La coopération au sens général consiste dans l’ajustement de la pensée ou des actions personnelles à celles des autres, avec une mise en relation réciproque des perspectives.
A travers le concept de coopération, Piaget cherche à analyser les rapports du social et de l’individuel dans le développement cognitif de l’enfant. La coopération est une forme idéale de relations entre individus fondée sur l’égalité. Elle implique le respect mutuel, le principe de réciprocité et la liberté ou autonomie des personnes en interaction. Piaget valorise la coopération car il s’agit d’une forme d’équilibre dans les échanges, et de la forme supérieure d’équilibre ou le tout et les parties se conservent mutuellement (sans que l’un ne domine au détriment de l’autre). Sur le plan social, d’un point de vue plutôt fonctionnel et sociologique, la coopération mène à l’idée de justice de coopération et d’autonomie, ici Piaget insiste sur la construction des valeurs chez l’enfant.
‘« Nous appelons coopération tout rapport entre deux ou n individus égaux ou se croyant tels, autrement dit tout rapport social dans lequel n’intervient aucun élément d’autorité ou de prestige. » 71.’Si l’on analyse ceci au niveau des régulations, notamment intersubjectives, on peut dire que les actions entre individus qui aboutissent à la coopération sont régies par des lois d’équilibre, de la même façon que les actions qui deviennent des opérations logiques. Ainsi, sur le plan intellectuel, la construction de la réciprocité libère l’enfant de son attitude égocentrique ; en même temps qu’il apprend à coopérer, il accède à la logique causale déductive. Ainsi, le développement de la coopération apparaît comme un passage à des équilibres meilleurs définis par les relations entre les éléments d’une totalité, où l’ajustement des interactions aboutit à la constitution de normes collectives.
PIAGET J., Logique génétique et sociologie, Revue philosophique de la France et de l’étranger, 105, (1-2), 168-205, p 191.