Le groupe

Le groupe est fondateur de la construction de l’identité. Il sert d’appui à l’individu, on peut même parler « d’appui mutuel » puisque l’individu s’appuie sur le groupe tandis que le groupe s’appuie sur chaque personne.94 Ce qui s’appuie est en mesure de servir à son tour d’appui à ce qui soutient. La relation mère nourrisson père peut ainsi être décrite ou encore le couple amoureux, mais aussi la relation pédagogique. On peut parler de rapport de réciprocité dans le plaisir, plaisir d’être en groupe. Ce rapport au groupe évolue depuis l’appui en dépendance jusqu’à l’autonomie et la coopération. C’est cette évolution qui semble faire défaut lorsque la crise apparaît menaçant de rupture le groupe existant.

Cette évolution doit se faire dans une dimension de transitionnalité où l’individu puisse retrouver des éléments de son mode intérieur à l’extérieur de lui-même (dans le groupe), et ou, à l’inverse le groupe, l’extérieur, puisse lui permettre de s’approprier des expériences nouvelles.

Nous postulons que les compensations ou régulations sont possibles s’il y a isomorphisme entre la structure du groupe et celle de l’individu, autrement dit si on trouve une organisation fractale, un lien d’identité (incluant des différences) entre micro et macro-organisation. Pour étudier ces différentes organisations d’échelles différentes, nous comparerons les fonctionnement intra- et inter-individuels.

Cependant, cette identité doit être une identité d’organisation et non pas une identité absolue (n’incluant pas de différences), une identité qui permet les échanges, possédant un espace commun : instance de communication ; et séparé : instance de conflictualisation.

Il nous semble important pour la viabilité de la structure de s’appuyer sur les objectifs suivants :

Pour cela, les conditions qui rendraient la crise bénéfique restent à énoncer.

Il s’agit des conditions d’équilibration du sujet ; celles-ci provenant du milieu. Il va donc falloir proposer des situations permettant au sujet de mettre en oeuvre ses mécanismes d’adaptation vitale, en lui proposant un contexte favorisant les équilibrations majorantes. Nous décrirons précisément ce processus dans ce qui suit.

Pour étudier le mode de construction des règles comme nous le souhaitons, deux méthodes sont possibles. La première consiste à suivre un groupe dans une situation donnée et de noter au fil des jours quels processus organisationnels sont mis en place pour aboutir à un fonctionnement donné. La seconde, sans que cette distinction soit exhaustive, consiste à étudier leur genèse chez les enfants. On se demande alors comment établir des paliers ou niveaux de construction qui iraient d’un stade à un autre. Cette seconde méthode présente l’avantage de permettre d’établir une hiérarchie et peut ensuite être appliquée comme outil d’analyse pour d’autres groupes. Nous souhaiterions précisément utiliser cette seconde méthode à ces fins, ceci afin de tenter de comprendre les problèmes éprouvés par une grande partie des sujets vivant dans le contexte dont nous parlerons dans la suite de l’exposé.

Dans ce qui suit, nous présentons donc le développement de la construction des règles et de la coopération tels qu’ils ont été décrits par Piaget puisque ces données nous servirons de base pour notre analyse. Puis, nous essaierons de jeter des ponts entre ce qui a été décrit en macro genèse sur le sujet d’une part, et le fonctionnement micro génétique, autrement dit les processus d’équilibration des structures cognitives, d’autre part. Pour cela, nous présenterons toujours en premier lieu l’approche piagétienne sur la question, puis les travaux de ses successeurs qui ont proposé une approche clinique qui s’appuie sur les mécanismes d’équilibration et sur les régulations. Nous compléterons le sujet en exposant les résultats de nos propres travaux du D.E.A. qui ont permis d’établir des paliers d’équilibrations retrouvés dans le fonctionnement cognitif de certains sujets95 , paliers dont nous postulons qu’ils sont impliqués dans la construction de la coopération.

Notes
94.

KAES, R.,Le groupe et le sujet du groupe, Dunod, 1993.

95.

CLAVEL, B., Etude de la construction de la langue écrite. Analyse des paliers d’équilibration fonctionnels dans la remédiation cognitive opératoire., Mémoire de recherche de DEA, Université Lumière Lyon 2, 1996.