La pyramide gouvernementale du Viêt Nam actuel définit des divisions territoriales qu’elle administre et sur lesquelles elle se construit. L’imbrication est totale entre les territoires et l’organisation hiérarchique de l’administration.
L’organisation théorique d’une pyramide hiérarchique a un sens, elle va du haut vers le bas, du pouvoir central à l’administration du citoyen. Et la pyramide mise en évidence dans le chapitre III ne dit rien d’autre, quand elle possède (à ses deux niveaux supérieurs) ses propres services dont la raison d’être est d’aller chercher sur le terrain les informations que les niveaux inférieurs, au contact avec la population, les citoyens et le quotidien, ne font pas remonter ; simplement parce que ce n’est pas le sens de son fonctionnement.
Au Viêt Nam, la pyramide administrative a quatre niveaux732 de territoires représentés par des institutions : le gouvernement pour le territoire national et des comités populaires pour les autres. Les plus petits niveaux territoriaux, sont encore redivisés en îlots de voisinage ou hameaux, mais ils sont juste représentés par un responsable au Comité populaire du quartier (urbain ou rural). Les échelles de ces territoires administrés sont fonctions du nombre de foyers. Chaque niveau (comité populaire ou gouvernement) est constitué de services thématiques et des comités populaires des territoires directement inférieurs733.
Cet ensemble est ce que j’ai appelé la pyramide des institutions administratives. Mais cet ensemble très théorique a intégré des services généraux, à certains niveaux qui ont alors ont une responsabilité de gestion mais une responsabilité non décisionnelle, comme dans les cas de la police ou de la poste. Ensuite, dans un état socialiste, les entreprises (nationalisées) sont sous la tutelle d’un niveau hiérarchique (les 3 supérieurs). Nous avons également vu que la propriété du droit d’usage du sol a été répartie entre les différentes administrations et services gouvernementaux.
Et déjà la pyramide théorique première, qui se voudrait universelle, ne correspond plus à aucun diagramme ou schéma rigoureux. Avec la décentralisation des services généraux et la tutelle d’entreprises, elle a donné différentes valeurs à ses différents services. Par contre, de ce fait, elle rassemble en un seul système l’ensemble de tous les services publics.
Car, par le sens donné à cette pyramide qui se ramifie du pouvoir national vers les villages et les quartiers urbains, par sa structure qui définit des territoires sur lesquels elle s’établit, elle interdit tout rassemblement. Aucune possibilité n’est donnée de créer des collectivités territoriales en nom propre 734 en fonction de besoins spécifiques (économiques, humains, géographiques, etc.). Ainsi, aucune possibilité n’est donnée à des institutions administratives de différents territoires de travailler ensemble, donc de développer des projets en communs, autrement que sous la tutelle de l’institution administrative supérieure. Ceci est vrai pour des territoires de même niveau hiérarchique, et donc à plus forte raison, dans le cas d’échelles de territoires différents. Le sens de la pyramide divise sans rassembler et sans permettre le rassemblement au sein de ses institutions administratives. Les espaces territoriaux définis ne peuvent se rassembler qu’au sein de l’échelle supérieure qui les contient tous, dans leur entier, au sein de sa circonscription.
Ainsi, le sens même du système institutionnel divise pour administrer.
Afin de permettre une collaboration transversale de plus en plus nécessaire au sein de la pyramide gouvernementale, des comités sont créés, très régulièrement, mais ils le sont uniquement sous la tutelle d’une administration institutionnelle. Ils sont des rassemblements factuels de décideurs. Ils sont créés pour, et dans, un contexte précis. Ils n’ont pas vocation à devenir des services thématiques de l’administration tels les bureaux ou les départements. Une fois le projet pour lequel ils ont été créé terminé, ils peuvent subsister et se transformer pour la gestion de l’opération réalisée, comme ils peuvent disparaître. Si une autre opération aux traits similaires est mise sur pied, un nouveau comité sera créé, en fonction des tendances du moment et des acquis de l’expérience précédente. Ce comité n’aura pas nécessairement de point de parenté avec le précédent, ni par son institution de tutelle, ni dans la logique développée. Ce comité viendra se greffer sur la pyramide, nouvelle ramification terminale735 du système.
Le territoire national est divisé en provinces ou villes-provinces, chacune en districts, municipalités ou arrondissements, chacun en commune, bourg ou quartier urbain. Voir le diagramme chapitre III, paragraphe II-1.2
Se reporter aux organigrammes de la machine administrative de H.C.M.V., chapitre III paragraphe I.
C’est-à-dire, reconnues comme telles et possédant une administration autonome au même titre que les autres territoires définis eux par la pyramide des institutions de l’administration.
En ce sens qu’elle ne peut se ramifier, que d’elle ne peut pas émaner d’autres organismes.