Cette étude s’intéresse à la prédication du cardinal Eudes de Châteauroux (1190 ?-1273), en un siècle où le nombre des sermons conservés est considérable et surtout en augmentation impressionnante sur les siècles antérieurs 1 . Même à cette époque de « l’avènement des maîtres de la Parole » 2 , cet orateur, d’après le répertoire de J.-B. Schneyer, se singularise par l’ampleur de sa production homilétique: avec assurément plus de mille sermons contenus dans ses collections d’auteur, il dépasse d’assez loin ses contemporains, même les plus prolifiques, tels Philippe le Chancelier ou Jacques de Voragine.En outre, cette production peut être, dans ses grandes séquences, approximativement datée; l’enquête révèle que la composition de l’œuvre s’étale sur plus de quarante années (1226-1271), ce qui est rare et donne la possibilité de ne pas se limiter à une histoire immobile de la prédication. une véritable étude diachronique devient envisageable, à propos d’un « medium » 3 profondément renouvelé au XIIIe siècle, dans son objet comme ses méthodes. Enfin, le cas d’espèce, dans la typologie des commentateurs de la Parole de ce siècle, est lui aussi singulier. Eudes de Châteauroux est devenu cardinal en 1244, et une bonne part de ses sermons date de la période curiale de sa carrière. Or on a peu de témoins de ce genre, même en ce siècle où l’on commence à mieux connaître le personnel du gouvernement central de l’Eglise 4 . Le seul exemple véritablement comparable, pour l’ampleur de la composition, est celui du cardinal Jacques de Vitry, prédécesseur d’Eudes de Châteauroux sur le siège suburbicaire de Tusculum; mais les collections de sermons de Jacques; si elles ont été composées au temps de son cardinalat, reproduisent, avec d’inévitables aménagements difficiles à déceler, une prédication antérieure; en outre, avec un peu plus de 400 pièces, il est loin de pouvoir concurrencer son successeur 5 .
Une fois constatée la particularité de l’orateur, trois grands problèmes se posent dans le traitement de son œuvre. L’un est général et dépasse son cas précis: il s’agit de savoir comment l’on peut constituer ce type de sources, les sermons, en objet historique. Deux autres problèmes sont spécifiques au dosseir d’Eudes de Châteauroux, même s’ils se posent en théorie pour d’autres auteurs 6 : d’une part, l’écart entre la parole réellement entendue par les auditeurs, et la trace écrite qui en subsiste dans les manuscrits, sous la forme des sermons qu’ils transmettent; d’autre part, celui des limites du gentre monographique - autrement dit: à quelle exemplarité peuvent prétendre une étude et des conclusions obtenues à partir d’un type de source, sinon unique, du moins prédominant, et à propos d’une carrière certes remarquable, on le verra, « entre l’Eglise et l’Etat » 7 , mais qu’il est difficile pour cette raison de comparer à d’autres ?
Avant d’exposer la méthode choisie dans ce travail, quelques éléments de réponse à ces questions s’imposent.
Concernant la valeur historique des sermons dans leur forme écrite actuelle, la première tâche consiste à les intégrer dans l’activité générale dont ils sont le produit manuscrit, la prédication. Cela exige, entre autres: de tenir soigneusement compte de la nature des collections où ils figurent en général, la plupart organisées liturgiquement, mais où parfois interfèrent des données chronologiques 8 ; de bien caractériser chacun des manuscrits où l’on peut lire la copie d’un même texte 9 ; de ne négliger aucun des éléments qui contextualisent chaque sermon: rubriques, qui peuvent fournir des indications de circonstances et d’auditoire, notes marginales, marques visibles de division du texte, éventuellement tables des sermons au début des manuscrits, voir prologue dans le cas du cardinal Eudes de Châteauroux 10 . Bref, il faut prendre en compte l’ensemble des techniques requises du philologue et du codicologue. Il convient aussi de savoir ce que l’on est en droit d’attendre d’une telle source. Même lorsqu’on a affaire à une reportatio 11 , les sermons, où l’on a fréquemment voulu voir des « tableaux » de la société contemporaine, ne sont jamais directement l’équivalent des chroniques 12 ; ou plutôt, ils ont eux aussi leur « intentionnalité »; s’ils peuvent fonctionner comme des « miroirs », ils reflètent moins la société, ses classes, ses mœurs ou ses habitudes mentales, que l’état d’esprit des clercs, eux-mêmes divers, qui observent cette société, et les finalités qui sont les leurs, évidentes dans le cas présent où il s’agit de convaincre, de « faire croire » 13 . Et accessoirement, ils peuvent être aussi les miroirs du degré de pénétration d’autres modes de pensée dans l’esprit de ces clercs. On dispose désormais, pour appréhender l’ensemble de ces questions, d’outils performants, grâce aux progrès de la recherche depuis vingt à trente ans dans ce domaine 14 : répertoires et outils méthodologiques 15 ; éditions de sermons, et surtout de collections d’un même auteur du XIIIe siècle (Etienne Langton, Antoine de Padoue, Thomas de Chobbam, Bonaventure, Bartolomeo da Breganze, Thomas d’Aquin, Ranulphe de la Houblonnière, Federico Visconti, Gilles de Rome) 16 , lesquelles permettent en outre de compenser partiellement la limite évoquée plus haut, à propos du caractère monographique de l’étude ici entreprise. A cela s’ajoutent, souvent dans les mêmes ouvrages, des études d’ampleur sur le contenu de cette prédication 17 . Un point commun de ces travaux, c’est d’avoir démontré que de telles recherches ne pouvaient être dissociées de celles sur l’exégèse biblique et sur l’enseignement universitaire, domaines auxquels est étroitement liée une bonne part de l’activité homilétique du XIIIe siècle.
Concernant le second problème, celui de l’écart entre la parole et le texte, c’est l’un des plus délicats posés par ce type de source, puisqu’on ne saurait oublier que la prédication constitue, d’abord, une activité orale, profondément marquée par le contexte, liturgique ou non, qui la rend possible. Les sermons du cardinal Eudes de Châteauroux ici utilisés résultent d’un travail d’auteur, effectué en deux grandes étapes, vers 1260 et vers 1271-1272, où il supervise deux éditions des collections qu’il avait constituées à partir de ces matériaux 18 . Autant dire qu’il en a revu les textes, qui ne peuvent être assimilés de ce fait aux reportationes, illustrant la prédication effective 19 , dont on dispose pour certains orateurs. Il eût cependant été possible dans son cas, mais ce n’était pas l’objet de ce travail, d’effectuer un travail de comparaison entre la parole reportée et celle revue pour l’édition, puisqu’on dispose d’un manuscrit, du début des années trente du siècle, contenant, parmi d’autres, des sermons reportés du futur cardinal, sermons dont certains se retrouvent édités, beaucoup plus tard, dans ses collections 20 ; il semble de même que certains des sermons d’Eudes de Châteauroux, que l’on peut lire dans les collections constituées par Robert de Sorbon, soient des reportations 21 ; là encore, quand existe leur versionrédigée par l’auteur, la confrontation mériterait, dans l’optique indiquée, d’être faite. Mais tous ces sermons, précisément parce qu’ils remontent à la phase universitaire de la carrière de l’orateur, ne sont pas au centre de cette enquête, qui privilégie la période curiale de composition de l’œuvre. Pour finir sur ce point, les sermons étudiés dans cette recherche montreront que l’édition qu’il a entreprise conserve, sinon la parole réelle de l’orateur, du moins sa parole vivante; si l’ensemble a été ensuite retravaillé, dans le détail et la disposition des collections, afin de constituer des modèles utilisables par d’autres prédicateurs, cette transformation ne fait pas disparaître le lien, évident, des textes avec les circonstances concrètes de la « performance » orale
Quant aux limites qu’impose le traitement d’un seul auteur, deux moyens s’offrent pour les minimiser: le recours, pour insérer un profil singulier dans le panorama plus vaste des différents types de carrière cléricale observables au XIIIe siècle, à la méthode prosopographique en plein essor 22 ; et la possibilité de consulter d’amples éditions d’orateurs contemporains. Ces démarches ne permettent certes pas de masquer la particularité irréductible du dossier ici traité, du fait de l’ampleur et de la continuité que l’activité homilétique a revêtues chez Eudes de Châteauroux. Elles autorisent au contraire à en mieux cerner les spécificités, une fois l’arrière-plan commun mis en valeur. Ce constat se vérifie particulièrement à propos des méthodes d’exégèse de l’orateur: tout en se montrant parfaitement au fait des évolutions en cours de « l’art de prêcher », on verra qu’il conserve certains des traits les plus traditionnels de cette activité, en pleine mutation durant le XIIIe siècle, mais marquée aussi par un legs plus que millénaire, datant des origines mêmes de l’Eglise. Pour des raisons de fond plutôt que de forme, à savoir sa conception du rapport, consubstantiel à l’exégèse chrétienne, entre l’Ancien et le Nouveau Testament 23 , Eudes de Châteauroux se distingue d’emblée de la plupart de ses contemporains. Et cette tendance se vérifie tout au long de sa carrière d’orateur, ce qui a pu lui valoir en son temps une certaine renommée.
Le sujet de la recherche étant posé, il convient à présent d’en justifier la méthode et la mise en œuvre.
Si le premier sermon datable, à coup sûr, du futur cardinal est de 1226, l’essentiel de ce travail se concentrera sur une période qui lui est de presque vingt ans postérieure, celle du cardinalat. Cela pour trois raisons, dont l’une, déjà évoquée, est la rareté de ce type de corpus, permettant d’accéder à la prédication de grands prélats de Curie, et simultanément, de rétablir l’équilibre entre la phase universitaire de la carrière d’Eudes de Châteauroux, qui demeure jusqu’ici, indéniablement, la mieux connue, et la phase curiale de cette même carrière, qui bénéficie surtout de la publication récente d’un nombre appréciable de textes datant du conclave de Viterbe (1268-1271), auquel il a participé 24 .
Seconde raison: les collections de sermons supervisées par le cardinal présentent une tradition manuscrite complexe, mais démêlable, qui permet de dater non seulement les grandes phases du travail d’édition, mais mieux encore, une part importante des sermons eux-mêmes, ce qu’a priori leur ordonnancement en séries liturgiques ne laissait pas prévoir. Replacés dans les conditions historiques concrètes qui les ont produits, ces sermons prennent naturellement un tout autre relief. De l’étude de cette tradition manuscrite, une césure majeure se dégage dans la carrière: les années 1259-1260, où il fait produire par son scriptoriumune première édition des matériaux accumulés jusque là. Au plan politico-religieux, cette date concorde avec une modification importante de la situation à la Curie, en l’occurrence la venue sur le siège de Pierre de papes français, Urbain IV et Clément IV. A compter de leurs pontificats, le rythme de la production homilétique du cardinal s’accélère, pour le conduire, peu après la fin du conclave de Viterbe, à publier d’une seconde édition de ses collections, qui intégre les matériaux nouveaux accumulés depuis 1261 environ. Tout indique qu’une troisième édition était en préparation, sans doute par l’effet du conclave de Viterbe, qui semble bien avoir stimulé l’activité d’Eudes de Châteauroux, lorsque la mort le surprend en mars 1273.
La majorité des sermons ici traités, sur la base des dates proposées pour chacun, provient de la période postérieure à 1261; mais cette seconde période, si elle est la plus intense et donc la plus féconde, ce qu’il conviendra d’expliquer, ne représente pas statitistiquement la majorité du total de sermons recensés sous le nom de l’orateur, qui a déjà alors une très longue carrière derrière lui. Il était logique par conséquent, tout en demeurant concentré sur le cardinalat, de ne pas déséquilibrer trop le tableau d’ensemble: des 65 sermons finalement retenus pour constituer la base documentaire de ce travail 25 , 23, soit plus d’un tiers, s’échelonnent entre 1245 et 1260. Cette distorsion a des causes « techniques », mais aussi des causes plus fondamentales qui, réunies, constituent la troisième raison pour laquelle la période du cardinalat a été privilégiée, et en son sein, celle qui correspond à la prépondérance, aux plans politique comme religieux, du royaume capétien en Occident.
Techniquement parlant, l’étude de la tradition manuscrite permet de mieux connaître, dans son détail, la phase qui prélude à la seconde édition, soit les années 1261-1270 environ. Cela signifie concrètement que les sermons donnés durant cette période sont plus aisément datables, sinon au jour près, du moins dans une fourchette chronologique assez étroite. En outre, les sources que l’on peut croiser avec les données procurées par les sermons sont plus abondantes et variées que durant la période universitaire de la carrière, cela essentiellement parce que la Curie est un lieu de toute première importance pour la production et la conservation documentaires, et qu’en conséquence le personnage qui est au centre de cette recherche, une fois parvenu au sommet des institutions de l’Eglise, en est vivement éclairé. Alors qu’on ne sait quasiment rien d’Eudes de Châteauroux avant 1229, et peu de choses entre 1229 et 1244, en-dehors des renseignements parcimonieux procurés par les sermons eux-mêmes, et de la documentation universitaire encore peu abondante en ces temps de naissance de l’institution, tout change à compter de l’entrée au sacré collège: les sources historiques (Joinville et Salimbene surtout), diplomatiques (Registres des papes), hagiographiques (procès de canonisation, tel celui de Philippe Berruyer, ancien archevêque de Bourges 26 , dont s’occupe Eudes de Châteauroux en 1267-1268),jettent tout à coup une lumière nouvelle sur l’homme et sur les conditions dans lesquelles il est amené à prêcher. L’ensemble des milieux et des circonstances historiques où se meut l’orateur à partir de 1244 est aussi très bien éclairé par l’historiographie. Celle des papes et des cardinaux a connu ces trente dernières années, notamment sous l’impulsion d’A. Paravicini-Bagliani, des avancées notables. Celle de la prédication, en France comme en Italie, où cette activité présente des caractères assez différents, est en plein essor. Quant à l’histoire traditionnelle de la vie politique et religieuse, si elle est l’objet d’un renouvellement profond 27 , son étude n’a jamais cessé. Paradoxalement, le parent pauvre, en France du moins, pour la période sur laquelle cette recherche s’est concentrée, fut pendant longtemps l’installation de la dynastie angevine dans le royaume de Sicile, après la brillante floraison de la fin du siècle dernier et du début de celui-ci 28 . Depuis dix ans environ, les choses sont en train de changer, et notablement dans le domaine de la prédication, dont on commence à s’apercevoir qu’elle a constitué l’une des principales originalités du milieu culturel angevin.
Ces remarques conduisent à l’ultime justification du mode d’établissement du corpus de textes ici proposé: la France capétienne joue, à compter de 1244 au moins, avec la première croisade de Louis IX, un rôle essentiel dans l’Occident chrétien. Plus encore, à compter de 1263, l’un des rameaux de la dynastie devient le principal interlocuteur des papes, qui sont précisément des Français, dans la péninsule. Dans le même temps, les relations entre les deux cours, capétienne et papale, n’ont cessé de s’intensifier aux plans intellectuel et religieux, à la suite de la formation de l’université de Paris, très vite devenue le cœur théologique de l’Occident, tout en étant presque toujours le tremplin de grandes carrières dans l’Eglise. Eudes de Châteauroux a participé à la direction de la plupart de ces institutions, ou bien il a côtoyé leurs dirigeants, par exemple Louis IX, à qui il fut associé comme légat, durant la première de ses croisades. Cette situation constitua un puissant stimulant à son talent oratoire, et produisit, parmi la masse des sermons conservés, ceux qui sont en général le plus faciles à dater, grâce à leurs rubriques circonstanciées, aux éléments plus détaillés fournis par la tradition manuscrite à compter de l’installation de papes français, et aux allusions souvent très précises contenues dans les discours. En leur sein, la part de la prédication proprement liturgique, si elle demeure prépondérante, recule face à une catégorie directement liée aux grands événements politico-religieux, celles des sermons de circonstances, de casibuscomme les nomme le cardinal. On peut même avancer, sur la base de l’étude des manuscrits, que l’importance de ce genre s’est progressivement révélée à l’orateur, ce qui pousse, quand on connaît sa carrière, à les regarder de près. Si l’on ajoute que ce type de sermons paraît plus proche de la parole réelle que les sermons liturgiques, car davantage lié aux circonstances historiques précises qui les produisent, donc moins susceptibles d’être influencés, consciemment ou non, par les modèles que l’éducation religieuse, puis l’apprentissage de l’exercice dans le cadre scolaire, ont accumulés dans l’esprit de l’orateur, on trouvera là les principaux éléments qui ont peu à peu orienté la recherche dans cette direction, celle des « sermons politiques » du cardinal Eudes de Châteauroux.
L’expression « sermons politiques », sans plus de précisions, peut paraître réductrice; la suite montrera que le genre s’inscrit dans une tradition. Comment en serait-il autrement dans un tel domaine ? L’adjectif, au demeurant volontairement anachronique, ne correspond ni au lexique des Médiévaux, ni à la définition actuelle du mot, où d’ailleurs le commentaire de la Parole tiendrait bien peu de place. Il signifie mon propos de cibler, parmi les sermons du cardinal, ceux qui mettent en évidence l’articulation des relations entre trois institutions clefs du XIIIe siècle, le Studium, le Sacerdotiumet le Regnum . C’est moins leur existence, le Studiummis à part, qui fait l’originalité de cette période, que la configuration de leurs relations. Et dans chacune, Eudes de Châteauroux a tenu, parfois en même temps, un rôle majeur: maître en théologie, puis chancelier de l’université; chanoine de Notre-Dame, puis cardinal; légat de la première croisade de Louis IX, puis membre du gouvernement de l’Etat pontifical. En soi, l’étude d’une telle configuration ne devrait faire l’économie de la lecture d’aucun sermon ou presque; c’est la méthode choisie, privilégiant les sermons datés, qui restreint considérablement le corpus étudié, mais qui permet en retour de restituer à chaque texte son environnement historique précis.
A cela s’ajoute une hypothèse, que la présente recherche souhaiterait valider. En synchronie avec la montée des Etats nationaux au XIIIe siècle, la trilogie Studium -Sacerdotium -Regnums’est d’une certaine manière substituée au traditionnel binôme Eglise-Etat, ou Pouvoir spirituel-pouvoir temporel, caractéristique du haut moyen âge jusqu’à la réforme grégorienne. La prédication, dont les universitaires s’avèrent désormais les spécialistes, a constitué dans ce cadre l’un des modes de mise en place de l’Etat, envisagé dans son activité idéologique et cérémonielle. Symétriquement, les maîtres du pouvoir au sein des Etats ont soutenu l’institution universitaire en la pliant si possible à leurs fins, goûtant, , la science homilétique qui s’y élaborait, et parmi eux, particulièrement, les Capétiens.
L’ultime argument en faveur d’une recherche privilégiant les « sermons politiques » est celle, fort complexe, du public des sermons. Par définition, le discours du prédicateur, surtout celui qui a été retravaillé pour l’édition, n’intègre que très indirectement, dans la rencontre entre un orateur et son auditoire que toute prise de parole constitue, la composante de la réception. Les progrès de la théorie littéraire, s’interrogeant sur les « horizons d’attente » du public 29 , peuvent s’appliquer au genre spécifique de l’éloquence sacrée 30 . Dans le cas présent, il était tentant, vu ce que l’on croit pouvoir établir des circonstances de la prise de parole, de postuler dans un grand nombre de cas un public en partie laïc, non celui des « simples gens » étudié à Paris par N. Bériou, mais plutôt celui des élites nobilaires. De ce type de questionnement, on doit moins espérer parvenir à la distinction entre différentes façons de prêcher en fonction des auditoires, objectif chimérique en l’état des textes sollicités, que discerner l’utilisation de ressources exégétiques et narratives propres à captiver un auditoire placé dans des circonstances, non à proprement parler liturgiques, mais plus directement sollicité par l’actualité quotidienne. Pour parvenir à des conclusions sur ce thème, chaque sermon doit donc être replacé dans un cadre précis, daté le plus finement possible, et scruté en détail.
L’étude des 65 sermons du cardinal Eudes de Châteauroux ici retenus, parce que datés presque tous avec certitude, de développera en six chapitres, dont le fil qui les structure et les relie n’est pas exclusivement chronologique, bien qu’il respecte les grandes étapes de la carrière de l’orateur. Des thèmes récurrents d’une période à l’autre invitent à des regroupements, sans méconnaître pour autant les évolutions que les circonstances font connaître à la pensée du cardinal. Pour prendre un seul exemple, la vacance du siège papal prend très tôt, bien avant qu’Eudes n’accède au sacré collège, une grande importance dans sa prédication. Son entrée dans le groupe des cardinaux ne peut qu’accentuer cette tendance, puisqu’il se trouve alors directement dans le rôle d’un acteur, durant une période mouvementée de la vie de l’Eglise. Mais chaque vacance du siège de Pierre se produit aussi dans un contexte propre, et la réflexion personnelle de l’orateur, nourrie d’expériences et de lectures, a évolué entre-temps; d’où l’apparition, autour de cette question, de thèmes nouveaux dont il convenait d’expliquer la genèse.
Un premier chapitre traitera la période antérieure à la promotion cardinalice, s’interrogeant sur les origines sociales du jeune clerc berrichon, faisant le point sur son ascension au sein du monde universitaire parisien et sur les querelles doctrinales auxquelles il participe, et comparant son itinéraire à celui de personnages de même profil. On aura recours à certains sermons, mais peu, parce qu’ils sont difficilement datables avant 1261 et plus encore avant 1245, à quelques remarquables exceptions près, et parce qu’ils auraient fait enfler démesurément l’étude d’une période où l’histoire de la prédication commence d’être bien connue.
Le second et le troisième chapitres aborderont la première étape de la carrière cardinalice, laquelle présente l’originalité de se dérouler presqu’entièrement hors de la cour pontificale, puisqu’Eudes de Châteauroux est alors (été 1245-début 1255) légat de la croisade dans laquelle s’est engagé Louis IX, qu’il parcourt la France, puis l’outremer, en compagnie du souverain capétien. Cette période fournit par contre un corpus de sermons vivants de croisade, ou liés à des événements de circonstance connexes, et ce corpus apparaît comme le plus remarquable, par son ampleur, de tous ceux qui sont aujourd’hui connus 31 .
Le quatrième chapitre sera consacré au retour en Curie du cardinal, qui l’avait à peine fréquentée. Il y est immédiatement rattrapé par son passé universitaire et devient le principal porte-parole de l’orthodoxie, puisqu’il énonce la vérité officielle, dans l’affaire qui, peut être, secoue le plus profondément l’Eglise du XIIIe siècle, celle de la querelle survenue, à l’université de Paris, entre les maîtres séculiers et les frères mendiants. Son activité jusque vers 1260, marquée d’allers et retours entre la France et l’Etat pontifical, le conduit à prendre la parole devant des auditoires qui sont parties prenantes du conflit, pour imposer une exégèse orthodoxe de la fin des temps contre le joachimisme extrémiste des uns, et pour faire respecter aux autres la plenitudo potestatisdes papes. A la lumière des dissensions que le débat a provoquées au sein même de l’église romaine, il saisit ici l’occasion d’expliquer à ses collègues cardinaux et au pape, en consistoire, en quoi consiste à ses yeux les particularités de l’Etat qu’ils régissent, ainsi que la nature spécifique de l’officiumqu’ils exercent; quitte à rappeler à certains qu’ils devront rendre des comptes.
La dernière période de la carrière d’Eudes de Châteauroux ne pouvait faire l’objet, comme les précédentes, d’un découpage chronologique net. Le point commun, mais c’est tout aussi vrai pour les années traitées dans le chapitre IV, en est la participation aux plus hautes instances de délibération et de désision de l’Eglise universelle. Mais les conditions de cette participation ont changé, profondément: aux papes italiens qu’il avait servis, l’orateur voit succéder des papes français, beaucoup plus familiers de l’univers qui fut autrefois le sien, et, surtout, des papes dont l’élection est évidemment en rapport avec l’affirmation de la puissance capétienne; en outre, à compter des années 1260, parmi les divers candidats potentiels à la succession sur le trône de Sicile, théoriquement vacant depuis la déposition de Frédéric II en 1245, le plus jeune frère de Louis IX, Charles d’Anjou, se dégage progressivement comme l’élu idéal, champion du parti de l’Eglise. Cette compétition provoque une intense réflexion autour d’un très vieux thème d’ecclésiologie, celui des rapports entre le pouvoir du pape et celui des souverains temporels. Du pouvoir du pape, la définition n’a cessé de gagner en clarté et en importance depuis Innocent III et la double titulature qu’il a officialisée, « vicaire du Christ et successeur de Pierre », dont il conviendra d’éclairer le sens concret à la lumière des sermons d’Eudes de Châteauroux. Mais les souverains laïcs ne sont pas en reste. Si l’Empire ne s’est jamais remis du coup fatal porté par Innocent IV en 1245, tout le XIIIe siècle voit les monarchies consolider leur légitimité, parfois avec l’aide des papes, lorsque ces derniers ont besoin d’un point d’appui contre un danger trop menaçant. La pensée du grand pape du début du siècle, et plus particulièrement celle véhiculée par ses sermons, fait alors l’objet d’une utilisation habile par le cardinal, dans le contexte nouveau de la candidature angevine. Le chapitre V prend en apparence la suite chronologique du précédent, puisque la réflexion sur le pouvoir culmine durant les deux dernières années de préparation de la conquête du Regnumpar Charles (1263-1265), puis pendant la phase de conquête qui court de la victoire de Bénévent (1266) à celle de Tagliacozzo (1268), enfin durant le conclave de Viterbe ouvert par la mort de Clément IV en novembre 1268, où les cardinaux sont « mis sous pression » par le roi de Sicile. En réalité, ce chapitre sera tout entier consacré à cette question de la théocratie pontificale, et de sa portée dans un contexte politique nouveau, en rupture avec le vieux schéma qui faisait dialoguer conflictuellement l’Empire et le pape. Les sermons du cardinal couvrent alors trois domaines: la nature théologique de la royauté du Christ et du vicariat confié confié aux successeurs de Pierre; les avatars historiques de l’institution pontificale et le comportement que doivent adopter papes et cardinaux à la lumière de cette histoire; enfin les conséquences qui en découlent, en général, pour les relations avec le pouvoir temporel, mais plus particulièrement avec celui que des circonstances nouvelles ont fait choisir à l’Eglise, le roi de Sicile. Les modalités du sacre de Charles d’Anjou, pour lequel Eudes de Châteauroux donne un splendide sermon le 6 janvier 1266, cristallise l’ensemble des débats.
Une fois menée cette étude des relations Eglise-Etat, àla lumière de la science exégétique du vieux cardinal, deux démarches étaient possibles, compte-tenu de la documentation existante.
En effet, l’ultime période de sa vie comprend la longue série, composée durant le conclave de Viterbe et contenue essentiellement dans le manuscrit de Pise, Bibl. Cateriniana 21, où la question de l’élection du nouveau pape est abondamment traitée. L’ouvrage de F. Iozzelli, déjà cité 32 , a révélé l’intérêt majeur de ce manuscrit, et l’auteur a publié les principaux textes qui intéressent notre propos. Ont donc été intégrés au corpus de sermons sur lequel repose ce travail, en les résumant, un certain nombre de ces sermons édités. En même temps, il est apparu que ce manuscrit spécifique 33 méritait un traitement particulier et global, qui sortait du cadre du présent travail, pour deux raisons. En continuité avec la période précédente, il revient sur des thèmes largement abordés antérieurement: la vacance du siège de Pierre et le rôle du collège cardinalice en son absence, ici envisagés dans le chapitre V. Certes, en l’absence de pape, le sacré collège doit, pour la première fois, affronter durablement la situation concrète qu’avaient déjà envisagée les canonistes: comment gouverner l’Eglise collectivement ? De quels pouvoirs les cardinaux, par comparaison avec la plenitudo potestatisdu pape, disposent-ils ? Or F. Iozzelli a dit l’essentiel, en comparant la théorie à la pratique, sur ce point. Pour enrichir son étude, une analyse minutieuse de chaque texte s’imposerait. Elle n’a pas paru réalisable sans la datation, aussi précise que possible, de chaque sermon du recueil. L’ampleur de ce travail a finalement conduit à s’arrêter au seuil de cette étape particulière de l’activité homilétique du cardinal Eudes de Châteauroux, où beaucoup reste à faire. On trouvera en annexe une tentative de datation chronologique intégrale du manuscrit, avec toutes les réferences souhaitables; et au cours du dernier chapitre, des utilisations ponctuelles, à l’exception de quelques cas 34 , des éditions procurées par F. Iozzelli. La voie demeure ainsi ouverte pour un traitement global du conclave de Viterbe à l’aide des sermons du cardinal Eudes de Châteauroux.
L’autre solution, celle qui a été adoptée, consistait dans ce chapitre VI à rompre le fil chronologique, pour se tourner vers une appréhension synthétique des préoccupations et des activités qui constituent la vie d’un membre du sacré collège, lorsque l’actualité ne l’accapare pas trop: l’administration des affaires temporelles et spirituelles de l’Etat pontifical. L’historiographie récente permet de renouveler l’approche de ces questions. La source utilisée, comme les penchants propres d’Eudes de Châteauroux, théologien de formation, ont conduit à privilégier trois thèmes. D’abord la promotion par la prédication de modèles de sainteté, entre autres à partir de certains dossiers de canonisation, dès 1262. Puis la célébration du décès de grands personnages, clercs ou laïcs, dont les funérailles sont l’occasion de sermons mémoriaux, riches de signification idéologique et pratique, puisqu’ils louent la conduite qui fut celle du défunt, qu’ils évoquent à défaut celle qu’aurait exigée son « status », ou qu’ils distillent ainsi exemples et blâmes à l’attention des auditeurs. Troisième et dernier thème: la mise au point, dans les conditions particulières du conclave de Viterbe, puis chez les Dominicains d’Orvieto, de la plus prolixe édition de sermons d’auteur qu’ait produit le XIIIe siècle. Comme elle avait commencé, la vie d’Eudes de Châteauroux s’achève au milieu des sermons.
Cf. J.-B. Schneyer, Repertorium der lateinischen Sermones des Mittelaters für die Zeit von 1150-1350, Münster, 1971-1973, 9 volumes; voir la description du contenu des volumes, et les estimations du nombre d’incipit qu’ils contiennent, attribués ou anonymes, par N. Bériou, Les sermons latins après 1200, dans The Sermon(B. M. Kienzle dir.), Turnhout, 2000, p. 363-447, ici p. 363-366; L.-J. Bataillon, Approaches to the Study of medieval sermons, dans Leeds Studies in English, N. S. II, Leeds, 1980, p. 19-35 (repris dans Idem, La prédication au XIII e siècle en France et en Italie. Etudes et documents, Aldershot, 1993 [Variorum Collected Studies Series], art. XIV).
Allusion à N. Bériou, L’avènement des maîtres de la Parole. La prédication à Paris au XIII e siècle, 2 vol., Paris, 1998.
Pour la prédication et les sermons vus comme l’un des principaux mediade communication au moyen âge, sinon le principal, cf. D. L. D’Avray, The Preaching of the Friars. Sermons diffused from Paris before 1300, Oxford, 1985, p. 3-5, et à l’ Index (p. 311), s. v. « mass comunication ».
A. Paravicini-Bagliani, Cardinali di Curia e ‘familiae’ cardinalizie dal 1227 al 1254, 2 vol., Padoue, 1972; Idem, Il personale della Curia romana preavignonese: Bilancio e prospettive di ricerca, dans Proceedings of the Sixth International Congress of medieval canon Law, Berkeley, California, 28 july-2 august 1980, éd. S. Kuttner and K .Pennington, Vatican, 1985, p. 391-410.
Sur J. de Vitry, cf. J. Longère, La prédication médiévale, Paris, 1983, p. 88-89; C. Muessig, Jacques de Vitry’s Sermones feriales et communes: Text and Context, dans J. Hamesse et X. Hermand (éds.), De l’homélie au sermon, Histoire de la prédication médiévale. Actes du Colloque international de Louvain-la-Neuve (9-11 juillet 1992), Louvain-la-Neuve, 1993. Il faut ajouter, parmi les cardinaux du début de siècle, Etienne Langton et Jean d’Abbeville, mais il semble bien que l’essentiel de l’œuvre homilétique conservée soit celle des maîtres en théologie, non celle des cardinaux; voir, pour E. Langton, P. Barzillay-Roberts, Stephanus de Lingua-Tonante. Studies in the sermons of Stephen Langton, Toronto, 1968, p. 20-21; et, pour J. d’Abbeville, la notice de J. Ribaillier dans DS, t. VIII (1974), col. 250-255. En fin de siècle, on trouve le cas de Matthieu d’Aquasparta (il devient cardinal en 1287); mais là encore, les sermons conservés paraissent dater de la période antérieure à l’accès au sacré collège, y compris celui qu’il consacre à une promotion cardinalice des années 1280, cf. L.-J. Bataillon, Le cardinalat vu par un futur cardinal: un sermon de Matthieu d’Aquasparta, dans AFH, t. LXXXVII (1994), p. 129-134, avec édition du texte.
En théorie, mais non en pratique, puisqu’on ne possède rien de comparable à son travail pour le XIIIe siècle.
Allusion à B. Guenée, Entre l’Eglise et l’Etat. Quatre vies de prélats à la fin du moyen âge, Paris, 1987.
Sur les différents types de séries de sermons au XIIIe siècle, cf. N. Bériou, Les sermons latins... op. cit., p. 386-394; sur les modes de classement interne, principalement liturgiques,L.-J. Bataillon, Approaches... art. cit.
Ainsi le ms. de Berlin, Staatsbibliothek, Lat. Fol. 932, contient une copie par exemplaret peciades sermons De tempored’Eudes de Châteauroux (voir sa notice, annexe 4); il fournit ainsi un excellent témoin, on le verra, de la première édition de ses sermons.
Ainsi le ms. d’Arras, Bibl. Mun. 876, qui contient des sermons De casibus du cardinal Eudes de Châteauroux, est muni d’une table (f. 1r-v), qui permet de repérer les graves amputations dont il a été l’objet, faisant notamment disparaître la copie du sermon donné en Curie pour la mort de Clément IV (SERMO n° 50, donné en pièces justificatives d’après le ms. de Pise, Bibl. catriniana 21); un prologue du cardinal, où il date des séquences de compostion de son œuvre, figure sous des versions différentes en tête de plusieurs mss, voir le texte édité en annexe 1).
Sur les reportationes, voir Dal pulpito alla navata. La predicazione medievale vella sua recezione da parte degli ascoltatori (secc. XIII-XV). Convegno Internazionale di Storia Religiosa in memoria di Zelina Zafarana (= Medioevo e Rinascimento, t. III [1989]); surtout, N. Bériou, L’avènement... op. cit., p. 73-131.
Les chercheurs du XIXe siècle ont beaucoup étudié, et avec bonheur, les sermons dans cette optique, cf. A. Lecoy de la Marche, La chaire française au moyen âge, spécialement au XIIIe siècle, Paris, 1868.
Voir Faire croire. Modalités de la diffusion et de la réception des messages religieux du XII e au XV e siècle, Rome, 1981.
Ainsi P. Barzillay-Roberts, dans son excellent ouvrage sur E. Langton, Stephanus... op. cit., ne citait encore que des auteurs anciens, F. Lecoy de la Marche, L. Bourgain ou B. Hauréau.
J.-B. Schneyer, Repertorium... op. cit.; J. Longère, La prédication... op. cit.; B. M. Kienzle (dir.),The Sermon... op. cit.
Liste complète dans N. Bériou, Les sermons latins... op. cit., p. 432-438.
E. Langton: Selected Sermons of Stephen Langton, éd. P. Roberts, Toronto, 1980; Antoine de Padoue: Sancti Antonii Patauini Sermones dominicales et festiui ad fidem codicum recogniti, éd. B. Costa, L. Frasson, I. Luisetto, P. Marangon, Padoue, 1979, 3 volumes; Thomas de Chobam: Thomas de Chobam Sermones, éd. F. Morenzoni, Turnhout, 1993; Bonaventure: Sancti Bonaventurae Sermones dominicales, éd. J.-G. Bougerol, Grottaferrata, 1977; Sancti Bonaventurae Sermones de tempore. Reportations du ms. Milan, Ambrosiana A 11 Sup., Nouvelle éd. critique par J.-G. Bougerol, Paris, 1990; Sancti Bonaventurae Sermones de diuersis, Nouvelle éd. critique par J.-G. Bougerol, Paris, 1993, 2 volumes; Bartolomeo da Breganze: Bartolomeo da Breganze, O. P., I sermones de beata Virgine (1266), éd. L. Gaffuri, Padoue, 1993; Thomas d’Aquin: J.-P. Torrell, Les Collationes in decem praeceptis de saint Thoams d’Aquin. Edition critique avec introduction et notes, dans RSPT, t. LXIX (1985), p. 5-40 et p. 227-263; L.-J. Batatillon, Le sermon inédit de saint Thomas d’Aquin Homo quidam fecit cenam magnam: Introduction et édition, dans RSPT, t. LXVII (1983), p. 353-368; Ranulphe de la Houblonnière, N. Bériou, La prédication de Ranulphes de la Houblonnière. Sermons aux clercs et aux simples gens à Paris au XIII e siècle, Paris, 1987, 2 volumes; Federico Visconti: Les sermons et la visite pastorale de Federico Visconti, archevêque de Pise (1254-1277), ss. dir. de N. Bériou, Rome, 2001; Gilles de Rome: Aegidii Romani Opera omnia, I, 6: Repertorio dei Sermoni, a cura di C. Luna, Florence, 1990.
Cf. A. Charansonnet, L’évolution de la prédication du cardinal Eudes de Châteauroux (1190 ?-1273): une approche statistique, dans De l’homélie au sermon. Histoire de la prédication médiévale, Louvain-la-Neuve, 1993.
Expression empruntée à N. Bériou, L’avènement... op. cit. Le cardinal Eudes de Châteauroux a procédé en outre à une révision de ses sermons, qui témoignent ainsi d’un travail d’auteur, non de la réception de discours par des auditeurs. L’avantage de ce type de sources est de livrer un point de vue plus précis que celui révélé par les reportationes.
Il s’agit du ms. de Paris, BNF n.a.l. 338, partiellement édité par M.-M. Davy, Les sermons universitaires parisiens de 1230-1231, Paris, 1931.
Cf. L.-J. Bataillon-N. Bériou, G. de Mailly, de l’ordre des frères Prêcheurs, dans AFP, t. LXI (1991), p. 5-88..
Dans le secteur ici concerné, celui de l’université, voir R. C. Van Caenegem, Introduction aux sources de l’histoire médiévale, Turnhout, 1997, p. 420-421 (CCCM).
Voir H. De Lubac, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l’Ecriture, 4 vol. en deux tomes, Paris, 1959-1964.
Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux. Religione e politica nei sermoni inediti, Padoue, 1994.
Voir le tableau en annexe 3.
Procès contenu dans le manuscrit du Vatican, BAV, latin 4019.
Voir par exemple, à propos de la sainteté, A. Vauchez, La sainteté en Occident aux derniers siècles du moyen âge, d’après les procès de canonisation et les documents hagiographiques, Rome, 19882. Pour une biographie qui renouvelle le genre, J. Le Goff, Saint Louis, Paris, 1996.
Voir la préface d’A. Vauchez à L’Etat angevin. Pouvoir, culture et société entre XIII e et XV e siècle, Rome, 1998.
Allusion à H. R. Jauss, Pour une esthétique de la réception, Paris, 1978.
Ce qu’ a démontré D. L. D’Avray, Death and the Prince. Memorial Preaching before 1300, Oxford, 1994.
Voir C. T. Maier, Crusade Propaganda and Ideology. Model Sermons for the Preaching of the Cross, Cambridge, 2000.
Odo da Châteauroux... op. cit.
Voir l’annexe 2 (tableau A).
Tel le SERMO n° 50 sur la mort de Clément IV, qui méritait une longue analyse.