Il est en tout cas certain que, si l’origine sociale n’était plus déterminante pour accéder aux prélatures, par contre le réseau des institutions ecclésiastiques et les recommandations dont un jeune clerc pouvait être l’objet jouaient un rôle essentiel dans les promotions, sans qu’on puisse le plus souvent saisir exactement ces mécanismes, mal documentés 63 . L’arrivée puis l’ascension extrêmement rapide et spectaculaire d’Eudes de Châteauroux au sein de l’Eglise parisienne sont difficiles à expliquer; elles peuvent être simplement liées aux aléas des pérégrinations étudiantes. Toutefois, la durée des études de théologie rendait, dans ce secteur de l’enseignement, beaucoup plus hasardeuses les réussites rapides que dans celui des arts libéraux; je voudrais donc suggérer une piste.
On ne possède pas le moindre témoignage d’études accomplies en Berry, soit à Déols chez les religieux bénédictins où rien n’indique qu’une école ouverte aux laïcs ait existé, soit à Châteauroux, chez les Franciscains dont l’obituaire copié au XVIIIe siècle paraît bien fantaisiste 64 . Une explication plausible de la venue à Paris de ce jeune clerc berrichon sans relations sociales réside dans un séjour préalable, que je ne puis dater, à la cathédrale de Bourges, d’où il serait passé dans la capitale universitaire. Il convient pour étayer cette suggestion de restituer brièvement le contexte politique et social dans lequel les Capétiens ont définitivement mis la main, dans le second XIIe siècle, sur le haut Berry, c’est à dire Bourges et sa région.
Cette partie d’une province qui, depuis les temps carolingiens, avait toujours regardé vers le sud et la principauté aquitaine, fut la première sur laquelle les Capétiens jetèrent leur dévolu, ce qui était relativement logique pour des gens venus du nord. Dans ce but, ils ont, à partir du second XIIe siècle, noué des relations étroites avec la seigneurie de Sully, située immédiatement au nord de la petite portion de domaine royal, incluant Bourges, dont Philippe Ier était devenu propriétaire dès le XIe siècle; la dite seigneurie eût pu sans cela constituer un obstacle à l’extension et la maîtrise du domaine royal, situé depuis l’origine sur l’axe Paris-Orléans, et prolongé de ce fait sans réelle discontinuité jusqu’à Bourges 65 . Cette alliance devint si étroite qu’on voit des membres de la famille de Sully occuper fréquemment l’archevêché de Bourges, contrôlé par la royauté, à partir de la fin du XIIe siècle 66 . Mieux, avec Eudes de Sully, évêque de 1196 à 1208, la famille s’installe à la même époque sur le siège épiscopal parisien 67 . On est tenté de penser que l’archevêque Simon de Sully, neveu du précédent et titulaire du siège métropolitain berrichon entre 1218 et 1232, a envoyé à Paris, au moment où l’université parisienne prend son essor véritable, les meilleurs des clercs de sa cathédrale, ou du moins qu’un réseau s’est établi entre les deux sièges, permettant aux étudiants désireux de poursuivre leur cursus de circuler d’un lieu à l’autre 68 . Eudes de Sully est l’auteur des statuts synodaux faisant de la formation des prêtres séculiers l’une des clefs de voute de la réforme de l’Eglise; Eudes de Châteauroux a pu paraître le prototype de ce genre de pasteur à former. L’hypothèse serait gratuite si quelques faits ne venaient lui donner du poids. On possède l’exemple d’un autre clerc, ayant certes parcouru le chemin inverse (Paris-Bourges), mais qui atteste l’existence de liens étroits entre les deux cathédrales au début du XIIIe siècle, sous le contrôle et la protection de la royauté: il s’agit d’Etienne de Gallardon, l’un des clercs favoris de Philippe-Auguste 69 . Un cartulaire de Bourges semble prouver par ailleurs qu’Eudes de Châteauroux connaissait bien le chapitre cathédral de cette ville: il y nommait les chanoines, dans une lettre, ses « amis »; de là à penser qu’il fut membre du chapitre, il y a un pas que rien, sinon une mention douteuse, ne permet de franchir; il a dû pour le moins faire partie des clercs de la cathédrale 70 . Le premier sermon datable qu’il ait fait entendre, celui contre les hérétiques albigeois, paraît être de 1226. Où fut-il prononcé ? Le discours est un encouragement explicite à prendre la croix, ce qui incite N. Bériou à le dater postérieurement à février 1226, date à laquelle le légat pontifical Romain Frangipani commissionne officiellement les prédicateurs de la croisade 71 . Si l’on suit cet avis, le sermon aurait pu être prononcé dans un cadre longtemps familier, lors du concile tenu à Bourges le 17 mai, qui lance la croisade; mais on ne peut écarter, d’après le contenu, l’hypothèse qu’il l’ait été dès le concile de Paris de fin janvier 1226, où le roi se croise publiquement 72 .
Plusieurs autres indices d’une possible présence à Paris d’Eudes de Châteauroux, dès le milieu des années vingt du siècle, existent. L’un est fourni par la mention du « bon temps du roi Louis [c’est à dire Louis VIII] et du prévôt Jean des Vignes » dans le sermon de 1229 étudié ci-dessous; l’expression suggère en effet que le prédicateur séjournait à cette époque dans la capitale, or Jean des Vignes est connu pour avoir exercé la charge de prévôt entre 1223 et 1227 au plus tard 73 . Un document, non daté, du Cartulaire de l’église Notre-Dame de Paris, voit le concierge renoncer à un tonlieu sur des maisons situées dans sa censive, au profit de l’évêque B.; on trouve parmi les témoins maître Eudes, chanoine de Paris; si l’évêque B. est Barthélémy, comme c’est probable, la période concernée est 1223-1227 74 ; mais rien ne prouve que le « Eudes » témoin de cet acte soit le futur cardinal. Un troisième élément est plus troublant: dans le Chartularium universitatis parisiensis 75 , on lit au document n° 50 la condamnation par Honorius III, en date du 23 janvier 1225, du livre de Jean Scot Erigène « »; l’éditeur précise en note que le cardinal Hostiensis, dans son commentaire aux Décrétales de Grégoire IX, dit avoir été renseigné sur le contenu de cet ouvrage par Eudes de Châteauroux, qui « dictum autem librum exposuit, errores singulos condempnando, ... a quo et habuimus hanc doctrinam » 76 . Veut-il dire qu’Eudes de Châteauroux lui a parlé de ce livre alors qu’ils étaient tous deux cardinaux 77 , ou bien que ce même Eudes a participé au concile provincial de Sens mentionné par le document, qui a condamné l’ouvrage, et qu’il y aurait dénoncé les erreurs dont il était rempli ? On ne peut répondre. Mais tout indique que le milieu des années vingt du siècle constitue le moment charnière où Eudes de Châteauroux passe du Berry à Paris.
Avant d’évoquer l’arrivée dans la capitale capétienne, il est possible d’appuyer encore davantage l’hypothèse d’un passage par Bourges en tirant parti des sermons. Nous sommes en Italie une quarantaine d’années plus tard, en 1265 exactement, et Eudes de Châteauroux devenu cardinal-évêque de Tusculum prêche à la Portioncule pour la fête de saint François devant ses fils spirituels et sans doute la cour romaine. Il commence par un souvenir personnel, évoquant une verrière de l’église où il contemplait, enfant, la parabole du bon Samaritain, sans donner la moindre précision sur le bâtiment dont il s’agit 78 . Or les dates de la reconstruction de la cathédrale de Bourges, et de l’achévement de ses verrières, où figure parmi les plus célèbres la parabole évoquée, correspondent parfaitement au séjour à Bourges d’un jeune homme dans le premier tiers du XIIIe siècle 79 . On ne peut prouver qu’Eudes de Châteauroux faisait bien allusion à la cathédrale de Bourges, mais on est tenté de le supposer. Un autre indice, au sein de sa prédication, va dans ce sens: deux sermons à coup sûr, peut-être trois, sont consacrés à l’archevêque saint Guillaume de Bourges (1200-1219), le constructeur de la nouvelle cathédrale, dont l’aura, même s’il fut canonisé, n’a pas réellement dépassé le Berry 80 . C’était l’oncle de Philippe Berruyer, lui aussi devenu archevêque de Bourges du vivant d’Eudes, qui consacre la Sainte-Chapelle en sa compagnie en 1248 81 . Une vingtaine d’années plus tard, ce n’est sans doute pas un hasard si le cardinal instruit à la cour romaine, mais en vain, le procès de canonisation de Philippe Berruyer (1266) 82 .
Sur la personnalité même du jeune étudiant, on ne peut donc rien connaître de précis, mais on doit relever un trait de mentalité, sans doute accentué par les témoignages rétrospectifs que j’ai évoqués: son fort attachement, d’abord territorial, à la France capétienne qui n’est devenue sa patrie qu’à l’extrême fin du XIIe siècle, au moment même où il vient au monde; attachement d’autant plus explicable que l’intégration du Bas-Berry dans l’orbite capétienne fut la cause indirecte de sa « montée » dans la capitale, dont on connait le vigoureux essor à l’époque 83 . Une comparaison avec d’autres futurs maîtres contemporains permet de mieux apprécier ces débuts. Les origines sociales des maîtres parisiens du XIIIe siècle sont certes mal connues; on peut simplement affirmer qu’une extraction modeste n’empêchait pas la réussite professionnelle, parfois même spectaculaire. Cela a toujours été vrai dans l’Eglise médiévale, de plus en plus au fur et à mesure que l’on approche la fin du Moyen Âge 84 . Il est démontré que l’université a accentué ce phénomène, au point qu’une littérature polémique sur le thème du carriérisme s’est développée. Il faut, si l’on suit les spécialistes, distinguer sur ce plan entre les trajectoires, beaucoup plus brillantes, des canonistes, et celles des théologiens 85 . Quoi qu’il en soit, il apparaît nettement que les études constituèrent, pour ce jeune clerc berrichon, un formidable moyen d’ascension au sein de l’Eglise; que son cursus universitaire et un talent vite reconnu de prédicateur aient constitué la moteur de cette ascension est démontrable et significatif.
Sauf le cas de la documentation d’origine papale, abondante: A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., a principalement tiré parti des mentions de recommandations qui s’y rencontrent pour reconstituer les groupes de familiers qui entouraient les cardinaux, par exemple ceux d’Eudes de Châteauroux, p. 210-212.
Cf. G. Devailly, Le Berry... op. cit., p. 481 note 2, sur le peu de valeur historique de cet obituaire; son éditeur, Eug. Hubert, Obituaire du couvent des Cordeliers de Châteauroux (1213-1782), Paris, 1885, indique que les circonstances de la fondation du couvent castelroussin des Frères mineurs sont très mal connues: le premier document fournissant une date sûre, conservé aux Archives départementales de l’Indre (H 276), est de 1250 environ. D’autre part, Eug. Hubert démontre p. 63 qu’il ne faut pas confondre Eudes de Châteauroux avec un presqu’homonyme, le franciscain Gérard Eudes de Châteauroux (de son véritable nom Guiral Ot, qui a vécu au siècle suivant [† 1349] et était originaire visiblement du midi, cf. la notice du DS, t. XI (1982), col. 1057; je remercie le Père L.-J. Bataillon pour cette identification).
Cf. G. Devailly, Le Berry... op. cit., p. 389-401.
Idem, Ibidem, tableau généalogique p. 486, et p. 389-390.
Cf. B. Plongeron dir., Le diocèse de Paris, t. I, Paris, 1987, p. 102-104 (J. Longère). La famille d’Eudes de Sully ne doit pas être confondue avec celle, du même nom, du précédent évêque parisien Maurice de Sully. Sur Eudes de Sully, voir aussi M. Rousset, Positions des thèses de l’Ecole des Chartes (1910), p. 163-167; J. W. Baldwin, Philippe-Auguste, Paris, 1991, index p. 691, s. v°.
Les oeuvres aussi circulaient entre les deux lieux, cf. O. Pontal, Les statuts synodaux du XIII e siècle, t. I: Les statuts de Paris et le synodal de l’ouest, Paris, 1971, p. lxxvi: Alain de Lille a dédicacé son Pénitentiel, écrit vers 1196, à Henri de Sully, frère d’Eudes et archevêque de Bourges entre 1183 et 1200.
Cf. L. Delisle, Etienne de Gallardon, clerc de la chancellerie de Philippe-Auguste, chanoine de Bourges, dans BEC, t. LX (1899), p. 5-44; l’auteur explique par ce transfert de la chancellerie royale au chapitre de Bourges, p. 17, comment l’anecdote du dialogue entre Philippe-Auguste et Pierre le Chantre, à propos de la figure du roi idéal, a pu figurer dans le cartulaire du chapitre constitué par E. de Gallardon, aujourd’hui conservé à Paris, BNF, nal 1274, f. 299-299v (voir l’édition du texte par L. de Raynal dans BEC, t. II (1841), p. 398-401, corrigée par L. Delisle, art. cit., p. 23-24). A propos du rôle important d’E. De Gallardon à la chancellerie capétienne, voir aussi E.A.R. Brown, La notion de légitimité et la prophétie à la cour de Philippe-Auguste, dans La France de Philippe-Auguste. Le temps des mutations. Actes du Colloque international organisé par le C.N.R.S. (Paris, 29 septembre-4 octobre 1980) , éd. R.-H. Bautier, Paris, 1982, p. 77-110, ici p. 89s.
Sur la lettre cf. L. de Raynal, Histoire... op. cit., p. 227 note 2, copié par l’abbé Caillaud, Notice... op. cit., p. 26 note 1; on doit ici faire confiance à Raynal qui cite une lettre de 1237 copiée au f. 148 du « grand cartulaire de Saint-Etienne de Bourges », puisque ce cartulaire a été très abimé dans l’incendie de 1859 (sur cet épisode voir G. Devailly, Le Berry... op. cit., p. 11, et L. Delisle, Etienne de Gallardon... art. cit., p. 9). En se fondant sur l’obituaire de Bourges, G. Thaumas de la Thaumassière, Histoire de Berry..., Paris, 1689, p. 344, fait d’Eudes un chancelier de la cathédrale. P. Guérin, Notice... art. cit. (1920), p. 5, récuse cette assertion en jugeant le texte de La Thaumassière « fort suspect ». Il est possible en effet que les clercs de Bourges aient voulu compter parmi leurs donateurs un berrichon devenu célèbre dans l’Eglise. Cela aurait toutefois difficilement pu être crédible sans que le futur cardinal ait jamais fréquenté l’église métropolitaine; l’un des cartulaires préservés du chapitre de Bourges, aujourd’hui le manuscrit de Paris BNF, nal 1274, contient au folio 55 (document numéroté 31) un acte de 1225 rubriqué en rouge: « De domo Domini Guillelmi Bonis empta ab Odone cantore bituricensi et ab ipso data in proprium cantorie » ; l’archevêque Simon de Sully (1218-1232) y confirme et corrobore la vente par deux clercs berrichons de la maison du clerc défunt Guillaume Bonis; l’acquéreur, nommé Eudes, est le chantre de la cathédrale de Bourges; la maison étant située dans le cloître, Eudes désire qu’elle demeure propriété perpétuelle de la chantrerie, à condition que le titulaire de cet office paie une rente annuelle de cent livres parisis au chapitre de Bourges pour célébrer plus tard l’anniversaire de sa mort. Si un seul parmi les nombreux « Eudes » du cartulaire devait être le futur cardinal, ce serait très probablement celui-ci; s’expliquerait alors sa présence dans l’obituaire de la cathédrale.
N. Bériou, La prédication de croisade... art. cit., p. 92; l’auteur le suppose dès 1226 fréquentant les écoles de théologie parisienne, Ibidem.
N. Bériou, La prédication de croisade... art. cit., p. 92, écarte ces hypothèse de janvier et mai 1226, parce que le sermon est un appel à la croisade: il devrait donc être encadré par la commission officielle du légat (février) et le lancement de l’expédition en concile (mai). Mais il ne paraît pas certain que la doctrine canonique concernant la croisade soit aussi fermement établie à cette époque; on peut donc penser que la prédication de croisade continuait durant et après le déclenchement officiel de l’expédition. D’autre part, un concile précédent, où le roi était absent, s’est tenu à Bourges même le 30 novembre 1225, sous la direction du légat pontifical; Eudes de Châteauroux a pu y donner son sermon. Enfin, sur les cinq sermons que Philippe le Chancelier a donné sur la même affaire (la croisade de 1226), et qu’analyse N. Bériou, art. cit., le second fut prononcé selon toute probabilité lors du concile de Paris de fin janvier 1226, ou très peu après, voir les arguments convaincants de C. Maier, Crisis, Liturgy and the Crusade in the Twelfth and Thirteenth Centuries, dans JEH, t. XLVIII/4 (1997), p. 628-657, ici p. 644; or ce sermon possède une histoire biblique en commun avec celui d’Eudes (cf. bidem p. 647, sermon de Phillippe; et p. 653 avec la note 127, sermon d’Eudes), le récit du siège de Ai par les Israelites (Jos. 8, 26); Eudes bachelier aurait-il repris en écho un passage d’un sermon de maître Philippe ? Sur le détail des événements politico-religieux, cf. Ch. Petit-Dutaillis, Etude sur le la vie et le règne de Louis VIII (1187-1226), Paris, 1894, p. 290s.; G. Sivery, Louis VIII le lion, Paris, 1995, n’ajoute rien sur ce point.
Cf. W.C. Jordan, Louis IX and the Challenge of the Crusade. A Study in Rulership, Princeton, 1979, p. 224 (appendix one : liste des titulaires de différentes prévôtés).
B. Guérard, Cartulaire... ed. cit., t. I, p. 20 doc. viii; le document d’après l’éditeur appartient au cartulaire de l’évêque, le plus ancien recueil d’actes concernant Notre-Dame (Avertissement, p. I), et figure parmi d’autres rassemblant les fiefs qui meuvent de l’évêque (Ibidem p. I-II); on sait que l’évêque Barthélémy a réglé en 1226 des problèmes mineurs de juridiction avec le chapitre de Saint-Germain-l’Auxerrois, bourg où se trouvaient les droits cédés par le concierge, cf. B. Plongeron (dir.), Le diocèse de Paris... op. cit.,t. I, p. 444 (liste des évêques) et p. 134-135 (épiscopat de Barthélémy).
Ed. H. Denifle et E. Chatelain, t. I, Paris, 1889 (Désormais cité CUP, avec le n° du document et la page; toutes mes références seront au t. I).
CUP, n° 50, p. 107 note 1.
Ils se sont fréquentés entre 1262 (promotion au cardinalat d’Henri de Suse) et 1273 (mort d’Eudes de Châteauroux); sur un épisode de leurs relations, cf. ci-dessous la transcription et l’étude du SERMO n° 40; sur l’influence plus générale qu’ont pu exercer les idées d’Hostiensis sur Eudes de Châteauroux, voir le chapitre V.
Texte cité par J. G. Bougerol, Saint François dans les sermons universitaires, dans Francesco d’Assisi nella storia, t. I, Rome, 1983, p. 173-199, ici p. 175-176; voir sa transcription, SERMO n° 28. N. Bériou, De la lecture aux épousailles. Le rôle des images dans la communication de la Parole de Dieu au XIII e siècle, dans Cristianesimo nella storia, t. XIV (1993), p. 535-568, reprend cet exemple pour montrer qu’il faut sans doute nuancer la métaphore de Grégoire le Grand, sans cesse réitérée par les auteurs médiévaux, concernant les images comme « Bible des pauvres »; elle suggère, à juste titre à mon avis, le rôle pédagogique de la prédication pour aider à comprendre les images, en particulier lorsque l’exégèse n’en est pas traditionnelle, comme c’est en l’occurrence le cas, cf. p. 538-540.
Cf. R. Branner, La cathédrale de Bourges et sa place dans l’architecture gothique, Paris-Bourges, 1962, p. 35-63 sur la première phase de construction (1195-1214), en particulier la conception des fenêtres hautes, entre 1205 et 1214; chronologie synthétique p. 72. Voir aussi le Corpus vitrearum, Francie (série complémentaire), t. II, Paris, 1981, p. 168, qui date la mise en place des des vitraux « avant 1214 ». Le vitrail du bon Samaritain a fait l’objet d’une étude particulière de L. Grodecki, Le Maître du Bon Samaritain de la cathédrale de Bourges, dans The Year 1200: a Symposium, New York, 1975, p. 339-351.
On peut en lire les textes entre autres dans les manuscrits de Rome, Bibliothèque Angelica, 157, f. 93va-96ra (RLSn° 990) et f. 96ra-96vb (RLSn° 991). J’ai comparé ces sermons avec la Vitade saint Guillaume (éd. Analecta bollandiana, t. III [1884], p. 271-361), car elle est d’après l’éditeur l’oeuvre d’un contemporain de l’archevêque: aucune similitude évidente n’est apparue. Un troisième sermon (RLS n° 75) est rubriqué: « Sermo in prima dominica post epiphaniam Domini et de sancto Guillelmo bituricensi » dans le manuscrit de Paris, BNF latin 12423, f. 77vb; mais la seconde partie de la rubrique est raturée dans le manuscrit de Rome, AGOP XIV, 31, f. 150rb; je n’ai pas lu le texte.
Sur cette consécration, voir le catalogue de l’exposition, Saint Louis à la Sainte-Chapelle, Paris, 1960; J.-M. Leniaud et F. Perrot, La Sainte-Chapelle, Paris, 1991, pp 49-54, 66-67 et 74-77; P. E. Riant, Exuviae sacrae constantinopolitanae... , 2 t., Genève, 1877-1878, cf. t. II, p. 132-133, les documents lxxvii et lxviii (indulgences concédées par Innocent IV aux visiteurs de la Sainte-Chapelle = ANJ 155, n° 5 et 6); p. 135-137 les documents lxxx et lxxxi (liste des évêques qui entouraient Eudes de Châteauroux lors de la dédicace; le premier prélat cité est l’archevêque de Bourges = ANJ 155, n° 3 et 4); Eudes de Châteauroux devenu cardinal et légat confirme (doc. lxxxi) et augmente les indulgences concédées par les prélats présents; reproduction de l’acte original d’Eudes dans J.-M. Leniaud et F. Perrot, La Sainte-Chapelle... op. cit., p. 66.
Cf. A. Vauchez, La saintété... op. cit., p. 343-347, et p. 73 note 6 sur l’enlisement du procès; le rôle majeur d’Eudes de Châteauroux ressort des actes, conservés dans le manuscrit de la Bibliothèque vaticane, Vat. lat. 4019 (voir sur ce ms. et ce dossier M. Dykmans, Le cérémonial papal de la fin du Moyen Âge à la Renaissance, t. II: De Rome en Avignon ou le cérémonial de Jacques Stefaneschi, Bruxelles-Rome, 1981, p. 71-74).
Cf. R. Cazelles, Paris de la fin du règne de Philippe-Auguste à la mort de Charles V (1223-1380), Paris, 1972.
Cf. au XIIe siècle l’exemple de Suger, issu d’un milieu de gros paysans apparentés à la petite chevalerie, voir M. Bur, Suger, abbé de Saint-Denis, régent de France, Paris, 1991, p. 15; J. Verger, Des écoles à l’université: la mutation institutionnelle, dans La France de Philippe-Auguste... op. cit., p. 817-846, ici p. 842.
Cf. J. W. Baldwin, Masters at Paris from 1179 to 1215. A social Pespective, dans Renaissance and Renewal in the Twelth Century, éd. R. L. Benson et G. Constable, Toronto-Buffalo-Londres, 19912, p. 138-172: « The low percentage of masters drawn from the high aristocracy is fairly certain... we are led to the conclusion that teaching at Paris was regarded as a vehicle of upward social mobility to improve one’s standing in society » (p. 151); Idem, Studium et regnum. The penetration of University Personel into French and English Administration at the Turn of the Twelth Century, dans Revue des études islamiques, t. XLIV (1976), p. 199-215: l’auteur montre que le phénomène d’intrusion des gradués, surtout des décrétistes, dans le personnel administratif de la monarchie est plus tardif en France, guère antérieur au règne de Louis IX et même à 1250; voir aussi J. Verger, L’essor...op. cit., p. 86s., en particulier p. 89, sur le moindre succès des théologiens séculiers par rapport aux maîtres mendiants et surtout aux canonistes; enfin la synthèse de F. Autrand, L’apparition d’un nouveau groupe social, dans Histoire de la fonction publique en France, dir. M. Pinet, t. I, Des Origines au XV e siècle, Paris, 1993, p. 311-443.