L’utilisation faite des outils de la planification urbaine, de leur contenu aux acteurs auxquels ils s’adressent, témoigne, en toute cohérence avec les modes d’actions des administrations mis en évidence, de la division pour l’appréhension du phénomène urbain.
Le master plan, dont l’objet est de répartir des fonctions par secteurs, ne s’attache en aucun cas à définir celles-ci, pas plus qu’il ne s’intéresse aux valeurs. Qu’est-ce qu’un ’centre ville’, à quoi doit répondre un ’secteur d’habitation’ ? La définition ’terrain militaire paraît beaucoup plus précise ? des lotissements d’habitat apparaissent sur ces terrains ! Les secteurs ’campus universitaires et instituts de recherches’ (aujourd’hui, répartis en ville), ’zone de manifestation (foire) nationale’ et ’espaces verts, de loisirs et de tourismes’, se déplacent et se réduisent d’un plan à l’autre, témoignant de la présence d’éléments non structurants : l’échelle de leur définition même n’est pas définie. Seules les ’zone industrielle’ et ’zone d’entrepôt’ correspondent à une seule fonction et sont de ce fait identifiables et compréhensibles, comme le territoire restant, dévolu à l’agriculture.
Mais loin d’être inutile, ces divisions établies ont principalement deux corollaires :
La définition de secteurs géographiques, soit la répartition du sol ;
La séparation des activités urbaines de la population des activités économiques, que le gouvernement souhaite favoriser et développer.
A noter que la spécificité du ’centre ville’ est de condenser les deux.
Ces deux objectifs sont très clairs dans le dernier master plan à travers la distinction entre l’ensemble des territoires déjà urbanisés (donc occupés) et ceux libres d’aménagements. L’intérêt primordial de cette séparation est d’indiquer les gestionnaires de l’usage du sol de ces derniers : armée, comités de gestion de zones industrielles ou Département de l’agriculture.
Dans l’agglomération urbaine existante divisée en secteur ’centre ville’ ou ’secteur d’habitat’, les attributaires de l’usage du sol sont multiples. Pour les terrains publics, ils ont été répartis entre les différentes administrations. Les pratiques témoignent encore une fois de l’impossibilité à rassembler. Car, avant de se considérer comme administration publique et se rappeler que ’la terre appartient au peuple’743, chaque administration s’estime propriétaire du terrain et entend bien le gérer en fonction de ses propres intérêts. Et, lorsqu’il faut trouver un terrain pour une activité d’intérêt public (donc rarement lucrative), chacun renvoie chez l’autre. Finalement le problème de l’accession à l’usage du sol reste entier.
Ainsi, l’objectif déclaré du master plan est bien de répartir. Et lorsque les responsables du développement urbain, conscients des lacunes du master plan en ce qui concerne la ville vécue ont voulu apporter une réponse, ils ont suivi la pyramide administrative et le découpage de ses territoires et ont travaillé avec chaque arrondissement ... séparément ! Mais en changeant d’échelle territoriale et en voulant prendre place dans un futur de réalisations, une logique opérationnelle s’est insinuée et finalement imposée, au détriment du questionnement sur le devenir et sur les possibles de ces territoires.
A nouveau l’action a été de diviser. D’un coté des dossiers techniques ont été étudiés, ils se concrétisent en deux plans distincts : existant / à réaliser (ou plus exactement : résultat des études de besoin). De l’autre, une série de plans dits ’d’architecture’ qui rassemblent tout ce qui n’a pas trait aux V.R.D.744. L’un liste les projets des administrations et des investisseurs, un autre présente un état des lieux du bâti, un troisième propose un plan théorique et idéel issue d’une discussion non contextuelle, image de ce que pourrait être cette partie de ville.
Où sont les marchandes de soupe du marché, le marché de rue, les activités de la ruelle, mon voisin qui construit son compartiment ? Nulle part. Ces plans opérationnels ne les concernent pas. Les hommes et la vie du quotidien sont toujours absents de ces considérations.
Constitution de 1992.
article 17 : ’Sont propriété de tout le peuple les terres, les forêts, les montagnes, les fleuves, les lacs, les cours d’eau, les ressources souterraines, les richesses de la zone maritime, du plateau continental, de l’espace aérien, les fonds et biens investis par l’Etat dans les entreprises, les ouvrages relevant des branches et secteurs économiques, culturels, sociaux, scientifiques, techniques, diplomatiques, de défense et de sécurité nationale ainsi que les autres biens que la loi détermine comme ceux de l’Etat.’
Article 18 : ’L’Etat assure la gestion unifiée de la totalité des terres suivant le plan d’aménagement et la loi pour assurer une utilisation juste et efficace. L’Etat confie les terres à des organisations et des particuliers pour une utilisation stable et à long terme. Ces organisations et ces particuliers ont la responsabilité de défendre, d’amender, d’exploiter rationnellement, d’utiliser sans gaspillage les terres confiées et peuvent en céder le droit d’utilisation conformément aux dispositions de la loi.’
Voirie et Réseaux Divers.