Premier effet concret des longues négociations menées depuis plus de dix ans, et conclues par un accord sans cesse remis en chantier depuis juin 1263, le roi doit être sacré 1962 . Ce n’est pas en soi le traité d’investiture de juin 1265 qui exige cela, puisque Charles n’y prit d’engagements que comme vassal; on ignore d’ailleurs tout des problèmes juridiques de la dévolution du royaume, notamment de la façon dont a pu se régler, le 6 janvier 1266, l’articulation entre la fidélité due au souverain pontife, seigneur du Regnum, pour l’investiture, et l’hommage juré lors du sacre 1963 . De toute façon, du point de vue de la Curie que représente Eudes de Châteauroux, la dimension religieuse de la cérémonie revêt une dimension autrement plus importante, car à cette occasion, une nouvelle et sainte lignée de souverains s’implante dans le Regnum . Le pape lui-même prescrit, dans une bulle du 20 décembre 1265, que le nouveau roi de Sicile soit oint et couronné 1964 , et Charles ne cache pas sa joie face à ce qui lui arrive 1965 .
En outre, une telle cérémonie ne manque pas de précédents, car l’ensemble des souverains séculiers aspirait depuis plusieurs siècles à sacraliser leur office, afin d’accéderà un statut intermédiaire entre celui des clercs et celui des laïcs 1966 . C’est encore plus vrai dans le cas précis de Charles. Même si l’on ignore quel ordoa servi pour lui et son épouse le 6 janvier 1266 1967 , il disposait de plusieurs sources d’inspiration: les rois de sa race sont sacrés depuis des temps immémoriaux, comme l’étaient les empereurs, dont on possède depuis le Xe siècle les ordinesdu couronnement, comme l’étaient enfin les rois normands de Sicile. Pour des raisons diverses mais complémentaires, Charles et ses conseillers avaient obligatoirement ces exemples en tête 1968 . Quant à la Curie, elle ne manquait pas de modèles d’ordinesà proposer à son champion 1969 .
Pourtant, les parties n’étaient pas parvenues à se mettre d’accord. Car Charles, s’il tenait beaucoup à ce sacre, avait absolument refusé de venir à Pérouse, où résidait la Curie: seule Rome, la basilique de Saint-Pierre où il voulait recevoir le diadème, comptaient 1970 . On y verra son attachement au prestige symbolique des lieux et au thème de l’extraction carolingienne, à juste titre 1971 . Mais c’était là aussi qu’étaient les partisans du roi, toujours sénateur de la ville. C’est une bulle du 29 décembre 1265 qui donne le nom des cinq cardinaux sur l’identité desquels le pape et le roi se sont finalement mis d’accord pour procéder au sacre 1972 . Leur identité est révélatrice d’une sorte d’alliance romano-capétienne, consonnante avec ce qui s’était produit à partir d’Urbain IV. En confiant l’affaire et le rôle principal au Français Raoul Grosparmi, cardinal-évêque d’Albano, le pape suivait la norme de la liturgie du sacre, mais il ne choisissait pas pour autant un ennemi de l’Angevin. Les autres cardinaux présents sont Ancher de Saint-Praxède, un second Français, promu par Urbain IV son oncle, dans des conditions suspectes 1973 ; et trois Romains, Matteo Rosso Orsini, Geoffroi de Saint-Georges en Vélabre, et l’inévitable Riccardo Annibaldi, cardinal-diacre de Saint-Ange; tous rendent compte de la cérémonie dans leur procès-verbal du 6 janvier 1266 1974 . Cette bulle de Clément IV du 29 décembre 1265 a été donnée le même jour, si mon hypothèse de datation est bonne, que le SERMO n° 29 sur Thomas Becket, qui évoque avec insistance les problèmes de l’onction. En outre, le manuscrit d’Arras, Bibl. Mun. 876, dans une note qui se lit en marge du SERMO n° 31, fournit une liste différente de cardinaux chargés du sacre 1975 . Il peut s’agir d’une erreur, mais je tendrais plutôt à y voir des négociations de dernière minute, puisque le pape ne fait connaître la liste officielle des élus que très tard par rapport à la date du sacre. Le SERMO n° 29, donné lui aussi le 29 décembre, ne serait pas si prolixe sur les différents types d’onction, si les détails de la cérémonie n’avaient pas été l’objet de tractations jusqu’au dernier moment. On sait d’autre part que Annibaldo Annibaldi, neveu de Riccardo, était avec le roi, probablement comme conseiller 1976 . Ce sont donc bien les cardinaux romains qui ont en majorité porté le candidat angevin sur le trône de Sicile.
On ne sera évidemment pas surpris qu’Eudes de Châteauroux, déjà âgé, soit demeuré à la Curie. C’est là qu’il donne, à distance de l’événement, mais parfaitement au courant de ses enjeux, un extraordinaire sermon consacré à la cérémonie du 6 janvier 1266 à la basilique de Saint-Pierre. Son thème, tiré du premier Livre Des Rois 1977 , évoque l’onction de David par Samuel, et s’adapte fort bien, comme le souligne l’orateur lui-même, aux circonstances présentes dont il offre une « parabole » 1978 : « Samuel prit la corne d’huile et l’oignit au milieu de ses frères; l’esprit du Seigneur fondit sur David à partir de ce jour et dans la suite ». Car dans l’Ancien Testament, cette onction intervient après la mort honteuse de Saul, équivalant à une destitution; de même Frédéric et toute sa race ont été destitués par Dieu, qui prescrit à son vicaire de faire oindre comme roi de Sicile Charles 1979 . A partir de là, dans un discours dont il ne subsiste visiblement que le plan, dont tous les mots portent, Eudes de Châteauroux explique, avec une science consommée de l’exégèse, la signification de ce sacre. Pour ce faire, il développe trois points, classiques dans la propagande pontificale en faveur de Charles, mais qui, si on suit attentivement le propos, soulignent avec une grande netteté la soumission du roi au pape, et même font discrètement allusion aux conditions dans lesquelles a été négociée la cérémonie, le pape refusant de satisfaire à toutes les exigences du roi. Premier point, le thème de l’ascendance carolingienne de Charles 1980 . On peut dire spirituellement, selon le cardinal, que le roi de Sicile est de la maison de Jessé, père de David, puisqu’il descend du « magnifique Charlemagne » 1981 ; or Charlemagne fut bien, selon une interprétation hiéronymienne classique du nom de Jessé, le « salut » de la papauté 1982 . Cela parce que Dieu,
‘« par son intermédaire, a sauvé son peuple de l’attaque des Sarrasins et des Païens, qui avaient envahi des régions d’Occident et l’occupaient presque tout entier; par son intermédaire, [Dieu] a sauvé et libéré l’Eglise romaine dont les impies occupaient le patrimoine, détenant le pape lui-même dans une geôle. Le magnifique Charles, ne supportant pas cette honte pour l’Eglise, vint de France, appelé par l’Eglise romaine, libéra le patrimoine et le seigneur apostolique, et rendit la Ville au pape, qui le fit patrice des Romains. Par la suite, un roi descendit de la maison de ce Jessé, c’est à dire du magnifique Charles, et ce roi c’est notre Charles, qui est de sa maison et de sa famille, comme on dit de Joseph qu’il était de la maison et de la famille de David 1983 . Nous espérons de la miséricorde divine que par son ministère, son patrimoine sera rendu à l’Eglise, qu’elle sera libérée, elle qui paraît assiégée de tous côtés par ses ennemis » 1984 .’Charles peut encore être comparé à David pour une autre raison, permettant au cardinal de développer le second point de son sermon: comme le roi d’Israël, il est le dernier né de ses frères; son nom présageait du futur 1985 ; c’est donc sur lui que la grâce du sacre devait tomber, par la volonté de Dieu qui en a chargé son vicaire. Les raisons de ce choix divin, comme pour David, sont à chercher dans le passé de Charles d’Anjou, qui a brillé par son action pacificatrice et justicière dans le comté de Provence, en particulier son combat contre l’hérésie 1986 . Sa foi dévote, qui le fait assister assidûment aux offices, est aussi soulignée; Eudes de Châteauroux parlait d’expérience sur ce point, puisqu’il avait passé plusieurs années en croisade avec le Prince. Logiquement, comme il l’avait fait pour David, Dieu l’a oint de l’huile de joie 1987 . Cette élection divine est encore rappelée à la fin de la seconde partie du texte: « Dieu l’a trouvé tel, ou plutôt l’a fait tel, et l’a fait juger tel par les autres, donc l’a oint de sa sainte huile » 1988 .
L’orateur peut alors enchaîner sur sa troisième partie, où il reprend d’abord, en insistant davantage, une idée déjà exprimée:
‘« Pour l’oindre, le vicaire du Seigneur 1989 a envoyé Samuel, un vénérable père évêque, qui a pris la corne d’huile exorcisée et l’a oint au milieu de ses frères. Et nous croyons et espérons que l’esprit du Seigneur a fondu et fondra sur lui à partir de ce jour et dans la suite. Et de même que David, par la vertu de l’esprit du Seigneur, après son onction sacrée, a mené bien des guerres, vaincu Goliath, et triomphé de tous ses ennemis, de même celui-ci aussi abattra ce grand Goliath, c’est à dire Manfred, qui se vante et fait confiance à ses richesses et à la force de son peuple, lequel tire son origine d’une race de géants, c’est à dire de tyrans; qui méprise notre David, parce qu’il est venu à pied, avec peu d’hommes » 1990 .’Contre la jactance et la confiance aveugle de la race de géants commandée par Manfred, commence alors une série de citations des Psaumes: le premier montre que ce n’est pas la force des chevaux qui plait au Seigneur 1991 ; le second cite David: « Aux uns les chars, aux autres les chevaux; à nous d’invoquer le nom de notre Dieu, Yahvé » 1992 ; pour aboutir, dans une gradation habilement scandée, au verset suivant du Psaume précédent, lequel constitue aussi l’une des expressions employées comme antienne, dès le Pontifical romano-germanique, pour le sacre royal: « Seigneur, sauve ton roi » 1993 .
En agissant de la sorte, Charles fera le salut de l’Eglise et le sien personnel; son peuple sera libre, débarrassé du tyran, et l’Eglise en paix. On ne peut mieux lier le sort de l’Angevin à celui de l’église romaine; c’est la définition même du guelfisme dans sa version nouvelle, capétienne, mâtinée d’ascendances carolingiennes.
Certains éléments de ce texte rappellent, une nouvelle fois, Innocent III et la politique des récupération menée avec obstination au début de ce siècle, même si c’est Charlemagne qui endosse le rôle principal, pour des raisons aisées à comprendre: la présentation de son action en fait un fils entièrement soumis de l’Eglise; et elle consonne avec toute la propagande capétienne antérieure du reditusaux Carolingiens. On doit noter aussi que jamais l’empereur n’est appelé de ce titre: simple patrice, et encore, par gratitude du souverain pontife. Autre signe manifeste que l’Eglise et le pape, pleinement campé dans sa fonction de vicaire du Christ, dominent l’ensemble du processus qui mène à l’onction: le mandat du sacre a été confié par Dieu à son représentant, qui lui-même l’a délégué. Le type de Samuel est, me semble-t-il, extrêmement révélateur des intentions du cardinal, et sans doute du pape avec lui. En choisissant ce personnage biblique de grand prestige, ailleurs qualifié de roi-prêtre, et fondateur de la royauté d’Israël 1994 , l’orateur joue sur un double registre. En effet, le sermon exprime avec beaucoup de force l’idée que Charles, sacré par l’autorité du souverain pontife, prend la succession des rois de l’Ancien Testament; là encore Charlemagne-David fournit un utile relai, car l’on sait le poids des figures vétéro-testamentaires dans la propagande carolingienne, puis dans le redituscapétien aux Carolingiens. On a vu comment, près de vingt ans plus tôt à la Sainte-Chapelle, Louis IX et ses conseillers avaient entrelacé Ancien et Nouveau Testaments dans le but d’exalter la royauté capétienne; et comment le cardinal avait célébré, lors de la consécration du lieu, ce programme politique 1995 .Mais de façon concomittante,et le cardinal est très clair dans son discours, faisant allusion aux difficiles négociations qui n’ont pas permis sa présence, le pape a donné « mandat » à la commisssion cardinalice, et « envoyé » le vénérable cardinal consécrateur. En tant qu’il figure le cardinal-évêque consécrateur, Samuel peut aussi rappeler le fait que, déjà, Innocent III a délibérément recherché, dès la fin du XIIe siècle, une relative « dépréciation » de l’onction impériale, décidant que le pape ne procèderait plus à cet acte, lorsqu’il préside la cérémonie du sacre. La conséquence évidente de cet agencement, c’est que la royauté conférée à Charles, et l’onction qui la matérialise, interdisent très nettement au souverain un contact immédiat avec le Christ. Entre Dieu et lui, s’interpose le pape, lui-même vicaire, et en outre l’officiant qu’il missionne. Or le terrain sur lequel, fondamentalement, les rois avaient contesté la théocratie, c’est celui de l’origine de leur titre: rois chrétiens, ils acceptaient de l’être, mais se considéraient directement investis d’en-haut; c’est pourquoi ils tenaient tant à l’onction. On ne peut que songer à la phrase d’Innocent III, expliquant dans un sermon comment, dans toute relation d’un souverain avec Dieu comme avec les hommes, s’interposait le pape, « vicaire de Jésus-Christ, successeur de Pierre, Dieu de Pharaon: intermédiaire entre Dieu et l’homme, sous Dieu, mais au-dessus de l’homme: inférieur à Dieu, mais supérieur à l’homme; qui juge de tout, mais n’est jugé par personne » 1996 .
Ce texte et les précédents révèlent un autre phénomène: si l’on ignore la liturgie exactement suivie pour Charles et Béatrice son épouse, plusieurs citations de ce SERMO n° 31, notamment les Psaumes de la fin, montrent que la Curie s’est clairement inspirée des ordinesdu sacre impérial, dont elle disposait en abondance. Il n’y a rien là que de logique: faute de précédent concernant le sacre d’un roi, il n’existait aucun ordomieux adapté, à la Curie au XIIIe siècle 1997 . Il y a tout lieu de penser que le sermon d’Eudes de Châteauroux fournit ainsi les seules traces des textes utilisés durant la cérémonie du 6 janvier 1266.
On lit d’abord, dans le SERMO n° 29 pour la fête de Thomas Becket, une citation tirée du Psaume 44, 8 1998 , référence explicite à l’ordodu sacre impérial, et l’on retrouve cette citation dans le SERMO n° 31 1999 . Puis on trouve, dans le SERMO n° 30, une évocation du sacre impérial, où l’empereur dégaine son glaive pour le faire vibrer aux quatre coins de l’univers 2000 ; elle ne se lit que dans la version la plus récente () de l’ordo du couronnement impérial 2001 , légèrement postérieure au milieu du siècle.Dans le SERMO n° 31 enfin, outre la citation du Psaume 44, 8, commune avec le SERMO n° 29, on trouve deux autres références explicites à l’ordodu sacre impérial 2002 . Là encore, on doit y voir une preuve que, faute d’ordoapproprié, on a adapté celui dont on disposait. Peut-être, mais cela reste conjectural, l’allusion à l’huile exorcisée, qui est celle des baptisés, prouve-t-elle qu’on aurait utilisé, pour Charles, l’onction sur le bras droit et entre les épaules du roi, alors que ce dernier aurait, très vraisemblablement, apprécié d’être oint du chrême, sur la tête, à la manière des évêques mais aussi des Capétiens auxquels il appartenait 2003 .
Une seconde conclusion s’impose, lorsqu’on rencontre, dans le SERMO n° 27, à propos de la validation de l’élection pontificale par le collège, une citation absente des ordinesque le cardinal, vu leur date, aurait pu trouver à la Curie 2004 : « Je t’investis de la papauté romaine, pour que tu commandes à la Ville et au monde », paroles prononcées par le premier des cardinaux-diacres 2005 ; par contre, on repère cette citation dans un ordojugé plus tardif que le sermon, et même, dans sa version définitive, postérieur à la mort de l’orateur, celui du cérémonial de Grégoire X 2006 .
De l’ensemble de ces remarques, il me paraît légitime de tirer les conclusions suivantes: il a bien existé, comme le supposait M. Andrieu 2007 , un ordinaire-cérémonial, que nous ne possédons plus, intermédiaire entre la version longue (), du milieu du XIIIe siècle, qu’il édite, et le cérémonial qu’on met sous le nom de Grégoire X. Les historiens considèrent ce dernier, en général, comme officiellement édité par ordre du pape Grégoire X, en 1274, à la suite du second concile de Lyon et de la constitution Ubi periculum, qui fixait les règles de l’élection pontificale 2008 . M. Andrieu le juge légèrement antérieur, mais surtout, pense qu’il faut remonter plus haut que le début du pontificat de Grégoire X (1271) pour en trouver le prototype. Il le suggérait sans preuve textuelle 2009 , en montrant l’écart existant entre le pontifical de la Curie du XIIIe siècle, dans ses différentes versions, très cohérent et proprement romain dans la localisation comme l’ordonnancement des cérémonies, et le cérémonial de Grégoire X, « délocalisé », c’est à dire sans mention de lieu précis du déroulement du couronnement papal, ce qui correspond à l’itinérance croissante de la cour pontificale au XIIIe siècle. Il le décrivait aussi moins bien ordonnancé, dans la succession chronologique des rites. Il faisait donc l’hypothèse d’un ancêtre commun, un ordinaire qui aurait collecté, dans divers libelli, des données relatives aux cérémonies de l’avènement pontifical 2010 . Par ailleurs, M. Andrieu fournit une autre piste pour expliquer l’origine de ce texte perdu, de toute évidence celui qu’utilise Eudes de Châteauroux: il remarque, à propos du Cérémonial de Grégoire X, qu’il n’a pas été rédigé par un clerc très familier de la liturgie romaine stricto sensu, et il suggère qu’un Français a bien pu en être l’auteur. Je ferais volontiers la même hypothèse concernant le prototype du cérémonial de Grégoire X, cet « ordinaire-cérémonial » hybride, que cite le cardinal dans son sermon. Il existe en effet un autre point commun entre le discours d’Eudes de Châteauroux et le cérémonial de Grégoire X: l’utilisation d’un vocabulaire confus, voire redondant, pour désigner la part laïque des assistants à la consécration et au couronnement du pape. Au lieu d’énumérer les « juges et les notaires » ( « iudices et scrinarii ») qui composent le groupe des laïcs, comme c’était le cas dans les ordinesromains antérieurs 2011 , et dont la présence, selon lui, signifie l’attribution, lors de cette cérémonie, du pouvoir temporel au pape, Eudes de Châteauroux emploie, comme le rédacteur de Grégoire X, l’expression de « tabellion », mot typiquement français pour désigner les notaires 2012 . Or un rédacteur français, pour le prototype ou libellusque le cardinal aurait eu sous la main, est probable pour deux raisons. D’une part, ce sont deux papes français, Urbain IV et Clément IV, qui ont négocié la venue de Charles d’Anjou pour s’emparer du Regnum, donc son sacre. D’autre part, leurs pontificats, durant lesquels ils n’ont même jamais résidé à Rome, marquent le tournant décisif qui donne à l’itinérance de la Curie un caractère nouveau, que ne suffisent pas à expliquer les dangers que constituait la présence de Conrad, puis Manfred, puis Conradin dans le Latium. Ces papes considèrent que la capitale de la Chrétienté est là où se trouve le pape, selon la célèbre formule d’Hostiensis, et manifestent très probablement une moins grande sensibilité que les papes italiens au prestige de la Ville 2013 .
Il me semble par conséquent que ce phénomène, dont le corollaire est l’élection de plus en plus fréquente du pape ailleurs qu’à Rome 2014 , donc la mise au point d’une liturgie moins strictement dépendante des lieux traditionnels, hautement symboliques, des cérémonies de l’entrée en fonction, la basilique du Latran et celle de Saint-Pierre 2015 , explique assez naturellement la gestation, vers 1264-1265, durant le pontificat de Clément IV, d’un prototype du cérémonial de Grégoire X, sans doute dans des mileux curiaux français. Un autre illustre liturgiste français poursuit cette tradition à la fin du siècle, Guillaume Durand de Mende.
Un dernier indice corrobore cette hypothèse que l’itinérance de la Curie a produit une inflexion en matière de liturgie. Le recueil de sermon d’Eudes de Châteauroux, intitulé Lauda Iherusalem Dominum, qui contient sa prédication lors des féries de Carême, suit la liturgie stationnale romaine 2016 , alors que selon l’ultime prologue rédigé par le cardinal à ses collections, ce recueil date du pontificat de Clément IV; donc les sermons qu’il réunit n’ont pu être donnés à Rome, le pape et la Curie séjournant alors à Viterbe 2017 . Bref, s’amorce ici le phénomène, bien documenté et étudié pour la papauté d’Avignon, par lequel les rites et cérémonies romains sont adaptés aux nouveaux lieux de résidence de la cour papale 2018 .
L’ensemble de ces remarques rejoint la conclusion à laquelle étaient parvenus, en ignorant complétement ces sermons, les historiens de l’aventure sicilienne des Angevins: cette conquête et sa préparation constituent bien un véritable tournant de la politique pontificale, tournant durement négocié, où les considérations de pure politique ont constamment interféré avec les plus hautes conceptions théoriques de la théocratie, patiemment élaborées depuis Innocent III.Même si le pape dut donner dans les faits pleine liberté à Charles de reconquérir le royaume comme ce dernier l’entendait, il n’en reste pas moins, et les sermons d’Eudes de Châteauroux en témoigne, que la Curie ne pouvait poursuivre dans la voie choisie, celle du recours à une solution alternative à l’Empire, sans être résolue à modifier aussi le type de rapports théoriques qu’elle entretiendrait avec le nouveau David. Le pape, et Eudes de Châteauroux dans ses discours, ouvraient la voie aux théocrates de l’âge postérieur, lesquels devaient assimiler le Regnumnon plus à un fief d’Eglise, mais au modèle de la monarchie chrétienne. C’est même à la cour angevine que devaient se presser, à la fin du XIIIe siècle et dans la première moitié du XIVe, les théologiens de cet agencement inédit des relations du Sacerdotiumet du Regnum, les Jacques de Viterbe, Augustin d’Ancône ou Jean Regina 2019 . Ils se prononcent en faveur de ce que J.-P. Boyer nomme, très justement, « une translation, vers le chef des Guelfes, d’une conception de l’empire adaptée aux idées théocratiques » 2020 .
Reste à voir comment le roi, désormais sacré, comprenait le sens de sa mission: champion chrétien ou condottiere ?
L’ensemble des sources du sacre a été rassemblé par G. Del Giudice, Codice diplomatico del regno di Carlo I d’Angio, t. I, Naples, 1863, n° xxxix-xxxi (p. 79-85) et n° xxxii-xxxiv (p. 87-92); et O. Raynaldus, Annales ecclesiastici, t. XIV, Rome, 1648, Clément IV, année 1266, n° 2-4; voir aussi E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 600.
Le serment a été prêté dès le traité du 28 juin 1265, mais il a bien fallu le répéter le 6 janvier 1266; en l’absence d’autres sources, cet aspect de la cérémonie doit demeurer obscur pour Charles Ier; concernant ses successeurs, cf. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 574-575.
Cf. E. Martène et U. Durand, Thesaurus... op. cit., t. II, epistolan° cxcv, col. 251-253.
Evoquant son sacre le jour même, 6 janvier 1266, il parlait de la « grâce de l’adoption divine » qui venait de fondre sur lui, cf. G. Del Giudice, Codice... op. cit., doc. n° xxixiv, p. 90 (voir aussi J.-P. Boyer, Sacre... op. cit., p. 601).
Voir en particulier M. Bloch, Les rois thaumaturges... op. cit., p. 185-215 ; E. Kantorowicz, Les deux corps du roi... op. cit., p. 51-79.
Cf. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 568.
Sur le prestige du sacre et de l’onction dans le cas des Capétiens, voir M. Bloch, Les rois thaumaturges... op. cit., p. 216-224; pour les ordinesroyaux contemporains, voir en dernier lieu J. Le Goff, E. Palazzo, J.-C. Bonne, M.-N. Colette, Le sacre royal à l’époque de Saint Louis d’après le manuscrit latin 1246 de la BNF, Paris, 2001. Sur le sacre de l’empereur dès le Xe siècle, cf. R. Folz, Le sacre impérial... art. cit.,p. 89; pour le texte, cf. R. Elze et C. Vogel, Le pontifical romano-germanique... op. cit. ; pour l’ordo XV du couronnement impérial au XIIIe siècle, cf. M. Andrieu, Le pontifical romain..., t. II: ... au XIII e siècle... op. cit., p. 382-408, et p. 288-300 pour l’étude comparée de ses différentes versions.Pour le sacre des rois normands de Sicile, cf. L.-R. Ménager, L’institution monarchique dans les Etats normands d’Italie. Contribution à l’étude du pouvoir royal dans les principautés occidentales, dans Cahiers de civilisation médiévale, t. II (1959), p. 303-331 et 445-468 (repris dans Idem, Hommes et institutions de l’Italie normande, Londres [Variorum Reprints], 1981; si j’évoque le sacre de ces rois, c’est à cause de l’exemplumsur Robert Guiscard, contenu dans le SERMO n° 29, sur Thomas Becket; une allusion qu’on comprendrait difficilement, si le cardinal, la Curie et Charles n’avaient pas eu en tête ce précédent historique. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., compare ces trois cérémonies à plusieurs reprises, en particulier p. 576-577.
Voir note précédente (M. Andrieu, Le pontifical romain..., t. II: ... au XIII e siècle... op. cit. ).
Voir la lettre de Clément IV du 20 décembre 1265 (E. Martène et U. Durand, Thesaurus... op. cit., epistolan° cxcv, col. 251-253), qui prouve qu’il y a eu débat, précisément sur le lieu le mieux approprié au sacre (ici col. 251), lorsque le pape fait allusion aux prétentions des messagers de Charles: « Sed quid dicunt quos destinas ? Quid allegant ? Non licet, inquiunt, domino nostro regi extra Urbem recipere regium diadema. Scandalum enim Romaniis fieret, qui se dicerent in hac parte contemptos. O mira res: coronatio regis Siciliae nobis debetur, nec Urbi de consuetudine, vel de iure... Quod si tuum aduentum impediat necessitas vel voluntas, mittere tibi proponimus unum ex episcopis cardinalibus, duos presbyteros, et vel unum vel duos diaconos cardinales; et tu alium tecum habes »; l’« autre cardinal » déjà aux côtés de Charles doit être Annibaldo Annibaldi, voir ci-dessous. Conformément toutefois à la proposition de Clément IV, le roi de Sicile accepte la date liturgique, fortement chargée de signification, qu’il lui propose, c’est à dire l’Epiphanie (voir J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 581).
Sur tout cela, J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 602.
Cf. G. Del Giudice, Codice... op. cit., doc. n° xxx, p. 81-83; la lettre du 20 décembre (cf. note 364 ci-dessus) taisait encore leurs noms, sans doute parce que l’accord n’était pas fait sur ce point.
Salimbene prétendait qu’il était en fait le fils de ce pape, cf. supra.
Cf. G. Del Giudice, Codice... op. cit., doc. n° xxxiii, p. 87-89.
Selon cette note marginale, peut-être autographe (on ne possède aucun specimen avéré de l’écriture du cardinal), du ms. d’Arras, Bibl. Mun. 876, f. 1rb: « Dominus Clemens papa quartus dominum Radulphum quondam episcopum ebroicensem, tunc vero episcopum Albanensem et quosdam alios cardinales, dominos Hanibaldum presbiterum ecclesie Duodecim Apostolorum, Iohannem Gaietanum sancti Nicholai in Carcere Tuliano, et Iacobum sancte Marie in Cosmedin et Matheum sancte Marie in Porticu diacones cardinales [misit] ». Cette liste ne concorde pas avec celle du compte-rendu officiel, ce qui tendrait à prouver que le cardinal était mis à l’écart, ou qu’une modification in extremisde la délégation du collège s’est produite: seuls Raoul de Grosparmi et Matteo Rosso Orsini sont communs aux deux listes. Gian Gaetano Orsini et Jacques Savelli, mentionnés dans la note, ne sont pas à Rome: cette inexactitude peut résulter d’une confusion avec la cérémonie d’investiture du royaume le 28 juin 1265, à laquelle ils prennent part (suggestion de J.-P. Boyer). En revanche, la liste omet, parmi les cardinaux présents lors du sacre, Ancher Pantaléon, neveu d’Urbain IV, Goffredo d’Alatri, et surtout Riccardo Annibaldi; on est tenté de penser que le pape a tenté d’empêcher à tout prix sa présence, puisque déjà un Annibaldi était auprès du roi.
C’est André le Hongrois qui fournit ce renseignement dans sa Descriptio victoriae a Karolo Provinciae comite reportatae, dans MGH, Scriptores, t. XXVI, Hanovre, 1882, p. 559-580, ici cap. 31, p. 569; cf. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 569. Sur André le Hongrois, voir L. Capo, Da Andrea Ungaro... art. cit.
1. Rg. 16, 13.
Ligne 6. Par ce mot, il faut entendre une métaphore, et non une allégorie, cf. G. Dahan, L’exégèse chrétienne... op. cit., p. 423-435: un fait brut correspond à un fait brut, non à une donnée de la foi.
Lignes 4-8.
Lignes 13-25. Pour la tradition qui fait descendre les rois de France des Carolingiens, cf. C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris, 1985, p. 35 s., et à l’Index des personnes, s.v. « Charlemagne », passim . Voir aussi, pour l’intérêt manifesté, à partir de 1200 environ sous le règne de Philippe-Auguste, par les Capétiens et leurs historiens pour leur ascendance carolingienne, thème déjà en vogue dans d’autres lignages nobles à l’époque, K. F. Werner, Die Legimität... op. cit. ; A. W. Lewis, Le sang royal... op. cit., p. 146-156. L’une des productions majeures de cette idéologie est le Karolinusde Gilles de Paris (cf. l’édition de M. L. Colker, The « Karolinus » of Egidius Parisiensis, dans Traditio, t. XXIX [1973], p. 199-325).
Constamment désigné ainsi dans la suite du texte; l’épithète est presque celle employée par André le Hongrois, Descriptio victoriae... op. cit., , p. 562-563: « Qualiter Ecclesia de toto orbe terrarum hunc secundum Karolum propaginem Magni Karoli elegit ».
Le texte latin nomme Jessé « Ysay » (lignes 5, 13, passim ); il s’agit bien du père de David, Esaia(s) ou Jesse ou encore Jessai, Isai, etc., à ne pas confondre évidemment avec le prophète au nom proche; voir pour l’interprétation M. Thiel, Grundlagen... op. cit., p. 305, s. v. « Esaias ».
C’est ici l’époux de Marie qui est désigné.
Lignes 14-25.
Cf. J. Le Goff, Saint Louis... op. cit., p. 712, sur la distribution intentionnelle des prénoms dans la famille capétienne: « Charles introduisit définitivement le prénom de Charlemagne dans la dynastie capétienne »; A. W. Lewis, Le sang royal... op. cit., p. 154; l’auteur invite toutefois à demeurer nuancé sur l’importance de l’attribution à Charles d’Anjou de ce prénom, puisqu’il n’est au départ que le dixième fils de Louis VIII, comme tel destiné à l’Eglise (Ibidem, p. 150).
Lignes 30-39. La politique de Charles d’Anjou en Provence est la seule à cette date dont on ait pu juger des résultats, dans le sens qu’évoque le cardinal. Le nouveau comte s’appuie sur le legs catalan et l’acquis, avant même l’aventure italienne, de « la science juridique de l’Italie du Sud renforcée par l’apport de l’activité spéculative qui s’épanouit alors sur les rives de Loire », pour reprendre l’expression de G. Giordanengo, Arma legesque colo... art cit., p. 35. L’exécution des coupables par le feu fait évidemment songer à sa politique anti-hérétique, explicitement mentionnée ici.
Lignes 29-30: citation du Psaume 44, 8, selon la version hébraïque.
Lignes 42-44.
C’est ici que figure la note où Eudes de Châteauroux propose les noms des cardinaux officiant à la cérémonie, différents de ceux qui effectivement l’accomplirent.
Lignes 45-52. Il faut rappeler qu’à la fin de l’année 1265 et au début de l’année 1266, la situation militaire de la Papauté n’est pas fameuse: Manfred assiège Rome, et Charles n’a pas encore reçu les renforts de troupes qu’il s’était engagé à faire transporter dans le Regnum, lors du traité d’investiture du royaume ((28-06-1265), à savoir 1000 chevaliers au moins un an après son investiture, cf. P. Herde, Karl. I von Anjou... op. cit., p. 46. Sur la faiblesse des effectifs de l’armée angevine lors du débarquement à Ostie (1500 hommes dans 40 navires, mais pas de chevaux) et la modestie de son train, Ibidem, p. 46.Ce fait procure dans les sermons plus tardifs, sur les victoires de Bénévent et Tagliacozzo (voir partie suivante), un argument à l’auteur pour interpréter la victoire de Charles comme un jugement de Dieu, thème amorcé déjà dans ce texte lorsqu’il explique que c’est Dieu qui l’a pourvu de ses qualités royales, et l’a fait percevoir comme tel à son peuple.
Lignes 53-54; Ps. 146, 10-11.
Ps. 19, 8-9.
Ps. 19, 10. Voir C. Vogel-R. Elze, Le pontifical... éd. cit., t. I, p. 247, ordolxxii-4, ligne 11 (= R. Elze, Die Ordines... éd. cit., p. 64, ordoxvii-13, ligne 31, employée comme verset après le Pater ; à rapprocher, Ibidem, des ordinesxvii-13, p. 64; xviii-13, p. 65; xix-13, p. 92, qui emploient directement l’expression de la Septante: Saluum fac seruum tuum (Ps. 85, 2]).
Voir le SERMO n° 29.
Cf. supra, chapitre II.
Sermo II De diuersis casibus, « In consecratione pontificis maximi », éd. cit. PL, t. 217, col. 658A.
M. Andrieu, Le pontifical... t. II: ... XIII e siècle... op. cit., p. 288-289.
Lignes 54-55.
Ligne 29: « Dilexisti iusticiam et odisti iniquitatem; propterea unxit te Deus Deus tuus oleo leticie pre participibus tuis » (Ps. 44, 8 iuxta Hebr.). Le choix de la version pre participibus suis, qui est celle du Psautier hébraïque, préférée à la version de la Septante que donne la Vulgate [pre consortibus tuis ], prouve que les références de l’auteur sont celles de l’ordodu sacre impérial, puisqu’on trouve l’expression, dès le Xe siècle, dans l’une des prières consécratoires qui accompagnent l’onction, cf. C. Vogel-R. Elze, Le Pontifical romano-germanique du X e siècle, Vatican, 1963, t. I, ordolxxxi-18, p. 255 ligne 14, et naturellement dans les Ordines du Pontifical romain du XIIIème siècle, éd. R. Elze, Die Ordines für die Weihe und Krönung des Kaisers und der Kaiserin[M.G.H. in usus scholarum, Fontes Iuris Germanici antiqui, t. IX: Ordines cornationis imperialis ], Hanovre, 1960, ordo xvii-17, p. 65 ligne 23; ordoxviii-18, p. 76, lignes 12-13; ordoxix-18, p. 93 lignes 17-18 [= éd. M. Andrieu, Le pontifical romain au Moyen Age, t. II, Le pontifical... : ... XIII e siècle... op. cit., ordinesXV-B ‘, et , p. 385-408].
Lignes 37-42. J’ai traduit ce passage, supra.
M. Andrieu, Le pontifical... t. II: ... XIII e siècle... op. cit., p. 393, § 26, lignes 14-19.
Lignes 45-46, où il est question de l’huile exorcisée, employée pour l’onction; et lignes 57-58 (Ps. 19, 10). La première expression est trop commune dans les ordinesdu sacre pour qu’on puisse en tirer a priori des conclusions sur la source qu’utilise le cardinal; on notera toutefois que le successeur de Charles d’Anjou, Charles II, bénéficie lors de son sacre, en 1289, de l’huile exorcisée et non du chrême (cf. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 561); cela parce que l’huile exorcisée était employée dans la liturgie baptismale, le chrême étant utilisé lui pour les évêques; et qu’il ne convenait pas d’assimiler les Princes aux successeurs des apôtres, du moins depuis qu’Innocent III, trouvant cette onction de l’empereur dans le pontifical romano-germanique, l’avait ainsi modifiée, afin de dévaloriser le sacre impérial, cf. R. Folz, Le sacre impérial... art. cit., p. 92. Quant à la seconde citation, elle est employée comme antienne pour le sacre dans le Pontifical romano-germanique (voir note 387 ci-dessus).
Sur les ordinesdu sacre capétien à cette époque, cf. J. Le Goff, E. Palazzo, J.-C. Bonne, M.-N. Colette, Le sacre royal... op. cit.
C’est à dire les ordinesXIIIB , ‘ et de M. Andrieu, Le pontifical... t. II: ... XIII e siècle... op. cit., p. 370-380.
SERMOn° 27, lignes 16-17.
M. Andrieu, Le pontifical... t. II: ... XIII e siècle... op. cit., p. 526, § 4, lignes 14-15.
Ibidem, p. 278.
En durcissant les conditions du conclave, pour éviter de renouveler la longue vacance de Viterbe, cf. L. Gatto, Il pontificato... op. cit. ; Idem, Il conclavo di Viterbo nella storia delle elezioni pontificie del ‘200, dans VII° centenario... op. cit., p. 37-62; E. Petrucci, Il problema della vacanza papale e la costituzione « Ubi periculum » di Gregorio X, Ibidem p. 69-96.
Le pontifical... t. II: ... XIII e siècle... op. cit., p. 283-288.
Cf. Ibidem,p. 288, le stemma qui intégre cet « ordinaire-cérémonial disparu » dans la chaine des ordinescuriaux de la fin du XIIe siècle au début du XIVe.
Ibidem, p. 287; et texte de l’ordoXIIIB, p. 378, § 46 ligne 13.
SERMO n° 27, ligne 118: « assistentibus scrinariis et tabellionibus »; cette modification a pour inconvénient de faire disparaître les juges et de créer une répétition maladroite, puisque les « tabelliones » et les « scrinarii » du sermon font double emploi; de ce point de vue, l’ordo de Grégoire X est plus cohérent, puisque les « iudices » y sont toujours mentionnés, Ibidem, p. 533, § 40 lignes 17, 20-21, 25-27; p. 535, § 51 lignes 27-28. M. Andrieu force d’ailleurs un peu le trait, puisque les trois premières occurrences citées reprennent la terminologie traditionnelle, « iudices et scrinarii »; seule la quatrième mentionne les « tabelliones ».
Même Innocent IV pourtant constamment menacé par Frédéric II, puis le « faible » Alexandre IV, ont fait de brefs séjours dans la ville éternelle; lorsque ce dernier la quitte en 1261, les Romains ignorent qu’ils attendront onze ans pour revoir un pape dans leurs murs, précisément Grégoire X. Sur la formule, caractéristique de la pensée théocratique pontificale, cf. la synthèse d’A. Paravicini-Bagliani, L’Eglise romaine d’Innocent II à Grégoire X (1198-1274); La suprématie pontificale (1198-1274), dans Histoire du Christianisme, t. V (dir. A. Vauchez): Apogée ... op. cit., p. 560; M. Maccarone, « Ubi est papa, ibi est Roma », dans Aus Kirche und Reich... op. cit., p. 370-382.
Selon la règle canonique qui organise cette élection et a décidé qu’elle devait avoir lieu dans la ville du décès du souverain pontife, afin de raccourcir la vacance.
Cf. A. Paravicini-Bagliani, La cour... op. cit., p. 214-219. Il n’est pas possible, d’après les éléments fournis par le SERMO n° 27, de décider si l’orateur anticipe l’usage, de règle à compter du cérémonial de Grégoire X, d’inverser les deux étapes traditionnelles de la prise de fonction du nouvel élu, en faisant passer la consécration et surtout le couronnement à Saint-Pierre avant la prise de possession de la cathédrale de l’évêque de Rome, le Latran, modification qui exalte encore davantage l’importance de cette partie de la cérémonie et « porta à son apogée l’ ‘imitation de l’empire’ qui avait accompagné l’histoire de la papauté depuis le début de la réforme du XIe siècle », Ibidem, p. 214; mais l’état d’esprit est semblable, car A. Paravicini-Bagliani, loc. cit., insiste sur l’importance de cette modification dans un contexte de vacance de l’Empire; or le cardinal insiste lui aussi sur ce contexte où il n’y a plus d’Empereur, à la ligne 122 du SERMO n° 27.
Pour ce recueil, voir la fin du chapitre suivant consacré à la tradition manuscrite; ainsi que l’annexe 1. Ces sermons sont copiés dans le ms. de Rome, AGOP XIV, 32; la série, discontinue, commence avec le RLSn° 125 et s’achève, sous bénéfice d’inventaire plus rigoureux, avec le RLSn° 183, soit 25 sermons, souvent pourvus de notes marginales abondantes, expliquant le sens de la station dans telle ou telle église; une telle série mériterait évidemment une étude approfondie.
Depuis le 30 avril 1266, cf. A. Paravicini-Bagliani, La mobilità... art. cit., p. 237.
Cf. B. Schimmelpfennig, Die Funktion des Papstpalastes und der kurialen Gesellschaft im päpstlichen Zeremoniell vor und während des grossen Schismas, dans Genèse et débuts du grand schisme d’Occident . Colloque international du CNRS n° 586, Avignon 25-28 septembre 1978, Paris, 1980, p. 317-328.
Cf. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., à qui j’emprunte le titre de son second paragraphe, p. 575-584.
Ibidem, p. 589.