I. 1. Une convergence d'esquisses

Cette première étude a pour but de préciser la forme initiale donnée par Léonor de Tournély et Sophie Barat au service d’éducation de la Société du Sacré-Cœur, d'en définir les contours. Trois textes sont successivement abordés et mis en relation : la prophétie de Charles Nectoux ; le projet de Léonor de Tournély ; l’inspiration créatrice de Sophie Barat ou «idée primordiale de la petite Société ».

Comme l'affirmait encore récemment Jeanne de Charry à propos des prédictions de C. Nectoux, un doute plane sur la fiabilité du témoin principal, Drouaud. Le récit de cette prophétie n'a donc pas de pertinence historique en lui-même. Il la reçoit de l'événement auquel il se rapporte, à savoir la fondation de la Société du Sacré-Cœur de Jésus  4 . Trois documents lui serviront de référence : la notice du P. Nectoux ; celle de Suzanne Geoffroy, religieuse de l’Institut, et le Journal du Conseil général de 1820,  rédigé par Elisabeth de Gramont d'Aster.

Quant à la relation du projet fondateur de Léonor de Tournély, elle relève de deux archives :

  • celles de la Compagnie de Jésus. Deux documents seront interrogés : le Breve ragguaglio dei principi e progressi della Sovietà del Cuore di Gesù et les Mémoires de la Société des Pères du Sacré-Cœur, tous deux rédigés par Fidèle de Grivel, membre de la communauté des Pères du Sacré-Cœur, témoin des faits.
  • celles de la Société du Sacré-Cœur de Vienne, en Autriche, où se trouve la Notice de Léonor de Tournély  5 .

Le récit de l’idée primordiale de la petite Société est transmis par Pauline Perdreau, dans Les loisirs de l’Abbaye. Il a fait également l’objet d’une déposition lors du procès de béatification de Sophie Barat  6 . Ce qui en garantit la véracité.

L'étude de ces trois évocations permet de décrypter les représentations, les images et les valeurs constitutives du paradigme référentiel de la Société du Sacré-Cœur, lors de l'étape de fondation. Ces images sont-elles convergentes ? Quelle en est la source ?

Notes
4.

Il est d’ailleurs présent dans un bon nombre de textes de la période de fondation de l'Institut.

5.

L'auteur de cette notice n'est pas spécifié, selon la coutume de l'époque.

6.

Pauline Perdrau, Les loisirs de l'Abbaye, Tome I, Rome, 1934, p. 422-424.