II.2.2. Quand « étudier à fond », c’est refonder

La visée choisie lors des Chapitres de 1970 et 1976 ne reçoit pas l’unanimité. Des résistances et des contestations persistent. Cette absence de consensus est apparente dans les lettres-circulaires. Les relations des visites se font plus rares. Le moment sensible de l’insertion et de la proximité est passé. L’accent est mis sur l’évaluation des orientations prises. Et en décembre 1977, un courrier convoque les provinciales à une réunion au Mexique, en janvier 1979. Quelques mois plus tard  860 , une circulaire adressée à toutes les communautés spécifie l’objectif de cette assemblée : «  approfondir la réponse que notre mission, dans sa dimension éducative, apporte à notre monde en quête de justice et d’un sens à la vie ». Cette formulation lie, en un seul faisceau, deux recherches du monde contemporain. Le texte de 1976 ne les avait d’ailleurs pas dissociées, dans la réponse apportée. Ce fait serait-il la pierre d’achoppement ? Le choix de la visée sociale poserait-il problème ? Et en quoi ?

De fait, la lettre 30 focalise sur l’objet des tensions, à savoir le lien dit inséparable entre « l’appel à travailler pour la justice » et « la dimension éducative ». « Dans vos provinces, est-il en effet souligné, l’approfondissement de ces thèmes a commencé, sous une forme ou une autre. Il nous semble que nous sommes maintenant arrivées à une certaine liberté pour aborder ce sujet avec sérénité »  861 . Le cap institutionnel est réaffirmé une fois de plus : la rénovation du service éducatif, en fidélité à l’esprit fondateur.

La détermination est nette : l’approfondissement de l’orientation éducative doit avoir lieu, en vue d’un consensus. Le sujet est même à «  étudier à fond »  862 , car de fortes résistances subsistent. En effet, quelques mois plus tard, la synthèse des travaux préparatoires à l’assemblée de Mexico, réalisés dans les provinces, souligne l’urgence d’une telle démarche. «  Nous sentons que le moment est venu d’examiner notre orientation et notre visée », exprime l’un des rapports. «  Le malaise ressenti actuellement par tant de nos sœurs nous montre la nécessité de discerner notre mission. Depuis les Chapitres de 1970 et 1976, nous avons vraiment besoin d’évaluer et de discerner à nouveau ce qu’il faut faire »  863 . Les choix réalisés lors des deux derniers Chapitres posent donc problème à certaines personnes et à certains groupes européens.

Notes
860.

Il y est précisé que l'Institut, dans son ensemble, manifeste "un vif désir et un besoin :

- d’apporter une vraie réponse aux appels concrets de nos frères et d’œuvrer dans le sens de la justice ;

- d’intensifier la qualité éducative de ce que nous faisons et de nous ouvrir à de nouvelles perspectives", Lettre 30, datée du 19 mars 1978, idem, p.75.

861.

Idem, p.74.

862.

"Le Chapitre 1976 a dit que la dimension éducative de notre mission était « inséparable de l’appel à travailler pour la justice ». Dans vos provinces, est-il souligné, l’approfondissement de ces thèmes a commencé, sous une forme ou une autre. Il nous semble que nous sommes maintenant arrivées à une certaine liberté pour aborder ce sujet avec sérénité. Nous pensons qu’une assemblée de provinciales, bien préparée, nous permettra de l’étudier à fond et de renouveler notre élan apostolique selon l’esprit de Notre Sainte Mère", ibidem, p.74-75.

863.

Documents de synthèse, I. Cadre de référence, 3. Intuitions éducatrices de Ste Madeleine-Sophie, Irlande-Ecosse, p.22.