Il est préférable en évoquant ces premiers sermons datés de parler de « contexte universitaire », plutôt que de « sermon universitaire ». Cette dernière expression a en effet été employée par les historiens dans deux sens différents et pour partie contradictoires. P. Glorieux décide de nommer ainsi ce qui a été entendu par un auditoire universitaire, dans le cadre du calendrier de prédication prévu par les statuts de l’institution. De fait, selon ces statuts, une prédication régulière, à laquelle les étudiants sont tenus d’assister, scande le le calendrier des cours, une partie des sermons prévue devant prendre place dans les églises des couvents mendiants, les dimanches chez les frères prêcheurs, les fêtes chez les frères mineurs 96 ; le critère choisi implicitement est donc celui du public. Mais en réalité, on connait mal les auditoires des sermons, sauf lorsqu’ils sont explicitement mentionnés par les rubriques dans les manuscrits; même dans ce cas, on n’est pas toujours très avancé: le sermon d’Eudes de Châteauroux de 1229 a pour sujet central un problème universitaire, mais le cadre matériel où il a été prononcé, que l’on ignore (la cathédrale ?), a permis la présence selon la rubrique du peuple de Paris. C’était sans doute même l’un des objectifs du discours, que de sensibiliser largement l’opinion au drame qui s’était produit.
D’autres historiens, parfois les mêmes, ont voulu par l’expression « sermon universitaire » singulariser l’aspect technique, codifié du style original de sermons produits par ce milieu, c’est à dire le sermo modernusprocédant, pour son développement, par division du thème biblique, en rupture avec l’ancienne homélie patristique puis monastique, commentant l’ensemble de la péricope biblique dont était extrait ce thème; l’hypothèse, là encore le plus souvent implicite, étant que face à un public homogène, un même type d’éloquence se déploie 97 .
Or cette définition, qui suppose l’adéquation parfaite d’un style oratoire à un public, n’apparaît pas convaincante, pour deux raisons: il n’est pas évident que le passage de l’un à l’autre genre (de l’homélie au sermo modernus ) ait représenté une rupture aussi brusque que celle évoquée, surtout au cours du premier XIIIe siècle; il est encore moins évident que les orateurs d’origine universitaire se soient adressés de façon différente à leurs auditeurs, selon que ces derniers étaient ou non membres de l’institution universitaire. Ainsi pour le sermon évoqué d’Eudes de Châteauroux, son style l’apparente à tous les autres textes qui constituent les recueils édités plus tard par l’auteur, où il est inclus; or les auditoires comme on verra en sont bien plus divers. On sait de même que certains sermons rubriqués « coram uniuersitate », par exemple chez Bonaventure, n’apparaissent en rien différents du reste de l’oeuvre homilétique du docteur séraphique 98 .
Bref l’université ne fournit qu’un certain nombre de prescriptions statutaires relatives à la prédication. Elles concernent le calendrier des jours où est obligatoirement donné un sermon par un membre de l’université 99 . Certaines années, entre un quart et un tiers de l’année civile devait résonner d’un sermon d’un membre de l’université 100 . D’autres prescriptions complètent cette obligation: assistance elle aussi obligatoire des maîtres et des étudiants à ces sermons 101 ; détail des catégories d’enseignants théologiens tenus par leur grade de prêcher 102 . La pratique réelle de la prédication, telle qu’elle se dégage du manuscrit de Paris, BNF nal 338, correspond à ces statuts 103 . Il faut situer la génération de maîtres et de prédicateurs à laquelle appartient Eudes de Châteauroux dans ce contexte, où les « documents privés » 104 révèlent que l’apprentissage et la promotion de la prédication, depuis la seconde moitié du XIIe siècle environ, est au coeur des préoccupations de l’institution scolaire. Malgré le silence des sources officielles, on admettra que la même continuité des méthodes et objectifs de l’enseignement théologique qui prévaut dans d’autres domaines s’applique à la prédication.
Or prêcher et apprendre à le faire constituent non seulement un exercice-type de l’enseignement, mais apparaissent clairement comme le couronnement des activités du théologien, sa part la plus noble. C’est ce que les textes théoriques révèlent; c’est ce que la pratique confirme 105 . Dans ce secteur précis, les documents invitent à remonter, comme pour tout ce qui regarde la constitution de la théologie comme discipline scolaire 106 à Paris dans le second XIIe siècle, à l’école de Pierre Lombard et de son disciple Pierre le Chantre.
C’est ce dernier en effet, qui dans son Verbum abbreuiatumde la fin du XIIe siècle 107 a défini le plus nettement les fonctions du maître en théologie par le triptyque « lire, disputer, prêcher ». A sa suite, la prédication n’a cessé de gagner en importance à l’intérieur de l’institution scolaire puis universitaire, au point d’être citée, lors de l’octroi de la licence de théologie par le chancelier, comme le devoir essentiel du nouveau gradé 108 . Je mettrai en exergue deux causes majeures de ce phénomène 109 .
La première est d’ordre « interne », c’est à dire qu’elle découle de l’évolution même de la théologie et des modalités de son enseignement, au tournant des XIIe-XIIIe siècles. La mutation institutionnelle des écoles parisiennes en université, qu’on peut estimer achevée en 1215 lorsque Robert de Courçon octroie de premiers statuts 110 , a été, du point de vue des maîtres qui l’ont stimulée, principalement le fait des artiens, les plus nombreux, et des théologiens. Concrètement, cela signifie que le groupe de disciples rassemblé autour de Pierre le Chantre a joué, pour la théologie, le rôle majeur, sans qu’on puisse décrire le détail de son action institutionnelle 111 . Du moins connait-on, grâce à J. W. Baldwin et plus récemment S. Ferruolo et F. Morenzoni, les conceptions de ces clercs en matière d’enseignement 112 . A leurs yeux, l’enseignement de la théologie, donc l’institution scolaire qui lui fournissait son cadre, visaient un but réformateur élevé, tant dans l’Eglise que la société chrétienne: il s’agissait de former les pasteurs qui, grâce à une connaissance approfondie de l’Ecriture, seraient en mesure de mieux diffuser ses enseignements et commandements. A ce titre, le projet universitaire primitif poursuivait un objectif autant éducatif, répandre grâce aux pasteurs qu’il aurait formés des modèles de comportement chrétien, que scientifique, approfondir les mystères de la foi 113 . Du point de vue de la prédication, il renforçait une tradition aussi ancienne que la littérature chrétienne: le lien étroit entre exégèse biblique, théologie et pastorale 114 .
Les deux premiers exercices universitaires mentionnés par Pierre le Chantre se rapportent avant tout à la doctrine, c’est à dire à la connaissance et à la discussion des mystères de la foi; ils sont indispensables au théologien, mais propédeutiques à sa principale mission, la prédication. Le moins important, quoique le plus délicat, aux yeux de Pierre le Chantre, est probablement la dispute 115 . Mais les trois types d’exercice n’ont en vérité jamais été totalement dissociés dans la pratique, puisqu’ils participent d’une démarche commune 116 . Il n’est donc pas étonnant que beaucoup de maîtres du XIIIe siècle nous aient légué des sermons autant que des commentaires bibliques, ce qui est le cas d’Eudes de Châteauroux 117 . Autre signe du lien étroit qui persiste et même, à beaucoup d’égards, se resserre entre Ecriture et prédication, la présence de sermons, ou d’abrégés de sermons, à l’intérieur des commentaires bibliques; on peut inversement considérer que ces derniers ont largement contribué à nourrir la parole des maîtres lorsqu’ils prêchaient aux étudiants, ou leur apprenaient à le faire 118 .
Une seconde cause explique cette promotion de la prédication, décisive pour l’influence qu’a exercée, jusqu’au niveau le plus élevé, la génération des maîtres formés entre 1200 et 1225 119 . Je la nomme « externe » en ce sens qu’elle est postérieure, au niveau de son déclenchement et de ses effets, aux mutations évoquées ci-dessus. Elle va cependant dans le même sens, et résulte d’une prise de conscience identique, puisqu’il s’agit de l’impulsion proprement cléricale donnée par le concile de Latran IV (1215) à la pastorale: entre autres décisions significatives, on y trouve l’obligation, pour les clercs ayant charge d’âme, d’une prédication régulière aux laïcs 120 . Le clergé parisien avait largement anticipé: l’évêque Eudes de Sully, sur le siège épiscopal au tournant du siècle, avait indiqué la voie dans ses statuts synodaux 121 ; or il est très proche des maîtres parisiens, puisque l’université trouve une partie de ses origines dans les écoles du chapitre de Notre-Dame et qu’elle s’organise réellement sous son épiscopat. C’est le chancelier de Notre-Dame, premier officier de l’évêque, qui commença par octroyer la licence d’enseignement. Les conflits, par la suite, n’ont certes pas manqué entre lui et les maîtres. Le chancelier fut cependant très souvent un maître, ainsi Eudes de Châteauroux, qui fit aussi partie du chapitre cathédral 122 .
En bref, on peut parler d’une véritable « explosion » de la prédication à Paris au cours du XIIIe siècle, au moins en termes du nombre de sermons conservés dans les manuscrits. Il n’y a pas à proprement parler de rupture avec le XIIe siècle. Plutôt un accroissement en volume très significatif, qu’on ne peut imputer seulement aux hasards de la conservation des documents 123 .
Cf. A. Callebaut, Le sermon historique... art. cit., p. 96; P. Glorieux, L’enseignement... art. cit., p. 150; N. Bériou, L’avènement ... op. cit. , p. 114.
Cf. les actes du septième symposium de l’IMSSS tenu à Assise (1990), sur ce thème, publiés dans Ephemerides liturgicae, t. CV (1991), en particulier l’article de J. Hamesse, La prédication universitaire: éloquence sacrée, éloquence profane ? , p. 283-300; Eadem, La prédication universitaire, dans La predicazione dei Frati dalla metà del ‘200 alla fine del ‘300. Atti del Convegno internazionale, Assisi, 13-15 ottobre 1994, Spolète, 1995, p. 47-79; et les actes du huitième colloque de l’IMSSS tenu à Louvain-la-Neuve (1992), De l’homélie au sermon... op. cit. L’IMSSS publie un Newsletter, Medieval Sermon Studies(44 numéros parus depuis 1977) fort utile aux historiens de la prédication.
Cf. P. Glorieux,L’enseignement... art. cit., p. 148-161, qui distingue entre sermons universitaires et extra-universitaires, mais reconnait p. 158 qu’il s’agit de la même chose, et souvent des mêmes auteurs; J. Longère, La prédication médiévale, Paris, 1983, p. 75 s.; N. Bériou, L’avènement... op. cit. Pour Bonaventure, cf. J.-G. Bougerol, La nouvelle édition critique des sermons de saint Bonaventure. Un bilan, dans Revue Mabillon, n.s. t. IV (1993), p. 49-82, ici p. 61-62: l’auteur insiste sur l’identité des structures (explication avec division du thème, dilatation, etc) entre sermons adressés aux universitaires et sermons dont le public paraît plus divers.
Cf. P. Glorieux, Ibidemp. 148, mais le statut (A4) est du XIVe siècle; voir surtout N. Bériou, Ibidemp. 109-111.
Cf. P. Glorieux, Ibidemp. 101, liste des jours fêtés par les théologiens, où était donné un sermon; le ms. de Paris, BNF nal 338, qui enregistre la prédication de l’année universitaire 1230-1231, comporte 84 sermons, cf. M.-M. Davy, Les sermons... op. cit., Paris, 1931; surtout N. Bériou, L’avénement... op. cit., p. 111: d’après cet auteur, on entendait un sermon universitaire une bonne centaine de jours par an dès cette époque.
Cf. P. Glorieux, Ibidem p. 149-150.
Cf. P. Glorieux, Ibidemp. 96 sur les sermons des bacheliers; p. 98-99 sur les sermons des maîtres.
D’où deux solutions possibles: soit ces statuts du XIVe siècle sur la prédication en reprennent d’autres, perdus, du XIIIe siècle, cf. J. Verger, A propos de la naissance de l’univesité de Paris: contexte social, enjeu politique, portée intellectuelle, dans Les universités françaises au Moyen Âge, Leiden-New York-Köln, 1995, p. 1-36 (recueil d’articles d’après lequel je cite; article initialement paru dans Schulen und Studium im sozialen Wandel des hohen uns späten Mittelalters, hg. J. Fried, Sigmaringen, 1986, p. 69-96) , ici p. 9 et p. 15-16, sur les premiers statuts, ceux de Robert de Courson en 1215; on notera que la bulle « Parens scientiarum » est muette sur la prédication; voir aussi du même auteur, sur cette question, Des écoles à l’université... art. cit., p. 823 et p. 827-828; soit ces statuts du XIVe siècle entérinent une pratique tellement légitime et consubstantielle à l’émergence de l’institution universitaire qu’ils n’ont pu la modifier de façon significative, cf. J. Verger, A propos de la naisssance... art. cit., p. 9 note 31 surtout, p. 12, et Idem, Nova et Vetera dans le vocabulaire des premiers statuts et privilèges universitaires français, dans Les universités... op. cit., p. 37-52 (initialement paru dans Vocabulaire des écoles et des méthodes d’enseignement au Moyen Âge, éd. O. Weijers, Turnhout, 1992, p. 191-205), p. 37 sur la continuité entre l’organisation instituionnelle primitive et l’université postérieure, solidement organisée seulement après 1250 .
Expression employée par P. Glorieux,L’enseignement... art. cit., p. 83, pour désigner les mss contenant la reportation ou la mise au net de cours et de sermons, par opposition à la documentation officielle des statuts.
Cf. F. Morenzoni, Des écoles aux paroisses. Thomas de Chobbam et la promotion de la prédication au début du XIII e siècle, Paris, 1995, p. 29-33: malgré quelques réserves, dans l’ensemble les jugements cités des auteurs médiévaux sont extrêmement laudatifs vis-à-vis de la prédication, et tendent même à la sacraliser.
Voir M.-D. Chenu, La théologie au XII e siècle, Paris, 1976; et pour le XIIIe siècle, Idem, La théologie comme science au XIII e siècle, Paris, 1969, dont le titre indique que la théologie systématique ne s’est véritablement autonomisée vis-à-vis de l’exégèse qu’au cours de ce siècle.On peut hésiter à considérer d’emblée que les sermons, du moins ceux adressés à des laïcs, s’appuient en priorité sur la spéculation théologique, problème complexe que j’aborderai. A tout le moins la prédication, part essentielle de l’enseignement du théologien, demeure en étroite dépendance de l’exégèse; or cette dernière discipline devient parfaitement scientifique au XIIIe siècle, cf. G. Dahan, L’exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval, Paris, 1999, qui aborde à vrai dire assez peu les sermons, mais fournit des clefs décisives pour une compréhension en profondeur de l’importance des mécanismes intellectuels en jeu dans l’interprétation de la Bible, le XIIIe siècle constituant sans aucun doute, dans ce secteur comme dans d’autres, l’apogée d’un mouvement de renouveau entamé au XIIe siècle.
PLt. 205, 25, cap. 1: « In tribus igitur consistit exercitium sacrae scripturae, circa lectionem, disputationem, et praedicationem »; pour la date de l’oeuvre, cf. J. W. Baldwin, Masters, Princes and Merchants. The social Views of Peter the Chanter and his Circle, t. I, Princeton, 1970, p. 14-15.
Cf. P. Glorieux, L’enseignement... art. cit., p. 99 sur la licence; p. 148-149 sur la prédication comme couronnement du cursus théologique; cf. surtout N. Bériou, L’avénement... op. cit., p. 30-48 sur « l’impulsion magistrale: Pierre le Chantre ».
Amorcé avant même Pierre par les prélats qui ont charges d’âme, cf. N. Bériou, Ibidemp. 15-30 sur le rôle de l’évêque de Paris Maurice de Sully entre autres; cf. aussi J. Longère, Œuvres oratoires de maîtres parisiens au XII e siècle, Paris, 1975, qui étudie le contenu de cette prédication.
Cf. S. C. Ferruolo, The Paris Statutes of 1215 reconsidered, dans History of universities, t. V (1985), p. 1-14; J. Verger, Des écoles à l’université... art. cit, passim.
J. Verger, L’essor... op. cit., le fait remarquer p. 69-70; Idem, Des écoles à l’université... art. cit., p. 834-835.
Cf. J. W. Baldwin, Peter the Chanter... op. cit.; S. C. Ferruolo, The Origins... op. cit.; F. Morenzoni, Des écoles aux paroisses... op. cit.
Cf. J. Chatillon, Le mouvement théologique dans la France de Philippe-Auguste, dans La France de Philippe-Auguste... op. cit., p. 881-902, surtout p. 886-890.
Cf. L.-J. Bataillon, Early scholastic Preaching and Mendicant Preaching as Exegesis of Scripture, dans Ad litteram. Authoritative Texts and Their Medieval Readers, éd. M. D. Jordan et K. Emery Jr., University of Notre-Dame, 1994, p. 165-198; cf. aussi N. Bériou, L’avénement op. cit., p. 134s., sur la naissance d’un « nouvel art de prêcher » à cett époque. Sur l’ancienneté du lien entre exégèse, science sacrée et pastorale, cf. H. de Lubac, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l’Ecriture, t. I/1, Paris, 1959, p. 56-66.
F. Morenzoni, Des écoles... op. cit., examine cette question en détail, p. 81-86.
Cf. S. F. Brown, Key Terms in Medieval Theological Vocabulary, dans Méthodes et instruments du travail intellectuel au Moyen Âge, éd. O. Weijers, Turnhout, 1990, p. 82-96.
Cf. L.-J. Bataillon, Les crises de l’université de Paris d’après les sermons universitaires, dans Die Auseinandersetzungen an der Pariser Universität im XIII. Jahruhundert, hg. A. Zimmerman, Berlin-New York, 1976, p. 155-169[réimpression dans La prédication au XIII e siècle en France et en Italie, Aldershot, 1993, article VIII]. F. Morenzoni, Des écoles... op. cit., p. 68, dit avec raison que ces sermons sont avant tout destinés aux public universitaire, et non aux laïcs; le cas d’Eudes de Châteauroux est particulier, en ce qu’il a été entendu fréquemment par le laïcat, comme on le verra, mais point celui des paroisses auquel songeait Pierre le Chantre, plutôt celui des élites princières et royales.
Cf. L.-J. Bataillon, De la lectio à la Prædicatio: commentaires bibliques et sermons au XIII e siècle, dans RSPT, t. LXX (1986), p. 559-574 [réimpression dans La prédication... op. cit., Aldershot, 1993, article V]. Voir aussi J Verger, L’exégèse de l’université, dans Le Moyen Age et la Bible, Paris, 1984, p. 199-232, qui explique p. 202-203 que deux périodes brillantes de l’exégèse universitaire sont séparées par « une période moins féconde », s’étendant de 1205 environ à 1230. Deux corrections peuvent être apportées: l’exégèse est beaucoup passée par les sermons durant cette période intermédiaire, si l’on songe à des auteurs tels que Philippe le Chancelier, Jean d’Abbeville ou Guillaume d’Auvergne, qu’évoque J. Verger; secondement, un homme comme Eudes de Châteauroux appartient à la même école, même s’il n’apparaît que lors de la seconde période faste, en 1229, où J. Verger voit surtout briller les Mendiants; il le cite toutefois comme l’un des derniers grands noms séculiers, p. 205.
J. Verger, Des écoles... art. cit., indique p. 842 que c’est cette génération qui a fourni des prélats à la cour du futur saint Louis; or on sait que ce dernier goûtait fort la théologie et les sermons, cf. Y. Congar, L’Eglise et l’Etat sous le règne de saint Louis, dans Septième centenaire de la mort de saint Louis. Actes des colloques de Royaumont et de Paris (21-27 mai 1970), Paris, 1976, p. 257-271, ici p. 262 note 4.
Constitution 10 du concile, De praedicatoribus instituendis, dans Conciliorum œcumenicorum decreta (désormais cité COD, suivi de la pagination) a cura di G. Alberigo-G. L. Dossetti-C. Leonardi-P. Prodi, Bologne, 1991, p. 239. Sur le renouveau de la prédication au XIIIe siècle, voir plus généralement J. Le Goff et J.-C. Schmitt, Au XIII e siècle. Une parole nouvelle, dans Histoire vécue du peuple chrétien, dir. J. Delumeau, t. I, Toulouse, 1979, p. 257-279.
Cf. O. Pontal, Les statuts synodaux... op. cit.,introduction p. lxxvi-lxxvii, et texte latin-français des « préceptes synodaux courants » p. 71-79.
Cf. A. L. Gabriel, The Cathedral Schools of Notre-Dame and the Beginning of the University of Paris, dans Garlandia. Studies in the History of the Mediaeval University, Francfort, 1969, p. 39-64; Idem, The Conflict between the Chancellor and the University of Masters and Students at Paris during the Middle Ages, dans Die Auseinandersetzungen... op. cit., p. 106-154; J. Verger, Des écoles... art. cit., p. 826-827.
Cf. N. Bériou, L’avénement... op. cit., p. 130-131.