement de cadres ou de soldats américains d’une part, la résorption de bidonvilles et le logement des réfugiés issus de la politique américaine d’urbanisation forcée d’autre part. Après 1988, pour la première fois sont posées à Hô Chi Minh Ville les questions ayant trait au devenir de la ville à travers son évolution, voire sa reconstruction sur elle-même, mais aussi les questions au sujet de la place du logement dans la ville et du type de ville promue par le gouvernement en place613.
3.9 m² : L. Pandolfi - 1998 - [annuaires statistiques de Ha Nôi et H.C.M.V. - 1996].
L’introduction du livre dirigé par René Parenteau [1997 – p.11] parle de 7.5 m² pour H.C.M.V., mais le chiffre cité dans tous les colloques suivis est de 5 m², ce qui me semble être plus exact, puisque le gouvernement avait pour objectif (non tenu) d’offrir 7 m² de surface habitable moyenne à ses citoyens des deux métropoles pour l’an 2 000.
C. Goldblum [1994 - pp. 78,81] avance les chiffres de 3 à 3.5 m² par habitant dans le centre ville de Ha Nôi et une estimation pour les arrondissement 5, 6 et 1 de Hô Chi Minh Ville de 5 m² en 1955, puis de 3 m² en 1985. Sans doute le décalage est il induit par le territoire différent pris en compte : la totalité de l’agglomération urbaine dans le premier cas, Charles Goldblum faisant explicitement référence aux centres villes.
Pour Ha Nôi, se reporter à la thèse de Laurent Pandolfi [2 001].
En ce sens qu’ils se sont intégrés au tissu urbain existant. Ils étaient généralement en alignement de voie dans le centre ville, mais dans les quartiers plus résidentiels, ils ont été construits sur des typologies différentes. cf. paragraphe III-3.3 du chapitre II.
Sur ce sujet, se reporter au D.E.A. de C. Paltani - 1996
Cette question a déjà été posée par le gouvernement des amiraux lors de l’élaboration du plan Coffyn, mais d’abord le contexte colonial se souciait peu du logement des Vietnamiens et imposait en priorité la construction d’un comptoir ; ensuite la réponse a été exclusivement un tracé viaire afin de prévoir l’organisation d’un territoire considéré vierge. Le centre de l’ancienne Saigon était déjà en construction, se surimposant aux tracés existant, les interprétant.