Le point essentiel, qui marque le poids acquis par Eudes de Châteauroux au sein de l’église parisienne et de l’université, c’est l’accès à la chancellerie, au plus tard en mai 1238 269 ; il me semble en effet qu’à compter de cette date, sont définitivement réunies les pièces d’un puzzle, l’église de Paris, dont les ajustements ont été mis à mal en 1229: un homme qui a exercé des charges de dignitaire à l’intérieur du chapitre, gravi tous les échelons universitaires, parlé au roi et à l’opinion publique et obtenu gain de cause, assume la fonction d’interface entre l’évêque et l’université. Si l’on estime que sa forte personnalité, voire son charisme 270 , devaient en faire déjà un personnage très connu et apprécié, on considérera de même qu’un certain engagement dans les affaires communes de l’Université, de l’Eglise et de l’Etat, se trouve ainsi reconnu. L’opération avait peut-être commencé, pour ce qui est de la discipline ecclésiastique, dès Guiard de Laon, qui précède Eudes de Châteauroux dans la charge de chancelier; c’est lui aussi un ancien maître en théologie 271 . Il remplace le chancelier Philippe à ce poste 272 : les deux hommes sont du parti de l’université en 1229; mais Philippe gênait l’évêque Guillaume depuis longtemps déjà, au minimum depuis qu’il avait été son rival dans l’élection au siège épiscopal parisien en 1228 273 ; et plus encore depuis qu’avait éclaté la grande querelle sur la pluralité des bénéfices, qu’on voit se profiler avec netteté dans la série de sermons de 1230-1231, et qui se dispute au grand jour lorsque l’évêque en fait débattre à plusieurs reprises, en 1235 et 1238 notamment. L’appréciation de la position de Philippe dans cette affaire a été l’objet d’opinions divergentes: les uns ont vu en lui un adversaire des Mendiants 274 , tandis que la majorité des Séculiers et des maîtres auraient bien acceuilli ces derniers; mais on a récemment fait valoir que les sermons comme le gouvernement de son archidiaconé par Philippe contredisaient de telles vues 275 . C’est probablement à l’historien dominicain Thomas de Cantimpré qu’il faut rattacher cette critique a posteriori du chancelier Philippe, même si la querelle qu’il évoque eut effectivement lieu 276 . Il y fait jouer un rôle important au Dominicain Henri de Cologne dans la riposte à Philippe, et ce doit être l’origine de l’hostilité rétroactivement attribuée à ce dernier envers les ordres mendiants. Justice faite de cette prétendue animosité, je crois tout de même qu’un parti rigoriste sur la question de la pluralité des bénéfices a dû se former à l’université, groupant au moins certains maîtres, tels Guiard de Laon et Eudes de Châteauroux, l’évêque Guillaume, et bien sûr les ordres Mendiants, qui en l’espèce ne risquaient pas grand-chose eu égard à leur statut religieux 277 . Il est clair que Philippe, s’il a conservé sa charge de chancelier jusqu’à sa mort en décembre 1236, a perdu la partie sur le fond 278 . On déduit aussi de cet épisode qu’il s’avère impossible, à travers l’étude de ces conflits, et lorsqu’on les compare avec les attaques des prédicateurs dans leurs sermons, d’établir des relations mécaniques entre les origines sociales des clercs, si elles sont connues, et leurs positions théoriques sur tel ou tel point de doctrine ou de discipline. Dira-t-on que les clercs d’origine aisée s’opposent au cumul, et qu’au contraire les clercs pauvres en seraient partisans ? Le cas d’Eudes de Châteauroux, farouche adversaire du système de la pluralité, bien qu’apparemment sans grandes ressources, et la figure inverse de Philippe, de famille noble, fils d’archidiacre, bénéficiant de puissants apppuis dès l’origine dans l’église parisienne, donnent à réfléchir.
Eudes de Châteauroux, lorsque Guiard de Laon est promu à l’évêché de Cambrai 279 , perpétue donc la lignée des chanceliers rigoristes, en plein accord avec son évêque. Il lui succède à une date inconnue, au moins à compter du premier juin 1238 280 . Cette promotion a peut-être à voir avec la réputation montante du maître à Rome, qui doit dater au moins de son sermon de 1229. Un fait va dans ce sens, son rôle dans la diffusion, autour de 1235, de la réforme des moines noirs, les Statuta nigri ordinis, que Grégoire IX vient de promulguer 281 . C’est naturellement un sermon qui en porte témoignage, donné « in capitulo abbatum nigri ordinis quando presentata fuerunt eis 282 statuta Domini Gregorii » 283 . Grégoire IX dans ces Statuts poursuit l’oeuvre de réorganisation instituionnelle de la vie régulière initiée par ses prédecesseurs, notamment Innocent III. Ce dernier, en ouvrant officiellement l’Eglise aux formes nouvelles de la Vita apostolicalors du concile de Latran IV, avait remis en question, du point de vue ecclésiologique, le statut traditionnel des ordres anciens, censés incarner cet idéal jusque-là 284 .Bien que les Pères du concile se soient montrés plus restrictifs que le pape lui-même dans l’admission au sein de l’Eglise de nouveaux ordres 285 , les différents sucesseurs d’Innocent III ont fini par entériner cette redéfinition des formes de la vie régulière, et se sont donc trouvés confrontés à la place des Bénédictins dans l’organisation ecclésiale. On connait davantage l’intérêt porté par Grégoire IX, lorsqu’il n’était encore que cardinal d’Ostie, aux Franciscains, précisément l’un de ces nouveaux ordres; il en fut le premier cardinal protecteur 286 . On ne doit pas sous-estimer sa sollicitude pour les Bénédictins, déjà marquée au début des années 1230 par deux bulles réformatrices relatives aux institutions clunisiennes 287 . Le modèle que le pape proposait aux moines noirs, c’était celui de Cîteaux, ordre parfaitement centralisé grâce à l’institution, dès l’origine, du chapitre général annuel 288 . Les tendances centralisatrices du XIIIe siècle portées par la plenitudo potestatisimpliquaient que la papauté ait recours, outre au modèle cistercien 289 , au clergé séculier 290 et aux nouveaux ordres pour diffuser et justifier ces institutions. Le contenu du sermon d’Eudes de Châteauroux propose une vision historique du monachisme, un modèle de vie religieuse selon les normes bénédictines traditionnelles, enfin des remèdes concrets aux maux que connaissent les monastères malmenés par leurs abbés. L’aspect le plus intéressant du discours pour notre propos, c’est l’idée d’Eudes que les docteurs et les prédicateurs, les « hommes de lettres » comme il les appelle, ont remplacé désormais les ordres traditionnels, en apportant leur lumière à l’Eglise 291 . On ne peut affirmer que l’orateur ait été directement commissioné par le pape pour prêcher en faveur de ces statuts 292 . A défaut, il s’est avéré aux yeux de la hiérarchie séculière locale l’homme adéquat.
Voir sur la place hiérarchique et le rôle de cet officier de l’évêque, qui le nomme, dans l’église parisienne, J. Longère dans Le diocèse... op. cit. (dir. B. Plongeron), p. 106.
Cf. a contrario M.-M. Dufeil, Guillaume... op. cit., p. 50 et note 473, sur les maîtres qui abandonnent leurs cours de lectures bibliques faute d’étudiants, donc de succès.
Sur sa carrière et sa prédication, cf. l’article de P. C. Boeren dans DS, t. VI (1967), col. 1127-1131), ici col. 1127; Idem, La vie et les oeuvres de Guiard de Laon, La Haye, 1956; N. Bériou, La prédication synodale... art. cit.
Cf. N Bériou, DS, art. cit., col. 1290; CUP, doc. n° 115, p. 162.
Cf. N. Bériou, Ibidem. Voir aussi N. Wicki, Philippi Cancellarii... éd. cit., introduction p. 26.
C’est à dire surtout la principale source qui nous renseigne sur la querelle de la pluralité, le Dominicain Thomas de Cantimpré, dans son Bonum uniuersale de apibus, écrit entre 1256 et 1263, donc en pleine controverse entre Guillaume de Saint-Amour et les théologiens mendiants sur la pauvreté, ce qui n’a pas manqué d’influencer sa vision rétrospective des événements de 1235-1238.
Cf. R. E Lerner, Weltklerus... art. cit., démonstration convaincante en faveur d’une appréciation positive par Philippe de l’arrivée des ordres mendiants, repris par N. Wicki, Philippi Cancellarii éd. cit., introduction p. 27.
Cf. Thomas de Cantimpré dans le Bonum uniuersale de apibus : l’auteur fut témoin oculaire de l’assemblée de 1238, convoquée par l’évêque de Paris Guillaume d’Auvergne chez les Dominicains pour, ce sont les mots du chroniqueur, poser le problème (quaestio ), discuter (disputatio ), et trancher (determinatio ); cf. la présentation et la traduction partielle (seuls les exemplasont donnés) d’H. Platelle, Les exemples du Livre des abeilles, Paris, 1997, p. 83-84, où la damnation de Philippe le Chancelier pour cause de cumul des bénéfices est narrée. Voir aussi M.-M. Dufeil, Guillaume de Saint-Amour et la polémique universitaire parisienne (1250-1259) , Paris, 1972, p. xxvi-xxviii, et p. 55. Le parallèle entre les deux crises est souligné par L.-J. Bataillon, Les crises... art. cit., p. 156. Donc, au sein du groupe des maîtres en théologie, les alliances changeaient selon les problèmes et les affinités, on ne peut parler aussi simplement que le font certains auteurs d’oppositions entre eux et le chancelier, ou entre les maîtres qui sont issus du chapitre et les autres régents. Ce qui en tout cas me paraît certain, c’est qu’Eudes de Châteauroux n’est pas devenu chancelier en 1238 par hasard, à la place de Guiard de Laon qui avait lui-même remplacé Philippe: deux rigoristes sur la question de la pluralité ont de toute évidence succédé à un partisan du cumul.
Hugues de Saint-Cher devait naturellement y appartenir, de par son habit; on en trouve confirmation dans R. E. Lerner, Poverty... art. cit., où l’auteur cite ses propos extrêmement sévères sur la question, p. 170-171; R. Lerner remarque d’ailleurs que la virulence du propos se prêterait bien à un sermon, plutôt qu’à un commentaire biblique; et T. de Cantimpré confirme qu’Hugues a fait preuve de la même détermination plus tard dans son enseignement.
Toujours d’après T. de Cantimpré, l’issue de la discussion l’aurait rendu malade et l’aurait conduit à la mort, cf. Thomas Cantimpratanus, Bonum uniuersale de apibus(éd. de Douai, 1627), t. II, cap. 10 n° 36 (passage qui n’est pas donné par H. Platelle, éd.-trad. citée ). Le chroniqueur narre plus loin un exemplumoù Philippe, décédé, apparaît à Guillaume d’Auvergne pour lui expliquer qu’il a été damné du fait de son opinion dans cette querelle; exemplumque l’évêque ne se fait pas faute d’utiliser par la suite régulièrement dans sa prédication, cf. H. Platelle, éd.-trad. citée, chapitre xix, n° 24; on voit que les haines sont tenaces...
Cf. P. C. Boeren, DS art. cit., col. 1127; il semble que la cité épiscopale qu’il prenait en mains ait eu particulièrement à souffrir de la pluralité des bénéfices selon T. de Cantimpré, cf. H. Platelle, éd.-trad. cit. p. 85
Cf. B. Guérard, Cartulaire... éd. cit., t. II, p. 422, doc. n° xxiii; CUP , doc. n° 115 cité.
Les Statuta nigri ordinis(Reg. Grégoire IX, t. II, Paris, 1907, n° 3045 et 3045bis, col. 319-332) ont connu deux versions, en 1235 et 1237. Dans l’introduction à son édition, où les deux textes figurent vis-à-vis, L. Auvray propose d’y voir deux rédactions distinctes, malgré des variantes surtout formelles, la seconde rectifiant sur des points mineurs la première, et devant être appelée plus justement, d’après son incipit : Ordinations. L’existence de deux versions revêt une importance plus grande que celle d’un simple amendement du texte par les scriptores de la chancellerie pontificale, comme le démontre F. Neiske, Reform oder Kodifizierung ? Päpstliche Statuten für Cluny im 13. Jahrhundert, dans Archivum Historiae Pontificiaet. XXVI (1988), p. 73-118; selon cet auteur, on constate pour l’ensemble des bulles ou textes du premier XIIIe siècle réformant les observances régulières qu’une double rédaction s’est avérée nécessaire, la première devant en général être négociée avec les autorités de l’ordre pour aboutir à la seconde version, définitive car consensuelle. Ainsi la bulle de 1231 pour Cluny, organisant le chapitre général annuel sur le modèle cistercien, a pour cette raison fort déplu aux moines; elle ne faisait que reprendre le canon 12 de Latran IV; celle de 1233 subsitue aux quatre abbés cisterciens, chargés dans la version de 1231 d’initier Cluny aux nouvelles règles de fonctionnement imposées par le pape, trois prieurs chartreux, même si de nombreuses références explicites à Cîteaux demeurent, cf. la mise en parallèle d’extraits de bulles par F. Neiske, Reform... art. cit., p. 113 à propos des visiteurs (§1). La même négociation s’est avérée nécessaire concernant les Statutadonnés par le pape à l’ensemble des moines noirs en 1235; elle n’a pas du être facile, puisque le ton du pape change: en 1237, il « ordonne », là où deux ans plus tôt il « instituait ».
Dans l’un des deux manuscrits qui nous ont transmis le texte (voir note suivante), celui d’Arras, le pronom « eis » ne figure ni dans la rubrique, ni dans son rappel en marge inférieure; on le trouve en revanche dans la rubrique du manuscrit d’Orléans; ce pronom plaide pour l’actualité du sermon par rapport aux décisions de Grégoire IX, et prouve, ainsi que d’autres indices, qu’il a été effectivement prononcé, en quelque sorte à titre officiel.
RLSn° 843. Je citerai le texte d’après le manuscrit d’Orléans, Bibl. mun. 203, f. 269vb-272va, collationné avec celui d’Arras, Bibl. mun. 876, f. 58ra-60vb. L’utilisation par la rubrique de l’expression Statuta, et non Ordinationes(cf. note 247 supra ) m’incite à dater le sermon entre 1235 et 1237, et non après la seconde version des statuts de 1237.
Cf. U. Berlière, Innocent III et la réorganisation des monastères bénédictins, dans Revue bénédictine, t. XXXII (1920), p. 22-42 et 145-159; plus récemment, M. Maccarrone, Le costituzioni del IV concilio lateranense sui religiosi, dans Dizionario degli Istituti di perfezione, t. V, Rome, 1975, col. 474-495 (repris dans Idem, Nuovi studi su Innocenzo III, a cura di R. Lambertini, Rome, 1995, p. 1-45; je citerai d’après ce recueil). Les constitutions de Latran IV consacrées aux moines sont les suivantes: constitution 12 sur les chapitres généraux; 13 sur l’interdiction de créer de nouveaux ordres religieux; constitutions 59-61 relatives aux serments des moines, à l’interdiction de l’épiscopat aux abbés, à celle des dîmes reçues de laïcs; constitution 64 sur les pratiques simoniaques des moines et des moniales, dans COD éd. cit., p. 226-271. Voir aussi H. Grundmann: Religiöse Bewegungen im Mittelalter, Berlin, 1935; réédition augmentée, Darmstadt, 1961; traduction anglaise de la seconde édition, S. Rowan, Religious Movements in the Middle Ages, Notre Dame-London, 1995; l’ensemble se retrouve avec d’autres articles de l’auteur dans: Ausgewählte Aufsätze, Teil 1: Religiöse Bewegungen(Schriften der M. G. H., Band 25/1, Stuttgart, 1976). Dans la traduction de S. Rowan, les chapitres les plus importants pour mon propos sont: The Foundation of Orders and Heretical Sects in the Twelf Century, p. 209-235 (+ notes p. 403-414), §4, Vita apostolica and Itinerant Preaching, p. 219-226.
C’est encore la thèse d’H. Grundmann (S. Rowan, trad. cit.), The Religious Movement under Innocent III: The Rise of New Types of Orders, p. 31-67, §4: The Lateran Council of 1215, p. 65. Sur la question de la prédication « laïque », du moins exercée par d’autres que les clercs ordonnés, qui constitue selon H. Grundmann la pierre d’achoppement entre clercs conservateurs et clercs sensibles aux nouveaux besoins spirituels, P. Buc confirme que la ligne de partage traverse l’intérieur du corps ecclésial, Vox clamantis in deserto ? Pierre le Chantre et la prédication laïque, dans Revue Mabillonn. s. t. IV (= t. LXV), 1993, p. 5-47.
Cf. Histoire du Christianisme des origines à nos jours, t. V (A. Vauchez dir.): Apogée de la Papauté et expansion de la Chrétienté (1054-1274), Paris, 1993, p. 533 et p. 768 s.; R. Manselli: San Francesco, Rome, 19823, p. 268 s.
La première bulle pour Cluny est de juillet 1231 (Reg. Grégoire IX, n° 745, col. 469-474); elle fut modifiée par celle du 13 janvier 1233 (Ibidem n° 1038); L. Auvray tronque cette seconde bulle, en prétendant que le texte en est identique en substance à celui de la première; les différences sont pourtant significatives. Le texte complet de la bulle de 1233 se trouve dans le Bullarium sacri ordinis cluniacensis, Lyon, 1680, p.110-111. La double version s’explique pour les mêmes raisons que celles qui ont présidé à la double rédaction des Statuta , cf. supra note 247. D’autre part, un certain nombre de tâches à la cour romaine étaient assurées par des Bénédictins sous le pontificat de Grégoire IX, cf. A. Paravicini Bagliani, La cour des papes au XIII e siècle, Paris, 1995, p. 103 et p. 104.
Cf. J.-B. Mahn: L’ordre cistercien et son gouvernement des origines au milieu du XIII e siècle (1098-1265), Paris, 1982, p. 60 s. Canon 12 de Latran IV (COD éd. cit., p. 240-241): « Aduocent autem caritatiue in huius nouitatis primordiis duos Cisterciensis ordinis abbates vicinos, ad præstandum sibi consilium et auxilium opportunum, cum sint in huiusmodi capitulis celebrandis ex longa consuetudine plenius informati ».
Saint Bernard est cité textuellement deux fois; ailleurs, le prédicateur déclare, à propos de l’alternance de périodes brillantes puis de déclin du monachisme traditionnel: « Temporibus beati Bernardi fuit dies, sed postmodum fuit nox » (f. 270rb).
Etude détaillée de cette action et de cette législation épiscopales par C. R. Cheney, Episcopal Visitations of Monasteries in the Thirteenth century, Manchester, 1931.
F. 270ra: « Qui sunt isti radii, nisi doctores et predicatores qui tem-(f. 270rb)-poribus nostris illuminant totum mundum ? Iam enim non est qui possit se abscondere ab hiis radiis. De hiis Iob xxxvii°: Lustrant cuncta per circuitum. Nubes spargunt lumen suum. Et de hiis potest dici quod de sole dicitur, Ecclesiastico i°: Girat per meridiem et flectitur ad aquilonem. Hii sunt sancti viri et litterati, qui hodie totum mundum illuminant, multo amplius quam retroactis temporibus ».
Les mentions de convocations de chapitres relevées par U. Berlière dans la correspondance de Grégoire IX font toutefois pencher la balance en faveur d’un chapitre de Bénédictins de la Province de Sens, en même temps qu’elles fournissent une fourchette chronologique plausible. Le pape a en effet chargé l’abbé de Saint-Denis, le doyen et l’archidiacre de Paris, de convoquer le chapitre de la province de Sens dans une lettre du 4 mai 1235, cf. Reg. Grégoire IX, n° 2555, col. 56. Eudes étant à cette date chanoine de Notre-Dame, il a pu prendre la parole lors de ce chapitre, dont nous ne savons à quelle date il s’est tenu. Une bulle du même pape, du 22 décembre 1236 (Ibidem, n° 3412), accorde une dispense aux abbés de l’ordre bénédictin, leur permettant de lever l’exommunication frappant ceux des leurs qui ont continué à célébrer le service divin, après avoir été excommuniés par Eudes de Châteauroux et le doyen de l’église de Paris; Eudes était délégué à cette tâche par Jean de Montmirail, un ancien archidiacre, donc dignitaire de la cathédrale, lui-même employé depuis longtemps par la cour romaine comme juge délégué, mais devenu fin 1236 dominicain à Saint-Jacques, cf. M.-D. Chapotin, Histoire des Dominicains de la Province de France. Le siècles des fondations, Rouen 1898, p. 226-228.