Le terme de Condominium est facilement employé à Hô Chi Minh Ville pour désigner de manière très générale des appartements de luxe rassemblés dans des bâtiments en hauteur en accord avec les tours du central business district et le symbole de la réussite économique des métropoles d’Asie du Sud-Est.
Dans les pays anglo-saxons dont il est issu, le terme condominium fait référence aux immeubles en copropriété648. Mais en Asie du Sud-Est, et d’abord à Singapour ou à Hong Kong, il est usité pour des ’‘immeubles ou groupes d’immeubles d’appartements de luxe en copropriété, intégrant les modes de valorisation foncière du tertiaire supérieur, avec le développement vertical et l’offre de prestations souvent proches de celles offertes par les équipements hôteliers de niveau international’’649. Trois notions sont donc inhérentes au condominium : la copropriété, la construction en hauteur et le luxe à travers la présence d’équipements. A Bangkok, où Charles Goldblum650 montre l’influence des condominiums sur l’évolution de l’habitat, le sens du terme condominium se transforme pour garder principalement la caractéristique de la copropriété et de la construction en étage, comme le traduit l’expression low-cost condominium.
A Hô Chi Minh Ville donc, la caractéristique de la copropriété n’est pas prise en compte et pour cause : nous avons vu que la copropriété n’y existe pas encore, qu’elle n’a pas de réalité administrative et juridique.
La première opération qui peut s’apparenter à un condominium est le Thuan Kieu plaza shopping center qui a ouvert ses premiers appartements au printemps 2 000. Il s’agit d’un superbloc composé d’une base de trois niveaux et surmonté de trois tours d’appartements de 31 étages651. Ceux-ci sont destinés à la vente, mais éternel problème au Viêt Nam, seuls les Vietnamiens peuvent acheter un bien immobilier652. Lors de ma visite de l’un de ces appartements avec une amie vietnamienne, (qui habite une maison minuscule de qualité très médiocre ouvrant sur une ruelle où deux motos se croisent avec difficulté) cette dernière a ouvert de grands yeux en demandant qui viendrait habiter là, n’appréciant visiblement pas l’ambiance et lui préférant son cadre de vie. Situé à deux pas du grand marché de Cho Lon, les appartements du Thuan Kieu plaza shopping center s’adressent principalement aux hommes d’affaires d’origine chinoise (Hong Kong, Taiwan) et mariés à une femme vietnamienne ou plus généralement sino-vietnamienne.
Effectivement, construit par une J.V. Vietnamo-Hongkongaise, il reproduit des espaces, des couleurs et des ambiances qui ne sont pas sans rappeler celles de Hong Kong. Mais produit par une association en joint-venture, la vente ne peut être effective que pour une durée limitée, comme pour le Thuan Viet Trading Town 653 réalisé par une J.V. Vietnamo-Taiwanaise. Pour l’instant, la copropriété n’est pas prévue, il est vrai que cette même durée limitée dans le temps, imposée aux biens immobiliers d’une joint-venture, lui permet d’intégrer un service destiné à la gestion des équipements offerts aux habitants. Ceci-dit, premier ensemble de ce type, l’inconnu ne peut être figé. Seul le temps montrera de quelle manière l’habitude du cas par cas influencera son évolution.
En limite de l’hypercentre de Hô Chi Minh Ville, les cinq résidences hôtelières proposent la location d’appartements de luxe, pour une durée minimum de un mois, à travers des contrats qui incluent tous les services d’entretien et l’accès aux équipements de loisirs. Chacune est le fruit d’une Joint-venture et a été conçue, pensée et construite sous la direction de bureaux d’études étrangers. Les résidences proposent alors de fait, un cadre très influencé par les modes de vie des pays investisseurs.
Toutes ces résidences hôtelières, destinées aux ressortissants étrangers, sont donc très spécifiques. Elles ne peuvent influencer le mode d’habiter ou le type de logements promus à Hô Chi Minh Ville d’autant moins que, contrairement au Thuan Kieu plaza shopping center, qui intègre un centre commercial dans ses niveaux inférieurs, elles ne proposent aucun accès aux non-résidents et n’ont qu’un rapport de desserte avec la rue adjacente. Soit que comme le Saigon court dont le hall ressemble à celui d’un immeuble, il faille se présenter à la guérite d’entrée qui surveille le portail, de hauts murs ceinturant la petite cour avant, soit que le rez-de-chaussée abrite une réception qui filtre les entrées comme dans n’importe quel hôtel.
Alors couramment appelés ’condos’.
C. Goldblum - 1994 - p. 66.
C. Goldblum - 1994.
cf. perspective et photo p. 422.
Un étranger peut acheter un bien immobilier mais d’une part il doit acquitter des taxes particulières, et d’autre part il a obligation de le revendre dans les trois mois suivant son départ, sous peine d’en être déposséder purement et simplement. Je n’ai rencontré aucun cas où un étranger s’est porté acquéreur en son nom d’un bien immobilier.