Piaget définit le concept d’égocentrisme qui a toujours été caractérisé par deux aspects différents. ‘« La pensée égocentrique se définit (...) par deux caractères :’
‘au point de vue de la structure, c’est une pensée sans normes’
‘au point de vue du contenu, c’est le primat de la perspective propre. »’ 66 ‘ .’
Durant la période préopératoire, l’enfant ne peut tenir compte du point de vue d’autrui ; il croît communier et communiquer avec le groupe entier dans lequel il se trouve même lorsqu’il produit un monologue incompréhensible pour autrui ; il ne peut donc pas coopérer dans les tâches qui exigent de concilier ses propres moyens et buts avec ceux de ses camarades.
Le concept d’égocentrisme chez Piaget se réfère d’une part à l’organisation de la pensée de l’enfant à un moment du développement qui apparaît sous la forme d’une indifférenciation de l’activité propre et des transformations de l’objet. D’autre part, il recouvre la conduite intellectuelle montrant que le jeune enfant n’a pas les outils opératoires permettant de se décentrer et de se placer à un autre point de vue que le sien.67
L’enfant, à ce stade, paraît penser simplement pour lui-même et croit que tout converge vers lui. Il ne participe pas au caractère social de la pensée adulte. L’égocentrisme, facteur radical de la pensée syncrétique, globale et confuse, représente l’obstacle essentiel à la pensée objective qui est la pensée de l’adulte.68
C’est grâce à la prise de conscience de la différence entre son activité propre et celle d’autrui ; entre son point de vue personnel et la confrontation à d’autres avis qu’il pourra construire des notions le conduisant à l’objectivité et à la coopération au niveau des conduites et, à la logique et la réversibilité au niveau du raisonnement.
Concernant le fonctionnement procédural, on peut concevoir l’égocentrisme comme un primat de l’assimilation, ou encore comme une absence de différenciation entre assimilation et accommodation. Piaget écrit que l’assimilation psychologique en sa forme la plus simple n’est autre chose que la tendance de toute conduite ou de tout état psychique à se conserver et à puiser, dans ce but, son alimentation fonctionnelle dans le milieu extérieur 69.
Piaget distingue un égocentrisme logique, en rapport avec le raisonnement de l’enfant et un égocentrisme ontologique, en rapport avec la manière qu’à l’enfant de se représenter la réalité. Piaget, en 1928 indique que l’égocentrisme se réfère à la fois à la confusion sujet - objet dont témoigne l’enfant qu’au défaut de coopération dont il fait preuve.
PIAGET J., Les trois systèmes de la pensée de l’enfant : études sur les rapports de la pensée rationnelle et de l’intelligence motrice, Bulletin de la Société française de philosophie, 4, 97-141, p 100.
idem, p 537.
Idem, p 539.
PIAGET J., La naissance de l’intelligence chez l’enfant, Neuchâtel ; Paris : Delachaux et Niestlé, 1967, p 359.