a) Les laïcs: Beata stirps et peuple élu (1267-1268)

Si l’on connaît la cause et la date du décès de la reine de la Sicile, il est peu probable que le SERMO n° 39 soit de ce jour 2418 . L’orateur laisse clairement entendre que la défunte est morte dans le royaume de Sicile, plus précisément dans la Terre de Labour 2419 . Or Charles était en campagne militaire en Toscane en août 1267, afin de consolider ses positions dans l’optique de la venue de Conradin et de son armée, s’emparant de Poggibonsi après un long siège le 30 de ce mois 2420 ; rien n’indique que son épouse l’accompagnait, il est certain au contraire qu’enceinte, elle n’avait pas quitté le royaume où elle meurt. Comme il a fallu quelques jours pour que cette nouvelle parvienne à la Curie, dans l’Etat pontifical 2421 , on ne peut faire mieux que de suggérer une période approximative, entre la fin de septembre et le début d’octobre 1267, pour la date à laquelle a été donné ce sermon 2422 . Ce fait a des conséquences touchant le sens des rubriques utilisées par le cardinal pour ce genre de discours, car il est d’habitude très précis dans ce domaine. La rubrique du SERMO n° 39, « De obitu Beatricis... », « à propos du décès de Béatrice », semble indiquer que le sermon n’est pas donné en présence du corps de la défunte, mais lors d’une messe, sans doute peu éloignée de la date du décès, célébrant sa mémoire. Au contraire, la rubrique « in obitu », employée dans les SERMONES n° 40 et n° 50, respectivement pour John Gervais de Winchester et le pape Clément IV, signifierait que le sermon est donné soit lors des funérailles, soit plus probablement très peu de temps après le décès, lors d’une messe, ce qui dans le cas précis se comprendrait, puisque l’évêque anglais comme évidemment le pape sont morts en Curie. Quant à la rubrique « in exsequiis », qui ne concerne aucun des sermons ici traités, mais ordonne une longue série dans le manuscrit de sermons de casibusd’Arras 2423 , elle indiquerait obligatoirement que le sermon est celui du jour des funérailles.

Si le SERMO n° 39 a dû être donné en Curie, la division très simple et pédagogique du thème laisse à penser qu’une partie au moins de l’assistance était composée de laïcs; peut-être le roi de Sicile lui-même était-il présent, puisque la fin de l’introduction s’adresse directement à lui 2424 . L’orateur choisit pour thème biblique un passage de la Genèse: « Rachel mourut et fut enterrée sur le chemin d’Effrata - c’est Bethléem. Jacob dressa une stèle sur son tombeau; c’est la stèle du tombeau de Rachel, qui existe encore aujourd’hui » 2425 , puis annonce trois divisions: la première traitera de la personnalité de la défunte, de l’époque, du lieu et de la cause de sa mort; la seconde mettra en exergue « qu’elle eut une belle fin »; la troisième s’adresse à Charles de Sicile: ce qu’il convient qu’il fasse pour son épouse lui est ici indiqué 2426 . Ce plan correspond, moyennant quelques adaptations, aux « canons » du genre, dont la définition n’intervient qu’au XIVe siècle, lorsqu’il est devenu florissant. Ainsi le prédicateur florentin du XIVe siècle, Remigio de’ Girolami définit très clairement le triple but de ce genre de sermons 2427 : « Unde nota quod predicans de mortuis de tribus uel uno horum debet predicare, scilicet aut propter exemplum, et hoc est uita defuncti; aut propter documentum, et hoc est natura mortis; aut propter adiutorium, et hoc est suffragium et remedium orationum populi ». Ce triple ojectif du genre, montrer un exemple de vie imitable, instruire sur la mort, procurer au défunt les suffrages des vivants, se retrouve dans le SERMO n° 39, ou plutôt, cette similitude confirme que le cardinal maîtrisait parfaitement les règles du genre et se montre, là encore, un pionnier.

Pour évoquer dans sa première partie la personnalité de la reine, Eudes de Châteauroux procède exactement comme il l’avait fait pour son époux, dans le SERMO n° 31: il insiste avant tout sur le prestige de sa race, beata stirpsà n’en pas douter, et use du même moyen exégétique, en l’assimilant par une série d’ interpretationesà Rachel, dont l’enterrement est cité dans le thème 2428 . Le mode d’argumentation utilisé ici me paraît profondément représentatif d’une certaine exégèse médiévale, celle qui arrime l’esprit à la lettre de l’Ecriture 2429 . A partir d’une interpretatio(Rachel = videns Deum ), et d’une étymologie (beatitudo = Beatrix ), outil-clefs de l’exégèse spirituelle des mots, d’une part, à partir d’une métaphore (beatitudo = visio Dei ) relevant de l’exégèse spirituelle des « choses » d’autre part, l’auteur peut établir l’équivalence initialement proposée: « Per Rachelem Beatrix regina designatur » 2430 ; puis, par une démarche régressive, ou du moins inverse de celle habituellement suivie (de la lettre à l’esprit), Eudes de Châteauroux s’appuie sur l’historia, en l’occurrence les récits généalogiques bibliques, pour fonder plus profondément, dans la narration même de l’Ecriture, la légitimité de cette lecture du nom de la reine.

L’argument généalogique est très important aux yeux de l’orateur, pour des raisons générales liées aux conceptions de l’époque concernant la spécificité du sang royal - thème particulièrement en faveur dans la maison capétienne -, mais aussi pour des motifs de contestation juridiques et politiques, auxquels la Bible apporte une solution. Pour appuyer la noblesse de la race de Béatrice, le discours développe en effet d’abord des considérations généalogiques sur la parenté de Rachel dans la Bible 2431 . Elle est de la parenté d’Abraham, qui voulait pour son fils Isaac non une chananéenne, mais quelqu’un de sa maison: ce sera sa nièce Rebecca. Isaac a la même volonté que son père pour son propre fils Jacob: il épousera une nièce de Rebecca, Rachel. Rien n’étant jamais dû au hasard, chez l’orateur, ce long détout par Ur et la Chaldée prend sens quand on sait que pour épouser Béatrice le31 janvier 1246, et mettre à cette occasion la main sur la Provence, Charles avait eu besoin d’une dispense pontificale, accordée le 18 décembre 1245, ce qu’il convenait de justifier publiquement, si l’on souhaitait mettre en avant le prestige d’une famille noble, et conserver au roi sa légitimité comme comte de Provence 2432 .

La seconde raison qui explique ces digressions généalogiques, c’est la situation propre de l’Italie au plan religieux, où les communautés juives sont nombreuses, mais où existe en outre la colonie sarrasine de Lucera, à cette époque encore fidèle à Charles après la victoire de Bénévent. Or Juifs comme Musulmans « se vantent [d’avoir pour ancêtre] Abraham » 2433 . Cela pourrait affaiblir évidemment la démonstration sur la noblesse d’extraction de la reine défunte. Concernant le Judaïsme, l’argument peut être réglé sous la forme la plus traditionnelle de la polémique chrétienne, « l’aveuglement » des Juifs obnubilés par la lettre; c’est peut-être pour cela que l’auteur commence sa démonstration en ayant recours à l’exégèse spirituelle. Concernant les Musulmans, il prouve qu’il connaît, sinon le Coran lui-même, du moins la tradition coranique, selon laquelle Abraham est le père, par l’intermédiaire d’Ismaël, du peuple arabe et du sanctuaire de La Mekke 2434 ; il n’était sans doute nul besoin de réfuter une telle prétention, tant le climat créé par les croisades du XIIIe siècle rendait sa crédibiblité improbable en Occident.

Le parallèle entre Rachel et Béatrice continue: la reine est la dernière de ses sœurs comme Rachel fut la cadette de Lia 2435 . Une fugace allusion, peut-être conventionnelle, à l’individualité de la personne défunte permet de comparer sa beauté à celle de son modèle biblique, mais c’est pour immédiatement insister sur ce qui seul intéresse l’orateur, sa beauté intérieure 2436 . Celle-ci se traduit entre autres par l’acceptation de son statut privé d’épouse comme de ses devoirs publics de reine: elle suit sans hésiter son époux lorsqu’il part conquérir le Regnum 2437 .

La fin de la vie de la reine est l’occasion de dernières comparaisons avec Rachel, par l’intermédiaire d’interprétations spirituelles: l’une est morte au printemps en se rendant à Bethleem, l’autre, Béatrice, dans la fleur de l’âge, en terre de Labour d’où partent les bateaux pour la Sicile, elle-même port d’embarquement pour les lieux saints et Bethleem. La mort en couches ressortit à l’interprétation littérale, puisque Rachel décède pour les mêmes raisons. C’est l’occasion pour le cardinal de bénir le fils de Béatrice, régénéré par le baptême.

Eudes de Châteauroux peut alors aborder ses seconde 2438 et troisième 2439 parties, la « belle fin » et le sépulcre de la reine, très brièvement traitées, peut-être parce que le sermon est abrégé: conformémemt à tout ce qu’elle avait montré durant sa vie, Béatrice se dirige vers le Seigneur 2440 , et continue dans son sépulcre, qui constitue sur terre la demeure des morts, à montrer l’exemple de la façon dont on obtient une belle fin. Son tombeau exalte aussi l’amour du roi, seconde notation personnelle, plus appuyée que la précédente: « Jacob a fait cela en signe de l’amour qu’il avait pour Rachel, afin que la postérité puisse dire: vois comme il l’aimait ! » 2441 . Un point très important ici, c’est la confirmation de ce que le SERMO n° 22 évoquait déjà à propos du séjour des défunts: le purgatoire où séjourne la reine, explicitement évoqué quelques lignes plus loin 2442 , est aussi un refrigerium 2443 ; le symbole que constitue le tombeau, outre celui de l’amour du roi, c’est ce temps d’attente, où le chrétien est en marche vers Dieu, mais continue d’une certaine façon sa pénitence. Il s’agit bien encore d’une « désinfernalisation » du purgatoire.

Le sermon, du moins tel que l’introduction l’avait annoncé, se termine par une prière, confirmant qu’il correspond à un office liturgique, sans doute une messe. Mais le texte se poursuit en fait, un peu à la manière des collations du soir des sermons universitaires, en appliquant, dans une quatrième partie où l’orateur invite les vivants à se tourner vers eux-mêmes, l’ensemble du verset à l’âme pénitente 2444 . Ce faisant, Eudes de Châteauroux remplit le troisième objectif assigné par Remigio de’ Girolami aux orateurs dans cette circonstance: procurer au défunt les suffrages des vivants. Mais il le fait à sa manière d’exégète, puisque cette façon d’orienter « le sermon vers nous-mêmes » signale toujours, chez lui, le passage au sens moral ou tropologique. Cette interprétation se traduit ici par un parallèle entre les saisons et les étapes de la progression du pénitent, à la limite de l’anagogie. Ce traitement du sens spirituel se distingue donc très nettement de l’exégèse de type allégorique, étroitement liée au sens littéral, car ce sont bien les mots (lettre) et les choses (histoire) qui signifient le mystère chrétien. Le dernier point, quant à lui, impose plus nettement non un sens second, dérivé de la lettre ou de l’histoire, mais une autre signification du thème biblique, symbolique, s’appliquant à un objet différent, l’âme individuelle et non plus l’Eglise comme institution salutaire. C’est pourquoi l’orateur termine son sermon en insistant sur les formes de piété individuelle, en l’occurrence les suffrages des vivants pour les morts, dont il propose une typologie septénaire 2445 . Mais cette pratique demeure fortement encadrée dans la signification globale conférée à la mort chrétienne: il s’agit d’aider la défunte à accéder à la vision béatifique.

Il est possible que Charles de Sicile ait eu écho des conseils d’Eudes de Châteauroux lorsqu’il procède, dix ans plus tard, au transfert solennel des cendres de Béatrice à Aix-en-Provence, dans l’église Saint-Jean remaniée pour la circonstance, et abritant désormais un sépulcre de dimension triomphale. C’était bien la beata stirpsqui était célébrée, puisque l’héritière du comté, qui avait dû tant batailler pour imposer ses droits à ses sœurs, inaugurait ainsi une nécropole catalane de Provence, et assurait la continuité dynastique, donc garantissait la légitimité de la domination de Charles. Le sépulcre comportait, figurées, les leçons sur le sort des grands qui ont bien rempli leur officium, comme en écho à celles que délivrait le cardinal en 1267 à la fin de son discours. Le programme sculpté se montrait même plus optimiste, puisque la reine est emportée par des anges en paradis. Un exégète de talent pouvait donc être d’un grand secours aux Princes de la terre, s’ils savaient écouter. Charles cette fois, parce qu’il y trouvait son intérêt, semble s’être comporté en fils soumis de l’Eglise 2446 .

En comparaison de ce sermon fortement marqué, sinon par la personnalité même de la défunte, du moins par les circonstances précises du décès d’une personne, les deux SERMONES mémoriaux, concernant des laïcs, que j’aborde brièvement, présentent des individus beaucoup plus transparents, ou fonctionnels, il faudrait même dire, dans le cas précis, providentiels.

Les SERMONES n° 45 et 46 ne sont pas datables précisément, en l’état actuel. Le premier est de peu postérieur à la victoire de Tagliacozzo du 23 août 1268, puisque sa rubrique invite à prier « pour ceux du parti de l’Eglise et du roi Charles qui ont été tués ». Le manuscrit de Pise le place au milieu des différents discours relatifs à la victoire 2447 . Deux points de repère chronologique sûrs l’encadrent: un sermon pour la fête de saint Augustin (28 août), qui fait d’ailleurs allusion à la bataille, et un autre pour la fête de la nativité de la Vierge (8 septembre) 2448 .

Le SERMO n° 46 quant à lui, sans pouvoir non plus recevoir de datation précise, semble être légèrement postérieur. Certes il est consacré à un événement, la mort du grand capitaine angevin Henri de Sully, survenu avant la bataille de Tagliacozzo, puisque l’orateur confirme ce qu’il avait déjà expliqué dans un sermon antérieur 2449 : le noble guerrier est décédé de mort naturelle, et ce fait a privé le roi Charles de l’un de ses meilleurs capitaines 2450 . Ce qui évidemment constitue une preuve supplémentaire que Dieu a voulu, conçu et obtenu pour l’Eglise ce triomphe. Un autre indice est fourni par l’évocation, dans le SERMO n° 46, de l’ex-sénateur de Rome Henri de Castille, déjà capturé à l’époque où le discours fut prononcé:

‘« Dans cette affaire [la bataille], des milliers d’hommes ont péri par le glaive, pour avoir consenti à une telle persécution, et en avoir éprouvé de la joie. Mais l’auteur de cette persécution, c’est à dire le sénateur, par l’effet d’un juste jugement de Dieu, ne périt pas; sans doute réservé à un jugement plus atroce, pour qu’il éprouve davantage de honte et soit plus longuement supplicié, servant ainsi d’exemple à d’autres, à la façon de celui que les chevaux traînent, il moisit pour longtemps en prison, est conduit de lieu en lieu, perd son honneur et se retrouve livré à son ennemi » 2451 . ’

Or Henri de Castille parvint effectivement à fuir le champ de bataille, mais fut capturé le 7 septembre 1268, puis livré au roi de Sicile 2452 . Le SERMO n° 46 est donc postérieur à cette date, probablement de la seconde semaine de septembre 1268, car le supplice d’Henri de Castille est évoqué au présent, et la mention du décès d’Henri de Sully suggère que le discours demeure proche de cette mort 2453 .

Seule la troisième partie du SERMO n° 45 traite vraiment la question des soins dus aux défunts 2454 , les deux premières, compte-tenu du contexte, étant surtout consacrée au sens de la victoire de Tagliacozzo, à parti d’un thème biblique pris dans le Livre des Juges: « Mon cœur chérit les princes d’Israël; vous qui volontairement vous êtes portés au devant du danger, bénissez le Seigneur » 2455 . Mais comme toujours chez Eudes de Châteauroux, le raisonnement est tellement fidèle à l’exégèse du verset thématique que la question des prières, dues aux morts de la bataille par les vivants, s’articule étroitement à ce qui précède. En substance, le thème évoque le cantique adressé à Dieu par Débora et Baraq, après que l’Eternel eut donné la victoire à Israël sur Yabîn, roi de Canaan, et son général, Sisera, victoire qui fut « une parabole du temps présent et figura [celle] récemment obtenue 2456 . Conformément à l’annonce de son plan, l’orateur a d’abord comparé « le fait au fait », mettant en parallèle, jusque dans le détail, les circonstances concrètes dans lesquelles furent concécées par Dieu ces victoires, traitant ainsi la lettre de l’Ancien Testament 2457 . Puis il a enchaîné sur le découpage en deux séquences du verset thématique, pour aborder deux nouveaux points: le premier interpréte allégoriquement le passage: « Mon cœur chérit les princes d’Israël », montrant comment l’Eglise doit chérir dans son cœur les princes, c’est à dire Charles d’Anjou, « non par la parole ou la langue, mais en action et en vérité, car ce sont ceux qui, dans l’urgence de la nécessité, exposent pour la défense de la foi et de l’Eglise leurs biens et leurs personnes » 2458 . Sont alors cités trois nobles guerriers morts durant la bataille, le Maréchal de France Henri de Cousances, maître Guillaume de Saint-Julien, Justicier des Abbruzes, et un certain « B. », demeuré anonyme dans le texte. C’est ici qu’Eudes de Châteauroux glisse progressivement à son propos central, du moins tel que la rubrique l’annonçait: ces trois hommes « s’offrirent à la mort pour la défense de l’Eglise dans ce conflit, toute crainte écartée, alors que certains, et même de nombreux guerriers nobles et puissants, par peur de la mort, se sont réfugiés dans la fuite et par leur exemple en ont fait fuire beaucoup » 2459 . Le cardinal, fidèle à la vocation du prêtre, n’entend pas pour autant condamner ces fuyards, des deux camps. En effet, ce n’est pas parce qu’ils étaient impies que tous ces guerriers se sonr enfuis: tout simplement, ils ont pris peur. A l’appui de son argumentation, pour expliquer des faiblesses humaines bien pardonnables en de telles circonstances 2460 , il évoque deux exemples néo-testamentaires qu’on lit en Matthieu, 26: celui des apôtres qui ont abandonné le Christ par peur de la mort, et celui de Pierre, qui a renié le Christ pour les mêmes motifs. A plus forte raison doit-on compatir à ces fuyards, même ceux du camp de Conradin, qui « s’étaient rendus étrangers au peuple de Dieu » 2461 , car « tant ceux-ci [les morts du parti de l’Eglise] que ceux-là [les partisans de Conradin] sont chrétiens, donc sont nos frères, envers lesquels nous devons nous montrer compatissants » 2462 . Les première prières que l’on doit aux morts, si l’on suit le raisonnement implicite d’Eudes de Châteauroux, ce sont celles dont l’appartenance à une même communauté de baptisés fait obligation à tout chrétien, vis-à-vis des défunts de sa religion. L’idée n’est pas en soi originale, mais dans le contexte violent de la polémique anti-Staufen, et dans l’euphorie de la victoire, cette mesure et surtout cette conscience de l’unicité du genre humain, dans le cadre sacramentel de l’Eglise, méritent d’être relevées, par contraste avec les expressions qu’utilisait Charles de Sicile dans la lettre où il annonçait sa victoire au pape, et décrivait, comme preuve de son bon droit, la plaine jonchée de cadavres.

Mais évidemment, les martyrs de Dieu, c’est à dire les morts du parti de l’Eglise, sont d’autant plus méritants d’avoir bravé et subi, pour certains, le trépas. C’est l’argument déployé dans la troisième et dernière partie du SERMO n° 45, à partir de la seconde séquence du verset: « vous qui volontairement vous êtes portés au devant du danger, bénissez le Seigneur  ». Ils ont accepté en effet, en se plaçant volontairement en première ligne et en soutenant les premiers assauts, de servir de véritables boucliers au reste des troupes. A bon droit, ils peuvent bénir Dieu, car ce dernier les a aidés à faire preuve de ce courage, à repousser leurs ennemis, pour ensuite accueillir leurs âmes 2463 . En retour, ils sont naturellement « agrégés au nombre des saints martyrs, et [doivent] être inscrits au catalogue de ces derniers » 2464 .

Le cardinal n’est pas si sûr de leur sort: ils « devraient » être accueillis par Dieu au rang des martyrs, mais on n’est jamais certain du jugement de Dieu: « Bien que nous croyions que les guerriers susdits se soient envolés vers le Seigneur, prions cependant pour eux, au cas où ils auraient emporté avec eux quelque chose de combustible, afin que Dieu les libère de la peine du purgatoire » 2465 . On obtient ainsi la confirmation que le troisième lieu fonctionne décidément, chez Eudes de Châteauroux, comme celui où les tensions entre des discours extrêmes, celui qui vouerait aux gémonies le fauteurs du parti de Conradin, et celui qui exalterait de façon inconsidérée les glorieux martyrs de l’Eglise, se résolvent, par la médiation de l’Eglise: elle compatit aux pécheurs qui sont ses membres, comme elle espère que ses champions seront récompensés; donc, elle enjoint à ses fidèles de prier pour les défunts, Dieu décidant en dernière instance.

Le SERMO n° 46, au lieu de considérer, dans la perspective de leur sort dans l’au-delà, deux groupes, est spécifiquement consacré à un individu nommé dans la rubrique, « le noble homme Henri, seigneur de Sully ». Ce grand capitaine, comme on l’a vu, n’est pas mort au combat; mais on peut sans difficultés considérer qu’il est une victime de la campagne de conquête du Regnum, d’une part parce qu’il a volontairement choisi d’y participer, lui le guerrier réputé en France comme en Allemagne et en Sicile 2466 ; d’autre part parce que sa mort a été « programmée » à ce moment, dans un but pécis: Dieu voulait prouver, en faisant disparaître Henri et quelques-uns des meilleurs capitaines de l’armée angevine avant Tagliacozzo, et alors que Charles en était encore à ses débuts comme roi, tout juste oint et sans expérience, que de Lui seul dépendait la victoire 2467 . Ce sont ces deux idées que développe le sermon, conformément au plan annoncé à partir du verset thématique choisi: « Le roi dit aussi à ses officiers : « Ne savez-vous pas qu’un prince, et un grand prince, est tombé aujourd’hui en Israël ? Pour moi, je suis faible à présent, tout roi que je sois par l’onction » 2468 . Le thème décrit en effet, dans sa première partie, quelle fut la personnalité du seigneur Henri, et, dans la seconde, lorsqu’il est fait allusion à la toute récente onction de David à la date de la mort d’Abner, figure d’Henri de Sully, indique le moment politique où ce dernier fut soustrait à l’existence terrestre 2469 . Le cardinal traite donc deux des trois thèmes principaux qui, selon Remigio de‘ Girolami, sont constitutifs du genre de mortuis : la vie du défunt, et le sens de sa mort pour les vivants; le troisième thème suggéré par le prédicateur florentin n’est qu’effleuré à la fin du discours, de façon exactement semblable à celle selon laquelle il avait été évoqué au SERMO n° 45, c’est à dire en considérant le sort non seulement des vainqueurs, mais aussi celui des vaincus.

Dans sa première partie 2470 , le SERMO n° 46 examine trois aspects de la vie d’Henri de Sully, sa probité, sa bonté et sa renommée 2471 . Mais c’est en fait par ce dernier aspect que le cardinal commence, car il l’a dejà abordé dans son introduction, en justifiant le titre nobiliaire dont bénéficiait le défunt, celui de « baron » 2472 . Selon Eudes de Châteauroux, c’est le titre, actuellement employé pour les Grands, qui correspond le mieux au mot « prince » utilisé par le thème biblique: on en vérifie l’usage aussi bien en France qu’en Angleterre, dans le royaume de Jérusalem et en Arménie, tous milieux nobles que, directement ou indirectement, le cardinal durant sa carrière a expérimentés 2473 . Les véritables barons ne sont pas si nombreux: les plus vaillants d’entre eux voient donc leur réputation franchir largement les frontières, ce qui était le cas d’Henri de Sully. Les vertus du défunt sont typiquement chevaleresques: chef d’une véritable mesnie, ses « commilitones » comme les nomme l’orateur, il se montre vis-à-vis d’eux d’une extrême libéralité dans le don, quitte à ne pas garder grand-chose pour lui 2474 . Pour évoquer ce lien étroit entre Henri et les compagnons de combat sous ses ordres, l’usage d’une métaphore organique, plutôt caractéristique des développements ecclésiologiques, ne peut surprendre ici: Henri fut vraiment un chef, c’est à dire la tête, qui irrigue les membres inférieurs en les sustentant; métaphore reprise un peu plus loin, lorsqu’est abordée sa conduite au combat: il y conduit ses hommes comme la tête guide les pieds 2475 . Mais cette largesse a sa contrepartie: Henri fut toujours pauvre et criblé de dettes, à la fois baron et « pauper » 2476 . Au point de ne pouvoir être sûr de faire face aux obligations familiales de son rang, au moins assurer la situation de ses garçons, et surtout marier sa fille, alors que sa caste a coutume, dans ce but, de se montrer rigoureuse dans la gestion de ses biens 2477 . A vrai dire, si le but du cardinal n’est évidemment pas d’esquisser une sociologie de la noblesse, on doit se demander quel rang tenait effectivement le seigneur de Sully: fait-il vraiment partie de ces grands magnats du royaume que le terme « baron » a coutume de désigner, ou bien est-il simplement l’un des meilleurs chevalier (miles ) de son temps, se haussant grâce à l’efficacité de son service et aux circonstances à la limite inférieure de la haute noblesse ? 2478 On peine à croire, s’il avait joui en France de vastes ressources, notamment domaniales, bien gérées, qu’il eût été aussi en peine de caser sa progéniture. Au cours du XIIIe siècle il est vrai, c’est plutôt la couche des Militesqui connut un vigoureux essor économique et social, celle des grands nobles éprouvant davantage de peine à s’adapter aux mutations économiques en cours, celles qui donnaient peu à peu la prépondérance à l’économie monétaire 2479 . Il faudrait voir alors, dans la figure du noble défunt, l’un de ces barons appauvris qui dépendent, en conséquence, de plus en plus de leur seigneur, ce que l’orateur présente d’une toute autre façon: Henri agit ainsi car il fait pleine confiance à son seigneur le roi Charles, « n’ayant cure de cela [le sort de sa descendance], croyant que son seigneur, qu’il avait fidèlement servi, remédierait à ce défaut, qu’il en était préoccupé, lui qui s’était parfois engagé, par promesses, en sa faveur » 2480 . Il est fort possible qu’à cet endroit, Eudes de Châteauroux lance une attaque feutrée contre Charles de Sicile, peu reconnaissant des sacrifices consentis par le noble Henri de Sully, qui meurt quelque peu abandonné lorsqu’il n’est plus utile aux projets de son maître. Cela expliquerait, si Henri de Sully fut bien aussi généreux que le dit le cardinal, ce dont il n’y a pas de raison de douter, pourquoi ce baron a eu l’honneur d’un sermon funèbre, alors que d’autres capitaines, on l’a vu, avaient trouvé la mort au service du roi, parfois sur le champ de bataille.

C’est ici que le cardinal reprend la métaphore de la tête et des membres, en décrivant cette fois comment, à Bénévent, le guerrier a conduit les troupes françaises au combat. L’insistance est mise sur l’origine française d’un grand nombre de combattants, cette « armée française » venue d’outre-monts « pour acquérir le royaume de Sicile et en expulser Manfred et ses complices » 2481 . On retrouve naturellement les accents patriotiques qui caractérisent les discours politiques d’Eudes de Châteauroux depuis leur début, couplés à l’idée que les « Gallici » constituent le nouveau peuple élu, puisque cette armée peut bien être appelée « Israël », Dieu s’étant tenu à ses côtés et ayant guidé ses pas. Implicitement le défunt, dont l’orateur vient de montrer qu’il s’était affirmé dans les faits comme le chef véritable de ces troupes, au témoignage entre autres de l’évêque d’Auxerre 2482 , est donc rangé lui aussi du côté de Dieu, et le rôle militaire de Charles de Sicile, pourtant laudativement évoqué au SERMO n° 45, est passé sous silence. Au contraire, le cardinal revient sur le service indéfectible d’Henri à l’égard du roi, service qui ne date pas seulement de cette campagne, mais remonte à l’époque où Charles n’était pas roi 2483 . Cette profonde fidélité constitue visiblement le trait de personnalité qui séduit le plus Eudes de Châteauroux, car elle correspond, dans le rang et le rôle qui furent ceux d’Henri, à l’amour charitable et serviable, à la source de tout véritable comportement chrétien. Cette version profondément christianisée de la chevalerie qu’incarne le défunt est évidemment confirmée par sa bonne fin: il meurt, après s’être plusieurs fois confessé durant sa maladie et avoir reçu les sacrements, « en état de salut », et ressuscitera assurément 2484 .

La seconde partie du SERMO n° 46 se détache davantage de la personne du mort, pour s’intéresser aux raisons de ce décès survenu, l’introduction l’a expliqué, au plus mauvais moment sur le plan militaire, c’est à dire « au début du règne du roi Charles, quand ce dernier était encore tendre et peu fortifié dans son royaume, puisqu’il affrontait en son sein une grande rébellion, et à l’extérieur de vigoureux adversaires, Conradin, Henri de Castille et beaucoup d’autres hommes nobles et puissants » 2485 . Ici, c’est moins le portrait du défunt que celui, donné en contrepoint, de Charles de sicile qui est au centre. A la question posée, pourquoi Dieu a-t-il fait mourir de mort naturelle Henri de Sully à ce moment précis, la réponse est simple: il a voulu démontrer dans ces circonstances qu’il était seul l’auteur de la victoire, et empêcher ainsi le roi et les siens de reprendre le mot du Deutéronome: « Notre main l’emporte et le Seigneur n’y est pour rien » 2486 . Il s’agit donc bien d’une mort providentielle au sens exact, et la conclusion que les auditeurs doivent en tirer paraît évidente: le roi, sans doute déjà visé lorsque la fidélité mal récompensée d’Henri de Sully était longuement exposée, est ici remis à sa place, celle d’un simple exécutant des plans divins.

Le sermon s’achève exactement comme le faisait le SERMO n° 45: après l’évocation de la figure d’Henri de Castille prisonnier, le prêtre, qui ne veut pas la mort du pécheur comme Ezechiel le lui a enseigné, prend une dernière fois la parole pour indiquer aux vivants l’attitude qui convient en de telles circonstances:

‘« Pour le noble homme susdit [Henri de Sully] et les autres, qui sont morts durant ce pélerinage 2487 , de maladies ou du glaive, prions le Seigneur, afin qu’il leur soit indulgent, et leur concède le repos éternel; quant à leurs ennemis, qui demeurent jusqu’ici vivants selon la chair 2488 , qu’il leur donne la grâce de faire pénitence » 2489 .’

Conformément à ce que disent les spécialistes du genre au siècle suivant, les sermons pour les défunts offrent des opportunités notables de diffuser quelques messages fondamentaux de la pastorale chrétienne. En même temps, la personnalité des défunts, quelque fonctionnelle qu’elle puisse apparaître, dans une société où les représentations concernant l’ordre social étaient si strictement codifiées, en général par des modèles idéologiques d’origine cléricale, ne disparaît pas complètement. Effet du genre du sermon de circonstance, ou des sympathies personnelles de l’orateur qui toujours, on l’a vu maintes fois, cible son public lorsqu’il choisit les thèmes qu’il développe, cette relative promotion de l’individu concret est remarquablement orchestrée. Un mort, c’est la grande leçon des sociétés médiévales, est parfois bien plus utile que des vivants; utile à ces derniers, pour témoigner de leur piété et leur permettre de recevoir en retour le bénéfice des suffrages et des prières adressés aux défunts; utile surtout pour les guider sur le chemin de leur propre vie, et leur rappeler le sens fondamental de notre passage en ce monde. De tous ces atouts potentiels de la figure des défunts, Eudes de Châteauroux, dans diverses circonstances, a fait un usage systématique, qui n’exclut pas l’attachement sincère aux personnes, comme va bientôt le montrer le SERMO n° 50 sur la mort de Clément IV. Dans ce domaine comme dans d’autres, il se révèle ainsi un « refondateur ».

Notes
2418.

Elle est morte en couches le 23 septembre 1267, l’auteur y fait allusion à la ligne 16, à propos de Rachel elle aussi morte en couches, à qui Béatrice est assimilée quelques lignes plus loin. Il le dit explicitement à la ligne 60. Sur la date, cf. P. Herde, Karl I. von Anjou... op. cit., p. 66.

2419.

Lignes 55-58. la Terre de Labour est l’ancienne principauté de Capoue, conquise par les Normands dès le XIe siècle, mais demeurée longtemps indépendante de fait vis-à-vis du roi de Sicile, cela jusqu’au premier tiers inclus du XIIe siècle. C’est sous Roger II (couronné en 1127 à Salerne) que sa présence explicite dans la titulature royale marque son intégration comme province du royaume, et que la principauté est de plus en plus fréquemment appelée Terre de Labour, voir J.-M. Martin, Italies normandes (XI e -XII e siècles), Paris, 1994, ici p. 111.

2420.

Cf. P. Herde, Karl I. von Anjou... op. cit., p. 51. Voir aussi P. Durrieu, Les archives angevines... op. cit., t. II, p. 168: à la date probable du SERMO n° 39, fin septembre-début octobre 1267, le roi est toujours en campagne contre les Gibelins; mieux, un acte royal est daté de Poggibonsi le jour même du décès de la reine, le 27 septembre (note 4).

2421.

A Montefiascone ou à Viterbe, cf. A. Paravicini-Bagliani, La mobilità... art. cit., p. 237.

2422.

A moins qu’il ne s’agisse d’une messe pour un des temps liturgiques où, régulièrement, la mémoire du défunt était rappelée, trentains ou lundis, cf. M. Lauwers, La mémoire des ancêtres... op. cit., p. 378-380.

2423.

Manuscrit d’Arras, Bibl. Mun. 876, f. 165ra-180vb. La série suit celle ici étudiée; elle est malheureusement très mutilée; l’ensemble s’achevait, la table des sermons placée en tête l’atteste, par le SERMO n° 50 sur la mort de Clément IV (voir la notice du manuscrit).

2424.

Lignes 8-9 (voir note ci-dessus sur l’itinéraire de Charles). On comparera, par contraste, le style et les développements simples de ce texte avec ceux, beaucoup plus élaborés et munis de références savantes de type universitaire, absentes ici, du SERMO n° 40 consacré à John Gervais de Winchester.

2425.

Gn. 35, 19-20.

2426.

Lignes 5-9.

2427.

Cité par D. L. d’Avray, Death and the Prince... op. cit., p. 64 et note 257.

2428.

Lignes 14-22.

2429.

Voir G. Dahan, L’exégèse chrétienne... op. cit., p. 314 s.

2430.

Lignes 16-17.

2431.

Lignes 22-32.

2432.

Cf. P. Herde, Karl I. von Anjou... op. cit., p. 26-30; E. Berger, Saint Louis... op. cit., p. 139 s.

2433.

Ligne 32.

2434.

Cf. la traduction de R. Blachère, Le Coran, Paris, 19802, Sourate II, versets 118-124, p. 46.

2435.

Lignes 33-34. Béatrice est la dernière fille du comte de Provence Raimond Bérenger et l’héritière désignée de ses Etats. Ses sœurs ainées ont été mariées respectivement, Marguerite au roi de France Louis IX, Aliénor au roi d’Angleterre Henri III, Sanche à Richard de Cornouailles, frère d’Henri III.

2436.

Lignes 34-36.

2437.

Lignes 39-45.

2438.

Lignes 63-74.

2439.

Lignes 74-78

2440.

Mais point directement en paradis, voir ci-dessous.

2441.

Lignes 74-76.

2442.

Ligne 108.

2443.

Ligne 79.

2444.

Lignes 81-115.

2445.

Lignes 114-115. Cf. M. Lauwers, La mémoire des ancêtres... op. cit., qui évoque p. 405 s. ces questions, et décrit le passage d’une nomenclature de trois types de suffrages (Augustin) à cinq types entre le XIIe et le XIIIe siècle (note 121). Le premier auteur à proposer un septénaire serait Thomas de Cantimpré. C’est presqu’exactement celui d’Eudes de Châteauroux (en commun: les prières, le jeûne, la célébration de la messe, les aumônes, la restitution des biens mal acquis, la veille et l’ascèse, si l’on entend ainsi « disciplina »; Pierre le Chantre précisait dans sa propre nomenclature « disciplina corporalis », Ibidem, note 121; T. de Cantimpré y ajoute les larmes; Eudes de Châteauroux leur substitue le pélerinage ou les œuvres pies de caractère pénible). On peut conjecturer qu’à partir d’un nombre symbolique, parallèle au septénaire sacramentaire, des variantes minimes étaient loisibles, en fonction de la spiritualité propre de l’auteur: il n’est pas étonnant que le cardinal, ancien croisé, ait introduit le pélerinage.

2446.

Sur la translation de Béatrice à Aix, cf. J.-P. Boyer, La « foi monarchique »... art. cit., p. 101-102.

2447.

SERMONES n° 44, 47 et 48, étudiés au chapitre précédent.

2448.

Voir l’annexe 2. Le sermon pour la fête de saint Augustin est le 24ème du manuscrit, f. 44ra-46rb; selon son texte, trois grands capitaines du roi Charles lui manquent cruellement le jour de la bataille de Tagliacozzo (cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 86 note 34): Henri de Sully, décédé de maladie à Naples peu avant (ce que confirme le SERMO n° 46, sur la mort de ce guerrier, voir ci-dessous); Barral des Baux, Justicier du royaume, lui aussi malade à Naples; et Jean de Braiselve, Maréchal du royaume, capturé par les troupes de Conradin en Toscane, le 24 juin précédent (Ibidem, p. 83), et décapité dans le camp souabe, en guise d’avertissement, le matin même de la bataille (Ibidem, p. 93). Le sermon pour la fête de la Nativité de la Vierge est le 31ème du manuscrit, f. 56rb- 58 [59]rb.

2449.

C’est le sermon pour la fête de saint Augustin évoqué note précédente.

2450.

SERMO n° 46 (éd. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... op. cit., p. 189-200), p. 192 ligne 96 pour la mort naturelle; lignes 112-114 pour l’absence à Tagliacozzo de quelques-uns des meilleurs guerriers angevins.

2451.

Ibidem, p. 193 lignes 141-149.

2452.

Cf. K. Hampe, Geschichte Konradins... op. cit., p. 302.

2453.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... éd. cit., p. 192, ligne 92: « Celui-ci [Henri] est mort aujourd’hui, c’est à dire ces jours-ci ».

2454.

Ibidem, p. 186-188, lignes 154-205.

2455.

Idc. 5, 9.

2456.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... éd. cit., p. 182-183, lignes 29-34.

2457.

Première partie du SERMO n° 45, Ibidem, p. 182-184, lignes 3-91.

2458.

Ibidem, p. 184-185, lignes 95-97.

2459.

Ibidem, p. 185, lignes 101-105.

2460.

Cette insistance sur la faiblesse humaine des combattants est marquée aux lignes 137 et 142-143, Ibidem, p. 186.

2461.

Ibidem, p. 186 lignes 144-145.

2462.

Ibidem, p. 186 lignes 148-150.

2463.

Ibidem, p. 187 lignes 162-176.

2464.

Ibidem, p. 187 lignes 179-180.

2465.

Ibidem, p. 188 lignes 202- 205.

2466.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... éd. cit., p. 190, lignes 38-41.

2467.

Ibidem, p. 192-194, lignes 106-161.

2468.

2. Rg. 3, 38-39.

2469.

Ibidem, p. 190, lignes 29-31.

2470.

Ibidem, p. 190-192, lignes 32-105.

2471.

Certains aspects du portrait d’Henri de Sully font évidemment penser à la figure de Guillaume le Maréchal, cf. G. Duby, Guillaume le Maréchal ou le meilleur chevalier du monde, Paris, 1984, pour les funérailles duquel Etienne Langton a donné un sermon, malheureusement perdu.

2472.

Ibidem, p. 189-192, lignes 8-17. Sur le sens de ce mot dans le contexte politique du XIIIe siècle, cf. J.-F. Niermeyer, Mediae Latinitatis... op. cit., p. 86: « les grands du royaume »; « les grands d’un pays ». Voir aussi L. Génicot, Le XIII e siècle européen, Paris, 19842, p. 105 note 4. Pour le cas de la Sicile, où dès Roger II, en 1142, ce terme a un sens bien précis dans la hiérachie féodale, cf. J.-M. Martin, Italies normandes... op. cit., p. 144-146 (les barons sont intermédiaires entre la haure aristocratie des comtres et les milites ); voir aussi la bibliographie citée par R. Van Caenegem, Introduction aux sources... op. cit., p. 147 note 50.

2473.

Le royaume de Jérusalem et celui d’Arménie renvoient bien sûr à la croisade de 1248-1254, notamment à l’épisode où le roi Louis IX et le légat reçoivent le connétable d’Arménie Sempad (voir chapitre III).

2474.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... éd. cit., p. 190, lignes 46-49.

2475.

Ibidem, p. 191, lignes 81-83.

2476.

Ibidem, p. 190, lignes 51.

2477.

Ibidem, p. 190, lignes 52-55.

2478.

Ou dans une position intermédiaire, comme le suggère le cas sicilien (voir supra note 285) ?

2479.

Cf. L. Génicot, Le XIII e siècle... op. cit., p. 105, et p. 149-150.

2480.

Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... éd. cit., p. 191, lignes 67-73.

2481.

Ibidem, p. 191, lignes 81-83.

2482.

Ibidem, p . 191, lignes 76-77.

2483.

Ibidem,p. 191, lignes 88-90.

2484.

Ibidem,p. 191, lignes 95-102.

2485.

Ibidem,p. 192, lignes 108-111.

2486.

Dt. 32, 27. Cf. F. Iozzelli, Odo da Châteauroux... éd. cit., p. 192, lignes 119-121.

2487.

« Peregrinatio », vocable typique de la croisade, qui confirme les développements sur le peuple élu des « Gallici », traditionnels soutiens de Dieu et de l’Eglise.

2488.

Allusion à Conradin et Henri de Castille.

2489.

Ibidem, p. 194, lignes 156-161.