Pour la translation de saint Dominique
Sermon donné le 5 juin 1267 lors du chapitre général des Dominicains à Bologne.
« Car qui donc méprisait ces jours de peu d’importance ? On se réjouira en voyant la pierre d’étain dans la main de Zorobabel » 4139 . Ces mots sont susceptibles de trois expositions: littérale, allégorique et tropologique; à la lettre, ils assurent les Juifs revenus de la captivité de Babylone que le Temple de Jérusalem sera reconstruit par l’intermédiaire de Zorobabel, allégoriquement, ils annoncent principalement l’avent du Christ, dans la chair et lors du Jugement; dans un second sens, ils montrent la façon dont Dominique a réparé l’Eglise en ruines; moralement, ils nous invitent à mépriser la vie présente et à nous tourner vers la joie spirituelle, ainsi qu’à accomplir de bonnes œuvres;
1. qui donc méprisait ces jours de peu d’importance ? Les faits constituent la base du droit, comme le sens historique le préambule et le fondement des sens allégorique, tropologique, anagogique; l’exégèse littérale exige de respecter rigoureusement l’ordre des mots; or avant ce verset, on trouve les paroles suivantes: « La parole de Yahvé me fut adressée en ces termes: les mains de Zorobabel ont fondé ce Temple; ses mains l’achèveront; et sachez que le Seigneur m’a envoyé vers vous » 4140 ; cela parce que les hommes du peuple, revenus d’exil, désespéraient de voir achever le Temple que Zorobabel avait commencé de reconstruire et devait selon plusieurs prophètes achever; Zorobabel et ses compagnons se réjouiront au contraire, leur oeuvre accomplie, car ils ont méprisé les jours de peu d’importanceoù des rois tentaient d’empêcher cette reconstruction; la pierre est dite d’étain, ce qui a deux sens: l’étain protège les autres métaux du feu, comme Dieu protège ces constructeurs de leurs ennemis; la pierre d’étainsignifie que le Temple sera indestructible, car l’étain se condense et se solidifie sous l’effet de la pluie et des tempêtes; cette reconstruction fut l’oeuvre de la Providence divine, comme tout ce qui advient; contrairement à ce qui se produit dans le ciel, où l’on peut démontrer que le cours des astres est parfaitement réglé, ce qui arrive sur terre semble dû au hasard; mais malgré les apparences, en vérité la Providence divine est à l’oeuvre; passons à présent au sens allégorique;
2. Car qui donc méprisait ces jours de peu d’importance ? On se réjouira en voyant la pierre d’étain dans la main de Zorobabel ; ces mots s’entendent d’abord du Christ, mais peuvent aussi l’être du bienheureux Dominique, qui lui fut de quelque manière assimilé, bien que de façon lointaine; donc, ce qui fut dit en propre du Christ peut pour partie s’appliquer à Dominique; c’est peut-être l’origine de son nom, Dominiquen dérivé de Dominus ; ces mots ont deux sens: qui et combien rare fut Dominique; ce qu’ont considéré en lui ceux qui ont suivi ses traces;
a. aujourd’hui, nous fêtons sa translation; il a connu nombre de translations de son vivant; puis la translation d’aujourd’hui, consécutive à la canonisation; mais le sens de cette fête doit d’abord porter sur sa translation spirituelle; de même qu’une cause se translate à son effet, un exemplar à l’exemplaire, un mot traduit à sa traduction via l’interprétation, un mot glosé à son explication via l’exposition, de même Dominique fut en quelque sorte translaté à ses disciples, comme le fut l’esprit d’Hélie en celui d’Hélisée; disciples qui ne peuvent cependant l’égaler, de même qu’une glose représente ce qu’elle explique, mais non dans sa totalité -d’où la pluralité possible des gloses; les disciples de Dominique le représentent partiellement, et doivent donc fêter cette translation; mais d’autres refusent ce transfert des saints en eux: ils s’en repentiront; rien d’étonnant donc si les Dominicains, les Franciscains, les Bénédictins fêtent leur saint fondateur;
b. on pourrait toutefois se demander: qui est ce Dominique, pour qu’on l’imite ? la réponse est dans son testament: « Ayez la charité, conservez l’humilité, possèdez la pauvreté volontaire »; ces trois vertus, charité, humilité et pauvreté, doivent demeurer associées; Dominique a posé cinq pierres: l’abstinence, la générosité, la virginité, le zèle pour la foi, l’habileté à témoigner; ces cinq pierres, il ne les a pas seulement maniées en paroles, mais en actes;
3. je viens d’évoquer le testament de Dominique sur lequel, comme sur une pierre ferme, il a bâti son ordre; vous savez que la destruction des fondations fait crouler l’édifice; vous devez donc de toutes vos forces préserver ce testament; il sera balayé si les pauvres deviennent bandits; si vous usurpez les droits d’autrui, votre pauvreté devient violence; la charité est mutuelle: ce qui est mien est tien; sinon, ce n’est pas la charité; le droit naturel est le fondement de la grâce: ce qui le détruit détruit tout droit; malheur à ceux qui devraient être vases de paix et sont devenus vases d’iniquité; il faut craindre que leurs chapitres ne soient plus à la gloire de Dieu; or vos chapitres, surtout génraux, doivent servir à réparer et réformer ce qui doit l’être dans l’ordre; que Jésus Christ vous donne de mettre fin, lors de vos chapitres, aux scandales, et d’offrir un exemple de concorde et de paix.
Ms R5, f. 222rb-225ra.
Sermo in translatione sancti Dominici. Zacharia iiii°: Quis enim despexit dies paruos ? Et letabuntur et videbunt lapidem stagneum in manu Zorobabel 4141 .
Verba ista tripliciter exponuntur: ad litteram, allegorice, tropologice. Ad litteram certificantur Iudei reuersi de captiuitate babilonica quod templum et muri Ierusalem reedificarentur et consummarentur per ministerium Zorobabel, quod iste propheta qui loquitur promittebat et quidam alii prophete. Allegorice aduentum Christi in carnem et etiam ad iudicium demonstrant, primo et principaliter; secundario, innuunt quomodo beatus Dominicus ruinam Ecclesie reparauit. Moraliter, nos instruunt vitam presentem despicere et transferre nos ad gaudium spirituale, et ostendunt nobis causam propter quam intendere bonis operibus debeamus 4142 .
1. Dicit itaque: Quis enim despexit dies paruos ? Factum fundamentum est iuris. Ius enim oritur ex facto, quia ipsum factum ostendit quid iuris sit, et ideo prudentes aduocati primo ponunt factum, ut ex eo eliciatur ius. Sic sensus hystoricus preambulus est et fundamentum ad sensum allegoricum 4143 , tropologicum et anagogicum. A sensu autem hystorico siue litterali elicitur, sicut ex facto, ius spirituale, scilicet quid credendum, quid faciendum, quid futurum, id est quid debeamus credere, facere, exspectare. Debere enim iuris est, siue ius importat.
Ideo in verbus predictis litteralem expositionem 4144 preponemus ut fundamentum. In sensu enim litterali siue hystorico ordo maxime est attendendus. Attendamus ergo quod ante ista verba: Quis enim despexit dies paruos, premitti propheta in hunc modum: Factum est verbum Domini ad me dicens: manus Zorobabel fundauerunt domum istam et manus eius perficient eam et scietis quia Dominus exercituum misit me ad vos 4145 . Templum enim et muros Ierusalem, quos destruxerat Nabuzardam, Zorobabel et alii, qui redierant de captiuitate babilonica, ad ammonitionem Aggei prophete et Zacharie et Malachie inceperunt reedificare. Et licet predicti prophete eis promitterent ex parte Domini quod manus Zorobabel, que fundauerunt domum illam, eam perficerent, et tunc scirent quia Dominus exercituum, angelorum scilicet, in quo notatur eius potentia, miserat eos ad illos, nichilominus tamen desperabant homines populares. Ideo subiungit hic propheta: Quis enim despexit dies paruos ? Et letabuntur et videbunt, quasi diceret: vos increduli, non estis digni videre consummationem templi que fiet per Zorobabel, nec letari in hoc, sed hii qui despiciunt dies paruos, illi videbunt et letabuntur , Zorobabel 4146 scilicet et socii eius, qui confisi de auxilio Dei, pro nichilo habebant dies regum, reedificationem templi et murorum Ierusalem volentium impedire. Quamuis enim viderent reges illos splendore purpura circumdari exercitibus copiosis, tamen intelligebant vitam eorum paruam et malam et nichil contra Deum posse et dieseorum paruos et malos et hos dies despiciebant. Sciebant enim quod omnis potentatus breuis vita, et quod qui rex est hodie cras morietur. Hoc sentiebat Mathatias, cum dicebat i° Machabeorum, ii°: A verbis viri peccatoris non timueritis, quia gloria eius stercus et vermis est. Hodie extollitur et cras non inuenietur 4147 . Ideo de eis dicit: Letabuntur , in expletione operis, et videbunt, id est quia videbunt lapidem stagneum in manu Zorobabel, id est muros 4148 templi et muros Ierusalem in manu Zorobabel, id est eius opere et sollicitudine, fieri et consummari.
Et dicit lapidem stagneum, quod duobus modis intelligitur. Stagnum enim alia metalla ab igne deffendit. Sic Dominus protexit edificationem illam et edificantes a furore inimicorum suorum, qui eos impedire intendebant, ne opus inceptum consummarent, sicut legitur in Esdra v° et vi° 4149 . Secundo etiam modo potest exponi sic: videbunt lapidem stagneum in manu Zorobabel, id est operatione, id est murum fortem et inexpugnabilem. Murus enum cuius lapides ligantur stagno vel plumbo loco cementi quasi indissolubilis est, quia stagnum inundatione pluuiarum irrigatum et tempestatibus concussum tanto magis 4150 condempsatur et consolidatur. Videbuntergo lapidem stagneum in manu Zorobabel, id est in operatione Zorobabel seu postestate, quia eius auctoritate et precepto reedificati fuerunt muri templi et Ierusalem fortes et quasi indissolubiles. Et qui hoc viderunt letati sunt. Et hec reedificatio facta fuit diuina prouidentia, sicut et omnia que fiunt. Attingit enim ubique propter suam mundiciam, attingit a fine usque ad finem fortiter 4151 , et ideo dicitur ante predicta verba: Super lapidem unum septem oculi sunt 4152 , et postea subiungit de lapide illo: Videbunt lapidem stagneum in manu Zorobabel, quia muri illi facti fuerunt per diuinam prouidentiam, que discurrit in uniuersam terram, omniadisponendo 4153 ; et dicit in uniuersam terram, non in celum, quia que fiunt in celo ordinate fiunt, adeo ut ordo motuum corporum supercelestium certitudinaliter probari possit et demonstrari, sed ea, que in terra fiunt, videntur casui subiacere. Unde Ecclesiaste ix° dicitur: Vidique sub sole nec velocium esse cursum nec forcium bellum nec sapientium panem nec doctorum diuicias nec artificum gratiam, sed tempus casumque in omnibus 4154 . Nichilominus tamen omnia que in uniuersa terra aguntur diuina prouidentia disponuntur, licet hoc non ita appareat. Et ideo ad eliminandum errorem credentium ea que fiunt in terra fieri casu, ideo dicit propheta quod isti septem oculi Domini discurrunt per uniuersam terram 4155 , id est diuina prouidentia. Nichilominus per septem 4156 oculos uniuersitas angelorum designatur, qui fuerunt in auxilio Zorobabel. In hac reedificatione iactato autem fundamento hystorici intellectus, ad sensum allegoricum accedamus.
2. Quis enim despexit dies paruos et cetera ? Hec verba primo et principaliter intelliguntur de Christo. Intelligi tamen possunt de beato Dominico, qui ut verum membrum Christi ei assimilatus est in aliquibus, similitudine tamen exili et remota. Et ideo aliqua que proprie et plene dicuntur de Christo, possunt dici de eo semiplene et improprie, et ideo fortassis Dominicus appellatus est a Domino, quia ille vere Dominus est, qui omnia fecit ex nichilo. Et ideo vere potest dicere: Meus est orbis mundi et omnia que in eo sunt 4157 . Beatus autem Dominicus eum imitari studuit in aliquibus et ei assimilari, et ad hoc innuendum fortassis voluit Dominus ut hoc nomine, Dominicus, nominaretur. Hoc enim nomen sumptum est a Domino. Dominus autem nomen est principale, Dominicus vero nomen est sumptum et deriuatum ab illo. In predictis autem verbis duo dantur intelligi: primo quis fuerit beatus Dominicus et quod raros habuit sibi similes, ibi: Quis enim despexit dies paruos ; secundo quid viderunt in eo, illi qui eius vestigia sunt secuti, et quare, sic dicit: Letabuntur et videbunt, ibidem.
a. Dicit ergo: Quis enim despexit dies paruos ? Hodie sollempnizatur de translatione beati Dominici. Licet enim multipliciter translatus fuerit, scilicet de morte ad vitam in baptismo 4158 , de patria sua ad studium palentinum, de studio ad religionem, de religione ad gloriam, et hodierna die, postquam auctoritate apostolica canonizatus 4159 fuerat, translatum fuit corpus eius.
Licet in hiis omnibus et de hiis omnibus laudandus sit Deus, tamen de translatione eius spirituali festum precipue et precipuum est agendum 4160 . Scitis enim quod cause primarie transfferuntur in causas secundarias et in causata per quamdam influentiam influunt. Causa influit in causatum siue transffertur in causatum per influentiam, et exemplar in exemplatum per imitationem, et verba unius lingue in verba alie 4161 lingue per interpretationem, et verba unius lingue in verba eiusdem lingue per expositionem seu per explanationem, que glosatio appellatur.
Sic beatus Dominicus per quamdam influentiam translatus est in discipulos suos, qui de eius plenitudine acceperunt et accipiunt, non ut a causa vel ab auctore, sed ut intercessore. Meruit enim eis gratiam et augmentum, non tantummodo tunc presentibus, sed etiam et futuris. Sic translatus fuit spiritus Helye in Helyseum; Helyas enim meruit Helyseo ut spiritus duplexfieret in eo 4162 . Translatus etiam fuit in eis ut exemplar in exemplatum, eo quod imitati sunt eum ut filii karissimi. Translatus etiam est in filios suos, quos per euangelium genuit, quasi per quamdam interpretationem. In interpretationibus enim de una lingua in aliam linguam non potest esses equalitas, ut obseruetur splendor stili seu venustas, nec facilitas intelligendi nec modus loquendi nec verborum integritas. Sed licet translatus fuerit quasi per quamdam interpretationem in suos discipulos 4163 , tamen ei non equantur nec equis passibus cum eo ambulant, quia diuisiones gratiarum sunt, idem autem spiritus 4164 , sicut diuersarum translationum 4165 idem sensus. Item sicut glosa, que est quedam translatio verborum unius lingue in verba eiusdem lingue, ea manifestat et representat, licet non plenarie, quia non totum dicit quod textus, et ideo idem textus diuersimode glosatur et exponitur, sic discipuli beati Dominici et vita sua et doctrina, vitam et doctrinam beati Dominici representant, sed non totaliter neque totam. Tales de hac translatione possunt agere diem festum, alii autem, qui nec hunc sanctum nec alios in se transferre spiritualiter noluerunt, sed eos despexerunt, illi flere possunt et debent, et hoc facient ad ultimum, velint nolint, quando videntes sanctos in gloria turbabuntur timore horribili et mirabuntur in subitatione insperate salutis, dicentes intra se penitentiam agentes et pre angustia spiritus gementes. Hii sunt quos habuimus aliquando in derisum 4166 .
Non debemus ergo mirari si fratres predicatores de sancto Dominico, fratres minores de sancto Francisco, monachi de sancto Benedicto festum agunt. Sed reprehensibiles sunt, si eos imitare nolunt, quos colunt et quorum filios se esse iactant, sicut Dominus reprehendit Iudeos cum dicit: Si filii Abrahe estis, opera Abrahe facite 4167 .
b. Sed posset quis dicere: « Quis est iste Dominicus ut imitemur eum ? » Hanc questionem soluit propheta per aliam questionem, ut clauus clauo retundatur [---] 4168 [heredita] 4169 -rio iure possidenda relinquo: « Caritatem habete, humilitatem seruate, paupertatem voluntariam possidete ».
Et nota quod ista tria simul associat, quia paupertas sine humilitate euanescit in superbiam et facit despicere alios, sine caritate onerosa est et odiosa, unde ei adiungitur « voluntaria », id est qua amplectitur propter amorem Dei. Humilitas vero cum diuiciis vix seruari potest, quia opes superbesunt, ut dicit Salomon 4170 . Vermis enim diuitum superbia. Iterum caritas associata humilitate et paupertate habundantius habetur. Amor enim diuiciarum et sollicitudo acquirendi, seruandi, dispensandi diuicias, et amor dignitatis vel prelationis, licet possint esse citra peccatum, ut amare preesse ut prosit, et etiam possint esse meritoria, impediunt tamenr amorem caritatis. Alterius vires subtrahit alter amor. Amor enim uxoris etiam licitus impedit amorem, quo diliguntur parentes. Legitur enum: Propter hoc relinquet homo patrem et matrem et adherebit uxori sue 4171 .
Iste lapides stagnei fuerunt in manu nostri Zorobabel . Stagnum enim secundum Ysidorum decimo septimo Ethymologiarumidem est quod separans 4172 , unde Hugutio: Stagnum quoddam genus est metalli, et dicitur a quodam greco, scilicet stomacos, quod est separans et secernens 4173 . Mixta enim et adulterata inter se metalla per ignem dissociat et ab auro et argento es plumbumque secernit.
Peccare enim est ut dicit Augustinus rebus mutabilibus adherere 4174 . Hec adhesio 4175 mixtio quedam est et quandam unionem fecit, si bona sit, bonam, si mala, malam, ia ad Corinthios vi°: Qui adheret Deo unus spiritus est 4176 ; ibidem: An nescitis quoniam qui adheret meretrici unum corpus efficitur ? 4177 Affectiones enim nostre per huiusmodi unionem malam adulterantur. Predicti autem lapides stagnei fuerunt in beato Dominico: per abstinentiam separauit se ab libidinoso amore ciborum, per largitatem ab amore pecunie, per virginitatem a libidine, per zelum fidei ab amore erroris, per testandi periciam se a negligentia elongauit.
Item per hec eadem ab ustione peccati se seruauit. Licet enim quedam peccat specialiter dicuntur ignis in scriptura, ut cupiditas, luxuria, ira, tamen omne peccatum ignis dicitur, unde Iohele i°: Ad te Domine clamabo, ignis comedit speciosa deserti et flamma succendit omnia ligna regionis 4178 ; et in Psalmo: Ignis exarsit in synagoga peccatorum, flamma combussit peccatores 4179 . Hii predicti lapides stagnei fuerunt in manunostri Zorobabel 4180 . Stagnum enim alia metalla ab igne deffendit et cum sit natura eris ferrique durissima, si absque stagno fuerit, uritur et crematur. Sic homo, quantecumque constancie fuerit, peccato uritur nisi predictis quinque vel aliquibus eorum deffendatur.
Stagnum ereis vasis illitum siue circumfusum interius saporem facit gratiorem et compescit virus eruginis. Sic predicta quinque verba et opera beati Dominici fecerunt graciora et venenum scandali compescuerunt.
Specula etiam ex stagno temperantur. Sic per ista quinque beatus Dominicus factus est quasi speculum tersum et splendidum, ut in eo possint 4181 homines defectus suos et maculas speculari.
Cerusa quoque ex stagno sicut ex plumbo conficitur. Sic forma bene viuendi potest assumi a vita beati Dominici, ut facies denigrate, id est conuersationes deformate per peccatum, imitando eius vitam reformantur et dealbantur super niuem 4182 .
Si[c] ergo isti quinque lapides siue quinque virtutes in beato Dominico stagnee fuerunt, et nota quod dicitur: in manu, quia ista quinque habuit in opere et executione, non in verbo tantummodo et sermone.
3. Karissimi locuti sumus de testamento beati Dominici. Super hoc testamentum quasi super firmam petram ipse fundauit religionem suam. Scitis quod destructo fundamento, ruit totum edificium. Ideo omni custodia debetis seruare hoc testamentum ne suffodiatur. Suffoditur enim paupertas voluntaria per violentiam quando fit violenta, id est violentiam inferens, ut quando pauperes fiunt predones vel latrones et urgentur paupertate ad tollendum aliena. Si ergo vos, qui paupertatem vos habere profitemini, aliena iura occupatis, iam paupertas vestra violenta est. Item si superbi estis, maxime propter scientiam que inflat 4183 , iam fundamentum humilitatis amittitis. Item si caritatem non habetis, totum ruit. Ia Petri iii°: Ante omnia mutuam in vobismetipsis continuam caritatem habentes 4184 . Caritas dicitur mutua, quia facit meum tuum, alioquin caritas non est, unde ia Iohannis iii°: Si quis habuerit substantiam huius mundi et uiderit fratrem suum necessitatem habere et clauserit viscera sua ab eo, quomodo caritas Dei est in in eo ? 4185 Si ego volo quod tuum sit meum et nolo quod meum sit tuum, mea caritas non est mutua, et ita non est caritas. Si vos vultis quod alii loca vicina sibi que sua sunt 4186 vel in quibus ius aliquod habent vobis communicent, et vos loca vobis vicina que vestra non sunt et in quibus nichil iuris habetis non vultis nec permittitis quod alii ea inhabitant, quomodo caritas vestra mutua est ?
Item duo sunt mandata caritatis: diliges Dominumet cetera 4187 ; Diliges proximum tuum sicut teipsum 4188 . Sed vos dilexistis vos ipsos ut in locis vicinis aliis regionibus habitaretis, et vos non permittitis quod alii religiosi in locis vicinis vobis habitant. Ergo non diligitis eos sicut vos ipsos.
Item ius naturale fundamentum est omnium aliorum iurium, et natura fundamentum est gratie. Qui ergo destruit ius naturale destruit omne ius. Sed ius naturale est ut quecumque vultis ut faciant vobis homines, et vos eadem facite eis, et non facias alii quod tibi non vis fieri 4189 . Super hoc fundamentum fundatur omnis virtus, et hoc destructo, destruitur omnis virtus. Videte ne sitis de numero illorum quibus loquitur Iacob, Gen. xlix°: Symeon et Leui fratres iniquitatis, vasa bellantia, in consilio eorum non veniat anima mea, et in cetu eorum non sit gloria mea, quia in furore suo occiderunt virum et in voluntate sua suffoderunt murum. Maledictus furor eorum, quia pertinax et indignatio eorum, quia dura 4190 .
Ve eis qui debebant esse vasa glorie, vasa pacis, et facta sunt vasa iniquitatis bellantia . Verendum est ne in consiliis eorum non sit Deus, et in capitulis eorum non sit gloria Domini, sed potius dedecus Dei et balsphemia, et debent timere ne gladio scandali multos interfecerint et ne suffoderint religionem suam et ne maledictionem incurrant, quia furor eorum pertinaxest, siue propter 4191 suam pertinaciam et suam duriciam.
Ad hoc enim deberent fieri vestra capitula, maxime generalia, ut repararetur ordo vester et reformaretur et ea, per que a fundamentis suffoditur, de medio tollerentur et ut a pertinacia vestra et duricia recederetis.
Dominus Ihesus Christus det vobis talia facere in capitulis vestris per que cessent huiusmodi scandala et detur aliis forma et exemplum concordie atque pacis, ut simul vos et illi possitis peruenire ad pacem eternitatis. Amen.
Zach. 4, 10.
Zach. 4, 8-9.
Zach. 4, 10.
La distinction des paragraphes que je propose, à partir du plan proposé par le cardinal au début de son sermon, est incertaine, car une lacune dans le ms a fait disparaître une partie, centrale, du discours; dans l’ensemble cependant, il me semble que la cohérence du propos, assez facile à suivre grâce à l’annonce très claire du plan en introduction, n’est pas outre-mesure affectée par cette amputation (l’absence d’autre copie dans un ms. représentant la seconde édition des sermons rend impossible de pallier cette lacune).
F. 222va.
exproposicionem] R5.
Zach. 4, 8-9.
Zoro-(f. 222vb)-babel.
1. Macc. 2, 62-63.
in manu Zorobabel, id est lapidem, id est muros] R5.
Cf. 1. Ezr. 5-6.
F. 223ra.
Sap. 8, 1.
Zach. 3, 9.
Zach. 4, 10.
Eccle. 9, 11.
Zach. 4, 10.
F. 223rb.
Cf. Ps. 49, 12.
Cf. Io. 3, 14.
F. 223va.
agengum] R5.
alius ?] R5.
Cf. 4. Rg. 2, 9.
discipu-(f. 223vb)-los] R5.
1. Cor. 12, 4.
translationem] R5.
Sap. 5, 2-3.
Io. 8, 39.
Le texte est incomplet, car le ms. est amputé entre le f. 223 et le f. 224 d’un ou plusieurs feuillets (voir la notice).
F. 224ra.
Prov. 8, 18.
Gn. 2, 24; Mt. 19, 5; Eph. 5, 31.
Sic pro « decimo sexto ». Cf. Isidore, Liber 16 Etymologiarum, dans PLt. LXXXII, col. 589C-590A (De stanno ): « Stanni etymologia, , id est, separans, et secernens ». La note e de l’éditeur prouve qu’Isidore emprunte cette étymologie à Jérôme, sur Zac. 4.
Référence non trouvée au célèbre décrétaliste Huguccio de Pise († 1210), sans doute au Liber derivationum .
Citation non littérale, non trouvée.
adhe-(f. 224rb)-sio] R5.
1. Cor. 6, 17.
1. Cor. 6, 16.
Ioel 1, 19.
Ps. 105, 18.
Zoro] R5.
F. 224va.
Cf. Ps. 50, 9.
1. Cor. 8, 1.
1. Pt. 4, 8.
1. Io. 3, 17.
F. 224vb.
Dt. 6, 5.
Mt. 19, 19; 22, 39.
Cf. Tob. 4, 16.
En. 2, 5-7.
F. 225ra.