SERMO n° 19 (= RLS n° 612), éd. P. Gratien 3286

Pour la fête de saint Antoine de l’ordre des Frères mineurs

Sermon prononcé le 13 juin 1256 (?), sans doute devant un auditoire mixte de clercs séculiers et de Frères mineurs.

1. (p. 32) Vous ètes le sel de la terre... vous ètes la lumière du monde 3287 . Cette phrase est celle du Christ à ses apôtres lorsque Pierre déclara en leur nom qu’ils avaient tout abandonné pour le suivre; ils étaient pauvres et possédaient peu: ce qui est admirable n’est pas qu’ils aient renoncé à des richesses, mais à la volonté même d’en posséder; ce n’est pas le fait d’être riche qui est condamnable, mais l’amour de ces richesses, qui empêche de les distribuer; ne pas renoncer à la volonté de posséder, c’est demeurer propriétaire; que dire de nous ? nous n’abandonnons pas nos richesses, nous convoitons celles des autres, nous gardons la volonté de posséder et si possible la traduisons en actes;

2. (p. 32-33) Antoine fut ce sel et cette lumière, par l’exemple de sa vie et de sa doctrine; il a rendu agréable, en les salant, ce qui est insipide: la pénitence, la pauvreté, la vilénie, le mépris, les persécutions, etc.; l’exemple du Christ et des saints nous apporte ce sel;

3. (p. 33-34) en nous souvenant de ce qu’ont fait nos prédecesseurs, ce que nous supportons nous paraîtra léger; mais puisque la vue émeut plus que l’ouïe, l’exemple d’Antoine a été donné à notre époque;

4. (p. 34) il peut paraître miraculeux que le sel soit produit par la mer insipide et amère; mais c’est grâce au soleil qu’en est extrait le sel.; Antoine et les autres saints ont été cuits pour rendre savoureux ce qui était insipide;

5. (p. 34-35) le sacrifice offert au Seigneur ne doit pas être insipide ni putride; le sel empêche la putréfaction; le sel est dit « de la terre », car les spirituels sont du ciel, et les amateurs de biens terrestres sont de la terre; Antoine était le sel de cette terre, pour la rendre fertile par sa prédication et son enseignement; les noces entre l’âme fidèle et le Christ sont spirituelles, comme celles entre l’âme pécheresse et le diable sont adultères, Antoine a voulu rendre stériles ces noces adultères en s’efforçant de les amener au divorce, comme des femmes se rendent stériles et homicides grâce à des potions;

6. (p. 35) ainsi les clercs et les religieux doivent être le sel des autres hommes; mais certains clercs et religieux se gonflent d’orgueil et d’évanescence, en prétendant scruter ce qui les dépasse, deviner et prédire le futur, se prenant pour des prophètes;

7. (p. 36) d’autres clercs s’enorgueillissent par la luxure, comme le fit Salomon, qui pourtant posséda la science et la sagesse; plût au ciel que nos savants n’offrent pas leurs cuisses aux femmes; Dalila gonfla Samson d’orgueil, vidant d’un côté ce qui se remplissait de l’autre, en dépensant pour l’exalter; les clercs s’enorgueillissent ainsi: ils prétendent non seulement tenir leurs propres comptes, mais régler les dettes des autres; les clercs luxurieux devraient être chassés de leurs bénéfices et même de la cour; mais il suffit qu’ils donnent pour être introduits, embrassés et exaltés;

8. (p. 36) certains s’embarquent dans de vaines subtilités, tissent les 42 générations, les adaptent au second état; chacune disent-ils dure 30 années; leur somme fait 1260 années; ils doivent craindre de délirer dans leurs pensées, même si leurs raisonnements paraissent fondés sur l’Ecriture; ils assurent que le second état doit durer ce temps, 1260 années, et qu’alors doit débuter le temps de l’Esprit saint et naître une religion miraculeuse; que lors de cette ultime génération, toutes les zizanies doivent être anéanties;

9. (p. 36-37) certes le Talmud croit que l’ère [humaine] doit durer douze mille ans, et les Juifs paraissent fonder cette assertion sur l’Ecriture, qui dit que Jacob eut douze fils; or on constate que d’Abraham au Christ, il y a beaucoup plus de générations que quarante deux, même si certaines générations ont été omises, soit en raison du mystére, soit en raison du péché; mais on constate que les fils d’Israel ne furent pas plus de douze, de sorte que, sur ce point, ce calcul-ci est plus crédible que celui-là, même s’il est vain et faux;

10. (p. 37-38) de même Lactance, dont Augustin loue en s’émerveillant la vie et la religion dans la Cité de Dieu , assène comme un dogme, ainsi que le dit Augustin dans le même livre, que le temps qui s’écoule depuis le début du monde jusqu’au jour du jugement ne durera pas plus de six mille ans, et fonde son calcul sur l’Ecriture. C’est de cela que Lactance déduit que cette ère pénible durera six mille ans seulement, et que lui succédera un sabbat. Ce que Lactance a dit en son temps; beaucoup ont cru que c’était exact, puisqu’il restait alors, du sixième millénaire, plus de deux cents ans; il se sert, comme nos clercs, des propos de la Sibille, et aussi de ceux de Merlin. Mais à présent, il est clair qu’il a dit faux, puisqu’après ce sixième millénaire, le monde a connu les mêmes tribulations qu’avant. C’est pourquoi Augustin, rempli de l’Esprit saint, réprouve les croyances susdites de Lactance dans le livre cité, quoique leur fausseté ne fût pas alors apparue autant que maintenant. De même nous, nous ne devons pas ajouter foi à de telles assertions; comprenons notre chiffre cité de mille deux cent soixante comme un nombre de jours, et non d’années; ces mille deux cent soixante jours font trois années et demi, durants lesquelles régnera l’Antéchrist; ce dernier détruit, la paix et la tranquillité de l’Eglise reviendront, et il y aura après sa destruction le jugement; mais nous ignorons de combien de temps le jour du jugement différera de la destruction de l’Antéchrist, car de ce jour, personne ne sait rien, sinon le Père et le Fils qui se trouve et se comprend dans le Père, ainsi que l’Esprit sain.

Soyons donc, très chers, le sel par la discrétion et la sobriété de notre intellect, et ne délirons ni ne nous enorgueillissons à travers de vaines subtilités; abandonnant ce qui est incertain, tenons-nous en à ce qui est sûr, comme le fit le bienheureux Antoine, afin de mériter de parvenir à ce statut où il n’existera nulle erreur, mais seulement la pure vérité.

Ms P1, f. 191ra-193rb.

[Sermo] de sancto Antonio de ordine Fratrum minorum. Mt. v°: Vos estis sal terre, vos estis lux mundi 3288 .

1. Hoc dixit Dominus discipulis suis qui, omnibus relictis, eum secuti fuerant, in quorum persona dixit Petrus Domino, Mat. xix° 3289 : Ecce nos reliquimus omnia et secuti sumus te 3290 . Eccedixit, quia mirabile erat quod fecerant. Videtur tamen non fuisse mirabile, quia pauperes erant et pauca reliquerant; sed in hoc fuit mirabile, quia voluntatem habendi dereliquerant. Habere diuicias non est malum, sed amare, et ideo dicit Psalmista: Diuicie si affluant nolite cor apponere 3291 ; non dicit: nolite habere, sed dicit: nolite cor apponere, eas diligendo, quia ut dicitur Prou. xi°: Qui amat diuicias fructum non capiet ex eis 3292 ; ipse enim amor impedit ne, dando eas, fructum inde habeat. Iste etiam amot facit ut homo eas contra Deum retineat, contra Deum eas augeat; sed difficile est eas habere et non amare. Quis enim habet unum caniculum et eum non diligat ? Si eum non diligeret, eum abiceret vel saltem de eo non curaret. Ipsa vero voluntas habendi amor est, et magnum est et rarum relinquere voluntatem habendi; sed sicut relinquntur diuicie non ad tempus, sed ad semper, sic voluntas habendi debet relinqui ad semper; et sicut proprietarius esset qui relicta resumeret, sic proprietarius videtur, qui voluntatem habendi et etiam habendi ma-(f. 191rb)-iora resumit. Uxorem semel repudiatam non licebat iterum assumere, vel a dminus indcens reputabatur et inhonestum, iuxta illud Jere. iii°: Vulgo dicitur: si dimiserit vir uxorem suam, et recedens ab eo, duxerit virum alterum, numquid revertetur ad eum ultra ? Numquid non polluta et contaminata erit mulier illa ? 3293 Viri ergo religiosi voluntati habendi libellum dederunt repudii, et ideo eam resumere non debent. Item, quod semel oblatum fuerat Deo resumere non licebat. Ipsi enim voluntatem habendi a se abdicauerunt et Domino tulerunt, et ideo iam resumere non debent. Sed quid dicam de nobis ? Nec habita relinquimus, et non habita concupiscimus, et voluntatem habendi retinemus et eam quando possumus producimus in actum.

2. Illis qui reliquerant omnia et secuti fuerant Dominum dicitur: Vos estis sal terre, vos estis lux mundi. De numero istorum fuit beatus Antonius. Sal fuit sua sancte conversationis exemplo, lux doctrine spiritualis affluenti eloquio. Sal insipida reddit sapida. Sic exemplum vite beati Anthonii amara reddit dulcia, et aspera suauia.Iob vi°: Numquid mugiet bos cum ante plenum presepe steterit, aut poterit comedi imsulsum quod non est sale conditum, autpoterit aliquid gustare quod gustatum affert mortem ? 3294 Anime enim esurienti etiam amara dulcia esse videntur; que prius nolebat tangere anima mea, nunc pre angustia cibi mei sunt 3295 . Non habent causam mugiendi, id est conqerendi, qui habent quicquid desiderat (f. 191va) anima eorum. Insulsa et insipida sunt opera penitencie, paupertas, similiter vilitas, despectus, opprobria, subsannaciones, persecutiones et consimilia: labores, famis, inedia, nuditas; et gustantes talia clamant: Mors in olla 3296 ; sed si farina apponatur, que idem significat quod sal, id est exemplum Christi et aliorum sanctorum qui tot et tanta sustinuerunt, et maxime lignum crucis, predictorum amaritudo in dulcedinem commutatur, vel ad minus temperatur. Ideo dicitur, Levitico ii°: Quicquid obtuleris sacrificii, sale condies, nec auferes sal federis Dei tui de sacrificio tuo. In omni oblatione offeres sal 3297 . Sacrificum offert Domino, qui offert ei corpus suum, hostiam viuentem, Deo placentem, iuxta illud Apostoli, ad Ro. xii°: Obsecro vos per misericordiam Dei ut offeratis corpora vestra hostiamviuam, sanctam, Deo placentem 3298 , qui scilicet mortificat membra sua super terram conuiciis et concupiscentiis. Sed in hac oblatione debet offerri sal predictum.

3. Unde Gregorius: Facta precendentium recolamus, et grauia non erunt que sustinemus. Sic Mathatias condiebat hoc sale tribulationem filiorum suorum, exemplo Abrahe et Ioseph et aliorum antiquorum patrum, i° Macha. ii°; sic et Iudas, i° Macha. iiii°: Ait Iudas viris qui secum erant: Ne timueritis multitudinem eorum, impetum eorum ne formidetis; mementote qualiter salui facti sunt patres vestri in mari rubro 3299 ; et Iudith viii°: Memo -(f. 191vb)-res essedebetis quomodo peter vester Abraham temptatus est, et per multas tribulacionestemptatus, amicus Dei effectus est. Sic Ysaac, sic Iacob, sic Moyses et omnes qui placuerunt Deo, per multas tribulaciones transierunt fideles. Illi autem qui temptationes non susceperunt cum timore Domini et impatentiam suam et improperium murmuracionis sue contra Dominum protulerunt, exterminati sunt ab exterminatore et a serpentibus perierunt 3300 . Simile facit Apostolus, dicendo ad Hebr. xi°:Sancti per fidemetc 3301 . Sed quia magis mouent visa quam audita, ideo et nostris temporibus data sunt nobis exempla sustinencie et tolerancie, ut beati Anthonii et aliorum, quibus quasi sale deberent insipida condiri. Une et eis dicitur: Vos estis sl terre.

4. Sed videtur mirabile quod sal de insispido sit et amaro, id est de mari. Sed hoc fit beneficio caloris solis, vel ignis. O quomodo amara et insipida erant beato Anthonio ante conuersionem suam paupertas, vilitas et cetera antedicta ! Sed calore caritatis excocta facta sunt ei sal, et ipsum fecerunt sal, iuxta illud Iob xxviii°: Lapis calore solutus in es vertitur 3302 ; sic etiam et in sal; Caritas omnia suffert, omnia sustinet, 1. ad Cor. xiii° 3303 . Nis enim beatus Anthonius et alii sancti, caritate ecocti, tot et tanta sustinuissent, nunquam exempla eorum nostra insipida sapida redidissent.

5. Sacrificium quod offertur Deo non debet esse insipidum, sic nec debet esse putridum. Sal enim marcet putredinem. Sic exempla sanctorum arcent illam puterdinem de qua Ioel ii°: Com -(f. 192ra)-putruerunt iumenta in stercoribus suis 3304 ; et in Psalmo: Putruerunt et corrupte sunt cicatrices mee 3305 . Eis ergo recte dicitur: Vos estis sal terre. Et nota quod dicitur: terre. Sicut enim celi dicuntur viri spirituales et amatores celestium, iuxta illud: Celi ennarant gloriam Dei 3306 , sic terra, amatores terrenorum. Huius terre, beatus Anthonius et sibi similes facti sunt sal. Ut 3307 hec terra fiat sterilis a malis operibus, beatus Anthonius predicabat et docebat, dicens ad exemplar Saluatoris, Luc. xxiii°: Beate steriles et ventres qui non genuerunt et ubera que non lactauerunt 3308 . Sap. iii°: Felix est sterilis et incoinquinata, que nesciuit thorum in delicto; habebit fructum in respeccionem animarumsanctarum 3309 . Sicut inter animam fidelem et Christum est matrimonium spirituale, iuxta illud ad Heph., ii°: Despondi enim vos uni viro virginem castam exhibere Christo 3310 ; sic inter animam peccatricem et dyabolum est contubernium et adulterium, unde Dominus per Ysa. dicit anime peccatrici: Discooperuisti et suscepisti iuxta me adulterium 3311 ; et Eze. xvi°: Fornicata es cum filiis Egipti, id est cum demonibus, et post pauca: Facta es quasi mulier adultera que super virum suum inducit alienum. Omnibus meretricibus dantur mercedes, tu autem dedisti mercedem cinctis amotibus tuis 3312 . Diabolus adeo pauper est et miser quod nichil potest dare anime peccatrici; et sicut de matrimonio quod est inter Christum et animam bona proueniunt, sic de contubernio inter diabolum et animam mala innumerabilia generantur. Ideo beatus (f. 192rb) Anthonius hortabatur ad diuorcium huius contubernii, et exemplo suo animas quo ad huiusmodi maledictam generationem steriles efficiebat. Pocione efficiuntur mulieres steriles, et fiunt homicie omnium eorum quos generare potuerunt. Sic beatus Anthonius extinctor fuit omnium malorum que oriri ex tali contubernio potuerunt, iuxta illud: Concepit dolorem et peperit iniquitatem 3313 . Et ideo recte sal terre dicitur, id est, eorum qui terrena diligebant, quia eos exemplo suo et doctrina steriles efficiebat.

6. Sic clerici et religiosi deberent esse sal aliorum, hoc est sal quod positum in vase nouo sanat aquas gerocuntinas 3314 . Sed dicitur, Math. v°: Quod si sal euanuerit in quo salietur ? Ad nichilum valet ultra, nisi ut mittatur foras et conculcetur ab hominibus 3315 ; et in Luca dicitur quod si sal infatuatum fueritetc 3316 ; ad Ro. i°: Qui cum Deum cognouissent, non sicut Deum glorificauerunt, aut gratias egerunt, sed euanuerunt in cogitationibus suis et obscuratum est cor insipiens eorum 3317 . Hoc verum est de quibusdam clericis et religiosis, qui euanuerunt et infatuati sunt, sed beatus qui non respexit in vanitates et insanias falsas 3318 . De talibus sic infatuiatis dicitur, ad Ro. i°: Dicentes se esse sapientes stulti facti sunt 3319 . Euanescunt enim altiora se perscrutando, contra illud Ecclesiastici iii°: In superuacuis rebus noli scrutari multipliciter 3320 . Item euanescunt et infatuantur diuinando futura et predicendo; volunt enim videri prophete, et ido de eis dicitur in Jere. xxiii°: Nolite(f. 192va) audire verba prophetarum qui prophetant vobis et decipiunt vos et visionem cordis sui locuntur, non de ore Domini 3321 ; et parum post: Quis enim affuit in consilio Domini, et vidit, et audiuit sermonem eius 3322 . Propter tales deplorat Jere. Tren. ii°: Prophete tui viderunt tibivana et falsa 3323 . DE talibus, Deuter. xviii°: Quod non est locutus Dominus, hoc habebit signum: quod in nomine Domini propheta ille predixerit et non euenerit, hoc Dominus non est locutus, sed per errorem animi sui propheta confixerit 3324 .

7. Similiter sal iste infatuatur, maxime clerici per luxuriam, sicut legitur de Salomone, Ecclesiastico xlvii°, quod inclinauit femora sua mulieribus 3325 ; et tamen repletus fuerat omni sapientia et scientia, et utinam nostri litterati non inclinant peius femora sua ! Dalida Sansonem infatuauit ? Sanson sol eorum; hii sunt clerici qui deberent alios illuminare et alois regere. Dalida ficula, cupiditas que intenta est haurire aquam temporalium, et quantum haurit ex una parte et impletur, tantum euacuatur ex altera, expensas faciendo ut magnificentur. Hec infatuat clericos. Nonne magna fatuitas esset si quis magnis debitis obligatus vellet super se assumere debita aliena ? Sic tales fatui sunt, qui non sufficientes pro se rationem reddere, ingerunt se et obligant ad reddendum pro aliis rationem. Illi qui infatuati sunt per luxuriam eici deberent a beneficiis que habent, et etiam a curia, et conculcari et vilificari. Sed si habeant quid dent, introducuntur, osculantur et exaltantur, cum dicat Dominus per (f. 192vb) Malach. ii°: Ecce dedi vos contemptibiles omnibushominibus 3326 ; dicitur malis clericis.

8. Quidam vanis subtilitatibus intendentes et generaciones textentes et eas secundo statui adaptantes, quarum quamlibet dicunt xxxta annorum, quarum summa est mcclxta annorum. Hii timere debent ne euanescunt in cogitationibus suis, licet videantur ista fundata super Scripturam, ut in Apocalipsi xii° 3327 : Et date sunt mulieri ale due aquile magne ut volaret in desertum in locum suum 3328 ; nec aliter pro tempore et tempora et dimidium temporis 3329 , hoc est per tres annos et dimidium, lunares scilicet, qui faciunt mille ccos xla dies, et in Apo. xi°: Ciuitatem sanctam calcabunt mensibus xlii bus 3330 ; et intelligitur de mensibus lunaribus, qui reddunt summam dierum antedictam. Super hoc fundatur eorum intentio, et asserunt quod per tantum temporis debeat durare secundus status, et tunc debet incipere tempus Spiritus sancti, et incipere quedam miarabilis religio, et quod in hac ultima genaratione, debeant omnia zizania expurgari.

9. Certe in Talmuz dogmatizum est quod seculum debet durare per xiicim milia annorum, et hanc assertionem videntur Iudei fundare super Scripturam, que dicit quod Iacob habuit duodecim filios; et Deutero. xxxii° legitur: Constituit terminos populorum iuxta numerum filiorum Israël 3331 ; et sumuntur termini non locorum, sed temporum, unde unus de libris Talmuz intitulatur Liber terminorum , id est festorum. Item constat quod ab Abraham usque ad Christum sunt multo plures generationes quam xliie; sed quedam generationes pretermisse sunt, tum racione misterii, tum racion peccati (f. 193ra), sicut generationes illorum regum pretermisse sunt qui fuerunt de genere Achap impiissimi. Sed constat quod filii Israël non fuerunt plures quam xiicim, ergo quantum ad hoc magis est istud quam illud, et tamen istud vanum est et falsum.

10. Item Firminus Lactentius, cuius vitam et religionem mirabiliter commendat beatus Augustinus in libro De Ciuitate Dei, dogmatizauit, sicut ibidem dicit beatus Augustinus, quod tempus quod protenditur ab initio mundi usque ad diem iudicii non durabit nisi per sex milia annorum, et fundat intentionem suam super Scripturam, dicens quod Dominus fecit mundum sex diebus, et septimo quieuit ab omni opere quod patrarat 3332 ; et iia Petri, in fine scribitur: Unum vero hoc non lateat vos, karissimi, quia unus dies apud Dominum sicut mille anni et mille anni sicut dies unus 3333 . Ex hoc ergo accipit Lactentius quod seculum istud laboriosum durabit per sex milia annorum tantum, et post hec erit sabbatum, de quo ad Hebr. iii°: Relinquitur sabbatismus populo Dei 3334 . Hoc dixit Lactentius tempore suo et multi crediderunt verum esse, cum adhuc restarent de sexto millenario plusquam ccti anni, et utitur verbis Sibille, sicut et isti, et etiam verbis Mellini. Sed modo apparent falsa esse que dixit, cum post illum millenarium in tanta tribulacione fuerit mundus, sicut et ante. Ideo beatus Augustinus plenus Spiritu sancto predictii Lactentii dogma reprobat in predicto libro, licet falsitas illius assertionis non appareret tunc, sicut modo. Sic nos talibus assertionibus fidem adhibere non debemus, ne euanescamus et infatuemur; sed sequentes sanctorum vestigia et eorum doctrine adherentes, antedictum (f. 193rb) numerum, mcclx, intelligemus de diebus, non de annis; qui mille cc lxa dies faciunt tres annos et dimidium, in quibus regnabit antichristus; quo destructo, reddetur pax et tranquillitas Ecclesie et erit iudicium post destructionem impii. Sed ignoratur per quantum temporis a destructione antichristi dies iudicii differatur, quia de die illa nemo scit nisi Pater et Filius, qui in Patre est et in Patre intteligitue, similiter et Spiritus sanctus.

Simus ergo, karissimi, sal per discretionem et intellectus sobrietatem, et non euanescamus et infatuemur per inanes subtilitates; sed incerta dimittentes, certa teneamus, sicut fecit beatus Anthonius, ut ad illum statum peruenire mereamur, in quo nichil erroris erit, sed pura veritas et certa et manifesta, ad quam nos perducere dignetur dominus noster Ihesus Christus, qui viuit in secula seculorum.

Notes
3286.

Concernant ce sermon, j’ai procuré une transcription complète, et non seulement un résumé subtantiel comme pour la plupart des autres textes déjà édités, car l’édition de P. Gratien, où on le lit in extenso, est difficile à trouver (Sermons Franciscains... art. cit., p. 29-38 du tiré à part). Dans mon résumé introductif en français, j’ai comme de coutume fait correspondre les numéros des paragraphes avec ceux des divisions du texte, en y ajoutant entre parenthèses la pagination de l’éd. cit.P. Gratien.

3287.

L’orateur abrège son thème (Mt. 5, 13, 14) en ne retenant que le début des deux versets dont il l’extrait.

3288.

Mt. 5, 13, 14.

3289.

xviii°] P1.

3290.

Mt. 19, 27.

3291.

Ps. 61, 11.

3292.

Eccle. 5, 9.

3293.

Jr. 3, 1.

3294.

Iob 6, 5-6.

3295.

Iob 6, 7.

3296.

4. Rg. 4, 40.

3297.

Lv. 2, 13.

3298.

Rm. 12, 1.

3299.

1. Mc. 4, 8-9.

3300.

Jdt. 8, 22-25.

3301.

Hb. 11, 33.

3302.

Iob 28, 2.

3303.

1. Cor. 13, 7.

3304.

Ioel 1, 17.

3305.

Ps. 37, 6.

3306.

Ps. 18, 2.

3307.

ut cum] P1.

3308.

Lc. 23, 29.

3309.

Sap. 3, 13.

3310.

2. Cor. 11, 2.

3311.

Is. 57, 8.

3312.

Ez. 16, 26, 31-33.

3313.

Ps. 7, 15.

3314.

Cf. 4. Rg. 2, 20.

3315.

Mt. 5, 13.

3316.

Lc. 14, 34.

3317.

Rm. 1, 21.

3318.

Ps. 39, 5.

3319.

Rm. 1, 22.

3320.

Eccli. 3, 24.

3321.

Jr. 23, 16

3322.

Jr. 23, 18.

3323.

Lam. 2, 14.

3324.

Dt. 18, 22.

3325.

Cf. Eccli. 47, 21.

3326.

Mal. 2, 9.

3327.

Cf. Apc. 12, 6.

3328.

Apc. 12, 14.

3329.

Dn. 12, 7.

3330.

Apc. 11, 2.

3331.

Dt. 32, 8.

3332.

Gn. 2, 2.

3333.

2. Pt. 3, 8.

3334.

Hb. 4, 9.