c) Fortifier les villes de terre sainte

C’est on l’a vu le second axe de l’action royale, le seul dont il parle véritablement dans la lettre à ses sujets. Les Etats latins de Palestine ne constituent plus à cette époque qu’une étroite bande côtière parsemée de ports et protégée à l’est par quelques gros châteaux tenus par les Ordres militaires, tel Safed 1064 . Le roi et le légat continuent d’y agir de concert, durant les grandes campagnes de fortification dont sont rythmées les quatre années du séjour: à Acre jusqu’au début du Carême 1251, c’est à dire fin février-début mars 1065 ; à Césarée de mars 1251 à avril ou mai 1252 1066 ; à Jaffa d’avril-mai 1252 à juin 1253 1067 ; à Saïda de juillet 1253 à février 1254 1068 . A compter de cette dernière date, on voit le souverain songer sérieusement au retour et consacrer les deux mois suivants à ses préparatifs de départ 1069 .

L’une de ces campagnes voit s’illustrer le légat, de deux façons: durant le séjour à Jaffa, il intervient en faveur de Joinville, que le roi, qui écoutait un sermon pour la fête de saint Jean devant la Porte latine 1070 , a envoyé repousser avec ses hommes un groupe de Musulmans ayant attaqué le camp de l’armée royale installé devant les murs de la ville 1071 . Mais surtout, le chroniqueur décrit la participation personnelle du roi et du légat aux travaux de fortification de la ville; ce dernier, trop âgé, ne peut lui même travailler, mais il consacre, à financer la réfection d’une porte et d’un pan de mur, 30.000 livres, suivant ce qu’il déclare au narrateur; le roi finance le reste, « d’un rivage de la mer à l’autre ». Guillaume de Saint-Pathus donne d’autres raisons que purement militaires à cette intense activité royale: « Messires Tusculan, homme de bonne mémoire, légat du siège de Romme en ces parties, avoit donné pardon a touz ceus qui aideroient a fere cele oevre » 1072 . Louis IX convoie des matériaux, comme il l’avait fait pour la construction de l’abbaye de Royaumont, comme, en Egypte, il avait prêté la main au comblement du bras du Nil qui empêchait les croisés d’accéder à la Mansurah 1073 . Cette sensibilité du roi à l’indulgence, l’un des fondements juridiques de la croisade, est significative, car elle ne révèle pas une conception étroitement juridique de la notion, mais une pleine intériorisation de la valeur de ce privilège, qu’une véritable œuvre pie, impliquant matériellement le bénéficiaire, peut procurer. On mesure à ce témoignage la dérive qui se produit aux XIVe et XVe siècles dans ce domaine, où le contenu concret qui informe le dogme s’évanouit. Cette religion très concrète de Louis IX, c’est bien sûr celle des Mendiants, mais partagée par une partie de l’église séculière qu’incarne ici Eudes de Châteauroux.

Une autre facette s’en dévoile avec un autre épisode survenu à Saïda: lors de la remontée vers le nord des troupes damascaines, ces dernières, ne pouvant attaquer avec succès Acre, se tournent vers Saïda dont elles massacrent les habitants du bourg, à défaut de pouvoir s’emparer du château où s’étaient retranchées les troupes, incapables d’y accueillir les habitants vu l’exiguïté du lieu 1074 . Le roi apprend la nouvelle alors qu’il séjourne à Jaffa, et cela provoque son départ de cette ville; avant de faire entreprendre les fortifications de Saïda pour prévenir tout nouveau massacre du genre, il tient à donner une sépulture chrétienne aux victimes, dont il porte lui-même les corps en putréfaction 1075 . Si l’on fait confiance à Guillaume de Chartres, qui écrivit vers 1276 un ouvrage hagiographique pour compléter celui de son ami Geoffroi de Beaulieu, le légat était encore une fois à ses côtés 1076 . Ils se rendent au matin sur le littoral jonché de cadavres, avant d’avoir mangé précise le biographe, et le roi ramasse membres et viscères pour leur donner une sépulture, car il considère ces morts « comme de véritables martyrs », citant les Psaumes et le Livre de la Sagesse: « Corpora sanctorum in pace sepulta sunt » 1077 . On touche ici à un aspect très remarquable de la piété de Louis, partagé par ses contemporains, relatif aux honneurs à rendre aux défunts, dont la nécessité est ici accrue par leur statut de martyrs 1078 . Il y a lieu de penser que ces restes, le roi les considère comme des reliques, retrouvant le sens littéral et originel du mot. Ce goût pour les reliques, culminant dans l’édification de la Sainte-Chapelle, parsème les mentions des biographes, en particulier le récit hagiographique de Guillaume de Saint-Pathus 1079 . Ce dernier y consacre une large partie de son chapitre XV, en sous-titrant: « De sa devocion aus saintes reliques » 1080 . Ce culte des reliques est joint au souci de la mémoire des morts, dont les deux sermons du légat pour l’anniversaire de la mort de Robert d’Artois fournissent dans notre cadre le meilleur témoignage 1081 . Les biographes ne sont pas avares de mentions dans ce secteur aussi, qui révèlent des attitudes significatives: ainsi les efforts de Louis IX pour faire rapatrier les ossements du comte Gautier de Brienne, lors de ses négociations avec les Emirs en vue de la libération des prisonniers 1082 .

Ce souci des morts, en premier lieu ceux de la famille royale, est sensible lors de l’annonce faite au roi du décès de sa mère Blanche de Castille, scène que rapporte Geoffroi de Beaulieu 1083 . C’est Eudes de Châteauroux qui, le premier au courant, se charge d’apprendre la nouvelle au roi, demandant à l’archevêque de Tyr ainsi qu’à Guillaume de l’accompagner dans cette tâche difficile. Il expose « avec délicatesse » les « grands bienfaits dont Dieu, dans sa bonté, l’avait [Louis] comblé depuis sa petite enfance et tout particulièrement en lui donnant une telle mère qui l’avait élevé d’une façon si catholique.. ». L’éloge n’est pas feint, puisque l’on possède un sermon de l’auteur, datant probablement de la période parisienne de sa carrière, consacré à la reine Blanche 1084 . « Il ajouta ensuite au milieu des sanglots et des larmes la nouvelle si funeste et si déplorable de la mort de la reine ». Chez Geoffroi de Beaulieu comme chez Joinville, la réaction est identique: le roi pleure, comme il avait chaudement pleuré à l’annonce de la mort de son frère Robert 1085 . La leçon de théologie est aussi la même que celle administrée lors de la mort du frère: ce rappel à Dieu est présenté comme un bienfait; le roi aquiesce en rendant grâce à Dieu. Geoffroi de Beaulieu se juge autorisé à aller un peu plus loin dans son travail de consolation, en mettant en valeur l’opposition entre ce qui est dû à la nature (entendons le chagrin légitime que cause la mort d’une mère), et l’attitude que doit désormais adopter le roi: « Maintenant par la grâce de Dieu présente en lui, il lui convenait d’agir selon la raison illuminée par la grâce » 1086 . Cette explication est essentielle: elle renvoie, autant qu’au contraste entre religion publique, royale, et piété personnelle ou privée, contraste réel 1087 , à celui entre nature et grâce, fondamentale dans le dogme chrétien. A cet égard, passé le premier moment « naturel » de la peine, le théologien qui « raisonne » se situe dans une lignée augustinienne qui dénie, en soi, toute valeur à la douleur causée par la mort matérielle, ce qui aurait dû, ajoutait Augustin, ôter toute utilité autre qu’exemplaire au souci et au culte des morts 1088 . Cela, c’est la théorie; la pratique s’est orientée tout à fait différemment : le roi, les deux narrateurs y insistent, prend un soin particulier à faire célébrer le service liturgique dû aux défunts, ici à faire prier pour sa mère, en vue de quoi il envoie en France des messagers. De même, il demande à son fils et héritier, au dernier paragraphe des Enseignementsqu’il lui adresse à la veille de sa seconde croisade, de prier pour son père 1089 . Deux éléments ont pu favoriser, dans le sens du compromis, cette tension manifeste entre deux attitudes possibles face au décès. D’une part, l’intériorisation, la psychologisation individualisée du salut, notamment dans l’évolution de la théologie de la pénitence, qui se révèle pleinement dans les sources littéraires, nourissant cette subjectivité littéraire et le genre autobiographique chers à M. Zink 1090 . La manifestation par l’effusion des larmes d’une doctrine contritionniste de la pénitence constitue l’un des points où piété privée et encadrement théologique, « raisonnable », de la nature se manifestent 1091 . D’autre part, au niveau du deuil et des funérailles royales, la liturgisation et la ritualisation de plus en plus savantes de ces moments essentiels, pour la royauté, de l’affirmation de la continuité dynastique, permettent là encore d’encadrer la nature par la culture et de policer la douleur. Malgré tout, la tension entre les deux pôles, privé et public, de la religion royale, se maintient. L’un des signes en est la dispersion des restes des corps saints, ici des corps royaux, dans différents lieux de culte. L. K. Little juge « absurde » 1092 l’hypothèse que le partage du corps de Louis IX aurait pu être souhaité par le souverain lui-même comme une manifestation de la contradiction entre ses deux vocations, l’une religieuse et l’autre politique. Tout montre que pour les contemporains, la pratique en tout cas, dont il reste à interpréter le sens, n’avait rien d’absurde; la dilaceratiorègne chez les Princes jusqu’à la fin du XIIIe siècle 1093 . Le corps de Louis IX n’échappe pas à la règle, en particulier sur l’insistance de son frère Charles d’Anjou. Cette pratique répondait précisément au double souci d’assurer à l’individu son salut tout en faisant bénéficier, dans le cas des rois, la communauté politique de ses mérites, dans le cadre plus général d’une fusion entre les dogmes de la réversibilité des mérites et de la communion des saints 1094 . Boniface VIII opposa plus tard à cette pratique détestable à ses yeux le sort normal, biblique des corps: ils deviennent poussière 1095 . On a la preuve en tout cas que cet usage propre aux catholiques de division des corps défunts choquait les Musulmans, qui l’avaient découverte à travers les Chrétiens de terre sainte 1096 . Surtout, elle est susceptible de heurter de plein fouet la croyance en la résurrection intégrale, âme et corps conjoints, des hommes à la fin des temps 1097 .

Notes
1064.

Voir la carte dans J. Richard, Saint Louis... op. cit., p. 608.

1065.

Joinville, Vie... éd. cit., § 470; le Carême tombe le premier mars en 1251.

1066.

Ibidem, § 470-516.

1067.

Ibidem, § 516-562.

1068.

Ibidem, § 563 s.; le roi quitte Jaffa selon le chroniqueur pour la fête des saints Pierre et Paul, c’est à dire le 29 juin 1253.

1069.

Ibidem, § 609-617.

1070.

Soit le 6 mai 1253.

1071.

Ibidem, § 544-546; il s’agit des hommes du Sultan de Damas, qui remontent depuis Gaza vers le nord de la Palestine et font un crochet pour menacer Jaffa.

1072.

Ed. cit.H. F. Delaborde, chapitre XII, p. 110.

1073.

Ibidem.

1074.

Joinville, Vie... éd. cit., § 551-553; le massacre a lieu en mai-juin 1253, voir la note correspondant au § 551.

1075.

Ibidem, § 582.

1076.

Sur G. de Chartres, voir L. Carolus-Barré, Le procès... op. cit., p. 129: c’est un clerc du roi, c’est à dire un membre de la chapelle royale, devenu Dominicain vers 1264 (sur les chapelains du roi, voir X. de la Selle, Le service des âmes à la cour. Confesseurs et aumôniers des rois de France du XIII e au XV e siècle, Paris, 1995, en particulier les p. 35 s. pour le fonctionnement sous Louis IX). On lit son ouvrage dans C. Ménard (éd.), De vita et actibus inclytæ recordationis regis Francorum Ludouici et de miraculis, Paris, 1619, p. 85-140; je cite d’après la version du RHGF, t. XX, p. 27-41, édition où ne figurent pas les miracles donnés par l’éd. C. Ménard. La date du décès de Guillaume est inconnue, mais elle est antérieure au véritable début du procès de canonisation en 1281-1282, puisqu’il n’est pas cité comme témoin dans les deux phases de l’enquête, sur lesquelles voir L. Carolus-Barré, Ibidem, p. 19-23; Idem, Les enquêtes pour la canonisation de saint Louis, de Grégoire X à Boniface VIII, et la bulle « Gloria Laus » du 11 août 1297, dans RHEF, t. LVI (1970), p. 19-29. L’ouvrage plusieurs fois cité de L. Carolus-Barré, Le procès..., tente de reconstituer à partir des tous les témoignages connus les actes de ce procès malheureusement perdus; la méthode est discutable mais la richesse de la documentation présentée indéniable. Sur la perte de ces actes, voir aussi A. Vauchez, La sainteté... op. cit., à l’index, s. v° « Louis IX ». Sur les sources hagiographiques et leur utilisation postérieure, C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris, 1985, p. 127-128. Le rensignement de Guillaume concernant la présence du légat aux côtés du roi doit être tenu pour fiable, puisqu’il fut l’ami et le continuateur de Geoffroi de Beaulieu dont il tient sans doute le renseignement, cf. L. Carolus-Barré, Ibidem, p. 210 sur cette amitié.

1077.

RHGF, loc. cit.p. 31E-32A.

1078.

Voir en dernier lieu la synthèse de M. Lauwers, La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts, rites et société au Moyen Age, Paris, 1997.

1079.

Sur lui, L. Carolus-Barré, Le procès... op. cit., p. 25-26: il recueille dans son ouvrage une partie des témoignages du procès de canonisation eux relatifs à l’enquête de 1282; comme l’indique l’auteur, il serait souhaitable de s’en tenir, pour son apport factuel, strictement à ces témoignages, car le biographe n’a pas lui-même connu le roi; d’ailleurs le plan de son ouvrage n’est pas historique, au sens chronologique du terme, mais théologique.

1080.

Ed. cit.H. F. delaborde, p. 41-52.

1081.

Sur ce thème, la littérature est désormais considérable; ne pouvant prétendre à l’exhaustivité, je renvoie à la bibliographie de l’ouvrage cité note 296 de M. Lauwers, qui recense en particulier les travaux des historiens allemands sur la memoria ; à ma connaissance, un seul ouvrage a réellement étudié ces questions en s’inspirant de ce type de problématiques en prenant comme bas de documentation les sermons, D. L. D’Avray, Death and the Prince. Memorial Preaching before 1350, Oxford, 1994.

1082.

Cf. Joinville, Vie... éd. cit., § 465 pour le rapatriement; le comte a été capturé en 1244 à la bataille de La Forbie déjà évoquée, Ibidem, § 533, puis martyrisé, § 536-538; Joinville le nomme martyr.

1083.

Cf. L. Carolus-Barré, Le procès... op. cit., p. 46-47, traduction du § 28; et Joinville, Vie... éd. cit., § 603-604; J. Monfrin signale à la note correspondant au § 603 que d’après Joinville, la nouvelle fut annoncée au roi alors qu’il séjournait à Saïda, c’est à dire au plus tôt en juillet 1253; or Blanche est décédée le 26 ou le 27 novembre 1252, ce qui ferait un écart étonnant avec la date où la nouvelle parvient en Orient, surtout que la navigation redevient aisée dès avril-mai; il vaut donc mieux se fier aux souvenirs de G. de Beaulieu, qui situe l’annonce de la nouvelle à Jaffa.

1084.

Je n’ai pas cherché, si c’est possible, à dater ce texte; le sermon est rubriqué in quarta feria post dominicam primam in quadragesima in processione facta pro domina Blanca regina Francie infirmante (RLS n° 148), J.-B. Pitra en donne une transcription d’après le manuscrit de Rome, AGOP XIV, 32, (ff. 56ra-57ra), Analecta... op. cit., p. 227-230; je cite ce passage consonnant avec les paroles que G. de Beaulieu prête au légat (p. 229): « Ista[Blanche] nutrix est et fuit pauperum et religiosorum, secundum quod promissum fuerat Ecclesie per Isaiam... Sic reges et regine deuoti et catholici portant Ecclesiam et defendunt, et priuilegiis communierunt... Sic et reges antiqui subtraxerunt sibi predia, que dederunt monasteriis et ecclesiis ».

1085.

Ce passage est excellement analysé par M. Zink, La subjectivité... op. cit., p. 222-226; le parallélisme des deux faits est d’autant plus net qu’il repose sur le même contraste entre les contraintes que sa vie publique impose au roi, la mesure dans le deuil, et son très sincère chagrin, trop humain.

1086.

L. Carolus-Barré, Le procès.. op. cit., p. 47.

1087.

L. K. Little, Saint Louis’ Involvement... art. cit., p. 143-146, met fortement l’accent sur ce contraste, avivé par les critiques publiques dont le « roi mendiant » fut l’objet; d’où la réaction du souverain: trouver un compromis acceptable entre la « vita apostolica »  qui l’attire et les responsabilités royales auxquelles il ne veut pas échapper. Joinville, Vie... éd. cit., § 604, va dans le sens de ce compromis en donnant son avis sur l’attitude à adopter à la suite de la mort de la reine-mère: trouver un comportement médian qui évitera de réjouir ses ennemis et d’attrister ses amis.

1088.

Tout le chapitre préliminiare de M. Lauwers, La mémoire... op. cit., p. 67-100, étudie la position d’Augustin et l’atténuation progressive du respect qu’imposait sa pensée, face au développement des liturgies superficiellement christianisées, héritage d’un passé parfois très ancien; voir un résumé de la problématique et de l’évolution des croyances et des pratiques médiévales, mais qui s’arrête au XIIe siècle, dans Idem, Le « sépulcre des pères » et les « ancêtres ». Notes sur le culte des défunts à l’âge seigneurial, dans Médiévales, t. XXXI (1996), p 67-78.

1089.

Voir le texte de ces enseignements dans Joinville, Vie... éd. cit., § 740-754.

1090.

Voir La subjectivité... op. cit., Introduction, p. 16-17 et p. 20-21; et pour l’exemple illustre des larmes de saint Bernard à la mort de son frère, Ibidem, p. 199-202. Concernant l’intériorisation de la religion, voir A. Vauchez, La spiritualité du Moyen Age occidental, Paris, 19942 (coll. Points Histoire, Le Seuil), p. 131-168, surtout p. 178 s. sur la vie intérieure; sur la religion de Louis IX, Idem dans Histoire de la France religieuse(ss la dir. de J. Le Goff et R. Rémond), t. I: Des origines au XIV e siècle, p. 400-408.

1091.

Sur l’individualisation et l’intériorisation de la religion au Moyen Age central, ajouter aux ouvrages citésnote précédente M. D. Chenu, L’éveil de la conscience dans la civilisation médiévale, Paris-Montréal, 1969, surtout p. 47 s.

1092.

Saint Louis’ Involvement... art. cit.,p. 145.

1093.

Sur cette pratique, voir P. Duparc, Dilaceratio corporis, dans Bulletin de la société des antiquaires de France, 1980-1981, p. 360-372, surtout p. 364-365 pour le cas de Louis IX. Voir aussi J. Le Goff, Saint Louis... op. cit., p. 305-310; les témoignages de G. de Beaulieu dans L. Carolus-Barré, Le procès... op. cit., p. 56-57, extraits des § 45-52 de la biographie. Les papes ont été l’objet de rituels différents relatifs à leur corps morts, notamment la nudité, dont A. Paravicini-Bagliani a subtilement analysé le sens dans son ouvrage Il corpo del papa... op. cit.; j’y reviens au chapitre suivant à propos des sermons du cardinal Eudes de Châteauroux touchant ces thèmes; voir aussi, du même auteur, un essai éclairant de comparaison entre les rituels royaux et pontificaux, Le corps du pape et le corps du roi, dans Saint-Denis et la royauté. Etudes offertes à Bernard Guenée, Paris, 1999, p. 771-782. On sait que cette pratique a provoqué à la fin du XIIIe siècle une vigoureuse réaction du pape, en la personne de Boniface VIII, qui l’interdit par la bulle Detestandae feritatis, cf. E. A. R. Brown, Death and the Human Body in the Later Middle Ages: the Legislation of Boniface VIII on the Division ot the Corpse, dans Viator, t. XII (1981), p. 221-270 (réimpression dans Eadem, The Monarchy of Capetian France and Royal Ceremonial, Aldershot, 1991 [Variorum Reprints], art. VI). On trouvera une illustration récente des variétés d’approche dont le thème du cadavre est l’objet de la part des Médiévistes dans les actes du colloque de Lyon, Il cadavere(= Micrologus, t. VII [1999], Turnhout).

1094.

Sur ces dogmes, voir A. Vauchez dans Histoire du Christianisme... op. cit., t. V: Apogée..., p. 852-858; sur la conciliation entre salut individuel et utilité publique des rites et célébrations pour les défunts, M. Lauwers, La mémoire... op. cit., p. 381-387.

1095.

E. A. R. Brown, Death and the Human... art. cit., passim.

1096.

Cf. M. Paris, Chronica... éd. cit. , t. V, p. 342: parvenu en terre sainte, non seulement Louis IX cherche à faire libérer les prisonniers, selon l’accord conclu en 1250, mais il essaie de rapatrier les restes de tous ceux qui sont morts en Egypte et dont les corps y demeurent; on a vu l’exemple, supra note 645, des ossemnts de Gautier de Brienne mort en 1244; M. Paris, loc. cit., raconte comment le roi en 1252 récupéra par l’intermédiaire de ses messagers ceux de Guillaume Longue-Epée, l’un des grands baron anglais qui s’étaient joints à la croisade de Louis IX; Guillaume est martyr car mort à la Mansourah avec Robert d’Artois; c’est le Sultan du Caire lui-même qui leur propose de ramener ces ossements à Acre, car ils font des miracles; d’où sa suggestion significative: « Miror de vobis Christianis, qui ossa mortuorum veneramini, quare et non sollicitamini de ossibus illustrissimi et genere praeclarissimi Willelmi... »; il faut admettre que le chroniqueur se sent obligé de mettre en valeur la vaillance de ses compatriotes, pour ne pas être en reste; en l’occurrence, il se montre cependant à peu près « objectif », comme toujours lorsqu’il évoque Louis IX, puisque juste avant, il a souligné la grande piété du roi de France qui paie de sa bourse le rachat des prisonniers.

1097.

Cf. P. Duparc, Dilaceratio... art. cit., p. 370; sur la résurrection, C. Walker Bynum, Material Continuity, Personal Survival and the Resurrection of the Body: A Scholastic Discussion in its Medieval and Modern Contexts, dans Eadem, Fragmentation and Redemption. Essays on Gender and the Human Body in Medieval religion, New York, 1992, p. 239-297; Eadem, The Resurrection of the Body in Western Christianity, 200-1336, New York, 1995, surtout le chapitre VI consacré au XIIIe siècle, p. 229-278.