ANNEXES

ANNEXE 1. PLAN D'ETUDEPROVISOIRE à l'usage de la Maison d'Amiens

A M D G.

PLAN D'ETUDE

La réussite d'un Plan d'Etude dépend essentiellement de la distribution du temps sagement ménagé, de l'ordre des exercices et de la manière d'enseigner.

Chapitre 1er. Distribution du temps, division des classes, objet de l'enseignement

Article 1er : Distribution du temps (voir le réglement des élèves)

Article 2 : Division des classes

Le cours d'Etude s'achève en quatre années et se divise en quatre classes dans lesquelles on enseigne graduellement :

1) La lecture du français et du latin

2) L'écriture

3) Le catéchisme diocésain, l'Evangile

4) La grammaire française, l'orthographe

5) L'arithmétique

6) La chronologie et l'histoire formant un cours complet

7) La géographie générale, la sphère

8) Les éléments de littérature

9) La mythologie

10) Les ouvrages manuels qui conviennent à des demoiselles

11) L'économie domestique

12) Les arts d'agrément

Tous ces objets, excepté le second et les trois derniers sont répartis dans les quatre classes. Quant au troisième qui demande une étude particulière, on l'explique tous les jours dans les cours de Doctrine chrétienne.

Les classes ne suffisent pas non plus pour donner à la géographie l'étendue qu'elle doit avoir ; on s'en occupe encore dans les cours établis pour cet article.

Le cours d'étude est suivi d'un cours d'une ou deux années sous le nom de classe supérieure pour les élèves qui désirent perfection­ner leur éducation. Il est précédé d'une cinquième classe pour les enfants qui ne savent pas assez bien lire et écrire pour suivre la quatrième classe.

Article 3 : Objet de l'enseignement dans chaque classe

Cinquième classe

Lecture du français.

Catéchisme diocésain et Evangile de mémoire.

Histoire sainte de mémoire.

Orthographe.

Connaissance des chiffres.

Si les enfants en sont capables, on leur fera apprendre un peu de grammaire qu'on leur expliquera ainsi que le commencement de l'a­rithmétique. Vers la fin du trimestre, on leur fera apprendre quelques fables du premier livre de La Fontaine.

Quatrième classe

Lecture du français et du latin.

Catéchisme diocésain, Evangile de mémoire.

Gammaire française de mémoire, explication jusqu'aux verbes irréguliers exclusivement.

Arithmétique : le système de numération, connaissance des chiffres romains, les quatre règles incomplexes.

Histoire : histoire sainte de mémoire, lecture de l'histoire ancienne dans la classe.

Fables de La Fontaine (les deux premiers livres).

Troisième classe

Lecture du français et du latin.

Catéchisme diocésain, Evangile de mémoire.

Grammaire française de mémoire, explication jusqu'aux remarques exclusivement.

Arithmétique : le calcul décimal et métrique ; les fractions, les trois premières règles complexes.

Abrégé chronologique de l'histoire ancienne de mémoire (y compris la préface).

Histoire : repasser l'histoire sainte ; l'histoire ecclésiastique de mémoire.

Résumer l'histoire ancienne (s'il se peut la romaine).

Fables de La Fontaine (3e et 4e livres).

Littérature. Genre épistolaire.

Esther.

Géographie : suivre le troisième ou le second cours.

Seconde classe

Lecture publique telle que celle du réfectoire et de l'ouvrage, outre les classes de lecture.

Grammaire française de mémoire, explication jusqu'à la construction des phrases exclusivement.

Catéchisme diocésain, Evangile.

Arithmétique : division complexe, calcul géométrique.

Abrégé chronologique de l'histoire moderne.

Histoire : repasser l'histoire ecclésiastique,résumer l'histoire romaine (si on ne l'a pas fait à la troisième classe) et l'histoire de France.

Littérature : genre historique.

Fables de La Fontaine (5e et 6e livres).

Athalie.

Géographie historique (suivre l'un des cours pour la géographie générale).

Mythologie de mémoire.

Première classe

Lecture comme à la seconde classe ; on ajoute celle des manuscrits.

Evangile, catéchisme diocésain.

Grammaire et Orthographe : revoir la grammaire, construction des phrases.

Arithmétique : règle de trois, tenue des livres.

Histoire moderne par résumés.

Littérature : genre poétique de mémoire, lettres, narrations à composer.

Poème de la Religion de mémoire.

Fables de La Fontaine (7e et 8e livres).

Géographie historique (suivre l'un des cours pour la sphère et la géographie générale).

(Si on peut, résumer la Doctrine Chrétienne de l'homme et les leçons de la nature par Cousin Despréaux).

Classe Supérieure

Selon les besoins des élèves, revoir ce qu'on a étudié dans les autres classes.

Les fondements de la Foi (par Aymé) en forme de lecture et de résumés.

Histoire naturelle en résumés (leçons de la nature).

Rhétorique.

Chapitre II. De l'admission dans les classes

Les régles de la grammaire, l'orthographe, tel est l'objet es­sentiel de l'enseignement dans les classes. C'est le plus ou moins de progrès dans cette partie qui décide de la classe où une élève doit être admise, quels que soient d'ailleurs son âge ou ses progrès dans l'écriture, l'histoire, etc. Elle ne pourra monter dans une classe su­périeure qu'après avoir fait preuve d'une capacité suffisante dans les règles de la grammaire dont l'enseignement est fixé dans la classe inférieure. Cette règle est de rigueur parce qu'elle est le seul moyen de prévenir le désordre et la confusion dans les études.

Chapitre III. Distribution du temps dans chaque classe

Cinquième classe

Le matin

9 heures Récitation des leçons Catéchisme... quelques réponses.

Evangile... quelques lignes. Histoire sainte... quelques lignes.

9 heures 1/4 Lecture

9 heures 1/2 Orthographe, de temps en temps une petite explica­tion de grammaire quand les enfants en sont capables

Le soir

6 heures Récitation des leçons

Catéchisme

Histoire sainte

Grammaire, quelques lignes (à la place, quelques lignes des Fables de La Fontaine vers la fin du trimestre)

6 heures 1/4 Lecture

6 heures 3/4 Orthographe

Jours de demi-congé

6 heures Récitation comme aux classes ordinaires du soir

6 heures 1/4 Lecture

6 heures 1/2 Arithmétique

Le dimanche pendant la géographie

3 heures Récitation des leçons

Catéchisme

Histoire sainte

3 heures 1/4 Lecture

3 heures 3/4 Récitation des prières que les enfants doivent savoir.

La maîtresse profitera de cet exercice pour leur apprendre à le faire avec attention et respect et à les bien prononcer.

De temps en temps, la maîtresse pourra pendant cette dernière demi-heure leur apprendre les diffé­rentes choses qu'un enfant doit savoir, ou les leur rappeler.

Quatrième classe

Le matin

9 heures Récitation des leçons

Catéchisme... environ une page

Histoire sainte... une demi-page

Grammaire, courte leçon

9 heures 1/4 Lecture

9 heures 1/2 Orthographe

9 heures 3/4 Correction du devoir de grammaire de la veille

10 heures Explication de la grammaire, en donner un devoir

Le soir

6 heures Récitation des leçons

Catéchisme

Evangile... quelques lignes

Fables... quelques vers

6 heures 10 Lecture du latin

6heures 20 Correction du devoir d’arithmétique de la veille

6 heures 30 Explication darithmétique, en donner un devoir

Jours de demi-congé

Comme à la classe ordinaire du soir, si ce n'est que la leçon de fable est remplacée par une de géographie

Dimanches et fêtes de 2de classe

Comme les jours de demi-congé, si ce n'est qu'on ne donne à appren­dre qu'une leçon de géographie. La maîtresse se réservera une petite demi-heure employée pour l'histoire sainte dont elle fera rendre compte à ses enfants, soit par questions, soit d'une manière suivie. De temps en temps, elle supprimera cet exercice pour faire réciter les prières, la manière de se confesser, etc.

Troisième classe

Le matin

9 heures Récitation des leçons

Catéchisme

Histoire sainte (quand elle sera finie, histoire

ecclésiastique)

Grammaire

Genre épistolaire

9heures 1/4 Lecture. La maîtresse commencera par faire lire le résumé qu'elle doit donner ce jour-là. Une fois par semaine, elle fera lire un peu de latin quand il sera fini.

9 heures I /2 Orthographe

9 heures 3/4 Correction des devoirs de grammaire et d'histoire de la veille.

10 heures Explication de grammaire, en donner un devoir.

Le soir

6 heures Récitation des leçons

Chronologie

Fables de La Fontaine

Esther

6heures 10 Correction des devoirs d'arithmétique de la veille

6 heures 20 Explication de l'arithmétique, en donner un devoir

Seconde classe

Le matin

9 heures Récitation des leçons

Catéchisme

Histoire ecclésiastique

Littérature. Genre historique

Athalie

9 heures 1 /4 Orthographe

9 heures 1/2 Correction du résumé, en donner un

10 heures Correction du devoir de grammaire, en donner un

Le soir

6 heures Récitation des leçons

Chronologie

Mythologie

Grammaire

Fables

6 heures 10 Correction du devoir d'arithmétique de la veille

6 heures 20 Explication de l'arithmétique, en donner un devoir

Pendant le dernier trimestre, on peut expliquer l'arithmétique le

matin et la grammaire le soir.

Première classe

Le matin

9 heures Récitation des leçons

Catéchisme

Poème de la Religion

Genre poétique

9 heures 1/4 Orthographe

9 heures 1/2 Correction du résumé, en donner un

10 heures Correction du devoir de grammaire ou de littérature, en donner un.

Le soir

6 heures Récitation des leçons

Chronologie

Mythologie

Fables

6 heures 10 Correction du devoir d'arithmétique.

Explication d'arithmétique, en donner un devoir.

Classe supérieure

Les leçons se donnent pour le mois, et ne se récitent que les jours où se fait la répétition du mois dans toutes les classes. Pen­dant le temps des classes, le temps est partagé de la manière qui peut être plus utile aux élèves selon leurs progrès dans les autres classes et ce qui est l'objet de l'enseignement dans celle-ci.

Chapitre IV . De la récitation des leçons

La récitation des leçons n'est pas l'exercice le plus important de la classe. Il ne faut donc lui donner que le temps strictement né­cessaire pour s'assurer que les élèves ont étudié, c'est-à-dire envi­ron un quart d'heure. Or, pour cela, il n'est pas nécessaire de deman­der à chacune toutes ses leçons ni même une seule leçon tout entière. On fait réciter quelques lignes d'une leçon à deux ou trois élèves de sorte qu'au signal l'une reprenne et continue aussitôt où l'autre a fini. De cette manière, toutes les leçons sont récitées, toutes les élèves prises indifféremment ont récité quelque partie d'une ou deux leçons, à des endroits qu'elles n'avaient pu prévoir et par conséquent elles ont été obligées, pour n'être pas surprises, non seulement d'être at­tentives à la récitation mais de tout savoir. La maîtresse pour mieux s'assurer de la diligence et de l'attention, fait réciter de préférence à chacune, la leçon qu'elle aurait lieu de soupçonner mal apprise, et fait continuer celle qu'elle verrait inattentive et dissipée ; elle n'a d'indulgence que pour les mémoires ingrates. Aussitôt après la réci­tation des leçons, la maîtresse en donne d'autres.

S'il se trouve dans une classe une élève dépourvue de moyens et qui malgré son application ne puisse réussir à apprendre toutes les leçons, la maîtresse pourra avec l'agrément de la maîtresse des études n'exiger que les leçons les plus nécessaires ; le catéchisme, l'Evangile, l'histoire ecclésiastique, la grammaire, jamais moins, et plus s'il est possible. Mais cette élève ne pourrait concourir pour les prix de mémoire.

Chapitre V . De la correction des devoirs

La correction des devoirs est un objet beaucoup plus important que la récitation des leçons ; mais on sent que si l'on voulait corriger tous les devoirs l'un après l'autre, non seulement la classe, mais un temps plus considérable n'y suffirait pas ; que les maîtresses obli­gées de faire observer les fautes presque à chaque élève, s'épuise­raient en peu de temps et ne réussiraient point à atteindre le but qu'elles se proposent ; qu'enfin cette pratique détruirait infaillible­ment l'ordre des études, et par conséquent les études elles-mêmes. Il faut donc se borner et suivre pour la correction des devoirs la métho­de indiquée pour la récitation des leçons, c'est-à-dire faire lire par­tie à une élève, partie à une autre, sans s'astreindre à les faire lire toutes. Les maîtresses se réserveront de revoir et récompenser les devoirs seules en particulier. En un mot, il faut se faire une loi de donner à la correction des devoirs en classe les bornes nécessaires pour ne pas nuire aux autres objets qu'on aura à traiter dans la même séance.

Chapitre VI. Lecture

Cinquième classe

Les élèves qui ne savent pas lire du tout et celles qui ont beau­coup de difficulté ou qui sont trop peu avancées doivent recevoir des leçons particulières, outre celles de sa classe. On se sert pour elles d'un syllabaire ou d'un grand tableau où sont tracées les lettres de l'alphabet en gros caractères. Pour les autres, on les suit avec soin, sans pour autant se presser de les faire lire avant qu'elles sachent bien épeler.

Comme les élèves de cette classe sont ordinairement peu avancées dans la lecture, on fera bien de leur faire lire les leçons qu'elles doivent apprendre, c'est-à-dire qu'on se servira toujours de leurs livres de leçons pour les faire lire, de manière cependant qu'elles soient toujours plus avancées dans la lecture que pour ap­prendre de mémoire.

Quatrième classe

On prend pour livre de lecture l'histoire ancienne que les élè­ves doivent résumer à la troisième classe. On peut aussi se servir de leurs autres livres classiques, mais lire celui-ci trois fois dans le cours de l'année, pour les préparer à en faire l'extrait.

Toutes ont le même livre ouvert à la même page en suivant des yeux, tantôt après une ligne et moins encore on passe à une autre surtout aux moins at­tentives ; quelquefois on revient à une qui aura déja lu sans s'abste­nir à suivre jamais le rang sans quoi, celles qui auraient lu et celles qui seraient les dernières en rang pourraient ne jamais écouter. La maîtresse est encore plus exacte que dans la classe précédente à la prononciation correcte ; elle habitue les enfants à reprendre haleine à propos, à observer la ponctuation ; ne souffre pas qu'elles coupent les mots par le milieu, qu'elles déclament, qu'elles se précipitent, ni qu'elles conservent un accent vicieux.

Quelqu'avancées que soient les enfants de cette Classe dans la lecture, la maîtresse fera souvent épeler. Cette méthode est à la fois avantageuse pour la lecture et pour l'orthographe.

Le soir, elle fera lire le latin, aura pour elle un livre bien ac­centué, et ne manquera pas de faire prendre la bonne prononciation.

Le dimanche et autre jour où il y a classe de lecture, elle fera toujours lire le français.

Troisième classe

On continue àfaire lire les élèves à la classe du matin. On se sert de l'histoire romaine et de l'histoire de France afin de la prépa­rer à en faire les résumés.

Seconde classe

Les classes établies le dimanche et autres jours sont emplo­yées non seulement àla lecture de la prose mais aussi des vers. On exerce aussi les élèves à la récitation de quelques morceaux de poésie, fables, etc., afin de leur apprendre à bien prononcer et àbien réciter.

Première classe

Les élèves de la Première Classe sont exercées comme celles de la seconde pour la lecture. Elles ont, en outre, la lecture de divers manuscrits pour leur apprendre àdéchiffrer toutes sortes d'écritures. On entend par ces manuscrits les cahiers des autres élèves ou tout autre que la maîtresse peut faire lire.

Classe supérieure

Comme la Première.

Chapitre VI . Grammaire française Orthographe

Cinquième classe

Si les élèves de cette classe sont capables de grammaire, on sent que l'explication se borne à bien peu de choses. Il est plus né­cessaire de les appliquer à l'orthographe des mots d'usage. La maî­tresse leur en dictera lentement un certain nombre, leur laissant le temps de les écrire proprement. D'autres fois, elle leur dictera des petits traits d'histoire à leur portée, observant toujours de ne pas les presser. Quand elle aura fini, elle fera épeler à ses enfants ce qu'elles auront écrit, tantôt à l'une, tantôt à l'autre, veillant à ce que toutes corrigent leurs mots au-dessus de celui qui n'est pas bien. Ce qui demande que les lignes soient un peu écartées. Quand tout sera corrigé, elle fera épeler de nouveau pour s'assurer de l'orthographe, et exigera qu'à la classe suivante, on lui présente la même leçon sans faute. De cette manière, les enfants se formeront peu à peu à l'orthographe d'usage.

Quatrième classe

La maîtresse doit expliquer la grammaire le plus correctement possible, reprenant en peu de mots le sujet de l'article qui fait le sujet de sa leçon, si c'est le milieu qu'elle doit expliquer afin de mettre de l'ordre dans les idées des enfants. Après son explication, elle en demande compte par forme de questions à quelques-unes des élèves, interrogeant une seconde et une troisième quand la première et la seconde ont été arrêtées. Si, par exemple, elle explique ce que c'est qu'un nom, elle demandera : soleil est-il un nom ? Si on répond mal, elle demandera encore ce que c'est que le nom, si le mot soleil sert à nommer quelque chose, etc. Elle fait ensuite concevoir aux enfants que soleil est un nom parce qu'il y a une chose qui se nomme soleil. Il en est de même des principaux articles de la grammaire, au moins des plus aisés dont il faut répéter et présenter l'explication sous différentes faces, jus­qu'à ce qu'elle soit bien saisie du plus grand nombre. C'est à quoi la maîtresse de cette classe ne parviendra qu'en mettant beaucoup d'or­dre et de justesse dans ses idées, beaucoup de précision et de clarté dans son expression et une sage lenteur dans sa marche. Elle en aura fait assez dans son année sielle est parvenue : 1°) à bien faire distinguer les cinq premières parties du discours ; 2°) à bien faire connaître les conjugaisons des verbes irréguliers.

Pour les conjugaisons, elle présentera aux enfants un grand tableau qui montre par ordre toutes les terminaisons propres à cha­que conjugaison, à chaque mode, à chaque temps, etc. Elle leur fera conjuguer beaucoup de verbessoit de vive voix, soit par écrit, pour devoir. Quand une enfant conjuguera, on lui fera toujours dire d'où et comment se forment les temps qu'elle récite. Et pour s'assurer qu'elle comprend ce qu'elle dit, on lui fera quelquefois écrire sur une planche noire avec de la craie, le temps primitif ou formateur. Puis en retrancher ou y ajouter les lettres nécessaires à la formation du temps qu'elle a àformer. C’est ainsi que pour former le futur j' aimerai de l'infinitif aimer, on fera écrire aimer, puis ajouter ai ce qui fera aimerai selon la règle qu'en donne la grammaire.

Troisième classe

Après avoir repassé ce qu'on a vu de la grammaire àla quatriè­me classe, on la continue en approfondissant davantage les explica­tions. Quand la maîtresse les a faites, elle interroge ses élèves, ob­servant de ne plus dire que ce qu'aucune enfant ne peut dire. Elle veille surtout àleur faire appliquer les règles des verbes dans leur ortho­graphe et c'est quand la plupart les saisissent bien, qu'elle passe aux participes. Elle ne quitte pas ces règles essentielles de la grammaire, sans avoir exercé ses élèves par beaucoup de devoirs, afin d'être sûre qu'elles les comprennent bien. Elle proportionnera les analyses au plan de sa classe, choisissant les phrases qu'elle fera analyser afin que cet exercice fortifie les élèves dans les règles de grammaire qu'elles étudient.

Seconde classe

La maîtresse commencera par s'assurer que les élèves possè­dent bien le plan de grammaire de la troisième classe. Elle appuiera particulièrement sur l'orthographe des verbes et des participes. Quand les élèves seront formées là-dessus, elle passera aux autres parties du discours et s'attachera surtout aux règles de tout et de quelque . La maîtresse dictera souvent des phrases sur les règles et en fera donner de vive voix et dans les devoirs. Quand les élèves se­ront assez fortes, elle les exercera àrendre compte par forme d'ana­lyse, d'une phrase prise àl'ouverture du livre. Elle donnera aussi de temps en temps des analyses pour devoirs. Mais ce à quoi, elle veillera davantage, c'est à ce que les élèves appliquent à leur orthographe les règles de grammaire qu'on leur a expliquées.

Première classe

On doit alors savoir assez bien la grammaire pour n'avoir plus besoin de la réciter en leçons. Il ne convient pas pour cela d'en pren­dre une autre, sous prétexte qu'elle serait plus détaillée. Tout ce qu'on pourrait faire serait de permettre la lecture de celle de Wailly aux élèves qui posséderaient très bien la première, ce qui ne sera pas commun.

Pour fortifier les élèves, la maîtresse leur fera repasser le plan de grammaire de la seconde classe et leur dictera des phrases sur les règles les plus difficiles du français. Elle veillera àleur or­thographe avec beaucoup de soin.

Chapitre VII. Arithmétique

Cinquième classe

On se bornera à faire connaître aux enfants les chiffres arabes et romains, au moyen d'une planche noire où on les tracera avec de la craie. On leur donnera aussi les premiers principes de la numération ; la maîtresse leur fera poser de petites sommes faciles. Si elles en sont capables, elle leur fera faire de petites additions.

Quatrième classe

Après avoir expliqué aux enfants le système de numération et les avoir exercées àposer des sommes fortes, on leur fera faire suc­cessivement les quatre règles incomplexes. On se servira de la plan­che noire sur laquelle une élève fera l'opération àhaute voix, tandis que les autres suivront sur leur cahier. La maîtresse leur fera expli­quer de vive voix et en devoirs, les définitions et les principes qu'elle leur aura donnés afin qu'elles ne les oublient pas.

Troisième classe

Après s'être assurée que les élèves possèdent bien le plan d'a­rithmétique de la quatrième classe, la maîtresse fait continuer de la même manière les opérations de l'arithmétique jusqu'à la division complexe exclusivement. On explique le plus possible les opérations propres au commerce. La maîtresse en donne souvent des devoirs entre les classes.

Seconde classe

On repasse rapidement le calcul métrique, les rations et les trois premières règles complexes. La maîtresse explique ensuite aux élèves la division complexe et le calcul géométrique et donne des de­voirs à faire entre les classes, soit pour l'explication, soit pour les opérations.

Première classe

On revoit le plan d'arithmétique de la seconde classe, et on passe aux règles de trois, de société, d'intérêt, etc., suivies de la tenue des livres. La maîtresse suit la même méthode que dans les classes précédentes. Le tout doit être appliqué au commerce.

Chapitre VIII. Histoire

Cinquième classe

Les élèves apprennent de mémoire l'histoire sainte.

Quatrième classe

Outre l'abrégé de l'histoire sainte que les élèves appprendront de mémoire, la maîtresse elle-même la leur racontera en termes fort simples et leur fera raconter à leur tour les mêmes traits d'histoire. Si les enfants y trouvent trop de difficulté, elle leur en demandera compte par forme de questions. Aux classes de lecture, la maîtresse fera lire l'histoire ancienne aux enfants pour les préparer à en faire les résumés à la troisième classe.

Troisième classe

Après avoir repassé l'histoire sainte apprise dans la quatrième classe, on apprendra l'histoire ecclésiastique. On apprendra aussi l'abrégé chronologique de l'histoire ancienne au moins deux fois.

Toutes étudieront l'histoire ancienne, non de mémoire mais par résumés. Cette méthode est plus avantageuse à plusieurs égards : elle forme les élèves à exprimer leurs idées ; elle donne au style de la facilité, de la pureté, de l'abondance, et ôte infailliblement ces embarras que ne manquent pas d'éprouver les personnes qui n'ont pas pris de bonne heure l'habitude d'écrire.

La maîtresse lit ou fait lire deux fois de suite quelques pages d'histoire. Après la classe, chaque élève rédige à sa manièreet de son mieux, ce qui a été lu. A la classe suivante, la maîtresse fait lire une ou deux fois le résumé, partie à l'une, partie à l'autre, et ob­serve ce qui a été omis d’essentiel ou transposé mal à propos ou exprimé en mauvais style.

Les résumés sont mis par chaque élève dans un cahier destiné à ce seul usage, et tenu proprement. Chaque semaine ou chaque mois, la maîtresse se fait donner les cahiers d'histoire et elle examine à loisir en particulier : 1° les lacunes s'il y en a, 2° l'écriture, 3° l'orthographe. Elle ne corrigera pas toute l'orthographe mais une page ou une demi-page seulement, la même pour toutes les élèves. Elle juge du reste par cette page et décerne quelques bonnes notes àcel­les qui ont mieux réussi dans un des trois articles, pourvu qu'elles n'aient pas manqué essentiellement dans les autres.

Quand un traité d'histoire est fini, on le repasse, chaque élève l'étudiant sur les ré­sumés qu'elle en a fait, et en rendant compte àsa manière sans s'as­treindre ni aux mêmes tours de phrase ni aux mêmes expressions.

Seconde classe

Les élèves repassent l'histoire ecclésiastique apprise de mé­moire dans la troisième classe. Elles apprennent l'abrégé de l'histoi­re moderne au moins deux fois, et résument l'histoire romaine et l'histoire de France de la manière indiquée ci-dessus.

Première classe

On repasse l'abrégé chronologique tout entier deux fois. Il importe de le bien posséder parce que c'est àlui que se rapportent toutes les histoires particulières. On résume selon la méthode ex­pliquée (troisième classe) l'histoire des révolutions d'Angleterre, du Portugal et poussant l'étude des histoires modernes aussi loin que le temps le permettra.

Si on peut, on fera résumer aux élèves les leçons de la nature par Cousin Despréaux afin de leur donner une teinture de l'histoire naturelle.

Chapitre IX . Géographie

Article I : Géographie générale

La Géographie générale n'entre point dans la division des classes, déjà assez remplies par les autres objets d'enseignement. Elle se partage en trois cours dans lesquels sont admises les élèves en proportion de leur force.

La quatrième classe forme une espèce de cours auquel appar­tiennent les élèves qui n'ont encore aucune connaissance de la géo­graphie. On se borne presque à leur enseigner les notions prélimi­naires, et tout ce qui sert d'introduction à la géographie. La maîtresse commence par leur faire concevoir la terre comme un globe ou une boule, sa division en terre et ea. Elle leur montre sur la mappemon­de et autres cartes ce que c'est que continents, mers, îles, lacs, rivières, etc. Quand ces notions seront devenues familières aux en­fants, elle passera à la division générale de l'Europe, puis à celle de la France en gouvernements et départements se bornant à indiquer les villes capitales. L'essentiel est que les enfants de ce cours soient bien préparées à suivre le troisième.

Troisième cours

Après avoir repassé les principes, la maîtresse apprend àses enfants, àconnaître non seulement sur le globe, mais en tous lieux, les quatre points cardinaux par le moyen du soleil. Elle leur donne des notions claires et justes sur les longitudes et latitudes ; en un mot, elle leur apprend de la sphère ce qu'il y a de plus facile et de plus indispensable, mais rien de plus. Après cela, on reprend la terre. La maîtresse s'arrêtera àla France dont elle fera parcourir toutes les provinces avec leurs capitales, les principaux ports, fleuves, monta­gnes, etc. Elle ne passera aux autres pays de l'Europe que quand les élèves possèderont parfaitement la France. Elle exigera chaque fois un devoir sur ce qu'elle aura enseigné.

Second cours

On revoit la France qu'il est important que les enfants sachent bien, puis les autres pays, avec plus de détails que dans le cours pré­cédent ; évitant cependant de trop étendre la nomenclature des lieux, ce qui ne serait que confusionet qui d'ailleurs s'oublierait infailli­blement. La maîtresse fait aux élèves les remarques les plus essen­tielles sur chaque pays, exigeant qu'on lui en rende compte la carte à la main (chacune des élèves doit avoir son atlas) et dans le devoir qui suit la classe de géographie. Les quatre parties du monde doivent être vues dans le cours de l'année.

Premier cours

Il est particulièrement destiné à l'étude de la sphère qui y doit être beaucoup plus approfondie que dans le cours précédent, mais moins cependant que le traité qui est entre les mains de la maî­tresse et des élèves. C'est à elle d'y puiser et d'enseigner à ses en­fants ce qu'elle juge le plus utile et le plus agréable, à raison du temps, du talent, du goût et du but des études. Mais elle n'oubliera pas d'enseigner au moins ce qu'il y a de plus facile dans la construction des cartes.

Article II Géographie historique

La Géographie historique appartient aux deux premières des 4 clas­ses. Chaque élève aura tracé de sa main s'il est possible, les car­tes correspondant àchaque traité d'histoire qu'on verra alors. La maîtresse, quand on repassera l'histoire, exigera qu'on en connaisse bien la géographie. Et pour s'en assurer, elle fera appliquer la situa­tion de chaque pays par rapport aux autres, et dire s'il est, par exem­pIe, au nord ou au sud etc. de tel autre pays. Tantôt elle nommera les lieux marqués dans la table géographique àla fin de chaque traité d'histoire, et il faudra qu'à l'instant on lui montre sur la carte et qu'on en assigne la latitude et la longitude, etc. Cette méthode doit s'appliquer en partie àla Géographie générale.

Chapitre X . Littérature

La littérature ne doit commencer pour les élèves que lorsqu'elles possèdent assez bien la grammaire et l'orthographe, et en observent les règles, soit en parlant soit en écrivant. Ce qui ne peut avoir lieu que pour la fin de la Troisième classe. A cette époque et vers le commencement de l'année, on leur fait apprendre des morceaux choisis des poètes français, qui meublent leur mémoire, et servent comme de préliminaire à la littérature. On donne aux élèves une espèce d'abrégé de littérature, court en préceptes et plus riche en exemples, qui leur laisse une idée juste de tous les genres. On leur donne dans la troisième classe le genre épistolaire ; dans la seconde, le genre historique. A la première, le genre poétique. Le genre oratoire est résumé pour la classe supérieure. Elles apprennent ces abrégés de mémoire, et la maîtresse les leur explique de son mieux, si elle s'en trouve capable. Ce qui n'est pas très nécessaire.

Dès la Troisième classe, on exerce les élèves à traiter divers sujets de lettres, de temps en temps ; et un peu plus souvent à la seconde classe. Dans la première classe on continue à leur faire faire des lettres et on les exerce à traiter divers sujets de narration .

A la classe supérieure, on leur fait traiter par écrit et réciter de vive voix, de petits discours sur des sujets instructifs ou amusants, mais toujours propres à leur donner des pensées justes, nobles et religieuses.

C'est par ces sortes d'exercices que se terminent les cinq années du cours d'éducation.