III - 3 Les Espaces Collectifs : des espaces non-attribués

In fine, ces outils qui répartissent, ces sectorisation établies pour planifier, cette maîtrise de l’espace à travers celle de ses acteurs ne peuvent appréhender l’espace urbain autrement que par le biais de son dimensionnement et du nombre de véhicules par jour qu’il supporte. Or la rue, espace collectif par excellence, est tout autre chose que la voirie ainsi que le rappelle J.C. Gallety751.

Le problème se pose alors des espaces sans fonction, sans propriétaire, de ceux dévolus à la circulation et dont le droit d’usage du sol ne se négocie pas. C’est à nouveau l’espace collectif dont il s’agit, celui qui appartient dans les faits à tous, mais qui est défini par des constructions privées, celui où se mêle toutes les pratiques : cet espace kinesthésique qui de l’ombre d’un arbre à l’agression auditive des klaxons, de la foule en mouvement à l’odeur, interpelle en permanence l’utilisateur de l’espace public.

La ville, qui est appréhendée à travers le matérialisme de la modernité et l’image d’un central business district, témoin d’une réussite économique, ses différentes fonctions et les acteurs qu’elles concernent, n’est jamais envisagée par cet espace-lien qui fédère chaque élément en un tout aux caractéristiques propres. Or, il s’agit bien de la vie qu’elle abrite comme de celle qu’elle génère. Cette vie multiple, complexe, a été divisée pour être appréhendée, mais finalement la question reste entière à travers celle de l’espace public. Cette propension à séparer, à diviser, à cloisonner, néglige le poids de la mise en relation qui est le sens même de la ville : Le tout n’est pas la somme de chaque élément.

Notes
751.

cf. paragraphe III du chapitre V.