3.2. La « dissocialité »

Si on admet que la société se présente comme une organisation dans laquelle l’enfant s’intègre par de courtes séquences d’apprentissage des rôles qu’il doit connaître et assumer, on observe dans cette analyse que le schéma de cette organisation est particulièrement déstructuré en raison des drames qui en découlent : échec scolaire, chômage, familles éclatées. Privés de règles stables, d’images d’identification rassurantes, de possibilités d’expérimentations protégées, et dans l’incapacité de s’imaginer un avenir attractif, les jeunes ont des difficultés à appréhender le fonctionnement social et les règles qui le sous-tendent. De ce fait, on voit comment le processus de socialisation va échouer :

  • 011soit parce que les conditions sociales deviennent difficiles à maîtriser,

  • 011soit parce que la personnalité du sujet n’est pas armée pour répondre aux conditions dans lesquelles il est placé, ou peu motivé pour les assumer.

Par conséquent, on peut faire l’hypothèse que pour une partie des jeunes de la cité des Minguettes, et comme le souligne Roger Mucchielli, ce qui signe la délinquance, ce n’est pas l’écart à la norme sociale, si important fût-il, c’est la « dissocialité », c’est-à-dire le rejet ou le processus même de socialisation.