CHAPITRE DEUX -LA PREPARATION DE L’EXPEDITION DE CROISADE (1245-1248).

Très peu de temps après sa rencontre avec le pape et ses collègues cardinaux à Suse, juste après que la curie fut parvenue à Lyon 408 , on voit Eudes de Châteauroux intervenir pour la première fois comme cardinal-évêque de Tusculum: dans un document daté de décembre 1244 sans plus de précisions, il cautionne la bonne foi du chapitre de Notre-Dame de Paris et l’absout dans une affaire portée à la connaissance du souverain pontife, où ses juges sont en conflit avec les clercs de la cathédrale; le pape fait confiance à un cardinal qui vient à peine de quitter ce milieu et connaît sans doute le fond de l’affaire 409 .

C’est le début d’une première période d’intense activité au sein puis au service de la cour pontificale, avant le départ en Orient pour la croisade avec Louis IX, et le retour définitif auprès des papes fin 1254-début 1255. La chronologie offerte par la documentation comme par la prédication me paraît à nouveau le meilleur fil pour suivre le développement de cette carrière, présentée en fonction des milieux géographiques et politico-religieux au sein desquels elle se déploie.

Le premier contact avec la cour du pape revêt une signification essentielle, même si le séjour à Lyon devait s’avérer très bref: un seul sermon datable s’y rapporte, mais il concerne la question principale qu’entend y résoudre le pape, la déposition de l’empereur.

Deux faits infléchissent le cours d’une destinée apparemment parvenue à son sommet et poussent le théologien à approfondir sa reflexion concernant les rapports du Sacerdotiumet du Regnum : dès août ou septembre 1245 410 , il est désigné par le pape comme légat en France de la croisade. Peu après l’installation du nouveau cardinal, Louis IX est en effet tombé malade à Pontoise, le 10 décembre 1244 411 ; c’est au sortir de cette maladie qu’aux dires de tous les chroniqueurs, le souverain se croise, fin décembre 1244-début 1245, malgré l’opposition de sa mère et d’une partie des barons de France 412 . Cette première légation consacrée à l’organisation et à la prédication de la croisade, dont il reste au minimum neuf sermons (SERMONES n° 2 à 10) 413 , est suivie d’une seconde, qui débute le 23 février 1248: cette fois le cardinal, âgé d’environ 60 ans, est désigné pour accompagner l’armée croisée en terre sainte et assurer la réussite des aspects spirituels de l’entreprise.

Lors de ce séjour en terre sainte aux côtés du roi, les sources attestent que le légat 414 a joué un rôle fondamental, tant au plan strictement religieux qu’au niveau politique: sixautres sermons (SERMONES n° 11 à 16) s’y rapportent indubitablement et permettent d’évaluer les leçons de théologie qu’à la faveur des événements, il a jugé nécessaire de délivrer aux croisés 415 . Malgré la continuité évidente qui lie ces deux missions, l’activité déployée par Eudes de Châteauroux durant cette période est si considérable qu’il est apparu opportun de scinder en deux chapitres son évocation.

Lors de la phase de préparation comme de réalisation de l’expédition, l’ensemble de la documentation permet de prendre conscience de la complexité de réalisation d’un tel projet du côté des autorités ecclésiastiques, difficultés qui ont certes été étudiées, mais avant tout du point de vue de l’autorité laïque, ici royale, qui en fut la principale instigatrice 416 . Très vite, on réalise que nonobstant les obstacles et parfois les divergences, le roi et le légat partagent pour l’essentiel les mêmes objectifs et la même spiritualité de croisade; il valait mieux qu’il en fût ainsi, pour la réussite espérée du projet; mais cela n’allait aucunement de soi, car bien des indices laissent à penser que la croisade, quoiqu’elle figure parmi les décrets du premier concile de Lyon et soit mentionnée comme réponse à l’une des cinq plaies dont le pape déclare qu’elles accablent la chrétienté dans son discours d’ouverture de l’assemblée, en juin 1245, n’a jamais véritablement suscité l’enthousiasme d’Innocent IV, avant tout préoccupé de sa lutte contre Frédéric II 417 . Il en découle pour Eudes de Châteauroux une position a priori inconfortable, tout convaincu qu’il est de la nécessité absolue d’une coopération parfaite entre clercs et laïcs pour assurer la réussite de l’entreprise. Sur le fond, alors que, conformément à son état et aux convictions qu’il a déjà affichées dans les sermons analysés plus haut de 1241-1243, la supériorité de principe des clercs sur les laïcs et la nécessaire subordination des desseins de ces derniers au plan de salut de la Chrétienté structurent sa vision du monde, je crois pouvoir démontrer, en étudiant cette période de sa carrière, qu’il a en fait expérimenté et intériorisé une situation inverse, où c’est le futur saint Louis, roi-Christ par excellence, qui s’accorde le mieux dans ses pensées et ses actes à ce plan de salut, tandis que le pape Innocent IV, que préfigure bibliquement Melchisedek prêtre et roi, comme il aimait lui-même à s’intituler, dépositaire de la royauté terrestre du Christ, fit passer aux yeux du légat ses devoirs et ses conceptions d’homme dEtat avant les dimensions spirituelles de son ministère 418 . Cette opposition, inattendue dans sa configuration concrète, ne comporte en soit rien de scandaleux: tout le XIIIe siècle tend à développer et justifier une conception certes ancienne dans l’Eglise, mais que le raffinement croissant de la théologie et de la science politique qui s’en inspire justifient avec des arguments toujours meilleurs, du moins plus élaborés; il s’agit de ce que je nommerai faute de mieux l’idonéité des gouvernants, à savoir la conviction, enracinée dans la Bible, que c’est non la personne (qui elle incarne passagèrement une fonction dirigeante), mais la nature même de cette fonction, qui fournit en dernière instance la justification du modèle chrétien, disons paulinien puis augustinien, d’organisation politico-religieuse. Moyennant quoi il est souhaitable, mais non absolument indispensable pour que le gouvernement chrétien des hommes les conduise au salut, que les titulaires des dites fonctions, pape ou roi, conviennent par leurs qualités personnelles à celle qu’ils assument 419 .

Eudes de Châteauroux a très vite pu constater l’existence de ces divergences de vues sur l’opportunité de la croisade entre Louis IX et le pape; elles ne se sont jamais manifestées pour mettre en cause le projet lui-même, du moins explicitement 420 ; c’est le conflit de la papauté avec Frédéric II qui les révèle en filigrane, puisque le roi de France a essayé dès l’origine de sa décision d’intervenir comme arbitre entre les deux puissances, alors qu’Innocent IV, tout en ayant toujours réussi à jouer de l’obéissance de Louis au Saint-Siège pour en faire son protecteur face aux projets militaires de l’empereur contre Lyon, n’a sur le fond jamais rien cédé quant à son opposition irréductible à toute réconciliation avec celui qui était désormais devenu l’Antichrist 421 . Or ni le roi ni le pape n’ignoraient que ce conflit entravait un déroulement idéal de la croisade. Au plus tard à Cluny à la fin de novembre 1245, le légat présent aux côtés du roi 422 , venu négocier avec Innnocent IV qu’entourent les cardinaux de l’église romaine la meilleure façon de préparer l’expédition outremer, a dû comprendre que le pape ne céderait rien; il est vrai que le contenu de ces premières négociations est demeuré absolument secret, et que, comme le remarque E. Berger, « les historiens sont donc restés libres d’en raconter ce qu’ils ont voulu »; dans ce cadre, on hésite à donner crédit à Matthieu Paris, le plus disert d’entre les chroniqueurs, mais aussi grand ennemi de l’église de Rome; toutes les sources s’accordent cependant sur le fait que le thème principal de ces conversations dut être la réconciliation du pape et de l’empereur, et qu’il n’en sortit rien 423 .

L’étroite collaboration et la similitude d’état d’esprit du roi et du légat, en paroles et en actes pour reprendre une formule chère aux prédicateurs du XIIIe siècle, que démontre l’ensemble de la période qui les voit cohabiter dans leurs rôles respectifs, oblige à penser que, de cœur, entre la participation au gouvernement de l’Eglise universelle et la présence au Conseil du roi, Eudes de Châteauroux préférait ce dernier rôle. L’expérience initiale, certes brève, qu’il fit de la cour pontificale à l’occasion du premier concile de Lyon, ne fut sans doute pas pour rien dans ce sentiment.

Notes
408.

Le pape, après avoir visiblement hésité sur le meilleur lieu de refuge possible pour le concile, a choisi Lyon à une date qu’il n’est pas possible de déterminer; il y parvient avec sa cour le 2 décembre 1244, cf. sur ces hésitations A. Melloni, Innocenzo IV... op. cit., p. 79-80, et spécialement la note 31 pour la chronologie du voyage.

409.

Cf. B. Guérard, Cartulaire de Notre-Dame... éd. cit., t. II, p. 427, doc. n° xxix, conflit « super quo Dominus papa nobis commisit plenarie vices suas »; et la résolution (p. 428): «... auctoritate nobis commissa dictos decanum et capitulum... absoluimus ».

410.

A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 203 notes 6 et 7, affirme que le premier document pontifical qui mentionne son titre de légat est du 17 mars 1246; c’est exact, mais dans d’autres sources diplomatiques il joue ce rôle dès septembre-octobre 1245, et des sources narratives indiquent qu’en réalité cette mission a dû lui être conférée à peine le concile terminé et qu’il a rapidement rejoint la France pour la remplir, voir ci-dessous.

411.

Cf. J. Le Goff, Saint Louis... op. cit., p. 157 s.; Jean de Joinville, Vie de saint Louis, J. Monfrin éd., Paris, 1995 , § 106-107;c’est cette édition de Joinville, la plus récente, que je citerai systématiquement.

412.

Cf. J. Richard, Saint Louis, roi d’une France féodale, soutien de la terre sainte, Paris, 1983, p. 172; J. Le Goff, Saint Louis... op. cit., loc. cit.

413.

Je parle de minimum, car je ne prétends pas avoir repéré tous les sermons de croisade du cardinal; le moyen le plus direct consiste à se fier aux rubriques (voir infra la transcription des textes). La date du texte peut être conjecturée à partir des allusions qui s’y trouvent, mais ici la méfiance est de rigueur, puisque les croisades auxquelles l’auteur s’est trouvé mêlé furent nombreuses; ainsi le SERMO n° 23 (RLSn° 602, rubriqué « De inuitatione ad crucem accipiendum »), doit être à mon avis daté du début des années 1260; le SERMO n° 51 (RLSn° 700 = 909, rubriqué « ad inuitandum ad crucem ») de l’automne 1268; voir aux chapitres suivants la transcription et l’étude de ces sermons.

414.

C’est sous ce titre que Joinville le désigne exclusivement dans sa chronique, cf. éd. cit. J. Monfrin, Table des noms de lieux et de personnes, s.v° « Eudes de Châteauroux », p. 456.

415.

Mêmes remarques de méthode qu’à la note 6 précédente; autant je crois pouvoir proposer avec certitude des dates précises ou un cadre chronologique serré pour tous les sermons de la première légation, autant ceux du séjour en terre sainte posent des problèmes plus délicats sur ce plan, voir au chapitre suivant l’étude des textes; de toute façon, ce qui fait leur prix, c’est qu’ils correspondent bien, j’espère le démontrer, à des discours effectivement entendus par Louis IX et son armée; or la trace manuscrite, qu’il s’agisse d’une version remaniée ou d’une reportation, de sermons de croisade effectivement préchés est une rareté, comme le soulignent tous les auteurs qui ont étudié la prédication de croisade, par exemple A. Lecoy de la Marche, La prédication de la croisade au XIII e siècle, dans Revue des questions historiques, t. XLVIII (1890), p. 5-28; P. J. Cole, The Preaching of the Crusades to the Holy Land, 1095-1270, Cambridge (Massachussets), 1991, introduction, p. xii (cet ouvrage est le premier, à ma connaissance, à avoir tenté d’établir un corpus de textes effectivement prêchés sur ce sujet, j’ai repris deux d’entre eux, ceux sur la mort de Robert d’Artois et des croisés à la Mansurah, voir chapitre suivant); C. Maier, Preaching the Crusades. Mendicant Friars and the Cross in the Thirteenth Century, Cambridge, 1994, complète cette liste pour le XIIIe siècle, voir son appendix 2p. 170 s.; Idem, Crusade propaganda and Ideology. Model Sermons for the Preaching of the Cross, Cambridge, 2000,où figurent la transcription et la traduction en anglais d’un certain nombre de sermons d’Eudes de Châteauroux. Ce dernier auteur illustre les difficultés, valables pour tous les sermons quel qu’en soit l’objet, d’une part à dater ce type de textes, d’autre part à trancher la question délicate de savoir s’ils ont effectivement été entendus, et si ce fut bien sous cette forme; du point de vue de l’impact et donc de la valeur historique des textes, ce problème est décisif dans le cas de la prédication; ainsi, tout indique que les deux premiers sermons que mentionne sa liste, ceux de J. de Vitry (Preaching the Crusades... op. cit., loc. cit., n° 47 et 48 des 74 Sermones vulgaresou ad status de J. de Vitry), sont des modèles composés après les événements de la cinquième croisade auxquels le futur évêque d’Acre puis prédecesseur d’Eudes de Châteauroux sur le siège de Tusculum prit une part active, voir leur transcription partielle ou totale dans J. B. Pitra, Analecta... op. cit., p. 421-430 (sur les Sermones vulgaresde Jacques de Vitry, voir J. Longère, Œuvres oratoires... op. cit., t. I, p. 32-33; et sur le caractère de sermons-modèles des différentes collections de cet auteur, cf. C. Muessig, Les Sermons de Jacques de Vitry sur les Cathares, dans La prédication en pays d’Oc... op. cit., p. 69-83, ici p. 70). Les savantes reconstructions du sermon d’Urbain II prononcé en 1095 à Clermont pour lancer la première croisade illustrent à satiété ce fait; de même, on ne possède aucun sermon de saint Bernard pour la seconde croisade; il y a lieu, plus que ne l’ont fait les historiens, de s’interroger sur cet étrange paradoxe, selon lequel on ne jugeait pas très important de conserver la parole réelle ou même tout simplement l’existence de ce type de textes, y compris dans le cas d’orateurs aussi importants que saint Bernard, dont on connait le travail considérable, quoique déformé par la vision hagiographique, de ses secrétaires dans la mise au net de ses sermons; on ne peut l’attribuer simplement aux circonstances, puisqu’Eudes de Châteauroux a conservé, donc fait copier durant son séjour en terre sainte, comme j’essaie de le montrer plus loin, ce type de sermons; cette apparente contradiction reflète un sens médiéval des valeurs de la parole très différent du nôtre, ainsi sans doute qu’une perception de la prédication moins en termes de pur contenu que de « performance » orale globale, pour reprendre un mot anglo-saxon ici approprié; je reprends ce point plus loin, avec l’étude des sermons de croisade d’Eudes de Châteauroux, en essayant d’expliquer son attitude différente.

416.

L’ étude la plus détaillée est W. C. Jordan, Louis IX and the Challenge... op. cit.

417.

Voir A. Melloni, Innocenzo IV... op. cit., p. 86, qui conteste à juste titre les vues un peu lénifiantes et trop unilatérales de E. Berger, Saint Louis... op. cit., p. 148-154, sur ce point; selon A. Melloni, E. Berger obsédé par le souci de démontrer la parfaite obéissance du roi de France au souverain pontife est conduit à minorer la fermeté de ses positions et des ses démarches pour maintenir les droits du pouvoir laïc; E. Kantorowicz, L’empereur... op. cit., p. 514-515, avait déjà démontré que Louis, s’il a accepté la publication dans son royaume de l’excommunication, a toujours refusé en fait et en droit de reconnaître la déposition opérée au premier concile de Lyon par le pape; d’où ses tentatives de médiation entre les deux puissances; un exemple concret de l’interférence de la lutte anti-impériale dans la préparation de la croisade du roi de France, et des contradictions que cela dut susciter chez les Français et le légat pontifical, est fourni par la lettre du 5 juillet 1246 d’Innocent IV à Eudes de Châteauroux (donc moins d’un an après sa nomination comme légat, voir ci-dessous): le pape lui demande d’interrompre la prédication en Allemagne, puisqu’une autre croisade était prêchée dans ce pays, contre Frédéric II, mais de garder secret cet ordre, cf. E. Berger, Ibidem, p. 231 et note 2 (= Reg. Innocent IV, n° 2935).

418.

Sur la popagande pontificale contre Frédéric II, voir W. Ullmann, Frederic II’s Opponent, Innocent IV, as Melchisedek, dans Atti del Convegno di studi federiciani, Palerme, 1952, p. 53-81 (repris dans Idem, Law and Jurisdiction in the Middle Ages [Variorum reprints], Londres, 1988, art. n° V].

419.

W. Ullmann a particulièrement mis en lumière ce principe de fonctionnalité dans ses travaux, voir The Bible and Principles... art. cit., surtout p. 217-218; Idem, Principles of Government and Politics in the Middle Ages, Londres, 1961, où il démontre que ce principe, lié à celui de la totalité organiciste que gouverne le pape, trouve sa source plus générale dans ce qu’il nomme le « thème du gouvernement théocratique descendant », mis en place dès les Ve-VIe siècle en Occident, p. 19 s.; il est constant dans l’argumentation papale, face aux attaques personnelles que Frédéric II dirige contre Grégoire IX, attaques qui de ce fait manquent leur cible, cf. Idem, Some Reflections on the Opposition of Frederic II to the Papacy, dans Archivio storico pugliese, anno XIII (1960), p. 16-39, surtout p. 22 s. Les attaques de la chancellerie impériale contre la personne de Grégoire IX, jugé inapte à remplir son rôle, sont longuement analysées par E. Kantorowicz, L’empereur... op. cit., p. 448-450; l’auteur montre que les conseillers de Frédéric II prennent soin de distinguer l’homme dépravé et la fonction, p. 450; en ce sens les analyses de W. Ullmann dans l’article Reflections... art. cit., sont excessives; W. Ullmann relève d’ailleurs, Ibidem p. 21, que le choix des attaques change lorsqu’il s’agit de s’en prendre à Innocent IV: sans doute les Impériaux ont-ils pris conscience de l’inadéquation de ce type d’argumentation; désormais, ils s’en prennent à la nature même des « vices Christi » dont a hérité le successeur de Pierre, qu’ils jugent exclusivement spirituelles, à rebours dénuées de tout fondement temporel.

420.

Même si le pape, d’après Salimbene à qui je fais ici confiance malgrè les doutes des historiens, a tenté de retarder le départ du souverain, voir plus loin.

421.

Sur cet argument pontifical contre l’empereur, cf. E. Kantorowicz, L’empereur... op. cit., p. 451-452, et surtout p. 543 s.

422.

E. Berger, Saint Louis... op. cit., p. 156, et A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 204 note 6, le comptent dans l’entourage pontifical; du fait de sa nouvelle mission, il doit être à strictement parler rangé avec les hommes du roi, mais sa position charnière est excellement illustrée par l ’épisode. Sur l’ensemble de la rencontre de Cluny de fin novembre 1245, voir E. Berger, Ibidemp. 155-162; J. Richard, Saint Louis... op. cit., p. 188-189; la source narrative principale est M. Paris, Chronica... éd. cit., t. IV, p. 484 s.

423.

En fait, le pape avait déjà essayé d’amadouer le roi de France et de s’assurer sa protection contre l’empereur, alors qu’il n’avait pas encore quitté Gênes, dès septembre 1244: sachant que Louis IX serait présent, comme chaque année, au chapitre général de l’ordre cistercien, il a envoyé aux moines des lettres dans lesquelles il les supplie d’intercéder en sa faveur auprès du roi, venu de son côté invoquer leurs prières; ce qu’ils firent en effet; on ne connait pas la réponse de ce dernier, mais l’empereur était lui aussi intervenu auprès des Cisterciens par messagers interposés, priant les moines de s’abstenir de toute action dans ce sens, cf. E. Berger, Saint Louis... op. cit., p. 26-27; A. Dimier, Saint Louis et Cîteaux, Paris, 1954, p. 86-88; A. Melloni, Innocenzo IV... op. cit., p. 84 et note 10.