Le 28 décembre 1244, Innocent IV prêche dans la cathédrale de Lyon et annonce dans son discours la convocation du concile pour la fête de saint Jean Baptiste, 24 juin 1245: il invite l’empereur à venir s’y faire entendre et juger; convocation improvisée selon son biographe, Niccolo da Calvi, fait que démentent les formes mêmes de la citation à comparaître 424 . Or le pape est un grand canoniste et ne peut avoir commis de négligence: c’est donc qu’il a délibérément choisi de faire vite et d’affirmer dans la forme même de la citation que toute réconciliation était désormais impossible et que seule l’obéissance absolue à celui qui exerce la plenitudo potestatiss’offrait 425 .
S’il ignorait encore les buts précis dans lesquels le pape est venu se réfugier à Lyon et solliciter l’appui éventuel de Louis IX, le nouveau cardinal Eudes de Châteauroux se retrouve à présent de plain-pied mêlé à la politique de l’Eglise universelle. Nous ne possédons pour cette époque où il séjourne à la Curie, de début décembre 1244 à fin juillet ou fin août 1245 environ, aucun document nous permettant de connaître réellement son sentiment personnel en la matière. Deux types de sources attestent qu’il s’insère sans grosses difficultés dans ce nouveau milieu: il participe au gouvernement curial en souscrivant avec ses collègues diverses bulles 426 ; mais surtout, et l’on touche ici à une expression sinon plus personnelle, du moins qui porte la marque de l’ancien maître en théologie, il a conservé dans ses collections un important sermon consacré à la déposition de l’empereur 427 .
Sur ces événements, A. Melloni, Ibidem, p. 84-86; je citerai la vie d’Innocent IV de N. da Calvi ou de Carbio (les historiens le nomment indifféremment de sa ville corse d’origine, Calvi, ou de son nom de famille) d’après la réédition qu’en procure cet auteur en appendice à son ouvrage, p. 259-293 (reprenant celle de F. Pagnotti, Niccolo da Calvi e la sua Vita d’Innocenzo IV con una breve introduzione sulla istoriografia pontificia nei secoli XIII et XIV, dans ASRSP, t. XXI [1898], p. 76-120); l’évocation de la prédication publique où le pape annonce la date d’ouverture du concile figure au § 18, p. 271.
Je suis ici A. Melloni, Ibidem, p. 84-85.
Il souscrit à Lyon pour la première fois, avec l’ensemble des 11 autres cardinaux présents, le 23 janvier 1245, cf. A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 165 note 2 (= A. Potthast, Regesta pontificum romanorum..., 2 t., Berlin, 1875, doc. n° 11518 [désormais cité Potthast avec le n° du document]; Reg. Innocent IV... , n° 917); conformément à son titre d’évêque suburbicaire de Rome et les circonstances aidant, il apparaît dès l’abord comme un des personnages importants du Collège, puisqu’il figure en quatrième position des cardinaux dans une liste, contenue par le ms du Vatican, Ottob. latin 3089, qu’A. Paravicini-Bagliani, loc. cit., date entre le 25 juin 1244 et le 11 avril 1245. Il souscrit encore sept autres fois à Lyon (Potthastn° 11552, le 17 février 1245; n° 11576, le 6 mars; n° 11604, le 21 mars; n° 11618, le 4 avril; n° 11651, le 5 mai; n° 11729, le 15 juillet; en dernier lieu n° 1750, le 24 juillet, cf. A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 203 note 6).
SERMO n° 1.