PREMIERE PARTIE
La socialisation et ses fondements : les régulations bio-psychologiques.
De l’organisation biologique à la socialisation

1. Introduction

Partant du relativisme du point de vue selon lequel il n’existe pas de réalité en dehors de celle que nous construisons, la connaissance n’apparaît pas comme la constitution de savoirs portant sur des domaines découpés arbitrairement et existant a priori, mais bien comme la constitution progressive d’un mode de relation au monde extérieur.

Dans cette perspective, Jean Piaget a fondé l’ « ‘épistémologie génétique’ », en cherchant à répondre à la question : « ‘comment s’accroissent nos connaissances ? ’». Durant toute sa vie, il a observé l’évolution des conduites enfantines, ce qui lui a permis de formaliser une progression génétique décrivant l’évolution du sujet qui se construit lui-même en s’auto transformant selon des lois d’adaptation au milieu dans et par lequel il vit.

C’est donc grâce aux relations qu’il établit avec le milieu que l’individu se constitue.

Nous allons ici décrire l’organisation fonctionnelle des systèmes vivants tels qu’ils se développent en interaction avec leur milieu. Reprenant la définition de Jean-Marie Dolle, nous considérons que « ‘le milieu constitue (...) un ensemble organisé d’éléments en interaction que nous avons ramenés à trois principaux : personnes ou sujets, objets naturels ou artificiels, règles institutionnelles’. »6.

Concernant la genèse des relations sociales (ou socialisation), le sujet se développe en interaction avec la société dans laquelle il vit, celle-ci étant composée de micro-systèmes (famille, école, amis...). Dans cette interaction, nous nous demanderons quelle est la part du sujet et quelle est celle de la société. Au sein de ce système interactif, l’individu met en place ses procédures et établit ainsi des régularités à travers des systèmes de relations et de rapports, en fonction des sujets (ou des objets) qu’il rencontre. La société étant composée d’individus, nous choisirons d’étudier les faits sociaux à travers l’interaction « sujet<->sujet » ; en cela, nous ne considérerons pas « le social » comme une entité métaphysique mais nous chercherons quelle est la part de l’individu dans le processus de socialisation. Dans cette première partie, nous citerons quelques travaux en biologie, psychologie et sociologie, ceci afin de pouvoir étudier, à partir de l’interaction « sujet<->milieu », l’organisation que l’individu met en place pour s’adapter à son environnement. Nous analyserons en quoi cette organisation peut être définie comme une structure et, partant, comment on peut repérer l’évolution des structurations successives de l’organisation biologique à l’organisation sociale.

Notes
6.

DOLLE J.-M., Au delà de Freud et Piaget – Jalons pour de nouvelles perspectives en psychologie, Privat, 1987, p 18.