e) Règlements de comptes: la leçon de Thomas Becket

Le SERMO n° 29 s’en prend, lui, peut-être avec ironie, car désormais le sort en est jeté, principalement au chef du parti anglais, le cardinal Jean de Tolède, qui a vu toutes ses tentatives échouer. Mais il n’épargne pas non plus ses avertissements au futur roi de Sicile, et à ceux des cardinaux qui le soutiennent après avoir combattu sa candidature, cela en utilisant l’exemple d’un grand défenseur des libertés de l’Eglise, Thomas Becket. Plus encore que pour d’autres SERMONES, les apostrophes de l’orateur sont en faveur d’un sermon réellement prêché. Les nombreuses allusions anti-anglaises que le texte recèle en font un manifeste polémique; si, de façon générale, le cardinal, sans doute à cause de ses origines berrichones, n’aime pas trop les Anglais, il côtoie en outre, au sein du Collège, un collègue appartenant à cette nation, qui cumule à ses yeux tous les défauts des nobles romains, y ajoutant l’hypocrisie en matière de religion, puisqu’il porte l’habit cistercien.

Eudes de Châteauroux témoigne, peut-être à cause de sa répulsion pour l’Angleterre, d’une bonne connaissance de son histoire récente. Adaptant avec son habileté coutumière ses citations bibliques, notamment le thème de son sermon, à la généalogie de la famille des Plantagenêt 1920 , il n’omet, pour évoquer le lent cheminement de Thomas Becket vers le martyre, aucun des grandes étapes politiques de son combat: sa carrière séculière initiale comme chancelier; sa véritable conversion lorsqu’il devient archevêque, alors que l’Angleterre de ce temps voyait très fréquemment les grands serviteurs de l’Etat continuer leur service sous d’autres formes en assumant les plus hautes prélatures 1921 ; puis les assemblées où la quasi-totalité des Grands, laïcs comme clercs, prend le parti du roi contre l’oint du Seigneur 1922 ; et la marche au sacrifice, qui connaît une pause à partir de l’arrivée en France, complaisamment présentée comme terre d’accueil 1923 . C’est ici que commence à se dessiner subtilement l’attaque ad hominemcontre Jean de Tolède: Eudes de Châteauroux, sans doute de bonne foi, suggère l’entrée dans l’ordre cistercien de l’archevêque exilé, et l’intensification de son ascétisme 1924 . Or le cardinal cistercien est présenté comme ayant parcouru le chemin exactement inverse. Après sa promotion à l’archevêché, Thomas Becket vécut une conversion intérieure, pour ensuite revêtir l’habit monastique 1925 : « Malheur et honte à ceux de nos contemporains qui, alors qu’ils étaient religieux avant leur promotion, une fois devenus évêques, semblent s’être débarrassés de ce qui avait trait à leur profession religieuse, à l’exception peut-être de l’habit, et encore, en partie seulement. En cela, ils font la preuve qu’antérieurement ils n’étaient pas de véritables religieux, mais qu’ils simulaient » 1926 .

Jean de Tolède, on l’a vu, avait tout pour déplaire à Eudes de Châteauroux: il « sent le soufre », car il pratique la médecine et tente de garder en vie des papes dont la vocation est de demeurer peu de temps sur le siège de Pierre 1927 ; mais surtout, disent les sources, il s’adonne aux pratiques divinatoires et à la prophétie 1928 ; et il a défendu, dans l’affaire de Sicile, le parti anglais 1929 , faisant preuve à cette occasion d’un népotisme, voire d’une simonie, peu communs 1930 .

Pour autant, Eudes de Châteauroux n’est pas un fanatique de Charles d’Anjou. Le sermon sur Thomas Becket lui permet donc de mettre en garde le futur maître du Regnum, qui a rapidement trouvé des alliés au sein du collège, sur le rang qui devrait être le sien: le précédent historique de Becket montre que Dieu finit toujours par punir le tyran, jusque dans sa propre famille; il démontre aussi la supériorité du sacerdoce sur le royaume séculier, thème déjà amplement abordé dans les sermons sur saint Silvestre. Toute la fin du discours est donc consacrée à la collusion évidente entre le Prince et certains cardinaux:

‘« Quoiqu’aujourd’hui les princes séculiers aient investi la citadelle ecclésiastique, elle est surtout la proie des clercs et les prélats. Car nulle pestilence n’est plus nuisible que celle du familier hostile... Par leur intermédiaire en effet, les biens temporels de l’Eglise sont dilapidés, ses richesses spirituelles partent en fumée, avant tout parce qu’ils introduisent dans l’Eglise de Dieu des hommes non circoncis 1931 et sans valeur, leur confient le soin d’autres églises et leur confèrent des dignités. Lors des élections, ils traitent de même contre Dieu et contre L’Eglise, s’opposent par leur malice à ceux qui veulent défendre les droits ecclésiastiques, et poussent les princes séculiers à persécuter l’Eglise » 1932 .’

Charles d’Anjou, outre ces avertissements généraux, fait l’objet d’attaques plus subtiles, à travers la narration de deux exempla . Le premier a pour sujet Guillaume d’Orange, héros d’un des trois cycles épiques les plus célèbres du Moyen Age 1933 ; dans le second, c’est le conquérant normand de la Sicile Robert Guiscard qui est mis en scène, dans un exemplumtiré de l’œuvre de Guillaume de Pouilles: La geste de Robert Guiscard, texte latin de la fin du XIe siècle dont on connait seulement la traduction tardive en français, faite en milieu angevin au début du XIVe siècle 1934 . Le prédicateur manipule un peu sa source et l’histoire, en substituant le monastère célèbre du Mont-Cassin, alors entre les mains des prines de Capoue (maison d’Aversa), à celui dont s’est réellement emparé Guiscard chez Guillaume de Pouilles, et qui se trouve en Calabre; de même, dans le récit original, ce n’est pas Guiscard lui-même, mais un chevalier anonyme qui, déguisé en mort, est transporté dans un cercueil pour s’emparer du monastère 1935 . Ce qui est certain, c’est que les deux conquérants s’emparent par la ruse et la traîtrise d’Orange et du Mont-Cassin, comme d’autres se procurent traitreusement les dignités et les bénéfices ecclésiastiques 1936 . Si Charles veut se montrer un conquérant digne de la cause qu’il défend, celle de l’Eglise, il devra ne faire confiance qu’à Dieu et à ses serviteurs.

C’est donc par une évocation de l’Eglise et de ses prélats qu’il convient d’achever l’analyse de ce sermon: le cardinal y traite avec ampleur un thème déjà présent dans les discours précédents, à savoir l’association de tous, dans la communion sacramentelle, à la royauté christique dont elle a hérité. L’onction du baptême, que reçoivent tous les Chrétiens, est ainsi longuement évoquée: il convient de les appeler christi, c’est à dire « oints » 1937 . Logiquement, la spécificité de la position épiscopale à l’intérieur de la Christianitas, mise en évidence par un rite particulier lors de la consécration (onction in manibus et capitibus ), est soulignée 1938 . Du point de vue sacerdotal cependant, les canonistes à l’époque ne disent pas que l’onction de l’évêque est supérieure à celle du prêtre: ce dernier n’est en situation d’infériorité qu’au niveau juridictionnel 1939 . Comme l’indique notre texte, c’est du point de vue de « l’onction spirituelle » 1940 , c’est à dire de la grâce, que le supérieur hiérarchique doit s’imposer. Cette vision du sacerdoce, où la qualité de la grâce reçue dépend de l’état d’esprit de celui qu’on ordonne, et non l’inverse, est bien sûr tout à fait conforme à l’enseignement de l’Eglise depuis l’époque grégorienne. Mais le texte parle en outre, citant le Psaume 104, 15, de l’onction des prophètes et de celle des rois de l’Ancien Testament, c’est à dire implicitement du sacre, dont on sait que la figure de Samuel oignant David fournit le prototype. Ce fait n’est sans doute pas dû au hasard, quelques jours avant le couronnement et l’onction de Charles d’Anjou à Saint-Pierre de Rome. Il pourrait bien s’agir ici d’une allusion à l’onction royale 1941 .

On ne doit pas oublier que depuis Innocent III, les papes s’efforçaient de déprécier l’onction impériale ou royale 1942 , tandis que Charles d’Anjou, au contraire, a voulu conférer à son sacre une grande valeur religieuse 1943 . Par le biais de l’onction, l’auteur réintroduit donc le vieux débat entre Regnum et Sacerdotium 1944 . S’il paraît clair qu’aux yeux de l’orateur, l’onction sacerdotale est sans comparaison avec celle dont bénéficie le souverain laïc, la même exigence morale, sous-tendue par la grâce spirituelle que doit posséder celui qui la reçoit, et dérivant des types bibliques, vaut pour les deux fonctions. C’était cette même conception que défendait, selon les historiens, Thomas Becket 1945 , dont Henri II était l’antithèse absolue; tout risque n’était pas écarté que Charles se mît à lui ressembler.

Avant d’aborder le sacre de Charles d’Anjou, il me semble que l’on peut dégager deux conclusions nettes de ce groupe de textes très denses.

En bonne théologie, seul le Christ s’est incarné: le Verbe a pris chair, conjuguant un instant la royauté terrestre avec celle, prédestinée, dont il est revêtu pour les siècles des siècles. Aussi ne convient-il pas de se tromper sur la nature de cette royauté: il ne pouvait la communiquer, dans sa plénitude, à personne, et lui-même a voulu qu’ensuite pouvoir temporel et sacerdoce spirituel fussent divisés. De là découlent les limites qui accompagnent le transfert de cette plénitude à ses vicaires, les papes, par l’intermédiaire de la commisssion pétrine: de par la fonction rédemptrice du Verbe incarné, leur pouvoir est d’abord sacerdotal, et lorsque le cardinal Eudes dit clairement qu’ils sont rois comme successeurs de l’apôtre Pierre, il leur associe immédiatement l’Eglise et tous les fidèles. Quant au pouvoir de gouvernement que le Christ exerce à travers eux et l’Eglise, il « reste lié, comme toutes ses prérogatives, à son sacrifice; sa royauté n’est pas, selon sa raison formelle, son sacerdoce; elle est cependant sacerdotale. Le pouvoir attribué au Christ et, à cause de lui, à l’Eglise, [...] est une conséquence de la Rédemption et un moyen à son service », ainsi que le rappelle J. Leclerq 1946 .

En bonne exégèse, comme le rappelle plusieurs fois le cardinal, il faut comprendre spirituellement le lien entre Ancien et Nouveau Testament, y compris à propos du cumul des dignités royale et sacerdotale 1947 ; ou de l’accomplissement par Silvestre de ce qui fut annoncé en figure par l’Ancien Testament 1948 . Il est normal qu’un exégète de l’expérience d’Eudes de Châteauroux n’ait pu pencher vers la hiérocratie. Le fondement même de l’herméneutique biblique léguée par la Tradition de l’Eglise interdisait toute tentation de ce genre, tandis que ce sont les papes canonistes qui se sont approchés le plus près de cette monarchie absolue qu’ils n’auraient pas dû revendiquer. Innocent III, le précurseur sur cette voie, a pourtant su toujours garder la mesure, comme en témoignent certains de ses sermons, et les formules de sa chancellerie 1949 . Des papes comme Innocent IV et plus tard Boniface VIII, s’ils n’ont fait que suivre les traces de leur illustre prédécesseur, n’ont sans doute pas eu cette humilité; est-ce un hasard si tous deux cherchèrent avidement à prolonger leur vie mortelle ? 1950

Notes
1920.

Ainsi « les rois  de la terre » de son thème (Ps. 2, 2) sont identifiés aux lignes 6-7 à Henri II Plantagenêt et à son fils cadet, héritier présomptif au moment du conflit avec Becket (l’ainé est mort en 1156), cf. F. Barlow, The Feudal Kingdom of England (1042-1216), Londres, 19884, tableau généalogique p. 454-455. voir plus loin (lignes 104-105) l’évocation de la lutte entre Henri II et ses fils (F. Barlow, Ibidem, p. 337 s., 347 s.); et celle de la mort précoce de l’héritier présomptif (lignes 105-106), disparu avant son père (Henri le jeune est mort en 1183, Ibidem, p. 344, Henri II en 1189).

1921.

Becket fut chancelier de janvier 1155 au plus tard à mai 1162 (ordination comme prêtre), cf. F. Barlow, Thomas Becket, Londres, 1986, p. 42, p. 69 s.; il refuse alors de cumuler la chancellerie et l’archiépiscopat (reception du pallium en août 1162, Ibidem , p. 72-73).

1922.

Lignes 7-9; l’assemblée évoquée est soit celle de Clarendon ( fin janvier 1164), cf. F. Barlow, Ibidem, p. 98 s.; soit celle de Northampton (septembre 1164), Ibidem , p. 108 s., en particulier p. 111-112 sur les suffrageants cédant au roi et s’opposant à Becket.

1923.

Lignes 41-49; sur le changement d’attitude de Becket une fois devenu archevêque, et plus particulièrement après son arrivée en France où il a passé la majeure partie de son exil chez les Cisterciens de Pontigny et adopté des usages (vêtement, liturgie) monastiques, cf. F. Barlow, Thomas Becket... op. cit. , p. 128; mais l’auteur met en doute une profession monastique réelle, attestée par un seul biographe, Ibidem p. 129.

1924.

Lignes 64-66 pur la prise d’habit monastique (la vérité est beaucoup moins sûre, cf. note précédente). Eudes de Châtearoux a besoin d’en faire un cistercien véritable après sa promotion comme archevêque pour des raisons internes au Collège, cf. note suivante); pour l’ascétisme, note précédente et lignes 61-62.

1925.

Lignes 64-66.

1926.

Lignes 67-70. Sur le fait que Jean de Tolède gardait son habit religieux, on en a la certitude grâce à son surnom, « albus », cf. A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 229-230; quant à sa promotion épiscopale, elle est toute récente, puisqu’il fut d’abord, par la grâce d’Innocent IV, cardinal-prêtre du titre de San Lorenzo in Lucina (Ibidem, p. 323), avant d’être promu par Urbain IV à l’évêché suburbicaire de Porto en 1261, voir le début de ce chapitre. On sait par ailleurs que l’ordre cistercien a été divisé par l’affaire Becket, à cause de ses liens très forts avec la Cour d’Angleterre, cf. Thomas Becket. Actes du Colloque international de Sédières. 19-24 août 1973, éd. R. Foreville, Paris, 1975, en particulier les articles de R.-H. Bautier, Les premières relations entre le monastère de Pontigny et la royauté anglaise, p. 41-48; A. Dimier, Henri II, Thomas Becket et les Cisterciens, pp. 49-53; A. H. Bredero: Thomas Becket et la canonisation de saint Bernard, p. 55-62.

1927.

C’est l’origine probable de son surnom: il aurait étudié la médecine à Tolède.

1928.

Cf. H. Grauert, Meister Johann... art. cit.,p. 138-141, et A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 239-240.

1929.

Cf. sa prophétie contre Charles d’Anjou, lorsque ce dernier a été choisi par Urbain IV (A. Paravicini-Bagliani, Cardinali... op. cit., p. 240 et note 3).

1930.

Cf. J. Maubach, Die Kardinäle... op. cit., p. 68, p. 73, p. 77, p. 78, p. 84, p. 85.

1931.

Allusion à Ez. 44, 7.

1932.

Lignes 115-125.

1933.

Lignes 75-77; cf. l’article Geste de Guillaume d’Orangedans le DLF, p. 520-522; précisément, l’épisode est emprunté à la chamson intitulée Le charroi de Nîmes, éd. D. Mc Millan, Paris, 1972, vers 1033. Sur ce stratagème, cf. F. Suard, Le motif du déguisement dans quelques chamsons du cycle de Guillaume d’Orange, dans Olifant , t. VII/4 (1980), p. 343-358.

1934.

Lignes 77-79; cf. l’éd.-trad. de M. Mathieu, Palerme, 1961 (Istituto Siciliano di Studi Bizantini e Neoellenici, Testi e Monumenti, Testi 4), livre II, vers 332-354. Sur cette source de la conquête, voir J.-M. Martin, Italies normandes, XI e -XII e siècles, Paris, 1994, p. 14. La réputation de ruse de Guiscard est vite devenue légendaire grâce aux historiens de la conquête normande de l’Italie, surtout Aimé du Mont-Cassin, Storia dei Normanni di Amato di Montecassino, éd. V. De Bartholomaeis, Rome, 1935 (Fonti per la storia d’Italia, 76), voir P. Aubé, Les empires normands d’Orient, XI e -XIII e siècle, Paris, 1991, p. 48 s.

1935.

On retrouve la même histoite, appliquée à Bohémond de Tarente, dans l’Alexiaded’A. Comnène, livre XIII, chap. 10, 5, éd. B. Leib, Paris, 1989, t. 2.

1936.

Lignes 78-83.

1937.

Lignes 23-25. N. Bériou me dit que cette idée du chrétien oint par le baptême se retrouve dans les sermons, contemporains, de Robert de Sorbon et de Guillaume d’Auvergne. On trouve des explications sur l’onction des prêtres et des simples fidèles, ainsi que son rôle pour procurer l’onction spirituelle, dans J. Beleth, Summa de ecclesiasticis officiis(éd. H. Bouteil), Turnhout, 1976 (CCCM, XLI A), p. 168; si Eudes de Châteauroux cite parfois ce liturgiste, on n’y trouve rien sur l’onction spécifique des évêques, évoquée note suivante.

1938.

Lignes 24-25; concernant la spécificité de l’onction épiscopale (sur les mains et la tête), cf. A. G. Martimort (dir.): L’Eglise en prière. Introduction à la liturgie, t. III: Les sacrements, nelle éd. Paris, 1984, p. 180-181, selon qui ce rite est une innovation de la liturgie romano-franque et n’a pas varié avant les réformes du XXe siècle (les changements introduits par G. Durand de Mende ne datent que de la fin du XIIIe siècle et ne concernent pas l’onction, cf. Ibidem p. 187 s.).

1939.

Cf. à la suite d’ A. Graboïs, L’idéal de la royauté biblique dans la pensée de Thomas Becket, dans Thomas Becket. Actes... op. cit., p. 103-109, la discussion, p. 129-132, en particulier P. Andrieu-Guitrancourt, p. 130.

1940.

Lignes 25-26.

1941.

De plus, le rapprochement entre le baptême et le sacre est courant au XIIIe siècle, cf. P. Buc, David’s adultery with Bathsheba and the healing power of the capetian kings, dans Viator, t.XXIV (1993), p. 101-120, ici p. 104.

1942.

Cf. R. Folz, Le sacre impérial et son évolution (X e -XIII e siècle), dans Le sacre des rois. Actes du colloque international d’histoire sur les sacres et couronnements royaux (Reims, 1975), Paris, 1985, p. 89-100, ici p. 92 et note 18.

1943.

Cf. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit. ; et La « foi monarchique »: royaume de Sicile et Provence (mi-XIII e -mi-XIV e siècle), dans Le forme della propaganda... op. cit., 1994, p. 85-110, ici p. 86 s.

1944.

Voir, pour une discussion concernant le caractère comparé de l’onction du roi et de l’évêque, ou du prêtre, E. Kantorowicz, Les deux corps du roi... op. cit., p. 53 s. Les textes cités par E. Kantorowicz s’appliquent à une période plus haute, le XIe siècle, et veulent démontrer entre autres, cf. p. 59-60, la supériorité de l’onction royale. Je reviens sur ce point crucial dans le commentaire du SERMO n° 31, ci-dessous

1945.

Cf. la communication citée d’A. Graboïs, L’idéal de la royauté... art. cit., passim, qui discute de nombreux exemples vétéro-testamentaires communs à notre texte.

1946.

Cf. J. Leclerq, L’idée de royauté... op. cit., p. 20. Voir aussi les p. 63-64: « Les papes ne font pas dériver du Christ-roi leur pouvoir d’adminsitrer l’Eglise ou de remettre les péchés: ils évoquent alors le Christ rédempteur et Pasteur. Ils agissent en vertu de sa royauté quand les necessités de l’Eglise sont mêlées à la politique, et ils prétendent alors intervenir en vue des intérêts religieux. La fonction qu’ils exercent au nom du Christ-roi est un aspect de leur ministère pastoral: c’est leur façon de s’en acquitter à l’égard d’une catégorie de chrétiens: les souverains ».

1947.

SERMO n° 26, lignes 12-13.

1948.

SERMO n° 27, lignes 23.

1949.

W. Imkamp, Die Kirchenbild... op. cit., p. 67, relève, à propos de la valeur des sermons de ce pape, qu’ils dévoilent un aspect de sa personnalité non autrement documenté: sa profonde humilité, lorsqu’il se demande par exemple, dans le sermo XX De sanctis, « in festo beati petri », tout entier consacré à la théologie de la primauté romaine, s’il est lui-même digne de et fidèle à la fonction (éd. cit PL, t. 217, col. 543C-548C). Pour les titres accordés au pape par la chancellerie romaine, voir S. Kuttner, Universal Pope or Servant of God’s Servants: The Canonists, papal Titles, and Innocent III, dans Revue de droit canonique, t. XXXI (1981), p. 109-149 (repris dans Idem, Studies in the History of Medieval canon Law, Aldershot, 1990 [Variorum Reprints], art. VIII): l’auteur montre que les papes balancent depuis très longtemps (au moins Grégoire le Grand, qui employa le premier le titre « serviteur des serviteurs de Dieu ») entre l’étiquette de leur fonction et la conscience des responsabilités qui leur incombent, engendrant l’humilité; Innocent III résoud le problème en indiquant que l’universalité revendiquée par le pape s’applique à l’Eglise romaine, non à la personne du souverain pontife (Ibidem, p. 120 s.); j’ajoute que saint Bernard, pourtant le premier on l’a vu à proposer au pape le type de Melchisedech roi et prêtre, ne cesse dans le De considerationeadressé à Eugène III de mettre ce dernier en garde, en l’enjoignat de considérer sa fonction comme un ministère, non un titre au pouvoir (voir Saint Bernard, De la considération, trad. de P. Dalloz, Paris, 19862, p. 58, et note correspondante p. 158, pour Melchisedech; entre autres, p. 52-53 pour l’humilité).

1950.

Pour Innocent IV, voir ci-dessus; pour Boniface VIII, cf. A. Paravicini-Bagliani, Il corpo... op. cit., p. 284-285, et surtout p. 319-329 sur les possibles aspirations à la survie par-delà la mort.