c) Âpres tractations avec Charles d’Anjou (1261-1265)

Avant même de s’attaquer au règlement de la question sicilienne, Urbain IV montre sa résolution, face au collège de cardinaux dont il a hérité, de deux façons et non sans habileté.

Premier point: un mois après sa consécration (4 septembre 1261), il rappelle à son service le notaire Albert de Parme, naguère désavoué par Alexandre IV 1727 ; la légation qui lui est confiée embrasse la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Ecosse et l’Espagne, et concerne en apparence des problèmes financiers, mais derrière cette vaste aire géographique, se dissimule à peine la volonté de renouer avec la politique d’Innocent IV, du moins celle du début des années cinquante: chercher une solution française à la dévolution du Regnum 1728 . C’est probablement à Albert de Parme, vieux serviteur d’Innocent IV, que l’on doit de posséder sinon la totalité, du moins une bonne part de la documentation secrète que les négociations précédentes ont engendrée 1729 ; il s’agit des lettres d’Urbain IV publiées par E. Martène et U. Durand 1730 , rassemblées dans un registre pontifical spécifique, dont l’original a disparu, mais qui préfigurait celui des lettres secrètes des papes de la fin du XIIIe et du XIVe siècles 1731 ; s’y ajoutent les fragments de ce que F. Bock a nommé le R(egistrum) super senatoria Urbis du pape Nicolas III, c’est à dire de l’ancien cardinal Giovanni Gaetano Orsini déjà évoqué, élu au siège de Pierre en 1277; la plupart des documents qui s’y trouvent, relatifs aux négociations avec Charles d’Anjou, datent du pontificat de Clément IV, le successeur d’Urbain IV; quelques-uns cependant remontent au temps d’Urbain 1732 . Eudes de Châteauroux souscrit les plus importants de ces documents, ce qui renforce la valeur de ses sermons: il a parfaitement suivi l’ensemble du processus, même s’il est difficile de déceler son éventuelle implication personnelle, autrement qu’à travers ses discours, où il s’exprime souvent de façon couverte, sur le sujet.

Second point et second acte fort d’Urbain IV: pour sortir du dilemme où s’était débattu son prédécesseur et éviter de se faire annihiler par les clans rivaux des cardinaux romains, il procède dès le 24 décembre 1261 à une promotion de sept nouveaux membres du sacré collège. Ses choix sont extrêmement révélateurs de sa volonté comme des limites, en ce début de pontificat, de sa liberté en la matière 1733 . Figurent en effet parmi les nouveaux cardinaux trois Français, très proches de Louis IX: l’archevêque de Narbonne Gui Foucois, futur pape Clément IV, un légiste ancien haut fonctionnaire de la cour royale dans le Midi, avant de devenir conseiller du roi puis de choisir une carrière cléricale 1734 ; l’évêque d’Evreux Raoul Grosparmi, chancelier royal durant la croisade avant son élection épiscopale en 1259; Simon Mompris de Brion, qui avait succédé à Raoul comme chancelier; donc, un indéniable renforcement du parti français à la cour pontificale. Mais l’identité des quatre autres nouveaux cardinaux montre que le pape ne fait pas exactement ce qu’il veut, ou plutôt qu’il doit manœuvrer entre les hommes forts du précédent collège, Giovanni Gaetano Orsini et Riccardo Annibaldi: un allié du premier est promu en la personne du noble romain Jacques Savelli, futur pape Honorius IV (1285-1287) 1735 ; Riccardo Annibaldi n’est pas en reste puisque son neveu Goffredo d’Alatri est de la même fournée. Un troisième homme fort consolide ses positions, Ottaviano Ubaldini, grâce à l’arrivée de deux de ses familiers, Simone Paltinieri 1736 et Uberto Cocconato 1737 . Si l’on ajoute que le fer de lance du parti anglais à la curie, le cardinal Jean de Tolède, est promu de son titre de cardinal-prêtre de Saint-Laurent in Lucina à l’évêché suburbicaire de Porto, on s’aperçoit qu’Urbain IV doit ménager toutes les tendances 1738 ; son habileté, semble-t-il, c’est d’avoir compris qu’il ne pouvait combattre de front les cardinaux, surtout romains et italiens, qui utilisent au mieux le système du népotisme 1739 , mais qu’il est possible d’amoindrir leur influence, en profitant de la création de nouveaux membres du collège pour augmenter dans des proportions à peu près semblables leur poids respectif, tout en constituant progressivement un parti français, ou plutôt angevin, à la cour pontificale. C’est ce que semble confirmer la seconde promotion cardinalice de ce pape, en mai 1262 1740 .

Là encore, le parti angevin sort renforcé, car sur sept nouveaux cardinaux alors promus, trois sont français: Ancher Pantaléon, en dernier lieu archidiacre de Laon, surtout neveu du pape, ce qui suggère que ce dernier ne résiste pas bien longtemps aux mœurs népotistes de la cour pontificale 1741 ; puis Guillaume de Bray, théologien et mathématicien, à l’époque archidiacre de Reims, qui bénéficie peut-être d’une faveur d’Urbain IV, s’il l’a connu lorsqu’il était lui-même doyen de Laon 1742 ; enfin Gui de Bourgogne, abbé de Cîteaux, ordre cher à Louis IX comme on sait 1743 . Quant aux quatre autres cardinaux promus en 1262, trois paraissent renforcer les clans romains 1744 , tandis que le quatrième, l’archevêque d’Embrun Henri de Suse, outre ses compétences appréciées de décrétaliste, est connu pour ses liens avec la cour d’Angleterre 1745 .

Il est extrêmement difficile de déterminer a priori quelles alliances pouvaient être nouées, à l’intérieur du collège, à la faveur de ces deux renouvellements; une seule chose paraît claire, c’est qu’Urbain IV, tout en ayant ménagé l’appareil d’Etat curial traditionnel et ses soutiens sociaux et économiques, dispose désormais d’hommes dévoués, anciens compatriotes, pour la politique qu’il entend suivre; ils seront souvent ses légats et ceux de son successeur auprès de la royauté française ou de Charles d’Anjou 1746 . Ces renouvellements engendrent d’ailleurs la conséquence espérée: les cardinaux romains modifient leurs positions, en fonction des orientations nouvelles d’Urbain IV sur la question sicilienne, et l’on assiste par exemple au ralliement très rapide et enthousiaste de Riccardo Annibaldi à Charles d’Anjou dans la première année du nouveau pontificat, dont il va essayer de tirer tout le profit possible. En mai 1262, l’ambassadeur d’Henri III à la Curie, Roger Lovel, sent déjà le vent tourner, et l’écrit à son maître 1747 .

A présent, le problème qui se pose au pape n’est plus d’hésiter entre deux maisons européennes pour conquérir le Regnum. Je passerai vite sur cette dernière séquence événementielle, qui conduit, à compter du début de 1262, à l’investiture comme roi de Sicile de Charles d’Anjou, et à sa venue dans la péninsule en 1265, dans la mesure où tout cela ne nous dit rien de plus des mécanismes internes de fonctionnement du collège cardinalice, et n’apporte pas d’éclairage particulier sur la prédication d’Eudes de Châteauroux durant ces années décisives. Ce qui par contre ressort nettement des sermons datables de cette période, c’est que le candidat sur lequel Urbain IV puis Clément IV ont fondé de grands espoirs s’avère tout aussi peu docile à l’Eglise romaine que l’ont été les empereurs. Chaque moment qui scande la descente victorieuse du Capétien fait l’objet d’une négociation pied à pied, tournant globalement autour d’une question très simple, mais qui ne cesse de rebondir depuis le début du siècle: comment assurer, à l’occasion de l’avènement du représentant d’une nouvelle maison sur le trône de Sicile, plus que toute autre voué à se faire le serviteur et le bouclier de l’Eglise du Christ, la traduction concrète et symbolique de son assujetissement au siège de Pierre, que la pensée théocratique a progressivement, en théorie, élaboré comme une évidence ?

Un premier moyen employé par Urbain IV dans ce but, qui n’a pas lieu d’être développé ici, c’est qu’il a toujours dissocié l’affaire de Sicile de la sécurité de l’Etat pontifical, menacé par Manfred; il a donc tenté d’assurer par les propres forces de son gouvernement le combat contre le Hohenstaufen dans l’Italie centrale et haute, ne serait-ce que pour paraître moins dépendre de Charles d’Anjou 1748 .

Parallèlement, il a obstinément levé tous les obstacles contre la candidature angevine au trône sicilien, dont le premier, et non le moindre, était constitué par le propre frère de Charles, le roi de France Louis IX. On connaît le respect scrupuleux de ce dernier pour le droit 1749 . Or divers obstacles juridiques s’opposent à l’investiture de son plus jeune frère: les clauses du traité de Paris avec Henri III d’Angleterre, qui promettaient un subside pour la conquête de la Sicile; l’existence, qui explique ces clauses, d’un traité d’inféodation de ce royaume au fils du roi d’Angleterre, Edmond; le refus de méconnaître les droits de Conradin, puisque jamais le roi de France n’avait cessé de considérer Frédéric II comme empereur; enfin, un litige opposant sa propre femme, Marguerite, à Charles sur la Provence: elle aussi était fille du défunt comte de Provence Bérenger IV, et s’estimait lésée par la façon dont Charles, qui avait épousé en 1246 la plus jeune fille du comte et raflé l’héritage, n’avait pas respecté les clause testamentaires réservant des droits aux sœurs aînées; elle réclamait, conjointement avec sa sœur la reine d’Angleterre, sa part 1750 .

Il faut environ un an d’intrigues au pape et à Albert de Parme pour éliminer une à une les difficultés. Contre les prétentions anglaises, il fait valoir que le traité d’inféodation de la Sicile à Edmond, dont la conquête contre les Hohenstaufen déposés a toujours été présentée par les papes comme une croisade, impliquait des engagements, qu’Henri III n’a pas tenus; contre les droits de Conradin, la même logique, arguant de la privation du fief qu’entraînait la déposition, est utilisée; quant à la reine, il lui écrit à maintes reprises pour la convaincre de ne pas s’opposer à un projet si cher à l’Eglise, et même lui présente la solution du recours à Charles comme un pis-aller, car Louis IX, ou un de ses fils, eût été le candidat idéal pour une si noble entreprise 1751 . Finalement, c’est en faveur de son plus jeune frère que Louis IX finit par accepter le plan pontifical 1752 .

Mais un nouveau problème s’est présenté entre-temps, qui retarde encore de près d’un an la conclusion d’un traité. Il s’agit des démarches que mène l’ancien empereur latin de Constantinople, Baudouin, auprès de Louis, pour le convaincre de contribuer à le rétablir, contre les Grecs, sur son trône impérial, première étape vers une nouvelle croisade 1753 . Le roi de France est si peu certain de la légalité comme de la viabilité du projet sicilien, et surtout si attaché à la croisade et à la reconquête des lieux saints, qu’il penche pour une conciliation avec Manfred, puisque le Hohenstaufen s’est déclaré disposé à aider l’entreprise de croisade contre Michel Paléologue. Louis IX propose donc au pape, à l’été 1262, un projet dans ce sens. Urbain IV, toujours en manœuvrant habilement, c’est à dire en ne heurtant jamais le souverain capétien de front, parvient cependant à éluder tout engagement qui pourrait faire échouer son projet de confier le trône sicilien à l’un des rejetons de la maison de France 1754 .

Ce n’est donc qu’à l’automne 1262, au plus tôt, que le notaire Albert de Parme prend pour la première fois directement contact, en Provence, avec Charles d’Anjou, et ce n’est pas avant mai 1263 que les événements qui devaient enfin conduire à un accord se déclenchent 1755 : le roi et ses frères, Alphonse de Poitiers et Charles d’Anjou-Provence, discutent à Vincennes, envoient des messagers à la cour pontificale; les tractations sur des « conditiones » pour l’inféodation de la Sicile à Charles, base d’un traité, sont discutées à plusieurs reprises, tant en consistoire qu’avec le prétendant, jusqu’à la ratification définitive du document par le pape et les cardinaux le 26 février 1265, puis à la cérémonie d’investiture de Charles, enfin parvenu en Italie, le 28 juin de cette même année, par quatre cardinaux que le nouveau pape, Clément IV, a préposés à cet effet 1756 ;enfin, Urbain IV signifie officiellement au roi d’Angleterre, à l’été, la caducité des engagements pris auprès d’Edmond, mais dont aucun n’a, ensuite, connu un début d’exécution 1757 .Si pourtant, après des préliminaires qui avaient duré plus de dix ans, depuis les premières approches d’Innocent IV, la conclusion traîna encore deux ans, c’est que très vite Charles s’était montré « gourmand », et désireux d’établir sur la péninsule un protectorat bien encombrant, peu respectueux de son statut, prévu par le traité, de vassal du Saint-Siège.

Un seul exemple suffira, car il nous entraîne directement, à nouveau, au cœur des luttes d’influence au sein du collège cardinalice, et donc des sermons qu’Eudes de Châteauroux prononce, entre la fin de 1264 et le début de 1266, sans doute en consistoire. Le pape, on l’a vu, souhaitait absolument dissocier l’affaire sicilienne de l’Etat pontifcal lui-même, donc ne pouvait accepter que Charles d’Anjou détînt des titres qui feraient de lui autre chose qu’un vassal du Saint-Siège, et lui permissent de prétendre à des destinées plus hautes encore. Or, à peine Urbain IV a-t-il expédié en France une première version des « conditiones » qui doivent former la base des discussions, que Charles se voit offrir, et accepte, le titre de sénateur de Rome, au début d’août 1263. Ce n’est évidemment pas le pape qui effectue cette démarche, mais certains cardinaux, parmi lesquels on est à peine surpris de découvrir, comme principal instigateur, Riccardo Annibaldi, il y a peu soutien fervent et intéressé de la candidature anglaise 1758 . Significativement, lors des différentes remises en chantier du traité d’inféodation, la clause relative au titre de sénateur fournira toujours l’occasion d’un débat épineux, le pape Clément IV par exemple se montrant désireux de limiter par tous les moyens sa durée, sans parvenir à obtenir de garanties suffisantes de Charles, comme on le voit dans le traité définitif du 26 février 1265 1759 . Le fait même qu’il y ait eu à négocier sur ce point, absolument absent des premières discussions, puisque la revendication du titre en question avait été formellement prohibée par Urbain IV en juin 1263 1760 , indique à quel point l’idée chère aux papes, qu’ils pourraient traiter avec le futur roi de Sicile comme avec un allié désintéressé de l’Eglise, s’avère illusoire. Au même moment en effet, ils sont sous la menace continuelle des troupes de Manfred; et ce dernier - il est vrai dans un dernier baroud d’honneur, alors que Charles a déjà débarqué sur le sol italien et tient Rome avec une faible troupe - postule officiellement au titre impérial, en adressant aux Romains un manifeste en ce sens, le 24 mai 1265 1761 .

A défaut de pouvoir dans les faits, et même au niveau du droit comme le montrait la question des « conditiones », s’opposer aux appétits de pouvoir de Charles de Sicile, il restait aux papes, et à ceux des cardinaux qui désapprouvaient la conduite du champion de l’Eglise romaine 1762 , le combat idéologique et symbolique. C’est ce combat jamais abandonné qui avait finalement fait gagner à leurs prédécesseurs bien des batailles, où les rapports de force initiaux étaient en leur défaveur; et c’est cette élaboration idéologique, cérémonielle et liturgique, qui poussait irrésistiblement depuis le début du siècle les papes vers l’affirmation d’une royauté supérieure dont ils exerçaient le vicariat. Il me semble que les sermons d’Eudes de Châteauroux qu’il convient à présent d’étudier disent en substance exactement cela: il n’est pas dans la possibilité d’un roi laïc, si puissant soit-il, d’aller contre l’ordre que Dieu lui-même, pour l’éternité et à travers les vicissitudes des dominations politiques, a établi, à savoir la subordination de tout pouvoir, en dernière instance, au seul vrai roi, le Christ.

Notes
1727.

Cf. supra note 53.

1728.

F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 83-84; l’auteur explique cela par la volonté de ne pas éveiller l’attention du parti anglais de la curie, dans l’attente d’une promotion cardinalice qui doit donner au pape davantage de marge de manœuvre, voir ci-dessous.

1729.

Ibidem, p. 83.

1730.

E. Martène et U. Durand, Thesaurus nouus anecdotorum, Paris, 1717, t. II, p. 2- 96.

1731.

Cf. supra note 23.

1732.

Cf. F. Bock, Il R(egistrum) super senatoria Urbis di papa Nicolo III, dans BISIM, t. LXVI (1954), p. 79-113; l’auteur donne en appendice, p. 103 s., certaines pièces telles qu’elles se présentent dans le ms. original, c’est à dire sans classement chronologique; celles datant d’Urbain IV sont à la fin de sa publication, n° 6 et 8 p. 112-113; celles datant de Clément IV les précèdent; les noms des cardinaux souscripteurs, dont Eudes de Châteauroux, sont transcrits.

1733.

Voir sur cette promotion en général J. Maubach, Die Kärdinale... op. cit., p. 91-98; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 297-303; J. Maubach fait une erreur, rectifiée par E. Jordan, en parlant de la promotion de huit cardinaux, car il y compte le célèbre canoniste Henri de Suse, dit aussi Hostiensis, lequel n’est promu qu’en mai 1262, lors de la seconde création d’Urbain IV, voir ci-dessous; pour les cardinaux français plus spécifiquement, L. Gatto, Il pontificato... op. cit., p. 3; J. Richard, Saint Louis... op. cit., p. 384-385.

1734.

Sur lui, Y. Dossat, Gui Foucois, enquêteur-réformateur, archevêque et pape (Clément IV), dans Les évêques, les clercs et le roi (1250-1300), Toulouse, 1972 (Cahiers de Fanjeaux, 7), p. 23-57.

1735.

Voir S. Carocci, Baroni... op. cit., p. 416 et note 12; Idem, Il nepotismo... op. cit., passim s. v. « Onorio IV » (Indice, p. 230).

1736.

Dont la promotion officielle semble avoir été retardée à cause d’accusations sur ses pratiques simoniaques; une commission de trois cardinaux, dont Eudes de Châteauroux, le blanchit, permettant qu’il reçoive les insignes de son titre, cf. J. Maubach, Die Kärdinale... op. cit., p. 96 et notes 2 et 3; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 298-299.

1737.

Sur lui, cf. la notice du DBI, t. XXVI (1982), p. 538-541.

1738.

E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 297, parle « d’une espèce de transaction entre ses électeurs et lui [Urbain IV] ». Sans qu’il soit possible d’interpréter une autre initiative du pape, avortée, il semble qu’ait été aussi envisagée la promotion d’Hugues de Saint-Cher à l’évêché suburbicaire d’Ostie, mais que finalement ce dernier ait accepté de laisser la place à Henri de Suse (cf. A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 263); ce dernier y accède lors de la seconde promotion d’Urbain IV, voir ci-dessous.

1739.

Cf. S. Carocci, Il nepostismo... op. cit., p. 78-83, sur cette supériorité, facilement explicable, des cardinaux romains en la matière.

1740.

Cf. J. Maubach, Die Kärdinale... op. cit., p. 99-102; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 303-308.

1741.

Salimbene confirme, en se montrant encore plus direct: il prétend qu’Ancher est en réalité le fils d’Urbain IV(cf. Salimbene.. éd. cit., p. 260, § 247 lignes 12-17).

1742.

Chapitre où Jacques Pantaléon fut prébendé, cf. J. Maubach, Die Kärdinale... op. cit., p. 100 et note 3.

1743.

J. Maubach, Die Kärdinale... op. cit., p. 101, explique que Gui doit avant tout sa promotion à Eudes de Châteauroux, son frère en religion; on a vu ce qu’il fallait penser de cette dernière assertion. Par contre, on peut accepter l’idée de l’auteur, que le groupe des théologiens , des « vrais hommes d’Eglise » comme il les appelle, sort renforcé de cette seconde promotion. De façon générale, J. Maubach caractérise cette promotion comme celle des théologiens (Ibidem, p. 102), l’opposant à la première qu’il voir dominée par les juristes (Ibidem, p. 98); ces généralisations sont toujours à considérer avec circonspection, si l’on tient compte que cette seconde fournée inclut aussi Henri de Suse, décrétaliste fameux, et voulu pour cela par le pape.

1744.

Il s’agit du neveu de Riccardo Annibaldi, Annibaldo Annibaldi, un maître en théologie franciscain formé à Paris par Thomas d’Aquin (cf. la notice du DBI, t. III [1961], p. 342-344); de celui de Giovanni Gaetano Orsini, Matteo Rosso Orsini di Gentile, peu connu (voir toutefois S. Carocci, Il nepotismo... op. cit., passim s. v. « Matteo Rosso di Gentile, cardinale », Indexp. 230); enfin de Giordano Pirunto da Terracine, depuis longtemps notaire et vice-chancelier de la curie.

1745.

Outre J. Maubach et E. Jordan, loc. cit.supra note 138, ajouter C. Lefebvre, Hostiensis, dans DDC, t. V (1953), col. 1211-1227, en particulier col. 1214 pour les liens avec l’Angleterre et la promotion au cardinalat.

1746.

Ainsi, Simon de Brion devint en 1264 le légat en France de Clément IV pour la croisade contre Manfred, et négocia le traité d’investiture de la Sicile; quant à Raoul de Grosparmi, après la victoire sur Manfred à la bataille de Bénévent en 1266, il réorganisa pour le compte du nouveau roi de Sicile comme du Saint-Siège l’église du royaume; il fut ensuite celui que le Clément IV désigna pour être légat de la seconde croisade de Louis IX en Orient, cf. E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 309.

1747.

Cf. J. Maubach, Die Kärdinale... op. cit., p. 103; et sur le retournement du clan annibaldien, et de nombreux cardinaux italiens, p. 104-105; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 307-308.

1748.

Sur tout cela, E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 308-369, demeure un classique.

1749.

Voir en général L. Buisson, Ludwig IX der Heilige und das Recht, Fribourg-en-Brisgau, 1954.

1750.

Sur le différend entre Marguerite et Charles, qui visiblement se détestaient, cf. J. Richard, Saint Louis... op. cit., p. 438; J. Le Goff, Saint Louis... op. cit., p. 272. Pour l’ensemble de ces obstacles juridiques et les réticences de Louis IX, cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 84-85; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 375-376.

1751.

Cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 85; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 377.

1752.

E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 378.

1753.

Cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 86-87.

1754.

Cf. E. Jordan, Les origines... op. cit., qui traite dans le détail ces ultimes tractations entre le roi de France, Manfred et le pape, p. 379-396.

1755.

Cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 88-89; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 396.

1756.

Sur les différentes versions du traité, depuis celui de juin 1263, jusqu’à celui, définitif, du 26 février 1265, et les enjeux des modifications, E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 420-526, est irremplaçable; plus synthétiquement, F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 89-100.

1757.

Cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 89; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 398.

1758.

Sur la première élection de Charles comme sénateur des Rome, cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 90-91; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 455-462, en particulier p. 459-460 sur le rôle personnel, à l’insu du pape qui ne peut qu’acquiescer face à la menace des troupes de Manfred, du cardinal Riccardo Annibaldi.

1759.

Cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 99; E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 519-520.

1760.

Cf. F. Bock, Le trattative... art. cit., p. 95.

1761.

Voir le texte dans Constitutiones et acta publica imperatorum et regum, t. II/1, éd. L. Weiland, Hanovre, 1896 (MGH, LEGES, sectio IV), n° 424, p. 558-565.

1762.

Malgré les difficiles négociations qu’il vient de mener avec ses représentants, c’est naturellement ainsi que Clément IV, dans le traité d’investiture du royaume du 28 juin 1265, présente Charles d’Anjou, cf. l’extrait traduit par J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 561