Pour la consécration d’un évêque.
Sermon donné début fevrier 1269.
Il oignit pour les consacrer le bassin et son socle, et versa de l’huile d’onction sur la tête d’Aaron, pour l’oindre et le consacrer 4347 . C’est là la première description des modalités de consécration du grand prêtre, et de tous les prêtres de rang inférieur; c’est aussi une figure de la consécration des évêques et des prêtres du nouveau testament; on lit dans l’Ecriture qu’avant Aaron, Noé et Abel offrirent des sacrifices au Seigneur, mais non qu’ils furent prêtres; de Melchisedech, on lit qu’il fut prêtre et bénit Abraham, mais rien n’est dit de la façon dont il le devint; on lit aussi en Genèse qu’il a existé des prêtres en Egypte, mais on ne sait pas mieux comment ils le devenaient; on lit aussi qu’aux ainés, était donnés la bénédiction et le pouvoir de bénir les autres; on lit enfin que Moïse fut prêtre et ordonna son frère Aaron comme souverain prêtre; c’est donc bien de ce dernier que date le premier rite d’ordination des souverains pontifes, c’est à dire des évêques et des prêtres;
1. (lignes 46-69) pour en venir à notre objet, la consécration du vénérable Eudes, élu à Besançon, considérons notre thème: Il oignit pour les consacrer le bassin et son socle, et versa de l’huile d’onction sur la tête d’Aaron, pour l’oindre et le consacrer , lequel nous indique les rites à accomplir vis-à-vis de l’élu avant la consécration, par les mots qui précédent: « Voici ce que Yahvé a ordonné de faire »; il fit approcher Aaron et ses fils et les lava, puis il lui mit la tunique, et lui passa la ceinture 4348 ; l’élu doit donc être présenté à Moïse, c’est à dire au souverain pontife ou à son métropolitain, qui doit s’enquérir diligentement de la canonicité de l’élection et de la personnalité de l’élu, et le cas échéant le confirmer; puis le laver par la confession; enfin le revêtir des vêtements sacerdotaux, c’est à dire de l’efficacité du sacerdoce;
2. (lignes 70-93) lors de la consécration, l’élu doit être oint, ce qu’exprime le thème; y est démontrée la prérogative dont jouissent les évêques consacrés, car oints de l’huile dont fut oint le Christ; d’où l’apellation « christ », c’est à dire « oint »; car le Christ a voulu s’unir notre nature et notre apparence, d’où l’usage de la même huile et l’onction de l’autel, du bassin au socle; autel qui figure le Christ, lequel fut prêtre, autel et hsotie, non conçu humainement, donc sans péché;
3. (lignes 93-109) après la consécration, on fit un sacrifice et Moïse prit du sang pour en toucher l’extrêmité de l’auriculaire droit, la paume et le pied droits d’Aaron; de même le consécrateur offre une hoxtie pour le consacré, afin de le rendre conforme au Christ dans ses volontés; notons que ce jour, deux fils d’Aaron, Nadab et Abiu, furent brûlés, ce qui signifie la nécessité d’éteindre chez le prêtre les afections charnelles, en particulier celles en faveur de sa famille; c’est pourquoi les deux autres fils d’Aaron, Ithamar et Eleazar, ne furent pas brulés, car l’amour naturel est licite; nous pensons que chez l’archévêque de Besançon, tout cela a été correctement accompli: les rites précédant la consécration, l’onction et la grâce intérieure, plus abondante que celle du crisme extérieur; l’oblation de l’hostie en vertu de laquelle il sera obéissant à Dieu et à l’Eglise, dans son diocèse ou sa province, et étiendra les affections familiales.
Ms Pi, f. 113ra-114ra.
Lv. 8, 11-12.
Lv. 8, 5-7.