II - 2 GESTION ET DEGRADATION DES IMMEUBLES ANCIENS
Les immeubles collectifs de l’état n’ont reçu comme entretien que le minimum afin de permettre leur fonctionnement quotidien. Aujourd’hui, leur délabrement est un sujet récurrent dans la presse en langue vietnamienne. L’attitude des citadins à ce propos est simple : il faut détruire tous ces anciens immeubles vétustes et en reconstruire de nouveaux. C’est effectivement ce qui avait été commencé dans le cas de la chung c
Nguyên Kim, mais depuis la destruction de la première barre, rien n’a été fait. Les habitants de l’immeuble du 727 Trân Hung Dao attendent également que le gouvernement se décide à détruire le bâtiment (qui comporte environ 500 cellules). Pourtant des rénovations sont prévues et un certain nombre déjà réalisées. En 1980 par exemple pour cet immeuble, et le planning de l’arrondissement 5 en prévoit de nouvelles ainsi que l’indique le ’tableau statistique de situation et de gestion des logements collectifs de l’arrondissement 5’
629. Ce tableau possède une colonne intitulée ’rapport de dégradation’ qui s’exprime en pourcentage. Les données inscrites se situent entre 20 % et 40%
630. Je n’ai pas eu d’information sur le mode de calcul, mais la précision des chiffres est saisissante dans le cas de bâtiments anciens, elle est difficile à expliquer autrement que par des calculs théoriques établis hors des cadres de la réalité. Une colonne ’opinion de l’arrondissement’ émet des avis. Les annotations portées se mélangent entre les deux colonnes et aucune cohérence ne s’impose. Dans le tableau de 1999
631, le rapport de dégradation du 14 Ham Tu est de 26,67 %, le commentaire précise qu’il est dangereux. L’immeuble du 107 Trân Hung Dao a 21,66 %, il a été rénové en 1996-1997-1998. L’immeuble 727 Trân Hung Dao a un rapport de dégradation ’mauvais’, le commentaire précise qu’une rénovation est prévue ; la cité Cho Quan a le même rapport de dégradation ’mauvais’ mais a été réhabilitée en 1999. Est-ce simplement une mise à jour incomplète ? des rapports de dégradation de 20 % et de 30 % ont le même commentaire : ’déjà rénové en 1997’. D’autres dont le rapport de dégradation est de 21,66 % et de 33,33 % ont une rénovation prévue en 1999. Enfin, le tableau de 1999 a effacé de nombreux rapports de dégradation (par rapport à celui de 1995) une fois une rénovation effectuée. Si le montant de celle-ci est indiquée, aucune information ne signale le type de travaux réalisés : structure, étanchéité toiture, réseaux, ni s’il y en aurait d’autres à réaliser.
Ces tableaux laissent perplexe tant qu’à la gestion de l’entretien, mais celui de 1999 montre très bien une réelle volonté de campagne de réhabilitation, ce que ne montrait pas du tout celui de 1995. Sur les 62 immeubles collectifs répertoriés, 10 ont été rénovés en 1997, 20 (sont en cours de) rénovation en 1997-98-99, 10 ont des rénovations prévues entre 1997 et 2000, 5 sont notés dangereux ou dégradés et 17 sont sans annotation.
Du coté des habitants, la certitude qu’il n’y a pas d’autre issue que la démolition existe ; elle n’aide pas à la prise de conscience de ce que signifie entretenir ou respecter. A ce niveau, l’attitude des institutions gestionnaires semble également déterminante pour une prise de conscience, comme pour le respect du bâti et des voisins.
Dans les immeubles desservis par coursives, un puits de lumière éclaire et aère les pièces de services situées au fond de la cellule. Dans la plupart des immeubles, chacun a construit un plancher, condamnant ce puits d’aération afin de gagner quelques mètres carrés supplémentaires. Ainsi, j’avais pu constater en 1990, dans un bâtiment neuf, tout juste terminé, cet ajout déjà réalisé par l’une des premières familles arrivées, sans que personne n’y trouve à redire. De manière assez exceptionnelle, la chung c
An Binh ne présente pas ces planchers supplémentaires
632. Les habitants ont précisé que la Compagnie gestionnaire de l’arrondissement 5 l’interdisait formellement. Dans cette cité en bon état apparent
633, des travaux ont été réalisés au-dessus de ses cours intérieures. Avant, des toits mobiles pouvaient venir les protéger de la pluie. Les habitants du dernier étage étaient chargés de les manipuler. Mais devant le non fonctionnement de cette organisation, ces toits mobiles ont été remplacés par des plaques ondulées fixes en fibres de verre bleue. Aujourd’hui, les habitants se plaignent de la chaleur qui s’accumule en saison chaude.