2.3.2. Influence du mélange interculturel sur le processus de socialisation des enfants 

Selon Hanna Malewska-Peyre, la socialisation implique «‘L’influence de deux ou plusieurs cultures sur la construction des représentations et sur l’apprentissage des connaissances des normes et des conduites ’»47. Dans la situation des enfants de migrants, le choix entre les différents modèles culturels sont particulièrement difficiles parce que parfois conflictuels «‘Le conflit d’influences culturelles se joue surtout entre deux institutions essentielles pour la socialisation : la famille et l’école’ »48.Le conflit peut également survenir au sein même de la famille, dans le cas de mariage mixte par exemple. Des recherches menées sur cinq cents jeunes (Français et enfant de migrants) au Centre de Vaucresson montrent que les enfants de migrants diffèrent plus de leurs parents par rapport aux normes et valeurs que ne le font les enfants de français. 49Les parents, pour qui il est parfois difficile de vivre l’influence de la culture française, se sentent souvent désarmés, incapables de faire respecter les valeurs auxquelles ils se raccrochent « ‘le stress provient en grande partie de leur environnement qui fonctionne selon d’autres modèles que celui de leur pays, et de leur incapacité à saisir et à comprendre cette autre réalité’ ». L’immigration fausse plus ou moins indirectement leur rôle « ‘ils perdent une part de leur autorité et de leur pouvoir’ ».50

Notons au passage que l’enfant de migrant, scolarisé en France, est souvent plus au courant des réalités françaises et maîtrise mieux la langue que ses parents. Ainsi, dés lors qu’il s’agit de remplir des papiers, de faire des démarches auprès des institutions, de répondre à un questionnaire ou une enquête, on remarque un transfert de compétence des parents vers les enfants. De ce fait, les relations de pouvoir changent.

Parmi les facteurs qui rendent difficile la socialisation, on peut citer la communication. « ‘La communication suppose de la compréhension, des échanges d’idées donc l’échange des différences, c’est-à-dire que l’un arrive à rentrer dans le système de pensée de l’autre’ »51. Plus les pratiques culturelles sont différentes, plus les interactions culturelles et surtout la communication seront difficiles, ceci même à l’intérieur du groupe familial.

Ainsi, au titre de dispensateurs des premières disciplines et du premier milieu, c’est aux parents surtout -non exclusivement- que revient l’influence décisive sur la personnalité et le processus de socialisation de l’enfant, le dosage judicieux et difficile des gratifications nécessaires, des maîtrises et de la fermeté tout aussi nécessaires qui fournit les modèles solides et incite l’enfant à évoluer. Déjà au niveau de l’école apparaissent les signes avant-coureurs d’une socialisation difficile.

Notes
47.

MALEWSKA-PEYRE, H. , La socialisation en en situation de changement interculturel, in TAP et MALEWSKA, ouvr. Coll, pp195-218.

48.

Idem, p 197.

49.

MALEWSKA H., Crise d’identité et déviance chez les jeunes immigrés, Paris, La documentation française, 1982.

50.

La socialisation de l’enfance à l’adolescence, op. cit., p 204.

51.

FIZE M., Conférence sur l’autorité, Sallanches, Savoie, 24 novembre 1998.