Deux facteurs majeurs sont à l’origine du Viêt Nam en temps qu’Etat :
la lutte du peuple Viêt pour son indépendance et son identité, face à son voisin géant qu’est la Chine, bien sûr, mais aussi
la volonté de maîtriser le régime des eaux dans le delta du Fleuve Rouge, berceau de la société vietnamienne. Car l’ampleur des travaux hydrauliques réalisés a nécessité une organisation des moyens et un rassemblement des hommes, que seul un état organisé peut assumer.
La Chine, qui s’est imposée au territoire vietnamien à deux reprises675, a durablement marqué l’organisation des territoires physique, administratif et religieux du Viêt Nam, qui s’est plié à ces apports exogènes pour mieux les intégrer et les réinterpréter en fonction de son terreau cultuel.
L’empire du milieu, qui au début de l’ère chrétienne implante en pays Viêt une administration régulière en commanderies et préfectures sur le modèle de celle des Han, puis initie les premières constructions de digues, canaux et routes, organise le territoire physique et le lie à une organisation sociale. A partir du 3ème siècle les doctrines du confucianisme et du taoïsme se diffusent dans une province progressivement sinisée où apparaît une classe de hauts fonctionnaires vietnamiens. Le bouddhisme mahayana676 profite de ces échanges et se superpose au bouddhisme hinayana déjà introduits par les marins indiens.
Pendant les dix premiers siècles de notre ère, puis durant vingt années au 15ème siècle.
Venu de l’Inde par les hauts plateaux et la Chine.
Yves Lacoste [in A. Ruscio ed.- 1989], reprenant pour le Viêt Nam l’expression par laquelle Elysée Reclus désignait ce qui sera plus tard appelé l’Asie du Sud-Est, a qualifié ’le Viêt Nam à l’angle de l’Asie’. C’est effectivement dans la péninsule indochinoise, et plus particulièrement au Viêt Nam, que se rencontrent les deux grandes civilisations de l’Asie : l’Asie sinisée et l’Asie indianisée, conjonction illustrée par la superposition des deux courants du bouddhisme.
Le premier code vietnamien publié en 1042 par Thai Tông est un code pénal qui ’vise à faire respecter (...) le pouvoir royal, à limiter les pouvoirs, à limiter les pouvoirs des mandarins tout en leur accordant un statut privilégié et à protéger l’agriculture. Sa rigueur est tempérée par l’influence bouddhique.’ [Lê Thanh Khôi - 1992 - p. 147].
Dont le plus généralement cité est celui qui protège les femmes : la place de la femme dans la société, à qui est entre autre reconnu le droit de propriété à travers le partage en part égale de l’héritage, et dans certains cas la possibilité de divorcer, distingue effectivement le Viêt Nam de son modèle chinois.
Ainsi, les trois codes vietnamiens importants ont été établis après une appropriation du pouvoir par un élément exogènes aux grandes dynasties.