III - 4 Modele - La Ville Moderne pour Point de Mire

Pouvoir fournir une image de ville future qui soit suffisamment suggestive afin d’influencer le développement de la ville, voire le provoquer dans le cas de quartiers neufs comme Thu Thiêm, n’implique pas au sein de ce mode de pensée d’avoir défini ce que devait être la ville future par un mode analytique ou déductif. L’objectif est de trouver un modèle existant afin de tendre à le reproduire, en toute conscience que le résultat sera une interprétation contextuelle.

Finalement, les attitudes, les pratiques et les discours des professionnels, les projets réalisés donc validés par les responsables, et à travers eux l’évolution du centre ville durant la décennie 1990, et enfin l’image véhiculée par le master plan lui-même procèdent d’une même manière d’appréhender le développement urbain. La constante de tous ces actes est cette idée de modernité posée en point de mire, dont j’ai mis en évidence qu’elle correspond à l’image du succès économique, du développement technologique et non à un processus global de progrès. La référence est inéluctablement l’exemple des pays économiquement forts, tels les pays occidentaux, mais surtout tel Singapour. Cet état insulaire, ville-état dont le succès de la transformation urbaine est complet731, présente l’avantage d’être récent, issu d’une ancienne colonie et de faire partie de l’Asie sinisée. Toutes caractéristiques qui ne peuvent être appliquées au Japon, dont la culture traditionnelle spécifique s’est individualisée.

De plus Singapour, à travers la planification de son habitat, se rattache à un urbanisme progressiste tout comme celui prôné par l’idéologie communiste même si les résultats sont forts différents. A travers une démarche qui se veut rationnelle l’objectif est de construire une ville fonctionnelle que doit assurer la séparation des fonctions. Comme nous l’avons vu, cet urbanisme qui se veut universel est propice à générer des modèles qui se veulent internationaux, en tout adéquation avec l’idéologie de l’internationale communiste.

Dans le cas de Hô Chi Minh Ville, j’ai montré à plusieurs reprises que la ville évolue par juxtaposition de projets, et que, si les projets officiels ne sont pas issus d’une réflexion effectuée en amont sur le sens de la ville ou les valeurs humaines, ils sont tous, chacun séparément, une interprétation de cette ville moderne générée par un urbanisme rationnel.

Ceci-dit, Le projet non-officiel des compartiments de Hung Vuong qui, entièrement construit sous la responsabilité du Comité populaire de l’arrondissement 5, se veut une opération financière destinée aux Vietnamiens, leurs propose une version moderne du compartiment chinois. Ainsi, hors des circuits officiels, l’habitat produit est une interprétation moderne d’un modèle traditionnel et non une reproduction d’un morceau de la ville promue. Si l’idée de modèle reste primordiale, il n’en est pas moins vrai que ce projet est une interprétation toute contextuelle qui rejoint la remarque de Lê Van Pha. Ainsi, les responsables vietnamiens proposent une ville dont ils savent qu’elle ne correspond pas aux modes d’habiter actuels. Pour autant, aucune discussion ayant pour objectif de faire émerger un nouveau type de ville ou d’habitat n’est en cours actuellement.

Notes
731.

Suivant les critères de succès économiques, qui sont ceux à l’oe uvre au Viêt Nam.