c) La grève universitaire de 1230-1231

Si le roi n’est directement pour rien dans le rôle désormais fondamental que joue Eudes de Châteauroux au sein de l’université, il a dû sans déplaisir assister à sa consécration comme orateur, révélée par la place qu’il occupe dans la série de reportations 186 de sermons de l’année 1230-1231, que contient le ms. de Paris, BNF nal 338, déjà évoqué 187 . Il en ressort un premier constat: malgré son rôle dans le déclenchement des événements, il est clair qu’Eudes de Châteauroux n’a pas quitté Paris durant la grande grève, puisqu’il est l’orateur le plus prolifique de cette série universitaire de 1230-1231. L’existence de ce ms. pose donc un petit problème aux historiens, qu’ils n’ont à ma connaissance pas relevé: si la dispersion évoquée fut aussi totale que le donnent à penser les chroniqueurs contemporains, et d’après eux les historiens, comment expliquer qu’on possède une série de reportations correspondant exactement, pour les dates extrêmes des discours qu’elle contient, à l’année universitaire ? Qui plus est, la présence parmi les orateurs d’Eudes de Châteauroux, mais aussi du chancelier Philippe 188 , partisan également des étudiants et adversaire l’année précédente de Guillaume d’Auvergne pour l’élection au siège épiscopal parisien 189 , mais opposant farouche à l’évêque et au reste des maîtres sur la question de la pluralité des bénéfices comme nous allons le voir, la présence également de Guillaume d’Auvergne 190 , obligent à écarter l’hypothèse que seuls des maîtres « non grévistes » seraient représentés dans le manuscrit et que les discordes au sein de l’université parisienne auraient été aussi profondes qu’il y paraît à première vue. Le fait que les étudiants ont constitué l’essentiel, sinon la totalité de l’auditoire de ces sermons, prouve que tous n’avaient pas fui Paris. Il faut donc ramener à des proportions plus réduites les effets de la grande dispersion de 1230-1231; ou interpréter la collaboration, dans ce cadre précis, de prélats par ailleurs adversaires, comme un ralliement consensuel autour d’une mission qui s’mpose à tous comme fondamentale: la diffusion de la Parole dans la capitale capétienne. Concernant Philippe le Chancelier, M.-M. Davy remarque que ses deux sermons sont tardifs 191 , donnés le 20 mars et le premier août 1231, et doivent été prononcés alors que le conflit était en voie d’apaisement, selon elle depuis l’automne 1230; entre cette date et les deux prises de parole de Philippe, intervient de fait la bulle « Parens scientiarum ». Même si l’on devait ranger Philippe dans le camp des grévistes virulents, en se fiant à un autre sermon contenu dans un ms. d’Avranches, et donné le 6 avril 1230 à Orléans où une partie des grévistes s’est réfugiée 192 , on y relève qu’il incite les étudiants à revenir à Paris; il a de même fait partie des hommes convoqués à Rome par Grégoire IX en 1230, afin de sortir de l’impasse 193 . D’autres indices vont dans le sens de l’apaisement, notamment la présence conjointe dans le recueil de maîtres séculiers et d’orateurs issus des ordres mendiants (trente sept sermons aux Mendiants contre quarante six aux Séculiers; un sermon demeure anonyme). Ces derniers, notamment les Dominicains, ont-ils, c’est l’avis de beaucoup d’historiens, profité de la situation troublée de l’université pour s’y affirmer ? On sait en effet que leurs deux premières chaires leur viennent de cette époque: le régent Jean de Saint-Gilles, qui donnait durant la grève des cours au studiumdominicain de Saint-Jacques, a vu l’évêque Guillaume reconnaître institutionellement cette situation de fait, de sorte que lorsque Jean a transmis son poste à un frère, Roland de Crémone, en 1229, la première chaire dominicaine était née; la seconde s’ajoute lorsque Jean lui-même, qui a recommencé son enseignement, prend le 22 septembre 1230 l’habit des Prêcheurs durant un sermon 194 . Si les Mendiants devaient plus tard rencontrer des adversaires résolus en la personne de certains maîtres séculiers 195 , on a la preuve que durant la première décennie au moins correspondant à leur arrivée à Paris, ces ordres ont aussi trouvé chez les clercs séculiers un excellent accueil 196 .

Significativement, les Séculiers demeurent majoritaires dans ce calendrier de 1230-1231; on doit bien sûr y lire l’effet des règles de répartition des rôles au sein de cette prédication. Il n’en reste pas moins que le caractère violent de la querelle entre Séculiers et Mendiants ne doit pas être anticipé, et à la lumière de ce document, sans doute faut-il clairement le minorer. C’est plus tard qu’un regard rétrospectif sur ces événements a pu les faire apparaître comme le début de l’immiscion subreptice des Frères dans un domaine jusque là réservé aux clercs séculiers. La personnalité d’Eudes de Châteauroux et son rôle dans cette séquence oratoire apparaissent à la fois comme cause et conséquence de cette bonne entente. Il faut en fait ramener la durée réelle d’une grève « dure » à l’année universitaire 1229-1230 environ: Eudes de Châteauroux prêche dès le huit septembre 1230 197 , entamant ainsi une série de vingt-sept sermons répartis assez régulièrement d’un bout à l’autre de l’année, jusqu’au 17 août 1231, sauf une parenthèse assez longue de deux mois environ (entre le 22 janvier 1231 et le 30 mars 1231) 198 ; il prend la parole presque une fois sur trois (vingt-sept sermons sur un total de quatre-vingt quatre) dans ce cadre, ce qui n’exclut pas d’autres prises de parole ailleurs; il le fait dans des circonstances assez différentes: deux fois en synode 199 , ce qui tendrait à prouver que le milieu clérical parisien apprécie ses talents 200 ; dans différentes églises, repérables lorsque la rubrique le permet (onze identifications possibles en tout sur les quatre-vingt quatre sermons), c’est à dire: Saint-Antoine deux fois (sermons n° 8 et n° 75), Saint-Victor (n° 39), Saint-Jacques (n° 42), Sainte-Geneviève (n° 80); soit là encore, nonobstant la présence possible d’un public plus large 201 , devant une grande diversité d’auditoires cléricaux et religieux, attestant sa capacité à toucher toutes sortes de publics, religieux mendiants mais aussi bénédictins, chanoines victorins, Cisterciennes 202 . Quelle qu’elle soit, la nature de l’auditoire n’intimidait pas l’orateur, qui paraît profiter de la présence des intéressés pour se montrer d’autant plus rude dans ses propos, sur tout ce qui touche à la vie spirituelle et au gouvernement de l’Eglise. Ainsi, à Sainte-Geneviève, il s’en prend violemment aux supérieurs religieux paresseux, incitant les « claustrales minores » à s’en débarasser si besoin est 203 ; la même opposition entre abbés et simples moines formait déjà l’ossature du sermon n° 74 204 , les seconds étant astreints, injustement selon Eudes de Châteauroux, à une discipline plus rude que les premiers, là où l’égalité s’impose. Un second angle d’attaque est constitué par la question de la pluralité des bénéfices 205 , car la possession de plusieurs prébendes, souvent justifiée par la nécessité de pourvoir à l’entretien des études 206 , entraine en réalité la non-résidence et la négligence de la cure d’âmes; des attaques violentes sur ce thème sont contenues dans les sermons n° 36 207 , n° 57 en synode, où Eudes condamne l’absence des clercs à l’office, car ils courent les rues au lieu de desservir leurs églises 208 ; pour ceux d’entre eux qui font l’effort d’être présents, leur tenue débraillée montre leur mépris pour le culte, quand son impudicité ne fait pas craindre les pire vices chez ces clercs 209 ; les n° 58 210 et 65 relancent encore ces attaques permanentes contre la non-résidence et la pluralité des bénéfices, intrinsèquement liées. Si l’étude, but principal de l’étudiant, constitue en soi une tâche admirable 211 , elle est trop souvent détournée de ses véritables objectifs par des clercs dont la tête enfle 212 , et qui s’avèrent rapidement plus préoccupés par le trafic des dignités ecclésiastiques 213 conduisant au népotisme 214 , que par la santé spirituelle de leurs ouailles. Le résultat est logique: toutes les catégories de la société sont corrompues, puisque ceux qui devraient montrer la voie verbo et exemplo 215 faillissent. C’est le cas des laïcs 216 qui ne respectent pas les fêtes sacrées 217 , répugnent à une pratique religieuse régulière de peur d’être accusés de papelardise 218 , fréquentent moins les sermons, alors qu’on peut en écouter à Paris davantage qu’ailleurs 219 , et qu’il convient d’obéir aux commandements qu’on peut y entendre 220 ; cette attitude mène tout droit à la contestation des vérités de foi 221 , voire à l’hérésie 222 .

Pour reprendre une formule de N. Bériou, nous sommes bien face à des sermons aux clercs et aux simples gens; peut-on distinguer entre le style de tel ou tel discours, selon qu’il s’adresserait plutôt à une catégorie qu’à l’autre, et témoignerait ainsi d’un essai d’adaptation aux auditoires ? Répondons d’emblée que non. Ce qui se révèle, ce sont plutôt des différences dans la nature des thèmes abordés 223 , ainsi que des méthodes différentes d’exégèse, selon deux axes que je qualifierais, l’un de « biblique moral », dans la lignée de Pierre le Chantre 224 , l’autre de « victorin », dont Eudes de Châteauroux est plus proche 225 . Il ne convient pas d’exagérer les différences: le sens tropologique est davantage mobilisé chez ceux que j’apparente à l’école morale 226 , tandis qu’Eudes de Châteauroux, en privilégiant l’allégorie, en élargissant sa matière au-delà du thème 227 , et en insérant fréquemment son propos dans une vision historique du christianisme jouant de la typologie, donc nécessitant un retour préalable au sens littéralo-historique, applique son exégèse de la Bible moins à des comportements individuels qu’à une vision collective du rôle et du devenir de l’Eglise militante. Il s’en explique dans un long sermon consacré pour partie à l’exégèse, pour partie à la hiérarchie des différentes sciences et au rôle réel, mais ancillaire, dans la vieille tradition augustinienne, de la philosophie 228 . Bref, je suis d’accord avec N. Bériou pour juger qu’on peut, assez précocement, reconnaître la marque d’Eudes de Châteauroux 229 ; je crois que cette tendance s’est accentuée avec le temps, moyennant des adaptations en fonction notamment des rapports plus ou moins directs que les sermons entretiennent avec l’actualité 230 .

Notes
186.

De l’avis de tous ceux qui l’ont étudié, M.-M. Davy, Les sermons... op. cit.; R. Rusconi, Reportatio, dans Dal pulpito alla navata. La predicazione medievale nella sua recezione da parte degli ascoltatori (secc. XIII-XV) = Medioevo e Rinascimento, t. III (1989), p. 7-36; le plus récemment N. Bériou, voir note suivante.

187.

Sur ce manuscrit, outre M.-M. Davy Les sermons universitaires...op. cit., voir désormais N. Bériou, L’avènement... op. cit. , p. 109-115 et p. 157-165 sur la répartition (géographique et entre orateurs) des sermons, et le contenu; p. 683-686 pour la liste des textes, leur datation, etc.; cette liste corrige quelques erreurs de M.-M. Davy cit., aboutit au même total de sermons, 84, dont 27 (26 selon M.-M. Davy) attribués à Eudes de Châteauroux, cf. sur cet ajout la note 150 p. 114. Sur ce que sont les reportations, la façon dont on les identifie à coup sûr, et leur intérêt documentaire dans le cas des sermons, voir désormais, outre R. Rusconi cit.note précédente, N. Bériou, Ibidem, p. 73-131.

188.

Voir ses deux sermons dans le relevé de N. Bériou, Ibidem p. 685 et 686, analysés p. 158-159.

189.

Cf. N. Bériou, Philippe le Chancelier, dans DS, t. XI/1 (1984), col. 1289-1297, ici col. 1290; N. Wicki (éd.), Philippi cancellarii parisiensis Summa de bono..., Berne, 1985, introduction p. 26; Idem, Philipp der Kanzler und die Pariser Bischofswahl von 1227-1228, dans Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie, t. V (1958), p. 318-326.

190.

Cf. N. Bériou, L’avénement... op. cit. , p. 683 (analyse du sermon p. 162).

191.

M.-M. Davy, Les sermons... op. cit., p. 125.

192.

Cf. N . Bériou, Ibidem p. 158; M.-M. Davy, Ibidem p. 126, qui édite le texte à la suite des deux sermons de Philippe de 1231 contenus dans le ms. de Paris, p. 167-177.

193.

Cf. N. Wicki, Philippi cancellarii... éd. cit., introduction p. 21-22.

194.

Cf. M.-M. Davy, Ibidem p. 134-135; M.-M. Dufeil, Guillaume de Saint-Amour et la polémique universitaire parisienne, 1250-1259, Paris, 1972, p. 24-25; N. Bériou, L’avénement... op. cit.,p. 114. On a vu le jugement élogieux porté par Eudes de Châteauroux en 1229 sur l’action des Mendiants; il fait allusion dans le même texte au fait que de nombreux étudiants ont pris l’habit des Frères, signe que le climat était meilleur que vingt années plus tard environ, cf. note suivante.

195.

C’est le coeur de l’ouvrage de M.-M. Dufeil, Guillaume... op. cit.

196.

Cf. R. Lerner, Weltklerus und religiöse Bewegung im 13. Jahrhundert. Das Beispiel Phillips des Kanzlers, dans Archiv für Kulturgeschichte, t. LI (1969), p. 94-108 ; le cas d’Eudes de Châteauroux est typique, voir plus loin l’évocation des nombreux sermons qu’il consacre aux Dominicains et aux Franciscains, dont quelques-uns ont été édités: par A. M. Walz, Odonis de Castro Radulphi S.R.E. Cardinalis Episcopi Tusculani sermones sex de sancto Dominico, dans Analecta sacri ordinis fratrum predicatorum, t. XXXIII (1935), p. 30-79 (174-233); F. Gratien, Sermons franciscains du cardinal Eudes de Châteauroux (mort en 1273), dans Etudes franciscaines, t. XXIX (1913), p. 171-195 et 647-655; t. XXX (1913), p. 291-317 et 415-437. Ces deux auteurs ne fournissent pas la série complète de tous les sermons relatifs aux Mendiants, puisque celui sur saint François évoqué supra, de 1265, ne figure pas dans l’édition de F. Gratien; d’autres seraient sans doute repérables grâce aux rubriques. Certains sont datables et je les ai intégrés dans mon corpus, voir ci-dessous.

197.

Cf. N. Bériou, L’avènement... op. cit.,p. 683; c’est le premier sermon de la série; les vacances universitaires sont en fait assez courtes à cette époque, cf. la bulle « Parens scientiarum », éd. cit.p. 138; l’activité de prédication, d’après ce document, ne paraît pas s’interrompre.

198.

Cf. N. Bériou, Ibidemp. 684, sermon n° 36 (éd. M.-M. Davy, Les sermons... op. cit., p. 195-201), prêché le 22 janvier; p. 685 sermon n° 54 (éd. M.-M. Davy, Ibidemp. 201-205), marquant la reprise le 30 mars. Pour tous les sermons du ms. de Paris BNF nal 338, j’utilise les numéros de la liste établie par N. Bériou, Ibidem.

199.

Cf. N. Bériou, Ibidem, sermon n° 10 p. 683, donné le 16 octobre 1230 (= éd. M.-M. Davy cit., p. 183-189); sermon n° 57 p. 685, donné le 10 avril 1231 (= éd. M.-M. Davy cit., p. 206-213).

200.

Sur ce type de sermons cf. N. Bériou, La prédication synodale au XIII e siècle d’après l’exemple cambrésien, dans Le clerc séculier au Moyen Âge, Paris, 1993, p. 229-247.

201.

Cf. N. Bériou, Ibidem p. 116-117 notes 159-161, sur un sermon d’Eudes de Châtearoux de 1237 donné dans l’église Saint-Cosme-et-Damien, où se mêlent visiblement clercs de l’université et paroissiens.

202.

Sur les soeurs cisterciennes de Saint-Antoine-des-Champs, cf. N. Bériou, Ibidemp. 118 s.

203.

Cf. pour tout ce qui suit, B. Hauréau, Notices et extraits de quelques manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, t. VI, Paris, 1893, p. 200-219: l’auteur donne un commentaire suivi des sermons d’Eudes contenus dans le manuscrit de Paris, BNF nal 338, et complète par de nombreux exemples pris dans d’autres sermons; ici, voir p. 219.

204.

Cf. B. Hauréau, Notices... op. cit., t. VI p. 221.

205.

Cf. N. Bériou, Ibidem p. 122; je traite ce problème plus en détail au § 3 suivant.

206.

Voir, parmi beaucoup d’autres, ce passage tiré d’un sermon sur saint Dominique (RLSn°652, éd. cit. A. M. Walz,p. 201): « Quando enim queritur a theologis: Vos habetis magnos redditus, quid facitis de eis ? non habetis nisi unicum seruientem; vel: Quare tenetis duas prebendas, respondent quod oportet multa expendere in libris ».

207.

Cf. B. Hauréau, Notices... op. cit. t. VI, p. 209-211, où l’auteur rapproche ces critiques d’un extrait de sermon de Guillaume de Château-Thierry, un autre maître en théologie parisien, lui aussi d’une extrême virulence contre la pluralité.

208.

Voir l’éd. M.-M. Davy cit., p. 210.

209.

M.-M. Davy, Ibidem p. 211.

210.

Cf. B. Hauréau, Notices... op. cit. , t. VI p. 214.

211.

Cf. B. Hauréau, Notices... op. cit., t. VI p. 203, à propos du sermon n° 8, qui explique que les Galliciont de toute tradition apporté leur soutien à l’Eglise, grâce au rôle tenu par Paris, fontaine de pureté, dans la formation des clercs.

212.

Cf. B. Hauréau, Notices... op. cit., t. VI p. 211 à propos du sermon n° 39 sur les théologiens infatués d’eux-mêmes.

213.

Cf. B. Hauréau, Notices... op. cit., t. VI p. 203-205, à propos du sermon n° 10 (= éd. M.-M. Davy cit., p. 185, p. 186, p. 187).

214.

Cf. éd. M.-M. Davy cit., p. 194, à propos du sermon n° 13.

215.

Sur ce topos récurrent du prédicateur qui doit se montrer exemplaire, cf. F. Morenzoni, Des écoles... op. cit., p.42-47; N. Bériou, L’avènement... op. cit., p.39-48.

216.

Cf. éd. M.-M. Davy cit., p. 181 à propos du sermon n° 3: les catégories laïques visées englobent la totalité de la société urbaine, les milites , les burgenseset même le populus minutus , qui ne relève donc pas d’une sociologie spécifique des historiographes italiens.

217.

Cf. B. Hauréau, Notices... op. cit., t. VI p. 209 à propos du sermon n° 24: les laïcs s’amusent à Noël au lieu de considérer le caractère religieux de la Nativité.

218.

Cf. B. Hauréau, Ibidem, p. 214 à propos du sermon n° 58, voir N. Bériou, Robert de Sorbon... art. cit., sur la portée de ces accusations de papelardise et le sens de ce mot, « papelard ».

219.

Cf. B. Hauréau, Ibidem p. 215 à propos du sermon n° 59.

220.

Cf. éd. M.-M. Davy cit., p. 217.

221.

Sur ce problème, cf. R. Lerner, The Uses of Heterodoxy, the French Monarchy and Unbelief in the Thirteenth Century, dans French Historical Studies, t. IV (1965), p. 189-202.

222.

Voir le sermon n° 54, éd. M.-M. Davy cit., p. 202-203. Ce sermon est repris dans les collections éditées du cardinal (sous la forme du RLSn° 328a), avec une légère modification, l’ajout d’une note marginale relative à Aristote, qu’on peut lire dans la transcription (d’après le ms. de Rome AGOP XIV, 33, f. 42rb-43vb) de J. B. Pitra, Analecta... op. cit., p. 244; B. Hauréau, dans son c.r. citédu travail de J.-B. Pitra, commente cet ajout (p. 473) en signalant qu’il témoigne d’une médiocre intelligence des catégories de pensée aristotéliciennes.

223.

C’est aussi l’avis de N. Bériou, L’avénement op. cit., qui étend cette conclusion à l’essentiel des reportations parisiennes de sermons au XIIIe siècle, voir par exemple les p. 122 s.: les thèmes plus que le style permettent éventuellement de différencier les auditoires, ce qui de toute façon est toujours un exercice délicat en l’absence de rubriques.

224.

Cette catégorisation de l’école biblique parisienne de la fin du XIIe siècle remonte à M. Grabmann, Die Geschichte der scholastischen Methode, t. II: Die scholastische Methode im 12. und beginnenden 13. Jahrhundert, Darmstadt, 1956, p. 476-501; elle est reprise par B. Smalley, The Study... op. cit., p. 196-263, J. W. Baldwin, Peter the Chanter... op. cit., p. 88s. ; et encore par G. Dahan, L’exégèse... op. cit, p. 106-107.

225.

Cette affirmation n’est pas contradictoire avec le rattachement d’Eudes de Châteauroux à la lignée pédagogique du chantre parisien: les objectifs pastoraux sont les mêmes, mais les moyens diffèrent, notamment la façon d’aborder l’exégèse; car Eudes paraît toujours opter, entre les deux « formules » des sens de l’Ecriture léguées par Origène à la tradition, pour celle qui place l’allégorie ou typologie avant la tropologie, et que H. de Lubac juge la plus fidèle à l’économie générale du mystère chrétien, dans Exégèse médiévale... op. cit., t. I/1, passim ; Idem, Typologie et allégorisme, dans Recherches de sciences religieuses, t. XXXIV (1947), p. 180-226.

226.

Cf. N. Bériou, L’avènement... op. cit., p. 162-163, pour l’exemple de Guillaume d’Auvergne, et p. 165 s. pour d’autres orateurs de la série. Cette différence d’appréciation des moyens par lesquels parvenir aux mêmes fins remonte peut-être à la génération même de Pierre le Chantre: ce dernier, dans son appréhension des méthodes de l’exégèse, conseillait de privilégier les usages tropologiques à des fins pastorales, cf. D. Luscombe, Peter Comestor, dans The Bible in the Medieval World... op. cit., p. 109-129, ici p. 127 et note 52, où Pierre le Chantre critique le goût trop prononcé de Pierre le Mangeur, dans l’Historia scholastica, pour les antiquités palestiniennes (il s’inspire fréquemment de Flavius Josèphe), ainsi que pour la géographie historique de la Bible; selon le Chantre, l’Ecriture doit être étudiée avant tout en vue des enseignements qu’elle procure regardant la foi, la morale et le gouvernement des affaires de l’Eglise; le Mangeur a aussi beaucoup incorporé dans son manuel de matériaux liés à la liturgie, aux images et aux reliques (D. Luscombe, Ibidem p. 115); Eudes de Châteauroux on le verra use fréquemment de ce procédé. L’opposition entre le Mangeur et le Chantre n’est peut-être qu’apparente: Pierre le Mangeur applique le programme victorin d’accès graduel au contenu de l’Ecriture; mais il a aussi commenté, outre les Psaumes et les épîtres de saint Paul, ce qui est tout à fait traditionnel (p. 114), les Evangiles, ce qui à l’époque était plutôt rare, cf. B. Smalley, Peter Comestor on the Gospels and his Sources, dans RTAMt. 46 (1979), p. 84-129; Eadem, The Gospels in the Paris schools in the Late Twelth and Early Thirteenth Centuries... , dans Franciscan Studies t. XXXIX (1979), p. 230-254 et t. XL (1980), p. 298-369 (ces trois articles repris dans Eadem, The Gospels in the Schools, c. 1100-c. 1280, Londres et Ronceverte, 1985, p. 37-83 et p. 99-197).

227.

Cf. N. Bériou, L’avènement op. cit.,p. 159 et note 87, à propos du sermon n° 39; note 88 à propos du sermon n° 75.

228.

RLSn° 409a, manuscrit de Paris, BNF latin 15948, f.17rb-20vb; des extraits en sont donnés par B. Hauréau, Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. XXIV/2 (1876), p. 204-235 (j’appellerai désormais cet article de B. Hauréau, Notices... II, pour le distinguer du travail presque homonyme déjà cité); ici, p. 231-232: les arts libéraux sont indispensables mais propédeutiques à la théologie; donc il ne faut ni les négliger, ni voir en eux autre chose qu’un moyen.; le thème est un classique, cf. H. de Lubac, Exégèse... op. cit., t. I/1, p. 74-94.

229.

Cf. N. Bériou, L’avénement... op. cit., p. 162

230.

Voir ci-dessous les chapitres V et VI.