On peut penser qu’il y a crise lorsqu’il y a inadéquation ou hétéromorphisme (organisation différente) entre les sous-systèmes et le système d’ensemble, nous en reparlerons. On assiste à une situation de déséquilibre pour laquelle deux issues sont possibles :
- amener le système à la mort
- essayer de provoquer des équilibrations majorantes, c’est à dire d’adapter le système à la situation nouvelle.
Piaget nous dit en effet, qu’en cas de perturbation extérieure, revenant par exemple à une substitution de B’’ à B’, ou bien cette conservation du tout devient impossible et il y a mort de l’organisme (ou, s’il s’agit d’un système cognitif, il doit être rejeté), ou bien il y a modification compensatrice (B se modifiant en B2, qui reste inséré dans le cycle) et il y a adaptation avec survie dans le cas d’un organisme ou nouvel équilibre du système cognitif (avec possibilité que le système antérieur reste valable à titre de sous-structure).92
Le mode de fonctionnement que l’on demande aux membres du groupe doit être en adéquation avec le fonctionnement habituel de chaque individu. Le fonctionnement d’ensemble est basé sur des règles garantissant l’autonomie de chacun. Ceci suppose pour un bon fonctionnement, que chaque individu soit organisé sur le même mode. Or, cette construction individuelle semble faire défaut. En effet, comme nous le verrons le fonctionnement habituel est plutôt hétéronome.
Deux solutions s’offrent pour résoudre la crise :
que le groupe fonctionne selon des règles qui ne sont pas celles garantissant l’autonomie de chacun mais selon des modes d’influence pervers, soumettant le groupe à l’individu.
que l’on s’intéresse à l’individu afin que celui-ci puisse construire les opérations nécessaires à la coopération et ainsi l’harmonie du groupe ou plutôt l’équilibre (comprenant les motions positives et négatives en interaction).
Cette seconde issue est la seule compatible avec une vue permettant aux personnes de vivre librement.
C’est pour ces raisons que nous avons choisi de chercher à observer93 les enfants dans leurs interactions avec leur milieu afin de pouvoir les guider vers la construction des opérations nécessaires à la socialisation.
PIAGET, J., L’équilibration des structures cognitives, problème central du développement, E.E.G. ; vol XXXIII , P.U.F., p 11.
Voir partie expérimentale