Thuan Viet Trading Town

L’ensemble Thuan Viet Trading Town658 réalisé par une J.V. Vietnamo-Taiwanaise donne également à première vue cette impression d’immeuble collectif. Mais d’une part, le vis-à-vis des quatre groupes et le soin apporté à l’espace extérieur central, que la présence d’un gardien à l’entrée privatise, montrent qu’il ne s’agit pas d’une opération habituelle et que cet habitat est dévolu à des personnes aisées. Et d’autre part, les volumes ont été travaillés de façon à effacer la trame verticale des façades inhérente au parcellaire du compartiment afin de gommer cette monotonie dont font preuve les compartiments de An Duong Vuong.

Si les logiques d’actions qui mènent à la production de ce type de logements sont explicites, une question peut-être posée au sujet du rôle des institutions vietnamiennes associées à ce type de projets et pourvoyeuses de terrain. La logique sous-tendue par une joint-venture est toujours le profit. La partie vietnamienne peut expliquer qu’à échéance de l’association, la totalité des biens immobiliers lui revienne. Mais les durées initialement prévues pour 20 ou 25 ans sont actuellement étendues jusqu’à 50 voire 70 ans, sur la demande des co-signataires. Le problème évoqué dans tous les cas de joint-ventures est la volonté de rentabilité à court terme, imposée par cette durée limitée, donc l’obligation de construire en conséquence. Enfin, que signifie ’vendre un logement pour une durée déterminée’ ? Quelle va être l’attitude des occupants, s’ils sont contraints de libérer les lieux ? Et celle des autorités, qui ont toujours reconnu le droit de l’occupant ? Ces questions renvoient à un futur jamais évoqué.

Pour ce qui est de l’image support à la vente, elle est un témoin d’une ville idéale. Loin des tours et des voitures, archétype de l’environnement professionnel, il s’agit ici de la ville à vivre : un espace piétonnier, sans un seul deux-roues, où l’on se promène avec plaisir sous le soleil de Hô Chi Minh Ville. Il est difficile de ne pas y voir des référents exogènes, dont l’image n’a même pas été retravaillée en adéquation avec le milieu. Personne n’est dupe, mais l’image flatte. La réalisation montre le surdimensionnement, de l’espace central sur la perspective, destiné dans la pratique aux voitures et non aux piétons, avec places de stationnement entre les arbres. Enfin, le bâtiment en fond de perspective, dont l’échelle659 du dessin est sans relation avec celle des compartiments, n’est pas construit. Il devrait être un futur centre commercial : élément clé de la ville moderne en Asie du Sud-Est, ainsi que Bangkok et Jakarta le confirment660 déjà à travers les constructions de ces dix dernières années et le succès qu’elles connaissent.

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Notes
658.

cf. plans photo et perspective p. 428 [Thuan Viet Trading town]

659.

L’échelle du terrain n’est pas non plus en relation avec le volume annoncé par le dessin.

660.

Il faut distinguer deux types de centres commerciaux. D’abord ceux développés dans les basements des tours des C.B.D. Archétypes de Hong Kong et Singapour, ils accueillent des boutiques de luxe et s’adressent à une population aisée et occidentalisée. Puis, des ensembles gigantesques proposent sur le même modèle tout ce qu’un acheteur potentiel peut avoir envie dans la journée. Ces superblocks tiennent lieu de centres de loisirs.