1.4. La relation pédagogique l’adulte et l’enfant : deux mondes en présence

La relation pédagogique est « ‘l’ensemble des phénomènes d’échange, d’influence réciproque, d’actions et de réactions entre enseignants et enseignés’ »123.

La relation pédagogique, dans les méthodes traditionnelles telles qu’elles sont décrites par Piaget, met en présence un adulte et un nombre important d’enfants ou de jeunes. L’adulte est supposé savoir, il détient un savoir à transmettre et les enfants sont supposés démunis de ce savoir.

Nous allons ici tenter d’analyser la relation pédagogique telle qu’elle existe dans le milieu faisant partie de notre étude. Nous prendrons donc le sport pour exemple, en décrivant la relation pédagogique en milieu sportif.124

Les exercices, les actions et les comportements des enfants sont imposés par l’adulte. L’enfant répète, recopie et imite sans réelle recherche. Dans cette méthode actuelle, « ‘l’enfant est appelé à recevoir du dehors les produits tout élaborés du savoir et de la moralité adultes’ »125 ; la relation pédagogique est faite de pression d’une part, de réception d’autre part. D’un tel point de vue, l’activité et la morale de l’enfant restent plus pénétrés d’obéissance que d’autonomie. Jean Piaget définit les méthodes « traditionnelles » comme des méthodes qui réduisent toute socialisation, intellectuelle ou morale à des mécanismes de contrainte. Pour l’auteur, il y a deux confusions distinctes, « ‘la première est celle qui conduit à penser que toute « activité » de l’enfant se réduit à des actions concrètes. La seconde confusion consiste à croire qu’une activité portant sur des objets concrets se réduit à un processus figuratif, c’est-à-dire fournissant une copie conforme en perceptions ou en images mentales des objets en question’ ».126

Un éducateur de la catégorie débutants (6-8 ans) faisait cette remarque « ‘on s’aperçoit après plusieurs semaines d’entraînement, que certains enfants ont toujours autant de difficultés à comprendre les exercices’ ».

On se pose alors, la question suivante : quel investissement et quelle réflexion ont les enfants sur l’activité et les actions proposées ? L’acte éducatif, pour Marcel Postic , doit amener le sujet à définir la loi qu’il se donne à lui-même et à organiser sa conduite. Il doit également l’aider, dans une perspective temporelle ; à conquérir la maîtrise de son développement.

On voit bien dans ces conditions les limites du sport fédéral et des modèles fondés avant tout sur la compétition et la sélection. Le sport ne devrait plus être un but en lui-même, « une école de la vie » chargée d’imprimer une certaine conception normée de la société, mais deviendra un lieu d’échange et d’épanouissement pour des individus qui trouvent en lui une façon de s’accomplir non seulement physiquement mais aussi psychologiquement et socialement. Car, si des jeunes aujourd’hui culturellement et économiquement dominés peuvent s’intégrer, cela ne se réalisera que par la structuration psychosociale de leur personnalité dans le cadre d’une identité partagée et sur la base d’un projet commun. Lionel Arnaud définit le sport comme un support dont la signification appartient avant tout aux méthodes d’éducation.

Notes
123.

FREI G., KISS A., VUATAZ P., Eléments pour comprendre la relation pédagogique, Neuchâtel : La Braconnière, 1974, p 15.

124.

DERRAN N., Apprentissage du football et développement socio-cognitif de l’enfant. Pratiques et expériences à Vénissieux (1997-99), mémoire DHEPE/ DE DEPAD, Juin 1999.

125.

PIAGET J., Psychologie et pédagogie, Denoël, 1969, p 186.

126.

Ibidem.