b) Le « christianissimus rex » en action: Bénévent et Tagliacozzo (février 1266-septembre 1268)

Charles de Sicile désirait à tout prix son sacre, condition de la victoire; à peine la cérémonie exécutée, il part en campagne, quittant Rome le 20 janvier, franchissant les frontières du Regnumau pont de Ceprano le 2 février 2021 . A la poursuite de Manfred, il l’oblige à combattre dans les plaines bénéventaines, au nord-ouest de la ville. Le combat s’engage le 26 février, tourne très vite au désavantage du Hohenstaufen dont les troupes italiennes prennent la fuite; dans l’après-midi, sentant la défaite inéluctable, il préfère se jeter lui-même dans la mêlée plutôt que de fuir, et y trouve la mort; son corps demeure trois jours sur le champ de bataille avant d’être reconnu et enseveli 2022 . Charles finit par le faire identifier et refuse de lui accorder une sépulture chrétienne 2023 .

Le cardinal Eudes de Châteauroux a suivi et commenté la conquête effective du Regnumavec autant de soin qu’il en avait consacré à sa préparation. Il s’agissait si le sacre, et plus généralement la politique papale qui y avait conduit, avaient été négociés en conformité avec les volontés divines: seule la victoire en apporterait la preuve définitive, et la fin du SERMO n° 31, soulignant la confiance de Manfred en lui-même comme dans les ressources économiques et « patriotiques » de son royaume, prouvait que la Curie n’était sûre de rien 2024 . Il s’agissait de vérifier d’autre part si le nouveau roi choisi par l’Eglise, dans l’hypothèse même où il échouerait, ferait son salut personnel lors de cette croisade 2025 , se comportant selon ce que son sang, et la parabole biblique utilisée par l’orateur, exigeaient: en champion du Christ. C’est donc le tempérament et la conscience chevaleresques de Charles, autant que ses convictions religieuses dont il n’y a pas lieu de douter, qui lui ont dicté sa stratégie 2026 . Elle aurait fort bien pu se transformer en désastre militaire, à la façon de ce qui s’était produit quinze années auparavant à la Mansourah, car le caractère de Robert d’Artois et de son plus jeune frère se ressemblent étonnamment. Les événements ont donné deux fois la victoire à Charles de Sicile, à Bénévent, puis en août 1268 à Tagliacozzo. Comment douter que Dieuavait choisi son camp ?

Le discours que tient Charles avant Bénévent, et dont André le Hongrois se fait l’écho, est édifiant, car l’exposé de la répartition des tâches entre l’Eglise et le pouvoir séculier reprend en substance les termes d’Eudes de Châteauroux dans ses sermons:

‘« ... Unde dignum est, quod sancta mater Ecclesia vos, scilicet eos, fiducialius invocet ad vindictam malefactorum, laudem vero bonorum, qui - arrepto in continenti gladio Petri, quo auriculam serui absciderat, id est gladium spiritus, quod est verbum Dei, hoc est Iesus Christus, et ense Pauli, qui conualescens ex fide confundebat Iudeos, affirmans, quoniam Iesus est Christus - iniuriam Dei et Ecclesie iuxta solitum victoria dextera ulciscantur; cum Ecclesie non sit fas percutere in gladio materiali, iuxta illud: Conuerte gladium tuum in vaginam (Io. 18, 11) » 2027 . ’

En écho, le cardinal consacre les deux SERMONES n° 32 et 33 à ce signe divin. Un des points les plus notables de ces deux discours, c’est qu’ils s’articulent de façon très précise à la liturgie du jour et de la période où ils sont prononcés, ce qui permet d’une part de confirmer leurs dates, d’autre part montre que l’Eglise est bien en passe, à ses yeux, de connaître un âge nouveau, où le règne du Christ progresse.

Le SERMO n° 32 peut être daté très précisément grâce à sa rubrique; il fut donné « la sixième férie où le seigneur pape reçut la lettre du roi de Sicile, à propos du triomphe que le Seigneur lui avait acordé sur Manfred et son armée » 2028 . La lettre en question est connue, datée du 27 février 1266, le lendemain du jour de la bataille 2029 . On en déduit que le pape l’a reçue le 5 mars 1266, soit une semaine après. C’est ce jour que le cardinal a prêché, comme le confirment d’autres indices, en particulier liturgiques, dans son discours, à commencer par le thème, extrait de la péricope évangélique du jour 2030 . L’ensemble est fermement structuré: les deux premières parties du sermon commentent la liturgie du jour; l’orateur, comme souvent, suit la tradition exégétique ancienne en considérant, même rapidement, toute la péricope évangélique, et non son seul thème; il insiste tout particulièrement sur le parallèle entre la fatigue du Christ venu se reposer près du puits, et la pénibilité de l’épreuve qu’ont eu à affronter les combattants 2031 . En encadrant ainsi la célébration de la victoire de Charles à Bénévent dans la liturgie officielle, au sens d’ordinaire, celle de la messe 2032 , il solennise l’événement, tout en l’insérant quasi-naturellement dans l’histoire de l’Eglise comme accomplissement des prophéties. Dans le même esprit, la troisième partie du sermon est développée à partir de la liturgie du jour de la victoire, dont toutes les séquences, la messe comme les lectures vétéro- et néo-testamentaires, sont interprétées comme le présage de la victoire « donnée par le ciel à Charles ».

Par cette seule utilisation de la liturgie de Carême, période annonçant le sacrifice du Sauveur et la nécessaire pénitence de la préparation de la Pâque, la victoire de Bénévent est intensément rapportée au Christ, dans l’un des sens de sa royauté, que les théologiens du XIIIe siècle exposaient: le Seigneur a voulu établir un contraste entre la royauté sublime à laquelle il possédait un droit prédestiné, et l’humiliation qu’il lui préféra sur la croix, marquant l’efficacité surnaturelle de son sacrifice; d’où l’insistance permanente de l’orateur, dès la rubrique, sur le caractère providentiel du triomphe de Charles, et l’interprétation qui en découle implicitement: Charles doit obéir en fils soumis au vicaire du Christ 2033 .

Quelques thèmes forts, que tous les SERMONES suivants sur les victoires de Charles vont reprendre en les agençant de manière variée, se dégagent. D’abord l’omniprésence du Christ roi, qui a tramé l’ensemble des événements, y compris lorsqu’ils paraissaient défavorables, cela afin d’éprouver ses champions; puis l’abnégation de son vicaire 2034 ; enfin la diabolisation de l’adversaire: sur le thème de la guerre juste 2035 , chaque combat du roi devient une victoire du mal contre le bien; il reproduit, à sa modeste échelle, l’œuvre salvifique pour laquelle l’Eglise militante, ayant reçu la commission du Sauveur, avait missionné Charles. Eudes de Châteauroux exulte lorsqu’il manifeste l’espoir que, à la suite de ce triomphe manifeste du Christ, tous ceux qui ont jusqu’ici persécuté les Chrétiens, ennemis du dedans (Hohenstaufen et leurs alliés, les gibelins toscans et ceux des Marches, de Lombardie, même du patrimoine de Saint-Pierre, les hérétiques), comme du dehors (Sarrasins, Grecs, Païens, Cumans), bref tous ceux auquels, durant sa longue carrière de prélat, il a vu l’Eglise se heurter plus ou moins violemment, reviendront dans son giron pour faire pénitence, voire se faire baptiser; à défaut, ils seront refoulés loin des frontières de la Chrétienté 2036 .

Cette mise sur le même plan de tous les ennemis de la Chrétienté, du dedans comme du dehors, est une constante de la propagande pontificale anti-Staufen; l’expédition angevine apparaît bien ainsi comme une véritable croisade, qui prépare celle à venir pour la libération de la Terre sainte, et plus encore l’évangélisation des infidèles 2037 . De façon très classique aussi, la question des Grecs est annexée à celle de la croisade: à la lumière des projets ultérieurs de Charles, ce thème ne prend que plus de relief.

En contrepoint, le sermon, comme déjà celui relatif à l’onction, donne de Charles une image de fils soumis au pape et instrument de Dieu, même si le thème de son ascendance carolingienne se fait ici beaucoup moins insistant. Dans la lettre annonçant sa victoire, le roi de Sicile n’a pas de mots trop déférents pour sa mère l’Eglise 2038 . Image que les faits démentiront bien vite, à commencer par le sac de Bénevent, une ville que le traité d’investiture du royaume avait expressément réservée à l’Eglise romaine. De nombreuses lettres pontificales ne vont pas cesser d’alterner ainsi critiques, souvent pathétiques, et conseils, durant les années 1266-1267 2039 . Charles lui-même laisse transparaître son état d’esprit, lorsqu’il annnonce au pape qu’ « un tel massacre d’ennemis a été accompli dans ce combat que les corps des morts qui jonchent la plaine la masquent au regard; même les fugitifs n’ont pas trouvé de salut dans la fuite, car la plupart de ces fuyards est tombée sous les coups des nôtres qui les poursuivaient, d’autant plus facilement qu’ils s’échappaient dans le désordre, sans se protéger mutuellement, ni trouver de lieu de refuge ». A ce moment, le roi n’est pas certain que Manfred soit mort, mais son destrier a étée trouvé sur le champ de bataille: il y a peu de doutes sur son sort 2040 . Le cardinal reprend ces informations en les gauchissant quelque peu, par méconnaissance ou esprit partisan, lorsqu’il évoque la multitude d’ennemis tués lors de la bataille, alors que les champions du Christ n’auraient eu qu’une seule victime à déplorer, laquelle est immédiatement entrée en paradis 2041 .

La tonalité d’ensemble demeure la même dans le SERMO n° 33, prononcé deux jours plus tard, le dimanche 7 mars 1266 2042 . Mais on sent que déjà, sans doute à la suite du sac de Bénévent, lequel ne faisait que poursuivre les massacres intervenus sur le champ de bataille, des critiques sont apparues contre le comportement des croisés; le cardinal, toujours sensible à l’opinion, en tient compte. Du moins, c’est peut-être ainsi qu’il faut interpréter la rubrique de ce SERMO n° 33: « Pour le même dimanche, lorsque circulèrent les rumeurs du triomphe octroyé par le ciel au roi Charles ». Or le parti de l’Eglise ne peut avoir le même comportement que n’importe quelle soldatesque et faire couler le sang inutilement. De même, si l’objectif est de vaincre, surtout si l’on combat pour le Christ, il faut aussi savoir pardonner. Déjà, une lettre de Clément IV à Manfred, lorsque toute réconciliation était devenue impossible au début de 1266, permettait de se rendre compte que l’Eglise ne cherchait pas absolument à lui interdire le pardon et la pénitence, s’il consentait enfin à se soumettre au pape 2043 ; on décèle même chez le pape un sentiment d’impuissance face à un mécanisme qu’il n’a pas déclenché. On pourra toujours prétendre que c’était hypocrisie ou aveuglement, mais certains passages du second discours d’Eudes de Châteauroux sur la victoire de Bénévent, alors que les « rumeurs » la concernant circulent déjà, confirment à la fois le bon droit, mais aussi la volonté de l’Eglise d’accueillir en son sein ses fils égarés.

Premier point, l’orateur énonce des points de doctrine fondamentaux de la supériorité du sacerdoce. Sont cités la plenitudo postestatiset sa cause fondamentale, la commission pétrine, qui délivre du péché comme des ennemis de la Chrétienté, et ouvre ainsi la voie à la reconquête de l’héritage du Christ 2044 ; le vicariat du Christ assumé par le pape sur terre, d’où découle le thème de la guerre juste menée par Charles 2045 ; l’ubiquité de Rome qui se trouve là où réside la Curie, lieu de régénération des Chrétiens ad limina apostolorum . Bref, un bel exercice de déclinaison de la théocratie pontificale, qui prend à témoin l’opinion publique.

Ce sacerdoce, c’est plus que jamais celui du Christ triomphant. Le cardinal fait allusion aux vertus de la rose d’or du pape 2046 , assimilée symboliquement aux bonnes nouvelles de la victoire 2047 , rose dont il énumère les trois substances, comparables aux trois natures du Christ: la déité, l’âme et le corps 2048 . C’est donc bien le Dieu fait homme, porté et offert par le pape en quelque sorte, qui apporte aux hommes le salut 2049 : son âme, dit l’orateur, est descendue en enfer, donc a vaincu le diable, mais il souligne aussi qu’une des substances de la rose, le musc, qui désigne le corps du Christ, symbolise son incorruptibilté, comme le montre l’emploi de cet aromate pour embaumer les morts 2050 . Cette insistance sur la double nature du Christ me paraît aussi s’expliquer par le contexte liturgique du sermon, comparé à la circonstance précise où il est prononcé: la victoire contre Manfred est synonyme de joie, mais nous sommes en Carême; le texte y fait clairement allusion 2051 . Or le quatrième dimanche de Carême marquait, au XIIIème siècle, le milieu de ce temps de pénitence. Très habilement, l’orateur suggère que la vcitoire marque un avant-goût de la paix future, comme on peut dire que les pénitents, parvenus à ce quatrième dimanche de Carême, ont accompli l’essentiel de leur pénitence. Bientôt les fils de l’Eglise, qui font à Rome station à Sainte-Croix de Jérusalem et éprouvent ici un avant-goût de la fête de Pâques, connaîtront la joie du Christ ressuscité 2052 .

Eudes de Châteauroux achève son sermon par une évocation de Manfred et de sa race, en tous points conforme à la littérature pontificale 2053 ; argument nécessaire pour justifier la guerre menée par des Chrétiens contre d’autres Chrétiens:

‘« Car ce triomphe, dont nous informent ces nouvelles, n’eut rien de malhonnête. Il ne fut pas obtenu par la trahison, par la corruption, par les pièges ou la simulation de fuite. De tels stratagèmes déforment le triomphe, surtout quand il provient d’une guerre mise en œuvre pour une cause injuste. Mais cette guerre fut juste, stimulée par le prince des princes, Dieu, et par son vicaire, contre un bandit, un traître, un venimeux, contre un homicide des plus cruels, suspect au dernier degré d’hérésie, ami et familier des Sarrasins, incestueux. Cette guerre n’a donc rien eu de malhonnête, elle fut l’honnêteté même. Tout autant le triomphe qui en a résulté » 2054 .’

Là encore, c’est exactement, concernant Manfred, le portrait que présente André le Hongrois 2055 . De ce point de vue, le sermon démontre que deux genres, traités théoriques sur la guerre juste 2056 , et attaques polémiques, dont se nourrit le processus politique, se sont épaulés plutôt qu’opposés 2057 . Le SERMO n° 33 s’achève naturellement par une magnifique déclaration théocratique, où Christ et pape sont étroitement associés, au milieu d’allusions à la liturgie du jour:

‘« Cette rose est portée par le souverain pontife, dans sa main, car tous ces faits ont été accomplis par l’œuvre du souverain pontife, c’est à dire du Christ, qui est grand prêtre des biens à venir 2058 et prêtre pour l’éternité dans l’ordre de Melchisedech 2059 , avec la coopération de son vicaire. De ces rumeurs [...], il nous nourrit aujourd’hui, comme de cinq pains 2060 , et nous a nourris ces jours-ci. Il y ajoute en outre des poissons, à savoir la louange des bons, la vengeance contre les méchants, ou encore l’exaltation des siens, et l’écrasement des ses ennemis, qui sont chacun source de douceur [...] Ainsi, nous croyons fermement que bien des événements, plus grands, meilleurs et plus doux, arriveront au seigneur roi et au peuple chrétien » 2061 .’

Il serait fastidieux de suivre pas à pas, avec la même minutie, les trois SERMONES n° 44, 47 et 48, qui relatent et surtout interprètent la victoire du même roi, Charles de Sicile, deux années plus tard à Tagliacozzo, contre le dernier des Hohenstaufen, Conradin, fils de Conrad IV décédé en 1254. Ils témoignent de la même habileté, à présent familière, du cardinal Eudes de Châteauroux à adapter l’actualité politique à la Bible, plutôt que l’inverse. Je renvoie pour le détail de leurs dates au tableau chronologique du manuscrit de Pise, où ces textes sont consignés 2062 ; tous sont de peu postérieurs à la date de la bataille, le 23 août 1268. Le SERMO n° 44 peut être seul daté précisément, de l’extrême fin du mois d’août ou du tout début de septembre 1268, grâce aux renseignements fournis par le début du texte. Les deux autres SERMONES, n° 47 et 48, paraissent un peu plus tardifs: je ne peux faire mieux que de suggérer pour eux une fourchette chronologique, la seconde quinzaine de septembre 1268.

Le début du SERMO n° 44 est fort intéressant, en ce qu’il nous apprend que Charles a envoyé une lettre aux deux cardinaux diacres Richard et Jean, entendons Riccardo Annibaldi et Giovanni Gaetano Orsini 2063 . Les cardinaux diacres Richard et Jean l’ont reçue la sixième férie, 9 des calendes de septembre; le roi y annonçait que la veille (« quinta feria proxima precedente »), Dieu lui avait donné la victoire. Toutes ces indications sont parfaitement cohérentes au plan chronologique: la sixième férie, 9 des calendes de septembre, tombe le 24 août 1268, qui est effectivement un vendredi cette année-là; et c’est bien la veille, le jeudi 23, que Charles a vaincu Conradin.On notera que cette lettre, inconnue à ma connaissance, a mis une journée pour parvenir à Viterbe et qu’elle n’informe pas d’abord le pape, mais les deux principaux cardinaux romains, Riccardo Annibaldi et Gian Gaetano Orsini, qui ont soutenu l’ascension de Charles d’Anjou et disposent, y compris en termes de renseignement, d’un réseau plus efficace que celui du souverain pontife. Preuve supplémentaire, s’il était besoin, qu’ils ont joué un rôle essentiel en faveur de l’Angevin au sein du collège, souvent contre l’avis de Clément IV, et à coup sûr contre celui d’Eudes de Châteauroux. Le roi de Sicile a bien adressé le jour même de la victoire une missiveà Clément IV 2064 ; mais elle a dû arriver après celle adressée aux deux cardinaux romains. En effet, dit le cardinal Eudes de Châteauroux un peu plus loin dans son sermon 2065 , à peine les deux cardinaux avaient-ils propagé la bonne nouvelle que des rumeurs contraires sont le soir même parvenues à la Curie, la plongeant dans l’angoisse. La certitude de la victoire du camp pontifical ne fut acquise que le dimanche suivant 26 août, grâce à la lettre de Charles au pape, où il lui décrit sa victoire.Immédiatement, les cardinaux sont convoqués en consistoire pour s’entendre confirmer le triomphe du parti de l’Eglise 2066 .

Tout aussi intéressante est la réflexion du bibliste, qu’illustre tout le début de ce SERMO n° 44; c’est sans doute le seul moment, dans l’ensemble du corpus de casibusdu cardinal, où il livre quelques clefs sur sa manière d’interpréter le présent à la lumière de l’Ecriture:

‘« Comme je n’étais pas peu perturbé et attristé par ces faits [les nouvelles contradictoires sur l’issue de la bataille], me rappelant ce que fit Augustin, et cette parole d’Isaïe: Et si on vous dit: Allez consulter les esprits prophétiques et les devins, qui murmurent et qui prédisent, n’est-il pas vrai qu’un peuple consulte son Dieu sur le sort des vivants et des morts ? Plutôt vers la loi et le témoignage 2067 - complétons: il doit se retourner - , je me suis tourné vers la Bible, pour que le Seigneur me fournisse, grâce à son Ecriture sacrée, un oracle sur ces événements; j’ai ouvert la Bible en deux endroits, de l’Ancien et du Nouveau Testament, pour obtenir un double témoignage. Le premier pronostic se trouvait dans le Livre des Nombres, 24, et disait: L’héritage de Seyr est conquis par ses ennemis; Israël déploie sa puissance 2068 . Le second pronostic se trouvait dans le Livre des Actes des apôtres, 2: Faire asseoir sur son trône, il a vu d’avance et annoncé la résurrection du Christ 2069 . De ces deux témoignages, j’ai reçu une grande consolation, et voici qu’au même moment ou presque, je fus appelé par le pape, avec les autres cardinaux, pour qu’il nous lise la lettre du seigneur roi, dans laquelle il certifiait le seigneur pape de la victoire que lui avait donnée Dieu; pour cette raison, j’ai choisi pour thème le premier des pronostics, celui-ci: L’héritage de Seyr est conquis par ses ennemis; Israël déploie sa puissance etc. Dans ces mots, il est démontré pourquoi l’héritagede Frédéric et de ses fils a passé à des étrangers etsa maisonà des inconnus, Tren. 5 2070 [...]; deuxièmement, par le ministère de qui Dieu a ccompli cela [...]; troisièmement, de quelle race est né celui qui l’a accompli [...]; quatrièmement, que par son intermédiaire, seront détruits les restes des villes, c’est à dire des conventicules de traîtres et de rebelles à l’Eglise [...] » 2071 .’

Le vocabulaire ici employé mérite d’être analysé, ainsi que le mécanisme herméneutique. Eudes de Châteauroux parle, à propos de la Bible, de pronostics. On ne peut y voir de la prédiction, puisqu’à chaque fois il s’agit d’écrits prophétiques, y compris dans le passage du Nouveau Testament où l’apôtre Pierre, au temps des origines mêmes de l’Eglise, se livre à la mise en relation des deux Testaments, fondement et originalité irréductible de l’interprétation chrétienne de l’Ecriture. De plus, l’orateur ne prétend pas en quelque sorte « forcer le destin » en voulant deviner l’avenir. Le point de départ de sa réflexion réside justement dans l’incertitude, parce que seul Dieu connaît l’avenir. Il cherche alors, dans la richesse de la Parole et son infinie plasticité, le passage le mieux à même, d’une part, de le réconforter, d’autre part, de donner un sens au moment présent, quel qu’il soit. C’est tout le contraire du prophétisme en vogue durant les années 1260 en Italie, issu de la postérité joachimite et des écrits apocryphes attribués au moine calabrais; le cardinal s’y est attaqué à propos de la croisade contre la colonie sarrasine de Lucera, dans des SERMONES contemporains, étudiés bientôt. On notera enfin la convocation spontanée par le pape du collège des cardinaux, correspondant assez bien à ce que l’on sait des relations entretenues par Clément IV avec le sacré collège, qu’il consultait systématiquement, et dont il suivait parfois l’avis, alors qu’il était lui-même d’un sentiment différent 2072 .

Charles, dans la missive où il relate sa victoire, insiste à nouveau, comme après Bénévent, sur le grand massacre d’ennemis de la Chrétienté auquel le combat a donné lieu 2073 . Avant d’aborder ces méthodes très dures de mise au pas du Regnum, qui peuvent expliquer certaines réserves d’Eudes de Châteauroux dans ses sermons, concernant notamment le sort des défunts, et la compassion que l’Eglise doit aux Chrétiens, même mauvais, un résumé de l’ensemble des arguments mis en œuvre pour expliquer le triomphe de Charles s’impose. Si ces arguments ne diffèrent pas en substance de ceux que le cardinal martèle depuis bientôt trois ans, il me semble qu’il insiste encore davantage sur le caractère tout divin, au sens de voulu et entièrement ordonnancé par Dieu, de la conquête. Ce qui suggère que, peut-être, l’indépendance déjà manifestée par le roi de Sicile agace certains de ses partisans, et transforme ces trois SERMONES, n° 44, 47 et 48, en une sorte de rappel à l’ordre théocratique de ce monde 2074 . A. Barbero a bien montré qu’existait dès le départ un conflit entre l’image de Charles, issue d’une propagande entièrement forgée par la papauté, qui le présente comme un prince totalement soumis à Dieu et à son Eglise, et que le roi utilise d’ailleurs fort habilement, et la culture de type chevaleresque qui prévalait à sa cour , privilégiant la prouesse, donc la guerre pour la guerre 2075 . On peut même aller plus loin: l’image que le roi entend donner de lui dans les écrits qu’il commande, ainsi la Descriptiod’André le Hongrois, est certes celle d’un acteur des desseins de la Providence, évoluant dans une atmosphère surnaturelle, marquée de signes et de prodiges qui tracent d’avance son destin et sa fonction. Mais du point de vue théorique longuement examiné plus haut, la position conférée au roi doit clairement être qualifiée d’anti-théocratique, en ce sens que si elle diabolise les Hohenstaufen, et exalte Charles, ce n’est évidemment pas pour souligner la fonction d’intercession, de médiateur du vicaire du Christ, théologiquement indispensable si l’on veut que Dieu veille sur la conquête. Ce que le chroniqueur campe, c’est un face à face du roi, sans aucune médiation cléricale, avec la puissance divine 2076 .

A contrario, le cardinal met ses discours entièrement sous le signe du providentialisme, mais en n’oubliant jamais l’intercesseur essentiel qui permet de comprendre les desseins divins et leur apparence parfois contradictoire, le vicaire du Christ. Tout vise dans ses propos à réfréner l’ « ubris » qui pourrait s’emparer du roi après ses succès. Pour cela, il faut d’abord lui démontrer que les conditions matérielles de la conquête laissaient augurer du pire: l’ensemble des trois SERMONES, par petites touches, récapitule les actions de Charles depuis 1266, n’hésitant pas à mettre en valeur les comportements très humains qui se sont parfois emparés des soldats du roi face à l’adversité: le découragement, voire la fuite. Il semble que, si les trois textes sont disposés chronologiquement dans le manuscrit de Pise, ce que rien ne garantit, ce soit le dernier, le SERMO n° 48, qui accentue le plus ce caractère divin et inattendu de la victoire de Tagliacozzo, en fonction peut-être de l’orgueil qui en a résulté chez les Franco-provençaux.

Déjà, le roi de Sicile manquait d’hommes et de ressources pour préparer l’affrontement décisif, thème qui était déjà développé à la fin du SERMO n° 31, où le petit David était opposé à Manfred-Goliath, le géant; or d’habitude, en termes de « real politics », c’est avec des troupes et de l’argent qu’on crée la condition des victoires. Charles était tellement pauvre que les banquiers refusaient même de lui consentir des prêts; il a dû vendre tout ce qu’il possédait de précieux pour financer sa campagne 2077 . D’autre part, après le calme précaire qui avait suivi Bénévent, les révoltes s’étaient enchaînées, tramées depuis longtemps: toute l’Italie ou presque, et même des nations étrangères, s’étaient liguées contre le roi, Allemands 2078 , Espagnols 2079 , Lombards, Toscans, Romains 2080 ; chacun de ces peuples ou de ces nations ne manquait pas de qualités pour le combat, ainsi par exemple que le prouvait la grandeur du passé impérial romain; bref, l’affrontement s’annonçait totalement déséquilibré 2081 . Enfin, l’armée du roi de Sicile est parvenue épuisée sur le lieu de la bataille, à cause d’une très longue marche à travers l’Apennin 2082 . Ce mauvais présage se confirme au début de la bataille, car sur le champ, les deux premières lignes de l’armée du roi sont enfoncées et mises en fuite 2083 . La conclusion s’impose d’elle-même:

‘« Puisque tout cela constituait une somme de raisons manifestes pour justifier la victoire de nos ennemis et notre honte, il et évident que cela a été accompli par Dieu 2084 - cela, c’est à dire la victoire du roi et des siens- , et non [accompli] par les hommes ou la nature; par Dieu seul » 2085 .’

Le SERMO n° 47 avait déjà parlé, à propos du sort de la bataille, de « victoire inopinée » du roi de Sicile; et opposé la confiance que ses adversaires mettaient dans leur nombre et leurs richesses, à l’espoir que son armée pouvait seul nourrir, celui dans la sollicitude divine:

‘« Le Seigneur a donné à l’illustre roi de Sicile une grande victoire, inopinée; cela parce que lui et les siens avaient commencé la guerre sur le mandat de Dieu et de l’Eglise, et avaient placé en leur Dieu leur espoir. Tandis que leurs ennemis, au contraire, ont entamé la guerre en méprisant l’interdit divin et ecclésiastique, confiants dans leurs forces et dans leur nombre » 2086 .’

Dès le début du discours, la tonalité générale était donnée par le thème du sermon: « Comme les poissons pris au filet perfide, comme les oiseaux pris au piège ainsi sont surpris les hommes au temps du malheur, quand il fond sur eux à l’improviste » 2087 . Et Eudes de Châteauroux de commenter:

‘« Dans les événements survenus ces jours-ci, se sont manifestées la libéralité de Dieu et sa largesse vis-à-vis de ceux qui ont confiance en lui; est apparue la justice de Dieu, qui rémunère abondamment ceux qui témoignent d’orgueil, en n’hésitant pas à le provoquer, et ceux qui lèvent le talon contre Lui, repoussant pour ainsi dire du pied les ordres de Dieu et ses interdits » 2088 .’

On ne peut oublier que dans l’esprit et les mots de l’orateur, ces ordres sont transmis par l’Eglise; la guerre s’est déclenchée par la volonté de Dieu, mais il en a confié le mandat au pape. Pour appuyer encore le plan divin, qui a tramé l’ensemble du déroulement des faits depuis plusieurs mois, ce SERMO n° 47 fait aussi allusion au sort des vaincus qui ont échappé au massacre, notamment à la capture du sénateur de Rome Henri de Castille, survenue le 7 septembre 1268 2089 . Il a été, après sa fuite, pris et livré au roi, « en supplément » de la victoire; Dieu avait « longuement médité » ce scenario, car les nobles qui avaient, en 1267, pris le parti du sénateur à Rome, ont profité de sa défaite pour s’emparer de la Ville, du Capitole et du Château de Saint-Ange, et en expulser le vicaire et la famille d’Henri. Dieu enfin a donné à ce triomphe du parti de l’Eglise une dimension supérieure en livrant au roi de Sicile Conradin et le duc d’Autriche, le comte Galvano Lancia, un vieux partisan de Manfred, son fils et de nombreux autres nobles et puissants 2090 . Mais cette brève narration a aussi valeur d’avertissement: toute la fin du discours, qui glose la seconde partie du thème, relative au malheur qui fond à l’improviste sur les hommes, et structure une cascade de références bibliques, où la parole du prédicateur s’efface quasiment devant l’Ecriture, veut montrer que le sort tourne vite, si l’on ne poursuit pas dans la voie du Seigneur 2091 . Certes Conradin et les siens ont été vaincus pour avoir fait preuve d’orgueil en se révoltant contre la loi divine, mais:

‘« Que ceux à qui le Seigneur a donné une telle victoire, les libérant de si grands dangers, prennent garde et se méfient de ne pas s’enorgueillir de cette victoire, en se l’attribuant [...]. C’est ce qu’a promis le Seigneur à ceux qui suivent ses ordres. Vous en avez fait l’expérience dans cette guerre. Mais attention aux paroles qui suivent, ne sombrez pas dans l’oubli, évitez de tomber dans ce travers. Car le Seigneur ajoute, après les mots cités 2092 , ce qui suit: Mais si vous ne m’écoutez pas et ne mettez pas en pratique tous mes commandements, mais rejetez mes lois, j’agirai de même, moi aussi, envers vous. Je vous assujettirai au tremblement ainsi qu’à la fièvre, vous ferez de vaines semailles que vos ennemis dévoreront. Je me tournerai contre vous et vous serez battus par vos ennemis. Vos adversaires domineront sur vous et vous fuirez alors même que personne ne vous poursuivra. Je continuerai à vous châtier au septuple pour vos péchés. Je briserai votre orgueilleuse puissance 2093 [...]. Que Dieu vous évite de tels châtiments à cause de votre ingratitude, de votre orgueil et de votre cruauté. Rendez-lui grâce en lui attribuant tout ce qui vous arrive [...], en pardonnant à vos sujets, en les épargnant au nom de Dieu, en ayant pitié d’eux » 2094 . ’

Très vite donc, le roi et ses troupes ont oublié à qui et à quoi ils devaient leur triomphe. Très vite, car les deux SERMONES n° 47 et 48, que leur position dans le manuscrit de Pise invite à dater au plus tard de la fin de septembre 1268, tranchent par leur ton avec le SERMO n° 44 immédiatement postérieur à la bataille, où le cardinal en restait encore aux arguments traditionnels en faveur du parti de l’Eglise, tels que le plan du sermon, évoqué plus haut, permet de clairement les lire. Premier point, Frédéric II a été justement châtié, et sa descendance avec lui, pour avoir exaspéré l’Eglise; son héritage est passé à Charles, qui imitait ainsi ses ancêtres. Deuxième point, Dieu et son vicaire ont accompli tout cela par l’intermédaire du roi, démontrant la supériorité du pouvoir des clefs, contre lequel ne pourront prévaloir les portes de l’enfer; Charles est un nouveau Jacob-Israël. Troisième point: ce double nom, Jacob-Israël, doit être ici interprété comme figurant deux personnes, Charlemagne et Charles de Sicile, qui descend de lui et n’a fait que suivre son exemple; cette dualité confirme les prophéties faites à la maison de Jacob. Quatrièmement, malgré les conspirations de ses ennemis contre Charles, Dieu a bien accompli par son intermédiaire ce qu’il avait promis, la destruction irrémédiable de la maison de Frédéric II. Ce premier SERMO de la série en reste donc encore à un stade antérieur de la réflexion, décrivant l’achèvement du plan divin. A la faveur des événements, les deux suivants veulent montrer que Dieu continue d’agir dans le monde, et qu’il n’est pire défaut que d’oublier le lendemain celui qui vous a fait roi la veille. A vrai dire, ce SERMO n° 44 esquissait déjà cette critique voilée de l’attitude du roi de Sicile, lorsqu’il évoquait l’état d’esprit qui devait présider à l’entreprise, du côté des combattants de l’Eglise: si Charles et ses guerriers peuvent être dits « ennemis » de Frédéric II, ce n’est pas par haine, qui est un péché, mais parce qu’ils opposaient leur propre volonté à celle de l’empereur 2095 . Il ne doit donc y avoir, de la part de l’auditoire, aucun malentendu sur le sens des paroles très dures prononcées contre Frédéric, traité de sanguinaire:

‘« Quelqu’un pourrait objecter: pourquoi t’en prends-tu à un sourd, à un mort, pourquoi t’acharnes-tu sur le cadavre comme une hyène ? [...] Je n’ai pas dit les paroles précédentes pour m’en prendre aux morts, mais pour détourner les auditeurs, en écoutant ces forfaits, de l’imiter et de lui ressembler » 2096 .’

Si j’ai traité régressivement ces trois SERMONES, c’est qu’ils révèlent l’existence, désormais, d’une contradiction entre les objectifs de la Curie et ceux de Charles. Le point d’aboutissement du raisonnement du cardinal (SERMON n° 48), où son discours fonctionnaliste ou, si l’on veut, ministérial, sur le pouvoir séculier, atteint son intensité maximale, est inversement proportionnel à la griserie engendrée par la seconde victoire angevine, celle qui débarrasse définitivement la péninsule de la race venimeuse détestée. Là où Eudes de Châteauroux avait cru déceler l’amorce d’une croisade générale contre la Chrétienté, un politicien habile a commencé de se découvrir, parfois cruel, et surtout de plus en plus autonome, maintenant qu’il pense ne plus dépendre autant du soutien idéologique de la papauté. Rien ne montre mieux cette évolution que les trois SERMONES, n° 41 à 43, consacrés précisément à la croisade que Charles tarde à mener à bien, celle contre la colonie sarrasine de Lucera dans le nord de l’Apulie.

Notes
2021.

Cf. E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 600.

2022.

Ibidem, loc. cit. ; P. Herde, Karl I. von Anjou... op. cit., p. 48; E. Pispisa, Il regno... op. cit., p. 26.

2023.

Voir une lettre à Clément IV, traduite par E. G. Léonard, Les Angevins... op. cit., p. 58-59.

2024.

Voir E. Jordan, Les origines... op. cit., p. 600-602, qui montre qu’au dernier moment, entre l’automne de 1265 et le début de 1266, Clément IV a tenté de mettre sur pied une autre stratégie de conquête, plus longue mais moins risquée.

2025.

On doit bien parler de croisade contre Manfred puis Conradin, et non de « déviation » du negocium crucis , ou de « croisade politique » (cf. P. Toubert, Les déviations... art. cit. ; J. R. Strayer, The Political Crusades... op. cit.); de tels termes sous-entendent que la croisade ne conserverait sa « pureté » originelle qu’appliquée à la Terre sainte, à la rigueur à l’Espagne ou au nord-est européen; et surtout méconnaissent ce qui fait la spécificité de l’Eglise au XIIIe siècle: elle dispose d’un Etat, ambivalent par nature, à la fois de la terre et du ciel; on doit donc prendre au sérieux les bulles des papes Urbain IV et Clément IV, canoniquement conformes à la tradition, mais aussi et surtout le climat général qui préside à la propagande pontificale, cf. N. Housley, The Papal-Angevin Alliance... op. cit., p. 86-87, et surtout le chapitre 2, p. 35-70; voir aussi C. Maier, Preaching... op. cit., p. 86-87. Ce qui n’empêche pas de reconnaître que bien des contemporains, à commencer par Louis IX lui-même, ont marqué pour le moins de la froideur vis-à-vis de ces entreprises, qui retardaient d’autant le combat pour les lieux saints d’Orient, cf.L. Capo, Da Andrea Ungaro... art. cit., p. 814. Mais la Curie n’est-elle pas devenue un « lieu saint » ? Et des guerriers partis avec Charles pour le Regnumn’ont-ils pas logiquement poursuivi leur combat en Terre sainte (Ibidem, p. 817, p. 821) ?

2026.

Sur le caractère chevaleresque de Charles, qu’il considère, du moins selon la présentation de André le Hongrois, comme l’héritage spécifique de la maison de France, cf. L. Capo, Da Andrea Ungaro... art. cit., p. 816, p. 845-849;sur la piété profonde de l’Angevin, voir supra, par exemple la fin du chapitre II,où Salimbene décrit Charles en prière à Vézelay.

2027.

Cf. J.-P. Boyer, Sacre... art. cit., p. 569; André le Hongrois, Descriptio... éd. cit., cap. 47 (p. 573): Qualiter illustris rex Karolus alloquitur gentem suam .

2028.

SERMO n° 32, lignes 1-3.

2029.

Ed. E.Martène et U. Durand, Thesaurus novus anecdotorum..., t. II, Paris, 1717, p. 283, epistolaccxxxvi (« Caroli regis Siciliae ad Clementem papam iv »); la datation figure à la fin: « Data Beneuente xxvii. Februarii, indictione viii. Regni nostri anno i »; le jour du combat est indiqué: « sicque factum est, quod die Veneris xxvi. praesentis mensis Februarii, quodam desiderio perueniendi citius Beneventum, meum meorumque animos stimulante..., instructis tamen meis in illius nomine, cuius agebatur negotium, aciebus, ex aduerso ad pugnam processi ».

2030.

A Rome comme un peu partout en Occident, au début du XIIIe siècle, à partir du vendredi de la troisième semaine de Carême, les lectures néo-testamentaires des messes de semaine sont prises dans l’Evangile de Jean (cf. S. P. Van Dijk, The Ordinal... op. cit. p. 200, ligne 11): ici, un passage de la révélation du Christ à la Samaritaine; voir sur la formation de la liturgie de Carême A. G. Martimort, L’Eglise en prière, Nelle éd., Paris, 1983, t. IV, La liturgie et le temps, p. 79-88, surtout p. 86-87 pour les lectures des messes de Carême. En outre, toute la seconde partie du sermon évoque au passé la liturgie du jour de la victoire, vendredi 26 février 1266, et s’appuie sur elle pour développer son propos; ainsi à propos des chants d’ouverture de la messe (lignes 86-87): « Nota quod in presagium presentis victorie, die qua predictus habitus est triumphus [vendredi avant le troisième dimanche], officium misse [c’est à dire l’introït] fuit : Ego autem cum iusticia apparebo... »; voir l’édition du texte, pour toutes les références à la liturgie de la messe de ce jour (lignes 86 à la fin); j’ajoute que dès les lignes 13-14, l’orateur précise que le sermon a été prononcé une semaine après l’événement: « Sic per ea que acciderunt sexta feria proximo precedente, de triumpho celitus dato Domino Karolo illustri regi Sicilie... ».

2031.

Discours que Charles lui-même tient dans la lettre annonçant son triomphe, E. Martène et U. Durand, Thesaurus... éd. cit., loc. cit. : « ...viarum et passum multorum difficultatibus et asperitatibus, quales vix transiuerimus antea, superatis, ad montem quemdam perueni, unde subiectus et admodum patens campus ordinatas jam hostium acies ostendebat. Propter quod ego licet equos commilitonum meorum prae malitia et longitudine itineris cognoscerem plurimum fatigatos, et propterea ad sustinendum pondus praelii minus aptos; instructis tamen meis in illius nomine, cuius agebatur negotium, aciebus, ex aduerso ad pugnam processi, et quamuis per magnam horam fuerit utrimque pugnatum, cedentibus diuinae potentiae, non meis viribus, duabus prioribus hostium aciebus, omnes aliae cum non confiderent aggredientium posse impetum sustinere, se fugae remedio commiserunt ». On voit que le roi ne donne pas de précions sur l’heure à laquelle s’est achevé le combat; mais comme il a longuement cheminé et peiné à travers l’Appenin, l’occasion d’un parallèle entre l’heure de la victoire, celle où le Christ s’est reposé, et surtout celle de la crucufixion était trop belle pour que le cardinal la laissât échapper (lignes 50-55).

2032.

Ce qui explique que les deux SERMONES sur Bénévent, n° 32 et 33 ( qui lui aussi a pour thème un extrait de la liturgie du jour, le quatrième dimanche de Carême), se lisent dans un ms. de sermons de tempore, le ms. de Rome AGOP, XIV, 32, et non dans une série de Casibus .

2033.

Voir ci-dessous le SERMO n° 33, et la signification christique de la rose du pape.

2034.

Lignes 31-33.Le thème de la fatigue des papes, accablés par la sollicitudo de toutes les Eglises, est très ancien (cf. J. Rivière, In partem sollicitudinis.... art. cit., passim); mais l’orateur renchérit, en adaptant ce thème traditionnel à la situation présente: les papes qu’il a connus comme cardinal ont eu des pontificats assez courts, c’est l’exploitation du discours de Pierre Damien sur les « années de Pierre » (voir supra le SERMO n° 26); et Clément IV fut selon ses dires fatigué avant l’âge par les soucis du pontificat (SERMO n° 50); le gisant de ce dernier pape, analysé par A. Paravicini-BaglianiBagliani (Le Chiavi... op. cit., p. 89; Il corpo... op. cit., p. 200-201), ne cherche pas à celer ce fait, mais désire au contraire donner du souverain pontife un portrait tout humain, insistant sur sa caducité.

2035.

Voir les lignes 56-63. Ce passage, et tous ceux dans ce texte qui développent le thème de la guerre juste, parce qu’ordonnée par Dieu, est dans l’air du temps théologique, en particulier dans les milieux intellectuels en rapport avec la papauté, cf. le point de départ, pour les autorités qu’il cite, fourni par Thomas d’Aquin dans La Somme théologique[secunda secundae, q. 40, De bello , trad. cit. sous la coord. de A. Raulin, t. III, Paris, 1996, p. 279-284); cela même s’il n’est pas question de prétendre à une influence directe, puisque cette partie de la Somme n’est pas même rédigée en 1266, cf. J.-P. Torrell, Initiation à Saint Thomas d’Aquin, Fribourg-Paris, 1993, p. 211-214; mais Thomas enseigne à Romeentre 1265 et 1268.

2036.

Lignes 39-46.

2037.

Sur tous ces thèmes, la littérature contemporaine fait abondamment écho, par exemple Rutebeuf dans La complainte de Constantinople, de peu postérieure à la prise de Constantinople sur les Latins par Michel Paléologue (25 juillet 1261); du même auteur, La chanson de Pouille(entre mai 1264 et 1265 ou début 1266) et Le dit de Pouille(1265, juillet ?), cf. l’ éd. cit.des Œuvres complètes par E. Faral et J. Bastin, p. 419-430, 431-434 et 435-439. Les sources pontificales, en l’occurrence les lettres d’Urbain IV et de Clément IV, sont les plus précieuses; quelques exemples: une lettre d’Innocent IV du 5 août 1252, déjà, à Alfonse de Poitiers (éd. J. de Laborde, Layettes, t. III, n° 4020); une lettre d’Urbain IV du 20 juin 1263 au même, où le pape montre l’intérêt d’une intervention de Charles Ier en Italie pour la Terre Sainte et Constantinople (Ibidem, n° 4853); une lettre du 3 mai 1264 d’Urbain IV (Reg. Urbain IV, n° 804), qui développe tous les thèmes évoqués par ce sermon: la Terre Sainte, Constantinople, Manfred et les Sarrasins, et rappelle en prime l’ascendance carolingienne de Charles; une lettre de Clément IV (E. Martène et U. Durand, Thesaurus... éd. cit., t. II, epistola n° cxlv) où le pape accorde une indulgence de croisade fort intéressante en ce sens.

2038.

Cf. E. Martène et Durand, Thesaurus... éd. cit., loc. cit.: « Haec igitur quae de manu Domini me suscepisse cognosco, ideo Beatitudini vestrae denuncio, ut omnipotenti Deo, qui per ministerium meum Ecclesiae causam prosequitur, deuotas pro tanto triumpho gratias referentes, certam spem et fiduciam habeatis, quod eradicatis de regno Siciliae scandalis et seminariis scandalorum, illud ad antiquam et consuetam deuotionem Romanae Ecclesiae plene reducam, ad laudem et gloriam diuini nominis, exaltationem et pacem ipsius Ecclesiae, et incolarum eiusdem regni statum prosperum et tranquillam ».

2039.

Cf. A. Barbero, Il mito angioino... art. cit., p. 117, et surtout p. 137 s.

2040.

Cf. E. Martène et U. Durand, Thesaurus... éd. cit., loc. cit.: « ... factaque est in ipso praelio hostium tanta strages, quod celant campum oculis superiacentia corpora occisorum, nec tamen omnes fugientes fugae remedium saluos facit, quin maior pars fugientium in gladio nostrorum ipsos persequentium eo copiosius cecederit, quo dispersius fugiendo, nec unus tuebatur alterum, nec eis locus ad quem fugerent apparebat. Magnum ergo numerum captiuorum ad carcerem nostrum huiusmodi bellicus euentus adduxit, inter quos Iordanus et Batholomaeus dictus Simplex, qui nomen sibi comitum hactenus usurparant, eorumque fratres, nec non et Perusinus de Florentia perfidissimus Gebellinae factionis auctor in vinculis detinentur. De hiis qui de primoribus partibus partis aduersae in praelio corruerunt, certam nondum habentes notitiam, nihil vobis exprimimus, propter festinam praesentium missionem, licet Galvanus et Henricus dicti comites mihi a pluribus asserantur in ipso praelio corruisse. De Manfredo vero utrum ceciderit in conflictu, vel captus fuerit, vel euaserit, certum adhuc id non habetur. Dextrarius tamen armatus, cui insedisse dicitur, et quem habemus, sui casus affert non modicum argumentum ».

2041.

Lignes 55-59.

2042.

La rubrique exacte ne figure pas dans le ms., mais le sermon appartient à une série du quatrième dimanche de Carême, qui débute avec le RLSn° 211 (ms. de Rome, AGOP XIV, 32, f. 135va-137va). L’ensemble des citations liturgiques qu’utilise l’auteur, ainsi que le développement sur la rose portée par le pape ce jour, confirment que le sermon est pour cette fête, voir l’édition du texte, et S. J. P. Van Dijk, The Ordinal of the Papal Court... op. cit.,p. 201-202. Par conséquent, le cardinal prêche le dimanche 7 mars 1266, neuf jours après la victoire du vendredi 26 fevrier. Il me paraît significatif que la rubrique fasse état de « rumeurs », alors que la nouvelle est assurée; ce terme s’explique par le fait que, comme au sein de tout organisme gouvernemental important, la victoire de Charles s’est diffusée de bouche à oreille à la Curie, et qu’il convient à présent de la confirmer officiellement, et surtout d’en tirer les leçons; de plus, les bruits ne sont pas forcément flatteurs pour les croisés, voir ci-dessous.

2043.

Cf. E. Martène et U. Durand, Thesaurus... éd. cit., p. 274, epistola n° ccxxvi de 1266, où le pape exprime à Manfred son souci pour le salut de son âme: « Verum sciat M[anfredus] quod fuit tempus in quo gratiam repulit, cui parata per omnia videbatur, et quae postmodum haberi non potuit tempore minus opportuno quaesita. Omnia siquidem tempus habent, sed tempus non habet omni... Unum scio, quod qui Romanam regit Ecclesiam in Domino figens anchoram spei suae, neminem vult decipere, nullius delectatur excidio, nec in sanguinis effusione laetatur, sed pacem sicut potest inquirit, et quam in se quaesitam inuenire non potuit, in suo quaerit opposito; sed coactus stabilitum siquidem a suo praedecessore negotium promouens, sicut debuit eumdem Carolum sublimauit in regem, quoniam sanctum et terribile nomen eius et regio diademate dignum. Sed propter hoc hodie non dimitteret quin filios quantumlibet a salute propria elongatos ad finum misericordiae laetus exciperet, si iuxta formam sacrorum canonum remedium postularent. Demum Dei negotium agitur, in cuius manu regnum est, immo omnia sunt iura regnorum. Eius ergo iudicium expectetur, et quod in ipsius oculis bonum erit, suscipiatur ab omnibus, et a singulis approbetur ».

2044.

De ce point de vue, on n’oubliera pas le passé de croisé du cardinal:il évoque (SERMO n° 33, lignes 13-16) les lieux saints où le Christ homme a vécu, en particulier Nazareth où il s’est lui-même rendu avec le roi Louis IX au témoignage de Joinville (voir le chapitre III); en septembre 1266, c’est à dire peu de mois après la prédication des SERMONES n° 32 et 33, il évoque dans le SERMO n° 34 la chute de la forteresse de Safet en Galilée, dont la nouvelle est parvenue à la Curie.

2045.

SERMO n° 33, lignes 56-63.

2046.

Sur le symbolisme de la rose d’or, cf. A. Paravicini-Bagliani, Le Chiavi... op. cit., p. 53-55; Idem, Il corpo... op. cit., p. 115-117.

2047.

Lignes 24-28.

2048.

Lignes 29-35.

2049.

C’est encore Innocent III qui, selon A. Paravicini-Bagliani, aurait le plus fortement souligné ce symbolisme christique de la rose d’or portée par le pape le quatrième dimanche de Carême, voir note 440 ci-dessus.

2050.

Lignes 36-37. Sur les techniques d’embaumement au Moyen Age, en particulier l’utilisation d’aromates dont le musc, cf. D. Alexandre-Bidon, Le corps et son linceul, dans A réveiller les morts. La mort au quotidien dans l’Occident médiéval, Lyon, 1993, p. 183-206, ici p. 187-190.

2051.

Lignes 49-53.

2052.

Cf. sur tout cela A. G. Martimort, L’Eglise en prière, Nelle éd., Paris, 1983, t. IV, La liturgie et le temps, p. 79-88.

2053.

Cf. J.-C. Maire-Vigueur, Religione e politica nella propaganda pontificia (Italia communale, prima metà del XIII secolo) , dans Le forme della propaganda... op. cit., p. 65-83; J.-P. Boyer, La « foi monarchique »: royaume de Sicile et Provence, Ibidem, p. 85-110. Voir aussi P. Herde, Literary Activities of the Imperial and Papal Chanceries during the Struggle between Frederick II and the Papacy, dans Intellectual Life at the Court of Frederick II Hohenstaufen, éd. W. Tronzo, Washington, 1994, p. 227-239.

2054.

Lignes 56-63.

2055.

Sur ce portrait et les intentions de l’auteur, cf. L. Capo, Da Andrea Ungaro... art. cit., p. 836-837.

2056.

Voir F. H. Russell, The just War in the Middle Ages, Cambridge, 1975.

2057.

Cf. J. Verger, Théorie politique et propagande politique, dans Le forme della propaganda... op. cit., p. 5-27. Cela vaut pour les partisans de Manfred: aux théories des légistes pro-impériaux, correspondaient des formes polémiques de littérature favorables aux Staufen, cf. M. Aurell, Chanson et propagande politique: les troubadours gibelins (1255-1285) , Ibidem, p. 157-182.

2058.

Hb. 9, 11.

2059.

Hb. 7, 17.

2060.

Allusion à Mt. 14, 17.

2061.

Lignes 78-87.

2062.

Annexe 2, tableau.

2063.

F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 176, lignes 4-6.

2064.

E. Martène et U. Durand,Thesaurus... op. cit, t. II, epistolacccccxxxvi;voir surtout l’édition critique de P. Herde, Die Schlacht von Tagliacozzo. Eine historisch-topographische Studie, dans Zeitschrift für bayerische Landesgeschichte, t. V (1962), p. 679-744, cité par F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 103, note 73. E. G. Léonard, Les Angevins... op. cit., p. 70, en traduit des extraits.

2065.

F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 176, lignes 11-17.

2066.

Ibidem, p. 177 lignes 34-39.

2067.

Is. 8, 19-20.

2068.

Nm. 24, 18.

2069.

Act. 2, 30-31. L’orateur tronque sa citation; il s’agit du discours où Pierre explique à la foule que Dieu avait, d’avance, révélé à David qu’Il ferait asseoir sur son trône un descendant de sa maison; c’est l’une des prophéties messianiques typiques.

2070.

Lm. 5, 2.

2071.

F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 176-177, lignes19-49.

2072.

Il l’explique dans une lettre à Charles de Sicile, cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 130-131, note 35.

2073.

Cf. E. G. Léonard, Les Angevins... op. cit., p. 70.

2074.

Sur la politique de Charles entre Bénévent et Tagliacozzo, voir E. G. Léonard, Les Angevins... op. cit., p. 60-61, où l’impuissance de Clément IV face à son champion, à qui il distribue conseils et blâmes alternés, est évoquée; voir aussi Ibidem, p. 72-73, sur la dureté de la répression consécutive à Tagliacozzo.

2075.

A. Barbero, Il mito angioino... art. cit., en particulier les p. 144-147.

2076.

Cf. L. Capo, Da Andrea Ungaro... art. cit., p. 827-839.

2077.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 205, lignes 123-129 sur le manque d’hommes, d’argent, donc de confiance dans l’entreprise.

2078.

Allusion bien sûr aux Hohenstaufen et à la descente de Conradin.

2079.

Allusion Henri de Castille, allié de Conradin et des Staufen, devenu sénateur de Rome en 1267, cf. Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 76-83; E. G. Léonard, Les Angevins... op. cit., p. 65.

2080.

Allusion bien sûr aux Gibelins italiens qui soutiennent l’Empire et ses partisans.

2081.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 204, lignes 95-101 sur les complots, et lignes 111-119 sur l’énumération des ennemis.

2082.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 205, lignes 137-145; pour la narration événementielle, en fonction des éléments supplémentaires que procurent les sermons, je renvoie aux excellents développements de l’auteur, Ibidem, p. 85-11.

2083.

Ibidem, p. 205, lignes 137-145.

2084.

Ps. 117, 23.

2085.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 205, lignes 145-149.

2086.

Ibidem, p. 195, lignes 14-19.

2087.

Eccle. 9, 12.

2088.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châtearoux... op. cit., p. 195, lignes 5-11.

2089.

Il fut piégé dans une abbaye où il s’était réfugié, remis à Charles d’Anjou, et enfermé à Naples, au Château de l’Oeuf, avec Conradin capturé séparément. Les deux hommes connurent un jugement différent: Conradin la peine capitale; tandis qu’Henri de Castille dut à ses relations familiales (il était le petit cousin de Charles d’Anjou dont la mère, Blanche de Castille, était la tante de Ferdinand III) et aux intérêts stratégiques bien compris du vainqueur de ne connaître que l’emprisonnement. Sur tout cela, le récit de K. Hampe, Geschichte Konradins von Hohenstaufen, Innsbruck, 1894, n’a pas été remplacé (voir en particulier la p. 302 pour la capture d’Henri, p. 304 pour celle de Conradin; sur leurs sorts différents, p. 313-314); plus synthétique, E.G Léonard, Les Angevins... op. cit., p. 70-71. Voir aussi, pour le procès de Conradin, A. Nitschke, Der Prozess gegen Konradin, dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtgeschichte, kanonistische Abteilung, t. XLII (1956), p. 25-54.

2090.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 195-196, lignes 50-60.

2091.

Ibidem, p. 197-200, lignes 86-155.

2092.

Il s’agit d’une série de longues citations du Dt. 32, 27-30, et du Lv. 26, 2-4, 6-8, dont j’ai omis la traduction entre crochets.

2093.

Lv. 26, 14-19.

2094.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 198-200, lignes 114-153.

2095.

Ibidem, p. 179, lignes 114-116.

2096.

Ibidem, P. 179, lignes 104-112.