La cinquième lettre est une manière de regarder la réalité. Et, par là même, elle interpelle chaque membre de l’Institut.
Cette démarche de contemplation est exprimée par les verbes :
dans les expressions suivantes :
Cette manière d’être en relation semble refléter une expérience. Pour la transmettre, l’écriture utilise, pour la première fois, la métaphore biblique de la source. En France, à Joigny, la supérieure générale et son équipe ont « senti vivre la Société dans la fraîcheur de son esprit primitif ». Elles ont « prié et réfléchi sur la force silencieuse de l’eau qui jaillit directement de la source : le centre même de la personne de Jésus, son Coeur ». En filigrane, apparaît l’enracinement johannique 799 . Puis immédiatement, comme en cascade, l’intelligence et la sensibilité sont suscitées. Voici l’exclamation dans laquelle cela apparaît : « et nous avons reconnu avec émerveillement l’efficacité secrète d’une origine pauvre, humble et cachée ». L’évocation de la source revient ici par le biais des adjectifs : « humble et cachée ». Elleinstalle ainsi la métaphore dans l’humus des commencements. En effet la vinée paternelle rend présente, aujourd’hui encore, l’origine sociale des Barat. Par le pouvoir évocateur de l’image, la particularité historique est signifiée. Et cette médiation fonctionne alors comme tremplin entre deux ordres de réalité : le divin et l’humain. La véritable source peut donc être nommée. L’immédiateté a été évitée. L’interprétation peut se poursuivre.
De fait, après cette inscription de la métaphore sur la toile de l’histoire, par la particularité des événements et la singularité d’une origine sociale, arrive l’essentiel du message. « Jésus, Dieu fait homme qui assume et transforme toute vie humaine et qui nous a aimées le premier, est-il attesté, nous invite à « demeurer dans son amour ». Une expérience est ainsi communiquée. Le charisme Congrégationnel s’y exprime avec force et simplicité. Par cette double appellation : « Jésus, Dieu fait homme », la perspective est rendue maximale. Car le nom de Jésus rappelle la fragilité d’une naissance dans la précarité de la grotte de Bethléem. S’y ajoute la singularité d’une appartenance familiale, Jésus fils de Joseph, charpentier à Nazareth de Jordanie. Mais la dénomination ouvre aussi, simultanément, sur l’universalité du salut : « Dieu fait homme qui assume et transforme toute vie humaine ». Elle fait apparaître la figure du Christ, source de vie, Celui qui a l’initiative de l’alliance et invite à une certaine proximité. La libération, associée à l’amour, est ainsi suggérée. La trame événementielle réfère au commencement de toutes choses : la parole du Fils, seule capable d’une vraie « restauration », d’une transformation qui soit re-naissance, en fidélité à l’origine.
Y faire mémoiresemble réinvestir la responsabilité car des interrogations surgissent :
Cette interpellation rebondit en une série de questions dont les accents portent sur la cohérence d’une éthique Congrégationnelle. « Le chapitre (de 1970), est-il rappelé, nous a indiqué le chemin : les options orientent le dynamisme d’une vie solidement enracinée dans l’amour. Mais elles ne trouveront leur application qu’à travers nos choix quotidiens. Nous pouvons nous interroger sur ces choix personnels et communautaires :
Correspondent-ils aux buts que nous avons voulus ?
‘Avons-nous le souci des plus négligés, des plus oubliés des hommes ?Par son pouvoir évocateur, le symbole de la source soutient le questionnement et la recherche.
Cette expérience, relatée avec simplicité et dynamisme, exprime déjà une identité : connaître - demeurer - rendre présent un amour. Les modalités missionnaires sont suggérées ; les destinataires privilégiés sont nommés. Un chemin d’incarnation est déjà esquissé.
En développant l'historique de la dévotion au Sacré-Cœur, J. de Charry rappelle ce fondement biblique : "l'attention à la plaie du côté du Christ, d'où jaillit l'eau vive de l'Esprit, source mystique de l'Eglise et des sacrements, remonte aux premiers temps du christianisme, puisqu'elle a son fondement dans l'Evangile de saint Jean (7, 37-39 et 19, 34-37).
Lettre 5, supra, ibid., p. 10-11.