b) Traces précoces d’une technique personnelle de prédication

Les premiers sermons datables comme la personnalité d’Eudes de Châteauroux participent clairement de cette effervescence pastorale qui caractérise la capitale parisienne entre la fin du XIIe siècle et le premier quart du XIIIe 124 . On le vérifie précisément dans l’art de prêcher qu’il met en oeuvre à ses débuts, à partir des deux textes de 1226 et 1229 mentionnés 125 . Ces deux sermons témoigent aussi d’un trait caractéristique de sa manière: sa capacité à tirer parti des circonstances politico-religieuses contemporaines pour y déployer son art oratoire 126 . D’emblée donc son discours s’affirme autant comme le produit d’une école que l’inflexion qu’un auteur, avec ses préoccupations et compétences propres, est capable de lui imprimer.

Le thème du « sermo contra hereticos de Albigensibus partibus » est un unicum 127 , et celui du « sermo dominica tertia in quadragesima ad populum parisiensem tempore quo fuerunt quidam scholares interfecti » est assez rare 128 : à circonstances exceptionnelles, choix d’un thème biblique approprié. Dans les deux cas, les premiers mots du sermon illustrent que nous sommes en présence de « sermons modernes », dont les méthodes ont été mises au point entre 1170 et 1210, puisqu’un traitement du thème selon deux modes est immédiatement annoncé: « Verba ista, etsi multis modis intelligantur secundum sanctos, ad presens tantum duobus modis exponemus, primo allegorice, secundo tropologice » en 1226; « Hec verba duobus modis consideranda sunt » en 1229. Le sermon de 1229 n’est pas aussi explicite que celui de 1226 concernant les catégories du sens spirituel dont l’auteur souhaite faire usage pour développer son propos, mais on y décèle aisément, sous d’autres termes, l’utilisation des dites catégories: « Primo quomodo conueniunt [hec verba] miserabili statu huius ciuitatis » relève d’une interprétation allégorique, « secundo prout generaliter conueniunt patientibus recidiuum » renvoie à l’interprétation tropologique 129 . On a en général rattaché ce genre de prédication, où l’explication d’un thème biblique précis s’effectue par recours à deux ou plus des sens spirituels, à l’école victorine d’exégèse, qu’aurait prolongée certains maîtres de la fin du XIIe-début du XIIIe siècle; l’origine en remonte en fait aux débuts mêmes de l’herméneutique chrétienne 130 . Eudes de Châteauroux suit fréquemment cette voie pour développer ses sermons, mais il existait d’autres possibilités de développement ou, pour reprendre le vocabulaire des Artes praedicandide l’époque, de dilatation du sermon 131 . En considérant rétrospectivement l’évolution exégétique du XIIIe siècle, il semble donc en première approche qu’Eudes de Châteauroux s’en tienne, du moins à ses débuts, à une méthode ancienne, qu’on continuera à qualifier par commodité de « victorine », par opposition aux traités contemporains dont beaucoup proposent des modes de division du thème et surtout de dilatation du sermon en utilisant soit les techniques de la rhétorique antique, soit des méthodes d’accumulation (citations parallèles ou concordances, distinctions, etc.) tournées principalement vers une application tropologique 132 . Ici, aucune division explicite du thème n’est proposée par l’orateur pour annoncer son plan 133 . Il a recours, dans le sermon contre les hérétiques albigeois, au procédé suivant: il subdivise l’allégorie, qui monopolise en fait presque tout le texte, en trois idées, l’énormité du péché commis par les hérétiques, les raisons pour lesquelles a été instituée « cette procession » 134 , la consolation que l’Esprit saint apporte à l’Eglise en prophétisant dans le thème biblique la destruction de ses ennemis hérétiques 135 . Pour bien asseoir l’allégorie, Eudes de Châteauroux fidèle à la méthode victorine revient, avant de développer ses subdvisions, au sens littéral du thème, fondement, dans la théorie des sens pluriels, de tout commentaire spirituel de la Bible 136 : « A la lettre, il s’agit du crime atroce qu’ont commis les fils de Benjamin en assassinant l’épouse d’un Lévite à Gibéa, comme l’enseignent les chapitres 19 et 20 du livre des Juges » 137 . Quant au traitement tropologique du thème pourtant clairement annoncé, on n’en trouve pas trace, sauf à le lire sous la forme d’une dissémination, à travers le sermon et plus particulièrement sur sa fin, d’injonctions aux auditeurs sur la conduite à tenir face à l’hérésie albigeoise: on peut considérer que l’appel à venger le Christ dont l’Epouse a été déshonorée 138 , puis à prendre la croix dans la péroraison finale 139 , font office d’interprétation tropologique.

Il ressort de cette analyse qu’Eudes de Châteauroux, dès 1226, démontre une parfaite maîtrise du savoir-faire exégétique accumulé par les générations précédentes, disons depuis le milieu du XIIe siècle; qu’il préfère recourir, pour structurer son sermon, de préférence à la méthode victorine de la pluralité des sens de la Bible 140 . Cela ne signifie pas qu’il néglige, comme mode de dilatation proprement dite de ses subdivisions, les distinctions: sous la forme ancienne des interprétations, il a fréquemment recours à ce procédé, ainsi à propos des villes de Gabaha 141 ou de Hay 142 . On sait que les deux modes d’interprétation s’épaulaient et se contaminaient, puisque les recueils de distinctions fonctionnaient souvent sur le principe des trois ou quatre sens 143 . Mais chez Eudes de Châteauroux, c’est toujours le système inverse qui fonctionne: l’énoncé des différents sens possibles du thème, qu’il appelle aussi modes, commande des sous-développements à l’aide de distinctions, et non l’inverse. L’utilisation préférentielle de la pluralité des sens de l’Ecriture pour établir le plan du discours, la place majeure donnée à l’allégorie au détriment du sens moral étroitement entendu (comment bien agir), enfin l’adaptation partielle seulement de cette structure du sermon à une division en séquences du thème, tout cela demeurera sa marque propre 144 .

De même, la virulence du ton adopté dans cette prédication de circonstances porte sa marque: face à l’hérésie albigeoise, l’orateur n’envisage plus un instant que l’effort de conversion soit possible et utile 145 ; assassins, infidèles, pécheurs relaps 146 qu’il n’est plus concevable de voir se repentir 147 , bref malfaisants 148 , les hérétiques méritent d’être détruits 149 .

On retrouve la même virulence, mais aussi la même rigueur dans la méthode de structuration et de développement, avec le sermon de 1229 150 . A nouveau, le second point, c’est à dire l’interprétation tropologique, annoncé dans l’introduction, n’est pas traité; mais à la différence du sermon précédent, ce n’est point par manque de temps et urgence des circonstances semble-t-il, puisqu’il fait l’objet d’un sermon à part dans les mss, sur le même thème biblique 151 . S’agit-il de la pratique du sermon du matin et de la collation du soir, usage typiquement universitaire 152 ? C’est tout à fait possible, et dans ce cas le fait que l’orateur ait réservé l’interprétation tropologique à un second discours et à un auditoire exclusivement clérical me paraît très significatif 153 . Cette mise à l’écart de la troplogie dans le premier texte permet à l’orateur de se concentrer sur l’allégorie, puisque les mots du thème « conviennent au misérable état de cette ville » 154 . Aucun plan n’est annoncé, mais l’ensemble est en réalité fermement structuré par une mise en perspective historique de l’interprétation allégorique, qui prend le thème à rebours. Eudes décrit d’abord la façon dont le Diable a dû quitter Paris, « dont il avait été ejecté comme de sa propre demeure par la prédication du bienheureux Denis et de ses compagnons » 155 ; cette première partie du sermon correspond en fait à la seconde du thème, « unde exiui ». Il oppose ensuite à cette époque heureuse, dont il place le terme exactement à la mort du roi Louis VIII et au départ du prévôt Jean des Vignes, la situation catastrophique actuelle 156 . Chacune de ces deux grandes époques est subdivisée non plus historiquement, mais selon des distinctions qui permettent de marteler des chiffres et de frapper ainsi l’auditoire: jusqu’en 1226, et malgré le meurtre de saint Denis que le Diable était parvenu à fomenter, les Parisiens ont pu résister aux quatre cornes qu’il a suscitées depuis son exil pour « disperser Judas » (Zach. 1, 20) 157 , Judas c’est à dire « tout homme » 158 ; ces quatre cornes sont ses quatre armées: l’ignorance, l’erreur ou infidélité, le mauvais exemple, l’abondance des péchés. Les quatre armées sont aussi, nouvelle distinction par concordance, les quatre bêtes de Daniel (Dn. 7, 3): la lionne, correspondant à l’ignorance; l’ours à l’infidélité; le léopard au mauvais exemple; la quatrième est sans nom, « car qui pourrait nommer tous les péchés ? » 159 . Pour contrer ces quatre cornes, l’auteur revient à la citation de Zacharie et fait intervenir, tels des guerriers tentant de rompre un siège, les quatre forgerons destinés à les exterminer: la science du Seigneur, la vérité de la foi, le bon exemple, la sainteté du mode de vie 160 . Tels quatre fleuves sortant de la ville 161 , ils harcelaient le Diable qui résolut d’y revenir, car il n’était désormais nulle part à l’abri dans le monde. Outre le roi Louis VIII et son prévôt, qui veillaient conjointement à la sécurité de la capitale, les ordres mendiants avaient contribué à la purifier 162 . Le Diable s’est donc muni d’alliés, ses créatures, pour parvenir à ses fins, dont on découvre l’action aujourd’hui; il a tenu sa promesse contenue dans la première partie du thème: « Reuertar in domum meam ». « Ces jours-ci, la ville est devenue pire, d’un certain point de vue, qu’au temps du bienheureux Denis »; « si l’on tuait alors les clercs..., c’était par ignorance; on ne connaissait de fait pas la vérité. Aujourd’hui, on le fait par malignité, c’est à dire de par une méchanceté sûre d’elle-même, ... car ils sont sept à être intervenus dans des événements aussi atroces, en quelque sorte sept esprits démoniaques » 163 .

L’orateur peut ainsi enchainer un réquisitoire d’une extraordinaire violence verbale contre les auteurs du meurtre des étudiants et leurs complices, recourant à nouveau à une distinction pour identifier les sept esprits démoniaques qui ont sévi: le mépris de l’excommunication; la trahison; l’ingratitude (face à la multitude des bienfaits qui proviennent des clercs); la joie du Diable; la tristesse de l’Esprit saint et même de la Trinité; l’effusion de sang jointe au pillage; le sacrilège. Il s’exclame: « Le meurtre ne peut plus être caché, car le sang crie au ciel » 164 , et conclut en exhortant le peuple de Paris à s’abstenir de tels forfaits et à honorer les étudiants, « car beaucoup d’entre eux, quoique pauvres et abjects aujourd’hui, seront un jour grands dans l’Eglise de Dieu » 165 .

On retrouve exactement la même technique que celle mise en œuvre en 1226: poids de l’allégorie; développement secondaire de subdivisions par distinction; s’il n’y a pas lieu a priori de recourir au sens littéral du thème, puisqu’il provient de l’Evangile, il est évident que la mise en perspective historique joue ce rôle. C’est là une manière destinée à devenir caractéristique de la prédication d’Eudes de Châteauroux, phénomène accentué par l’exploitation du rôle de capitale universitaire de Paris en ayant recours aux sources narratives laïques: « Avant qu’il n’existât un studiumdans cette ville, d’autres villes étaient plus puissantes et plus réputées; dans les chroniques, il est abondamment question de Sens, de Bourges, de Langres et de leur puissance. Mais rien de tel ne se lit à propos de Paris, qui à présent, grâce à son studium , domine toutes les autres... O combien de clercs ont donné leurs âmes et, dans de pénibles épreuves, ont encouru la mort afin, par leur sience, d’illustrer la ville! » 166 . L’appel au patriotisme parisien et français est éclatant, à travers cet exemple comme celui du saint patron de la ville, Denis le premier évêque supposé de la capitale, qu’on identifiait alors à Denys l’Aréopagite, le compagnon de saint Paul 167 . Le saint protecteur parisien est considéré comme l’auteur de la fameuse translatio studiid’Athènes à Paris, figurant parmi les thèmes centraux de la conscience universitaire du temps 168 . L’identité des accusés est tout aussi claire: la royauté actuelle, par opposition au précédent règne 169 ; le légat nommément pris à parti 170 ; l’évêque qui ne protège pas la pupille de son oeil 171 . Ils ont méprisé l’excommunication dont Dieu lui-même menace dans la Bible ceux qui s’attaquent à ses oints: « Nolite tangere christos meos et in prophetis nolite malignari »  (Ps. 104, 15) 172 , en trahissant ceux-là mêmes dont la fonction consiste à protéger la ville contre le Diable 173 . Mais attention: les complices du meurtre ne tarderont pas à s’apercevoir « combien durement Dieu punit les homicides perpétués contre les clercs..., car dans cette ville tous ceux qui ont un jour tué des clercs ont été réduits à néant, ainsi que leurs demeures » 174 . A. Callebaut a parfaitement restitué le contexte historique dans lequel ce sermon a été entendu, en insistant sur ses aspects religieux et universitaires: intervention du pape en novembre 1229 prenant pour cible l’évêque, désavouant implicitement son légat, et opposant à la royauté, dont la main-mise sur l’institution depuis l’origine est patente 175 , la protection pontificale; l’interprétation qui voit dans la bulle « Parens scientiarum » du 13 avril 1231 176 la conséquence directe de ces événements, et donc du discours d’Eudes de Châteauroux, ne me paraît absolument pas exagérée.

L’attitude de ce dernier, sa virulence auraient pu lui valoir la méfiance de la royauté, or tout démontre qu’il n’en fut rien; ce sont les conséquences plus étroitement politiques de cette affaire qui méritent qu’on s’y attarde. H. Grundmann a montré avec quelle gravité le jeune roi Louis IX, alors âgé de 16 ans, avait considéré ces événements 177 ; c’est sans doute à lui qu’on doit imputer le retournement d’attitude du pouvoir laïc, c’est à dire la prise à contrepied de sa mère Blanche, régente du royaume; les explications de ce fait sont à chercher dans le prestige que vaut au roi de France l’université 178 , un roi sérieusement mis à mal par les arguments sécuritaires qu’a développés l’orateur, lequel fait clairement allusion, en structurant son sermon autour de l’année-charnière 1226, à une détérioration de la situation sur ce plan, dans une capitale en pleine expansion 179 .Dans la partie finale de la bulle « Parens scientiarum », c’est de fait au roi que le pape s’adresse pour lui demander de montrer à l’université les privilèges, désormais confirmés ou accordés par le souverain pontife, contenus dans la bulle 180 . Je serais enclin à dater de cette époque, en considérant l’affaire de 1229 comme un tournant, la véritable émancipation de Louis IX vis-à-vis de Blanche de Castille 181 . Le roi juge politiquement essentiel de conserver l’appui de l’université 182 , et l’on peut estimer que le discours d’Eudes de Châteauroux a joué, parmi d’autres facteurs, un rôle déclencheur. Sans doute aussi l’affaire confirme-t-elle à ses yeux l’importance fondamentale de la Parole, dont les maîtres en théologie sont par nature les porte-voix, prise de conscience que suggère Guillaume de Nangis en prêtant au roi cette réflexion que Dieu aurait pu lui souffler, n’eût-il modifié son attitude: « Puisque tu as rejeté le studium , je te rejette » 183 ; ce propos consonne avec ceux tenus par Eudes de Châteauroux: la nature religieuse du forfait commis se fonde sur une typologie biblique, lorsque l’orateur explique que « la voix du sang d’Abel crie contre vous, c’est à dire la voix des étudiants, qui sont venus [à Paris] pour consacrer au Seigneur leur jeunesse dans l’étude, comme on lui offre le premier-né de son troupeau », allusion au livre de la Genèse (4, 4) 184 . On sait par différentes sources que Louis IX appréciait profondément les discussions théologiques et les sermons, c’est à dire qu’il s’intéressait au contenu, au sens de la Bible, davantage qu’il ne goûtait les aspects essentiellement rituels, liturgiques de la vie de l’Eglise 185 . Je pense que le sermon d’Eudes de Châteauroux de 1229, s’il n’est pas l’unique cause de ce goût, a pu le renforcer; et faire remarquer l’orateur au roi, lequel on le verra ne l’a jamais oublié.

Notes
124.

Cf. N. Bériou, Ibidemp. 58s., sur les sermons des années 1210; Eudes de Châteauroux est représentatif de ce groupe à un autre titre, comme Séculier, car la plupart des maîtres formés et actifs durant cette phase précise le sont, à de rares exceptions près, cf. J. Chatillon, Le mouvement... art. cit., p. 882-886, même si le renouveau de l’exégèse proprement dite doit être situé en milieu canonial, celui de Saint-Victor. Le débat sur les rapports entre action et contemplation sont vifs dans ce groupe, qui place l’action nettement au-dessus de la contemplation malgré les attaques des claustrales, cf. B. Smalley, The Study of the Bible in the Middle Ages, Oxford, 19843, p. 249-255, entre autres le mot d’E. Langton: « Verbum Dei debet converti in opus », dans son commentaire de la Genèse (in Gen. III, 9) cité par J. Chatillon, Ibidem, p. 890 et note 41.

125.

RLSn° 863 et 192.

126.

N. Bériou, La prédication de croisade... art. cit., insiste p. 92 sur la fidélité du texte du sermon de 1226 à la parole réelle, par exemple les apostrophes du texte; par contre la présence d’un « exemplum de Samsone », mentionné mais non traité, suggère que l’édition des textes les amendait dans le sens d’une expurgation des éléments narratifs.

127.

Thème: « Profunde peccauerunt sicut in diebus Gabaha, recordabitur Dominus iniquitatis eorum et iudicabit peccata eorum » (Os. 9, 9), cf. J. B. Schneyer, Repertorium... op. cit., t. XI, p. 178 et N. Bériou, La prédication de croisade... art. cit., p. 93.

128.

Thème: « Reuertar in domum meam unde exiui » (Lc. 11, 24), cf. J.-B. Schneyer, Ibidem p. 259.

129.

RLSn° 192, f. 111va.

130.

Pour l’histoire très ancienne de la pluralité des sens de la Bible, cf. H. de Lubac, Exégèse... op. cit., t. I/1, Paris, 1959, p. 43-56, p. 139-169; sur l’école de Saint-Victor, C. Spicq, Esquisse d’une histoire de l’exégèse latine au Moyen Âge, Paris, 1944, p. 98-99. B. Smalley, The Study... op. cit., p. 86-106 (sur Hugues de Saint-Victor), p. 196-263 (sur Pierre Comestor, Pierre le Chantre et E. Langton, les trois « maîtres de la page sacrée »); Eadem, Stephen Langton and the four Senses of Scripture, dans Speculum t. VI (1931), p. 60-76; A. d’Esneval, Les quatre sens de l’Ecriture à l’époque de Pierre le Mangeur et de Hugues de Saint-Cher, dans Mediaevalia et christiana (XI e -XIII e siècles). Hommage à R. Foreville, s.l., 1989, p. 335-349. Pour l’héritage victorin appliqué aux sermons, voir N. Bériou, L’avènement... op. cit., p. 138-139. Les auteurs sont d’accord pour constater qu’il ne s’agit pas d’un schéma rigide mais plastique, à lire en fonction des objectifs concrets recherchés par le prédicateur; les deux sermons ici étudiés d’Eudes de Châteauroux illustrent ce constat, puisqu’il n’ont apparemment recours qu’à deux sens (trois en vérité, comme on va le voir).

131.

Cf. N. Bériou, L’avènement... op. cit. , p. 139-143; F. Morenzoni, Des écoles... op. cit., p. 200-222; il étudie en détail, parmi d’autres auteurs, deux contemporains d’Eudes de Châteauroux, Thomas de Chobham, dont l’Ars est achevé au plus tard en 1228, plutôt en 1222 (p. 23); Guillaume d’Auvergne, dont le traité sur la prédication n’est pas daté précisément, mais qui est régent de 1222 à 1228 puis évêque de Paris, de 1228 à 1249; on a vu qu’Eudes a maille à partir avec lui en 1229.

132.

T. de Chobham serait à rattacher au premier groupe, Guillaume d’Auvergne au second, d’après la description de F. Morenzoni, Ibidem.

133.

Alexandre d’Ashby, qui compose son De artificioso modo praedicandientre 1200 et 1215, propose la division comme méthode d’établissement du plan du sermon, cf. N. Bériou, L’avénement... op. cit., p. 142, et F. Morenzoni, Des écoles... op. cit., p. 205-211. A mon sens, le premier historien à avoir réellement pris au sérieux (trop peut-être) les prescriptions des Artes, en cherchant à en vérifier l’application dans la prédication effective, est E. Gilson, Michel Menot et la technique du sermon médiéval, dans Les idées et les lettres, Paris, 1932, p. 93-154; Idem, De quelques raisonnements scripturaires usités au moyen âge, Ibidem, p. 155-169. A tout le moins démontre-t-il que l’observation de règles de composition ne relève en fait pas d’un problème formel, mais religieux (Michel Menot... art. cit., p. 98: « On voit immédiatement que nous ne sommes pas ici devant une œuvre littéraire à composer, mais devant une fonction religieuse à remplir »).

134.

Mss Orléans, Bibl. mun. 203,f. 294ra-295rb; Arras, Bibl. mun. 876, f. 88vb-90rb; je cite d’après le ms. d’Orléans, ici f. 294rb:« Secundo quare instituta sit hec processio »; le sermon est donné dans le cadre d’une procession liturgique, ce que confirme à la fin du texte cette autre allusion (f. 295rb): « Fiunt etiam et processiones ut sic sanctorum auxilia impetrentur », cf. N. Bériou, La prédication de croisade... art. cit., qui mentionne p. 103 ce cadre sans explications; C. Maier, Crisis... art. cit., étudie le cadre liturgique des sermons de croisade, fréquemment pénitentiel et processionnel.

135.

Cette méthode de division par ce que j’appelle ici des « idées » (à la suite d’E. Gilson, Michel Menot... art. cit., p. 109s.) se traduit parfois chez notre auteur par l’utilisation de la technique des circonstances, comparable aux procédés de la rhétorique antique; il faut donc nuancer à son propos, car il n’ignore rien des nouvelles techniques du sermon moderne; ainsi dans la série de 1230-1231 que je vais examiner ensuite, certains sermons sont divisés à partir de la matière du thème, permettant de traiter la totalité de la péricope biblique dont ce thème est issu, et retrouvant de ce fait la méthode plus traditionnelle de l’homélie patristique ou monastique; dans ce cas, seul un sens, en général l’interprétation tropologique ou morale, porte précisément sur le thème, voir un exemple donné par N. Bériou, L’avènement... op. cit., p. 159. La méthode adoptée pour diviser et développer le thème du sermon contre les hérétiques albigeois s’apparente à ce procédé, mais en privilégiant l’allégorie, voir mon analyse ci-dessous.

136.

Voir entre autres M.-D. Chenu, Théologie symbolique et exégèse scholastique aux XII e -XIII e siècles, dans Mélanges J. de Ghellinck, t. II, Gembloux, 1951, p. 509-526.

137.

F. 294ra: « Ad litteram tangit illud immanissimum scelus quod commiserunt filii Beniamyn interficiendo uxorem Leuites in Gabaha ». L’histoire du crime de Gibéa est en effet narrée dans ses détails par le livre des Juges (19, 29-30); le passage d’Osée qui fournit le thème ne fait que rappeler ce crime, au moment où le prophète annonce le châtiment à venir d’Israël.

138.

F. 295rb: « Et Ecclesia, immo ipse Dominus, clamat ad filios suos ut hanc iniuriam vindicent ».

139.

F. 295rb: « Currite ergo, karissimi, et festinetis ut hanc indulgentiam habeatis, signum crucis viuifice assumentes ».

140.

Cela alors que s’impose à cette époque la technique de la distinctio, à partir du verset entier, ou d’une partie seulement de celui-ci, voire d’un seul mot, cf. N. Bériou, L’avénement... op. cit., p. 152s.

141.

F. 295ra: « Hay interpretatur vita vallium ».

142.

F. 295ra: « Gabaha interpretatur vallis alta, profunda », cf. G. Dahan, L’exégèse... op. cit., p. 145 sur les interprétations comme sous-groupe des distinctions; p. 314s. sur le genre. Eudes de Châteauroux lui-même a composé des Distinctiones super Psalterium, cf. N. Bériou, L’avénement... op. cit., p. 140 et p. 179.

143.

Cf. N. Bériou, Ibidemp. 155.

144.

N. Bériou établit toutefois un parallèle avec Philippe le Chancelier, de la même génération qu’ Eudes de Châteauroux, en les oppposant aux autres prédicateurs de la série de 1230-1331, davantage portés sur l’interprétation directement tropologique du thème, cf. Eadem, Ibidemp. 162 à propos de frères mineurs et de Guillaume d’Auvergne (dont le traité de prédication cité supra confirme cette tendance).

145.

Cf. N. Bériou, La prédication de croisade... art. cit., p. 99.

146.

Eudes de Châteauroux retourne ici habilement le thème classique des malheurs des chrétiens « peccatis exigentibus »: ce sont les Albigeois qui, en vertu de cet adage, doivent être châtiés, cf. N. Bériou, Ibidemp. 98; le texte dit (f. 294va): « Nichil enim adeo sordidat animam ut peccatum hereseos. Hoc autem fuit peccatis eorum exigentibus. Numquam Dominus eos permisisset cadere in peccatum infidelitatis nisi prius per peccata sua Dominum dimisissent ».

147.

F. 295ra: « Etiam ideo profunde dicuntur peccare heretici, quia vix possunt euelli a peccato hereseos ».

148.

F. 295rb: « ut omnes sicut boni filii communiter insurgant aduersus malignantes, id est hereticos predictos ».

149.

F. 295rb: « Et rogemus Dominum Ihesum Christum ut destruat hereses ».

150.

RLS n° 192 (mss de Rome, AGOP XIV, 32, f. 111va-112vb; Paris, BNF latin 12423, f. 153va-154rb; Troyes, Bibl. mun. 271, f. 113rb-114ra; Berlin, Staatsbibliothek, Lat. fol. 932, f. 93va-93rb); je citerai d’après le ms. de Rome.

151.

RLSn° 193 (mss de Rome, AGOP XIV, 32, f. 112vb-113vb; Paris, BNF latin 12423, f. 152rb-153va; Paris, BNF latin 15959, f. 563ra-564rb; Troyes, Bibl. mun. 271, f. 114ra-114rb; Berlin, Staatsbibliothek, Lat. fol. 932, f. 94rb-94vb); je citerai d’après le ms. de Rome. Ce fait a déjà été remarqué par A. Callebaut, Le sermon historique... art. cit., p. 109 note 2, avec l’édition du sermon RLS n° 192.

152.

Sur cet usage, cf. J.-G. Bougerol, introduction à l’édition de Sancti Bonaventurae Sermones Domincales, Grottaferrata, 1977, p. 16-17; Idem, Saint Bonaventure. Sermons de Diuersis, Paris, 1993, t. I, introduction p. 7; Idem, La prédication dans les Studia des Mendiants, dans Convegno di Studi sulla Spiritualità medievale, Todi, 1977, p. 251-280; N. Bériou, L’avénement.. op. cit., p. 109-114, qui précise p. 112 qu’on ne voit pas trace de cet usage dans la série de 1230-1231; le dédoublement en sermon et collation serait pourtant, d’après le témoignage des deux sermons d’Eudes de 1229, antérieur à 1231 (voir N. Bériou, Ibidem, note 138 p. 111: renvois bibliographiques sur les différents sens possibles du mot « collation »).

153.

Les éléments qui semblent prouver qu’on a affaire à un sermon et une collation: l’identité du thème biblique (aussi la rubrique du RLSn° 193: « Sermo de eodem themate », f. 112vb); le fait que le début du sermon RLSn° 193 reprenne exactement le sens moral annoncé dans le sermon précédent (« In hac serie euangelii ostenditur causa recidiuationis, cum dicit: Inuenit eam vacantem et scopis mundatam et ornatam », f. 112vb [Mt. 12, 44]); que ce danger de récidive soit appuyé par une citation de Matthieu: Assumpsit septem spiritus nequiores se (Mt. 12, 45) qu’on trouve déjà dans le premier sermon; une autre citation commune, celle de Mt. 12, 44 qui figure ci-dessus, est appliquée allégoriquement dans le sermon RLSn° 192 aux ordres mendiants, voir ci-dessous.

154.

Passage cité supra note 95.

155.

F. 111va: « ... ciuitate parisiensi, a qua quasi a propria domo eiectus fuit dibaolus per predicationem beati Dyonisii et sociorum eius ».

156.

F. 112rb: « Vere vacauerat et quieuerat hec ciuitas a malo, tempore regis Ludouici et Iohannis de Vineis ».

157.

F. 111va: « A Parisius enim processerunt quatuor, quasi quatuor acies, que diabolum quasi per totum mundum fugauerunt et molestauerunt, sicut legitur Zachar. i° ».

158.

F. 111vb: « Hec quatuor acies omnem Iudam, id est hominem, ventilabant ».

159.

F. 112ra: « Quarta bestia terribilis (Dn. 7, 7) nec nominatur, quia quis posset omnia peccata nominare ? ».

160.

F. 112rb: « Sed a Parisius egrediebantur quasi quatuor fabri ad conterendum hec quatuor cornua, scilicet scientia Domini, veritas fidei, bonum exemplum, sanctitas conuersationis ».

161.

Sur cette image des quatre fleuves sortant de Paris à l’image de ceux qui sortent du Paradis, voir S. Lusignan, « Vérité garde le roy ». La construction d’une identité universitaire en France (XIII e -XV e siècle) , Paris, 1999, p. 236 (citant CUP, doc. n° 69: réprimande du pape à G. d’Auvergne de novembre 1229; et doc. n° 75 de l’année suivante).

162.

F. 112rb: « Scope, id est duo ordines Predicatorum et Minorum, eam [Paris] mundauerant, maxime quoad scolares, quorum quamplurimi hos ordines intrauerunt ».

163.

F. 112rb: « Ita contigit hiis diebus, quia peior effecta est ciuitas, quo ad aliquid, quam tempore beati Dyonisii fuerit. Tunc enim si occidebant clericos, ut beatum Dionisium et socios eius, hoc faciebant ex ignorantia. Nesciebant enim veritatem. Modo hoc faciunt ex malignitate, id est ex certa malitia, ... quia septem in tam atroci facto interuenerunt, quasi septem spiritus demoniaci ».

164.

F. 112vb: « Multrum celari non potest, quia sanguis clamat ! ».

165.

F. 112vb: « ... scolares diligatis et honoretis, quia multi ex eis, licet modo sint pauperes et abiecti, adhuc erunt magni in Ecclesia Dei ».

166.

F. 111rb-112va: « Antequam studium esset in ciuitate ista, erant alie ciuitates maioris potentie atque fame. In cronicis multa leguntur de Senonis, de Bituris, de Lingonis et de potentia eorum. Sed nichil tale legitur de ciuitate parisiensi, que modo propter studium supereminet uniuersis... O quot clerici animas suas dederunt et magnis laboribus periculum mortis incurrerunt ut doctrina sua hanc ciuitatem illustrarent ! ».

167.

Cf. S. Lusignan, « Vérité garde le roy »... op. cit.,p. 241s., sur le rôle du chroniqueur Primat, p. 243 sur celui de Guillaume de Nangis dans la promotion de Denis; on doit admettre, avec le témoignage d’Eudes de Châteauroux une nette antériorité de ce type de propagande sur les dates en général admises; voir aussi B. Hauréau, compte-rendu de l’ouvrage de J.-B. Pitra, Analecta... op. cit., dans Journal des Savants(août 1888), p. 466-477, ici p. 474, citant un sermon plus tardif, le RLSn° 737, « Sermo de beato Dyonisio et sociis suis », sans doute de la fin des années 1260 eu égard aux mss qui le contiennent (ms. de Paris, Bibl. Maz. 1010, f. 115rb-117ra; ms. de Pise, Bibl. Cateriniana 21, f. 94ra-95vb; texte cité mais non édité par F. Iozzelli,Odo da Châteauroux... op. cit., p. 59; pour la date de ces mss, voir leurs notices en annexe); en substance le f. 116v° du ms. de la Mazarine explique que saint Denis est venu combattre pour le Seigneur en France, et a transmis à sa nouvelle patrie et plus particulièrement à sa chevalerie sa magnanimité, ainsi que l’audace militaire qui caractérisait les Grecs et qu’a incarnée Alexandre le Grand; il a aussi fait don aux Français de sa science de l’Ecriture; de sorte que ces derniers sont prêts à tout pour combattre en faveur de la foi: se dépouiller, vendre leur patrimoine, etc. Voir aussi C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris, 1985, p. 83s., qui montre que l’identification entre l’évangélisateur de la Gaule et le compagnon de saint Paul a toujours fait l’objet d’une controverse; A. Lombard-Jourdan, « Montjoie et saint Denis ! ». Le centre de la Gaule aux origines de Paris et de Saint-Denis, Paris, 1989, surtout p. 201s.

168.

Voir note précédente pour la translatio, ainsi que S. Lusignan, « Vérité garde le roy »... op. cit.,p. 225-247, qui suit les analyses de H. Grundmann, Sacerdotium-Regnum-Studium. Zur Wertung des Wissenschaft im 13. Jahrhundert, dans Archiv für Kulturgeschichte, t. XXXIV (1952), p. 5-21, surtout p. 8 note 6 pour les sources véhiculant ce thème; l’ensemble est repris dans Idem, Vom Ursprung der Universitäten im Mittelaters, Darmstadt, 19642, p. 337 pour la translatio, et p. 336 pour le thème plus général des relations entre Sacerdotium, Regnum et Studium.

169.

F. 112va, comparaison entre clercs et laïcs à partir d’un événement de l’ancien testament: « Legimus de Saul quod fecit interfici sacerdotes Nobe [cf. 1. Rg. 22, 18-19]. Et tunc temporis omnes de tribu Leui sacerdotes apellabantur, et propter hoc peccatum tota domus eius deleta fuit. II° Re. i° legitur dixisse Dauid: Quare non timuisti mittere manum tuam ut occideres Christum Domini ? Et precepit ut interficeretur: constat quod maior est unctio presbyteri quam regis ».

170.

F. 112rb: « Legatus [Romain de Saint-Ange], etiam sedis apostolice, tam atroci facto absoluere non consueuit ».

171.

F. 112rb: « Primus, contemptus excommunicationis, quia qui hoc fecerunt inciderunt in canonem sententie, etiam a Domino promulgate in psalmo: Nolite tangere christos meos et in prophetis nolite malignari[Ps. 104, 15]; Zac. i°: Qui tangit vos tangit pupillam oculi mei [Zc. 2, 8] »; c’est Guillaume d’Auvergne qui aurait dû procéder à l’excommunication.

172.

Cf. note précedente.

173.

F. 111rb: « Dauid erat in Ceyla ad defensionem ciuitatis contra Philisteos, et tamen ipsi proditorie eum tradere volebant in manu Saulis. Scolares vero sunt in ciuitate ista ad muniendum eam contra diabolum, immo ad defensionem totius mundi contra ipsum. Proditio ergo magna est interficere eos ».

174.

F. 112vb: « Quam districte Deus puniat homicidia perpetrata in clericos, apparet in cuitate ista, quia omnes qui interfecerunt clericos alio tempore ad nichilum sunt redacti, et domus eorum ».

175.

Cf. J. Verger, Des écoles à l’université... art. cit ; Idem, A propos de la naissance de l’université... art. cit.

176.

On n’y peut trouver d’échos directs du discours du maître-régent, mais on y lit une allusion à la prédication, ainsi que des développements sur le rôle du Diable dans cette affaire, thème central du sermon comme on l’a vu.

177.

H. Grundmann, Sacerdotium... art. cit., p. 13s.

178.

Idem, Ibidem p. 14s. sur la triade Eglise-Etat-Université, dont l’entente harmonieuse règle le sort du monde occidental, la France ayant particulièrement hérité du prestige lié au savoir grâce à la translatio studii ; cf. aussi S. Lusignan, « Vérité garde le roy »... op. cit.,p. 238, et p. 243-244 où il analyse la forme légérement différente de la triade présentée par Guillaume de Nangis: foi-sagesse-valeur miltaire, petite divergence déjà relevée par H. Grundmann, et qui s’apparente de toute évidence à la version de propagande, française, de la triade, puisque c’est exactement ce que l’on trouve trente ans plus tôt sous la plume d’Eudes de Châteauroux, dans le sermon évoqué supra, note 133 (RLSn° 737).

179.

Louis VIII est mort en 1226; le prévôt Jean des Vignes dont l’action est louée par l’orateur n’est connu pour avoir exercé cette fonction dans la capitale que de 1233 à 1227 au plus tard (on le retrouve ensuite bailli à Rouen, peut-être dès 1226); on ne lui connait de successeur qu’à partir de 1231 à Paris: Raoul Dessus L’Eau prend à cette date cette charge; il est donc probable qu’une vacance de cette fonction, correspondant aux débuts troublés du règne de Louis IX encore mineur, est en cours au moment du meurtre des étudiants, ce qui peut expliquer des débordements policiers. Cf. sur l’insécurité à Paris, les institutions parisiennes, la lente prise de conscience de la spécificité liée aux fonctions de capitale, W. C. Jordan , The Challenge... op. cit., p. 171s.

180.

Cf. texte dans CUP, loc. cit. p. 139.

181.

Cf W. C. Jordan, The Challenge... op. cit., p. 3-13 pour la première régence de Blanche et ses rapports avec son fils.

182.

G. de Nangis, le meilleur témoin de cette prise de conscience, n’écrit certes qu’au début du XIVe siècle. Mais on sait qu’il tire ses informations d’une chronique contemporaine des faits aujourd’hui perdue, celle de Gilo, cf. H. Grundmann, Sacerdotium... art. cit., p. 13 note 15.

183.

Cf. H. Grundmann, Ibidem p. 13.

184.

F. 112va: « Vox sanguinis Abel contra vos clamat ad Dominum, id est scolarium, qui ad hoc venerant, ut iuuentutem suam quasi primogenita gregis sui Domino offerent in studio ».

185.

Cf. Y. Congar, L’Eglise et l’Etat... art. cit., p. 262 et note 4; l’auteur remarque Ibidem, note 5, que le roi a conseillé à son beau-frère Henri III d’Angleterre d’aller moins à la messe et d’écouter davantage de sermons. Voir aussi J. Le Goff, Saint Louis, Paris, 1996, p. 210-213, sur le détour à Hyères, chez Hugues de Digne, au retour de la croisade en 1254, pour entendre un sermon; voir surtout N. Bériou, Robert de Sorbon. Le prudhomme et le béguin, dans CRAIBL (avril-juin 1994), passim.