Monsieur E., fonctionnaire, a obtenu un logement dans une cité620 du onzième arrondissement qu’il loue 58 500 V.N.Dongs par mois, mais depuis ses revenus lui permettent de prétendre à un meilleur logement. Il a donc déménagé et sous-loue son appartement à monsieur F., qu’il connaissait, pour 250 000 V.N.Dongs par mois. La pièce avant a été partagée en deux : monsieur F. occupe la partie avant et sous-loue la partie arrière a un couple et deux enfants. De plus, il sous-loue également la pièce arrière du logement à une femme et ses deux nièces. Tout le monde utilise la cuisine, la douche et les toilettes. Les sous-locataires étaient des connaissances de monsieur F., comme lui-même connaissait monsieur E.
Monsieur F. réside ici depuis presque 10 ans. Au début, le locataire officiel allait payer lui-même, chaque mois, le loyer à l’administration concernée ; maintenant, monsieur F. s’en charge. Administrativement, le permis de résidence est toujours au nom de monsieur E., monsieur F. possède un permis de résidence temporaire qu’il doit faire renouveler tous les trois mois, tout comme les autres occupants de l’appartement.
Ce sont donc 8 personnes qui vivent dans environ 30 m², mais monsieur F. ne se plaint pas, il se dit satisfait d’habiter dans cette cité qui a une situation relativement centrale dans la ville. L’un des intérêts d’être nombreux dans un logement est que, finalement, ce dernier n’est jamais vide ; l’un ou l’autre est toujours présent pour le garder.
Cet exemple est intéressant car finalement, tous les occupants sont déclarés, même de manière abusive, ils sont donc tous en règle. De plus, l’administration gestionnaire du logement a accepté sans aucune difficulté que le payeur ne soit pas le locataire officiel. C’est une manière indirecte de reconnaître une valeur marchande à l’attribution d’un logement.
La contrepartie de la sous-location est évidente, la surpopulation entraîne des dégradations. Les occupants d’un seul appartement donnent à garder à la consigne pour deux-roues, trois motos et charrettes à bras. Les locaux déjà sous-dimensionnés (quand ils existent), ne peuvent accueillir correctement autant de véhicules par logement. Dans le même ordre d’idées, une sur-occupation des logements entraîne une sur-utilisation des réseaux, déjà saturés, principalement le réseau d’eau potable.
L’administration gestionnaire ne maîtrise absolument pas la population qui occupe réellement les logements dont elle est responsable, ni les incidences inhérentes. Visiblement cela ne lui pose aucun problème : si le loyer est payé chaque mois, tout est en règle. Nous retrouvons là une attitude déjà notée dans les pratiques du développement endogène : l’administration n’intervient que sur plainte. Comme dans les faits, tous les locataires sous-louent ou ont réalisé des travaux non conformes, chacun se tait.