III LES PROGRAMMES DE LA REPRISE ECONOMIQUE

Après avoir relevé les cheminements de la gestion de logements collectifs, il s’agit d’analyser l’ensemble des actions, tant officielles et institutionnelles, qu’individuelles et endogènes, qui concourent à la création des espaces urbains des ensembles de logements collectifs. Les ensembles antérieurs à 1975 ont déjà été évoqués à travers la gestion qui en est faite. Ce sont donc les ensembles de la reprise économique favorisée par la đ message URL ocircaccent.gifi m message URL oqueueaccent.gifi qui seront abordés ici.

Les premiers ensembles de logements produits par le gouvernement vietnamien à Hô Chi Minh Ville, à la fin des années 1980, sont de petites envergures et se concrétisent par des bandes de petits compartiments d’un étage sur rez-de-chaussée et mezzanine, comme le montre par exemple, les 10 compartiments au 30 Ngô Thoi Nhiêm, les 15 au 493 Cach Mang Thang Tam ou les 13 de la première tranche de la cité Xom Cai.

Dès le début des années 1990, les interventions prenaient une autre envergure à travers trois opérations d’éradication de secteurs d’habitat insalubre : le long de l’arroyo Thi Nghe - Nhiêu Lôc et deux îlots au coe ur de l’arrondissement 5. L’objectif principal de la première opération était de libérer les berges du cours d’eau, les opérations de relogements ont donc été faites pour la plupart sur d’autres terrains et ont été nombreuses (11 sites). D’envergures variables, elles se traduisent généralement par un ou deux bâtiments : 9 opérations de 30 à 197 logements. Mais deux opérations, de 420 et 435 logements, sont de taille comparable aux deux ensembles de logements construits dans l’arrondissement 5 (environ 500 logements).

La différence notable est alors à l’origine même des projets. Dans le cadre du projet d’ensemble de l’arroyo Thi Nghe - Nhiêu Lôc qui, réunissant cinq arrondissements a été un projet prioritaire de la ville, les logements sont exclusivement destinés au relogement637 des habitants déguerpis. Individuellement, les projets ont donc été conçus comme un élément de la ville, un élément ayant à charge d’assurer le logement, qui plus est celui des plus démunis. Pour leur part, les opérations de l’arrondissement 5 devaient tendre à l’équilibre budgétaire, de ce fait elles s’adressent à différentes couches de population. Ensuite, situées en coe ur de ville dont elles sont une partie, les deux opérations ont été conçues comme un morceau de ville et ont généré des choix d’organisation d’ensemble.

Pour ces raisons, le choix de l’étude s’est porté sur les deux projets du cinquième arrondissement : les ensembles638 Xom Cai (P.8 Q.5) et Hung Vuong (P.11 Q.5). Ils ont été réalisés en parallèle (avec une avance d’un an pour Xom Cai). Les premiers immeubles collectifs ont reçu l’aval de la ville en 1990, ils ont été construits de 1991 à 1996 (1997 pour Hung Vuong). Dernière installation, le supermarché au pied des trois tours de Hung Vuong a été inauguré en janvier 2 000. Le Comité de gestion de projets d’investissements et de construction de l’arrondissement 5 a été créé pour mener à bien la réalisation de ces projets. Mais il a ensuite gardé la gestion de ces logements, répartissant de fait entre plusieurs administrations les logements d’état en fonction de leur ancienneté.

Avec les projets du type de celui développé au nouveau centre de Vinh Lôc, les années 2 000 promettent de passer à une échelle d’intervention encore supérieure. Nous avons vu que le même principe de processus administratif a été mis en place639 avec la création de la Compagnie de gestion et de développement du logement de l’arrondissement 5. Mais les plans masse que j’ai pu consulter ne reflètent pas un nouveau mode d’approche ou une autre manière d’aborder les problèmes : un secteur d’habitat est planifié, le sol est réparti entre les différents types de bâtiments et semble très formel, aucune intention particulière ne transparaît. Le chantier n’étant pas encore à l’ordre du jour (lors de l’entretien en mars 1999), je n’anticiperai pas sur une éventuelle réalité future. Par contre, ayant montré à quel point le cas par cas est systématiquement utilisé lors de la réalisation, je ne peux que me demander si l’échelle du projet pourra encore accepter ce type de régulation.

Notes
637.

A ce sujet, voir la thèse de S. Wust [2 000] et les travaux réalisés par l’E.P.F.L. (Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne) au sujet de l’assainissement de l’arroyo.

638.

cf. p.410 et 411[les ensembles de logements Hung Vuong .../... et Xom Cai] : les plans masse des deux projets et les plans des îlots avant leur destruction. Et p. 412 le plan masse de l’îlot de Xom Cai réalisé et la maquette du projet.

639.

Se reporter au paragraphe II-4.2 du chapitre III.

Il faut noter la différence d’appellation : une compagnie à la place d’un comité. Leur rôle n’est donc pas anticipé de la même manière. Mais le projet de l’éviction des berges du canal Tau Hu et la construction du nouveau centre de Vinh Lôc n’étant pas matériellement entamé, il n’est pas possible d’émettre une analyse plus précise. Cette distinction est certainement à mettre en parallèle avec le mode d’obtention du terrain, une compagnie et un comité n’ayant certainement pas les même ’droits’ et pratiques dans le cadre de la gestion de budgets.