II. 2. Accomplir toute justice

Résistances et incompréhensions se cristallisent autour de l’interprétation de la visée. Un consensus ne semble pas se réaliser sur son objet. En 1967, cette exigence éthique était formulée en termes de justice et de partage. En 1970, elle prend le nom de libération  ⁸¹⁸ . En 1976, l’expression allie les deux orientations  ⁸¹⁹ . Le doute persiste chez certaines religieuses : comment traduire fidèlement la finalité ordonnatrice du plan fondateur ? Cette opacité persistante est cause de lenteurs et d’incompréhensions. En vue de quoi ordonner l’action éducative ?

Le libre jeu de la métaphore sur la culture institutionnelle a pour effet de «  dévoiler » le sens de l’agir éducatif recouvert sous les images du culte eucharistique du 18ème et du 19ème siècle. Un déplacement vient d’être repéré : celui du lieu de la contemplation du Cœur du Christ. Un second, relatif au culte de «  réparation » s’est déjà signalé, à plusieurs reprises, au cours de l’étude des «  orientations ad experimentum »de 1967, des «  Options » de 1970 et de la «  dimension éducative de la mission » du livret de 1976. La rencontre d’une «  humanité déchirée par les injustices du monde »  ⁸²⁰ a induit le choix d’une nouvelle visée sociale : «  travailler pour la justice ». Celle-ci se décline en plusieurs paramètres : «  chercher la solidarité avec les pauvres, les marginaux », «  collaborer dans notre mutuelle libération faite de croissance dans la foi et l’amour ». Mais un tel choix collectif n’est pas sans poser problème aux religieuses éloignées de ces réalités sociales ou dont les références restent dépendantes du contexte parodien victimaire. «  Chercher la libération », «  lutter pour plus de justice » sociale ne correspond guère à leur idéal. Quel est donc l’enjeu d’une telle interprétation de la «  réparation ». Est-elle faite en fidélité au charisme fondateur ? Et si oui, sur quels éléments porte cette pertinence ? Quelle nouvelle interprétation du sens de l’agir éducatif advient à la conscience collective ? Quels effets du libre jeu de la métaphore sur la culture institutionnelle manifestent cette «  guérison de la mémoire collective » ?