Par ce mode d’action qui consiste à s’adresser à une personne connue et identifiée comme la plus à même de répondre au problème posé, il s’agit de la mise en réseau des relations et des possibilités de chacun.
Chacun est persuadé que si l’on connaît quelqu’un, la procédure en sera facilitée, d’où le recours à un intermédiaire. Celui-ci annonce un prix incluant les commissions officieuses et s’il est fiable rapporte tous les documents. Alors pourquoi aller frapper de bureaux en bureaux à la recherche du bon interlocuteur, du formulaire adéquat, au milieu d’horaires peu souples ? Et de la part du fonctionnaire, pourquoi favoriser une procédure théorique à des inconnus, plutôt que des passes-droits à des individus re-connus qui rémunèrent ce service ?
L’intermédiaire a de tous temps existé au Viêt Nam au sein de rapports humains très hiérarchisés et où un homme ne s’adresse pas à un inconnu. Celui-ci est aussi médiateur747, dans une société toujours à la recherche de consensus, d’arrangement accepté par les deux parts, c’est à dire d’arrangement où aucun des deux ne ’perd la face’, suivant l’expression consacrée. La société vietnamienne est une société qui refuse l’affrontement ; en cela les réseaux relationnels et les intermédiaires répondent à ses besoins.
’L’intermédiaire qui se substitue à vous, afin de vous évitez de perdre la face en cas d’échec.’ |Gontran de Poncins - 1958 - p. 27].