II LA GESTION DES IMMEUBLES COLLECTIFS : Pratiques et Usages

Après la réunification, par le biais de l’étatisation des biens capitalistes, le gouvernement vietnamien s’est donc retrouvé, du jour au lendemain, propriétaire d’un important parc de logements collectifs qu’il a réparti au sein de ses administrations. Chacune d’elles a eu ensuite à charge d’attribuer les logements vacants, de prendre en compte les habitants déjà présents, puis d’assurer l’entretien des bâtiments.

Ces logements collectifs et locatifs destinés à loger les travailleurs de l’état sont devenus des produits très recherchés, chacun s’estimant propriétaire de son acquis, suivant le même processus que celui évoqué précédemment. Un individu à qui une institution a loué pour une somme dérisoire un logement ne compte pas le rendre un jour à cette institution mais, puisque le loyer n’est jamais réévalué, le sous-louer avec les prix du marché s’il ne souhaite plus y habiter. Jusqu’ici, tout le monde l’a accepté, tant que le loyer initial est versé régulièrement dans les caisses de l’institution gestionnaire. Ces logements sont donc de fait des avantages en nature accordés et jamais remis en cause.

Jusqu’à très récemment, l’attribution des logements gérés par l’administration gouvernementale était liée à une fonction étatique, généralement professionnelle, mais aussi à une reconnaissance du Parti par le biais de l’aide sociale qu’il accordait (aux héros ou veuves de guerre, aux pauvres administrativement reconnus, etc.). Le logement social lié au statut économique de certaines couches de la population, socialement défavorisées, est très récent à Hô Chi Minh Ville. Il est considéré aujourd’hui comme une catégorie de logement subventionné. Sébastien Wust616 montre, à travers l’étude du relogement dans le cadre du programme de l’arroyo Thi Nghe - Nhiêu Lôc, les limites de la prise en compte des plus défavorisés (économiquement), alors que les plus démunis revendent s’ils achètent, ne pouvant assumer les charges de l’immeuble (même minimes, elles représentent toujours plus que le rien qui était le quotidien de leur habitat illégal).

Le logement social et le logement d’état sont donc deux volets des programmes de logements subventionnés mis en oe uvre par le gouvernement. Mais avant de s’intéresser aux nouveaux ensembles de logements et pour ce faire, il est d’abord nécessaire d’analyser les rapports, les cheminements relationnels qui se sont établis, entre les habitants-occupants et les administrations gestionnaires des logements collectifs existants.

Notes
616.

S. Wust - 2 000.