La culture chinoise enseigne tout autre chose. Elle est fondée sur l’alternance du yin et du yang dont l’interaction réciproque se traduit par la réalité du cours du monde, la voie, le Dao [ou Tao], le procès. C’est la dynamique de la dualité-complémentarité, imagée à l’aide d’exemple si souvent repris : le beau est inconcevable sans le laid, le jour sans la nuit, le ciel sans la terre. ‘’Si l’alternance obéit à une logique cyclique, elle est aussi tout le contraire d’une répétition stérile : c’est elle qui permet au cours de se déployer, à tout procès d’avancer. Symbole d’alternance de fonctionnement - de fonctionnement par alternance.’,’ nous dit François julien720, ‘’Le modèle concret qui inspire la réflexion est plutôt celui de la porte qui est tantôt ouverte et tantôt fermée, qui peut se fermer parce qu’elle était ouverte et réciproquement.’’
Il montre, à travers l’itinéraire de Wang Fuzhi qu’il commente, comment la pensée de procès se démarque de celle de création, par la corrélation de l’initiative qui ne peut être isolée de l’idée de réceptivité.‘ ’La relation n’est ni extérieure ni seconde, c’est elle qui fait exister intrinsèquement : la corrélativité est le sens de la réalité. C’est pourquoi la réalité ne s’analyse qu’en termes d’enchaînement et de procès’’ 721.
Juxtaposition, processus, l’ordre du monde est un tout, un ensemble qui permet de penser l’homme et la société comme le rappel Marcel Granet722 :
‘’Au lieu de s’appliquer à distinguer des effets et des causes, les Chinois s’ingénient à répertorier des correspondances. L’ordre de l’univers n’est point distingué par l’ordre de la civilisation. Comment songerait-on à constater des séquences nécessaires, in-modifiables ?’ ’F. Julien - 1989 : Procès ou création.
F. Julien - 1989- p. 27.
F. Julien - 1989 - p. 55.
M. Granet - 1988 (1968) - p. 319.