Le confucianisme enseigne que ’‘l’homme est avant tout un être social lié par des obligations sociales’ ‘’’ 684 ‘, c’est-à-dire que l’individu ’ ‘doit être’ ‘ au service de la communauté, que seul il n’a pas de sens.’ Il définit les relations sociales de manières hiérarchiques : roi et sujet, père et fils, mari et femme, frère et soe ur et par dessus tout, il prône la fidélité du peuple envers le souverain. Le Viêt Nam, qui possède une langue parlée et croit aux génies, a réinterprété ces rapports de sociétés685 qu’il respecte sans les remettre en cause, à travers une organisation de communautés par emboîtement que viennent sceller des actes cultuels. Entre la famille et le souverain apparaît le village 686 , qui devient l’élément de base du système administratif vietnamien. Ainsi, l’individu est reconnu à travers son appartenance à une famille. La communauté familiale est rassemblée autour du culte des ancêtres. Les familles se regroupent en villages où les inscrits (hommes majeurs et chefs de familles) ont des devoirs envers lui. Les habitants pratiquent ensemble le culte du génie tutélaire687. Enfin, les villages se placent sous l’administration (la domination) de l’empereur à qui ils doivent corvées et taxes. Fils du ciel et détenteur du mandat céleste, l’empereur est médiateur entre la nature et la société des hommes à travers le respect du culte du ciel célébré une fois par an.
Chacun de ces cultes cimente une communauté. L’individu est ainsi un rouage de l’ensemble, d’un système globalisant où le respect des règles conditionne l’ordre social : l’harmonie. Tout conflit, toute révolte, toute catastrophe naturelle est alors interprété comme une colère du ciel, indicateur de l’ordre rompu.
La notion de propriété est liée à cette philosophie : à l’origine se trouve l’idée métaphysique que ’‘le ciel produit les êtres et les choses et que la terre les nourrit’’688. La terre appartient donc au peuple et non au souverain, qui n’est là que pour faire régner l’intérêt général. Il agit non en propriétaire qu’il n’est pas, mais en souverain qui répartit dans le temps et en fonction du rang (donc du rôle) de chacun son droit d’appropriation de la terre qui est à tous.
Nguyên Khac Viên (in A. Ruscio Dir. - 1989- pp. 74-89) - p. 80.
A l’intérieur desquels le culte des ancêtres a toute sa place.
H. Maspéro - Etudes historiques, Paris, 1950 - T. III, p. 203 - [cité par Lê Thanh Khoi - 1992 - p. 135].