Le discours relevé est clair, tant dans le fonctionnement propre des administrations, qu’au sein de la conception du master plan, les responsables divisent, sectorisent, répartissent. Le premier objectif est évident : maîtriser.
Chacun, chaque individu comme chaque institution ou organisme, comme chaque élément exogène, peut être interpellé à tout moment. Les faits et gestes de tous sont connus (donc validés) par un tuteur. Mais cette maîtrise recherchée est aussi celle du développement et de l’économie à travers des projections permises par les sciences et les technologies, ou du moins par l’interprétation de leurs résultats théoriques. L’un des objectifs de cette fragmentation est bien de planifier, de décider de manière volontaire ce que sera le futur, de ce qu’il doit être pour le bien-être de tous. Le sens du terme planification au Viêt Nam est entendu en terme décisionnel volontaire et non pour permettre l’aide à une certaine maîtrise d’un processus au sein de réalités contextuelles. Il s’agit de décider ce qui sera, non d’aider la réalisation d’une évolution dynamique choisie ; comme cela a été relevé dans la conclusion du chapitre traitant de la projection de la ville.
Dans cette répartition théorique de sectorisation des valeurs et des techniques, nulle part n’est laissée une place pour l’imprévisible, pour le sensible, pour l’inmaîtrisable, qui n’est pas envisagé, mais surtout qui ne peut pas l’être dans le cadre du système gouvernemental. Alors au Viêt Nam, influencé par les courants de pensées de l’Asie sinisée (confucianisme, taoïsme, bouddhisme) qui se superposent, se juxtaposent en un ensemble qui propose une conception holiste de la société où domine l’idée de l’ordre de l’univers, intervient le pragmatisme de chacun, sans aucune contradiction avec la doctrine puisque ces courants véhiculent le respect de valeurs hiérarchiques et une certaine éthique sur le plan des valeurs humaines.
Finalement, ces deux systèmes se retrouvent dans leur rapport à l’universel, que leur permet leur organisation hiérarchique, alors même qu’ils reposent sur des conceptions a priori antinomiques.
L’idéologie communiste s’est construite sur l’émergence de la société industrielle, elle se veut rationnelle et s’appuie sur les résultats que permet l’évolution des sciences. Elle entend planifier le futur. Pour gouverner le peuple, elle propose un système théorique rigide et universel où, afin de refuser l’exploitation de l’homme par l’homme, tous les hommes sont égaux. Cette société se caractérise par la volonté de maîtrise.
Les sociétés confucéennes valorisent le travail de la terre et se caractérisent par le respect de relations humaines hiérarchiques qui imposent pour règle des comportements relationnels. Elles sont structurées par une pensée unique et tendent vers l’harmonie universelle qui est le résultat d’un processus permanent où chacun a sa place mais en aucun cas est l’égal de l’autre.
Finalement en considérant les hommes égaux, mais surtout tous identiques, le communisme les a rassemblés sous l’appellation ’le peuple’746 et un anonymat vidé de valeurs humaines où ont pu s’insérer celles propres au viêt Nam. L’ensemble se structure dans un cadre sociétal basé sur le respect hiérarchique primordial dans les deux doctrines.
En fait, la pyramide a intégré de nouveaux acteurs par le biais de procédures, d’outils, d’interlocuteurs qui leur sont destinés en propre. Ce qui correspond à une prise en compte de l’acte à travers l’acteur et non l’action, en fonction des caractéristiques de chaque acteur (individu ou organisme) et non du résultat, de la réalisation.
Au Viêt Nam, je n’ai pas rencontré d’autre termes, tel ’la masse’, très usités dans d’autres pays.