Après avoir étudié quelques thèmes majeurs de la prédication du cardinal Eudes de Châteauroux, à partir d’un corpus de textes s’étalant sur près de trente années, un dernier moyen d’éclairer sa biographie consiste à évoquer la façon dont il a mis en ordre et édité, en des collections soigneusement classées et ordonnées, les matériaux qu’il avait accumulés depuis quarante ans. Après la première édition, antérieure à mai 1261, et déjà évoquée 2534 , l’essentiel de ce travail fut en effet réalisé à l’extrême fin de sa vie, alors qu’il était déjà largement retiré des affaires de l’Eglise.
On dispose à cette fin d’indices variés, dont la combinaison permet d’aboutir à une reconstitution plausible de la façon dont il a conçu et réalisé la seconde édition de ses sermons. Cette partie de la recherche intéresse avant tout, d’une part l’histoire du livre médiéval, d’autre part celle de la fonction des sermons ainsi mis par écrit, que le cardinal veut de toute évidence, en bon pasteur, transformer en modèles pour les prédicateurs en mal d’inspiration 2535 . La philologie et la codicologie n’étant ici qu’un outil, les aspects les plus techniques de la démonstration seront renvoyés aux documents et tableaux annexes, de façon à faire porter l’attention sur les questions qu’un tel dossier pose à l’historien. D’abord, il s’agira de mettre en évidence l’écart entre le déroulement chronologique de la prédication concrète, et la traduction manuscrite de cette prédication; de ce point de vue, tout le travail précédent apparaîtra rétrospectivement comme une « déconstruction », au demeurant légitime, du projet éditorial du cardinal, qui s’organise selon les données de la liturgie. Ensuite, il conviendra d’expliciter la démarche qui s’impose en vue d’exploiter correctement une telle source. Enfin, on ne peut écarter l’interrogation sur la postérité de l’œuvre et sur les causes de ce qu’il faut bien appeler un échec, à en juger par le nombre de manuscrits subsistants, et par les transformations que, très tôt, c’est à dire dès le XIVe siècle, certains possesseurs et utilisateurs des recueils d’Eudes de Châteauroux leur ont fait subir.
Voir l’épilogue du chapitre III.
Voir le début du prologue, annexe 1 (lignes 5-8).